Chapitre 1 : Défaillance

Par Malodcr
Notes de l’auteur : L'histoire n'est pas finie et est loin d'avoir commencé, je posterai quand elle avancera, je pense qu'à chaque chapitre fini elle aura droit à sa publication :)
Ce n'est pas mon histoire principale, c'est très clairement un challenge personnel ! J'espère cependant qu'elle plaira

Couchée sur le dos, l’enfant fixait son plafond attendant une réponse de celui-ci. Elle avait abandonné l’idée de supplier n’importe quel dieu, parcequ’elle avait demandé de l’aide à tous ceux qui existaient et si l’ignorance était un pouvoir elle en aurai été la représentation.
Endolémé, l’enfant folle.
Voilà donc ce qu’elle était pour tous et surtout pour ses parents, parce que depuis qu’elle avait appris à parler, ils avaient réalisé qu’elle ne leur parlait pas à eux mais à elle-même. Bien sûr elle avait appris les mots grâce à ses parents mais il ne s’atendaient pas à ce que le premier qu’elle leur dise soit « Azgoramun ». Loin de là. Cette situation les avait laissé muet en retour et leurs regards s’étaient croisés et une phrase invisible s’était formée entre eux : « Tu penses qu’elle est possédée ? »
Évidemment, ils refusaient de l’admettre et simplement supposés que ça passerait.
Mais c’était une enfant, une enfant qui n’avait pas conscience que ses actions pouvaient paraître bizarre, trop adulte et trop … dangereuses.Se parler à sois-même, qui plus est citer le nom « Azgoramun » régulièrement, ça n’avait rien de positif dans le monde magique. Tout était en équilibre, tout leur monde fonctionnait parfaitement alors pourquoi elle, elle était différente.

Purifiée, baptisée, plongée dans l’eau bénite, sujette à des incantations, des offrandes faites à tous les dieux possibles et pourtant, elle ne cessait de se parler.

Endolémé, petite Endolémé, ton innocence t’as conduite à ta perte.

Elle a rencontré tous les professionnels qui existent tant de le monde magique que dans le monde des Dénués (les Hommes sans magie). Dans l’un elle était de mauvais présage et dans l’autre elle était folle. Un bon conpte-rendu en somme.

Petit à petit ses parents l’éloignèrent d’eux.
Doucement, ils faisaient en sorte de ne pas s’en occuper.
Imperceptiblement, ils la cachaient du monde.
Et de manière signficative ils la privaient d’amour.

Endolémé, douce Endolémé, méritais-tu ce rejet ?
Endolémé, délicate fleur, ta pureté te sera retiré,
Et quand le printemps viendra,
Ton sourire mourra.

Elle grandit, bercée par elle-même, loin de tout et proche de rien.

Ses parents lui avait bâti une maison rien que pour elle, une belle demeure, gigantesque, qu’elle devait entretenir seule depuis ses treize ans, l’âge où ils ont décidé qu’elle pourrait comprendre leur ignorance et leur rejet. L’âge où Endolémé de cessait de se parler en hurlant.
L’âge où Endolémé ne comprenait pas ce qu’elle avait car elle ne voulait pas croire ce qu’elle entendait dans sa tête.
L’âge où Endolémé était terrifiée d’exister.
L’âge où Endolémé a tenté de se tuer mais où quelqu’un l’en a empêché : elle-même.

Mais quand on grandit loin de tout, on ne sait plus comment être vue. Quand vous n’avez jamais été à l’école, que tous vos cours sont réalisés par correspondance, comment entrer à l’académie là où tout le monde connaît l’Enfant Folle ?

Couchée sur le dos, l’adolescente fixait son plafond attendant une réponse de celui-ci. Elle avait abandonné l’idée de supplier n’importe quel dieu, parcequ’elle avait demandé de l’aide à tous ceux qui existaient et si l’ignorance était un pouvoir elle en aurai été la représentation.
Endolémé, l’Enfant Folle.

Elle devait se rendre à l’académie (l’équivalent du lycée), après 15 années à vivre enfermée c’était une forme de libération. Mais cela ne l’enchantait pas, car elle savait que le monde la connaissait. Les rumeurs circulaient très aisément :

« Tu connais la petite des Nighe ? Il paraît qu’elle est folle ! »

« Cette Enfant Folle est synonyme de malheurs ! Nous qui n’avons jamais vécu de catastrophe ! »

« On dit même que sa voix est parfois fantomatique, comme si c’était autre chose qui parlait »

Étonnant de savoir autant de choses sur quelqu’un qui n’est jamais sorti de chez elle.

Mais ce matin, les pieds traînants et la tête lourde, elle se dirigea vers son escalier en colimaçon pour descendre rejoindre sa cuisine. Ce matin elle devait être à neuf heure à son établissement. Elle n’avait ni affaires scolaires, ni programme de rentrée, ses parents lui avaient juste glissé un mot « Rentrée neuf heure, lundi 3 septembre » sous la porte d’entrée, leur première intéraction avec elle après 10 mois d’absence. Ils lui passaient bien quelques repas mais c’était toujours derrière la porte, ils utilisaient leur magie de manipulation des Ombres pour passer le plat au travers, pratique.

Comment te sens-tu, Endolémé ?

— Tu peux pas la fermer juste une journée ?

Tu t’ennuierais.

— Tu peux pas aller causer à mon autre personnalité ? Vous comptez tous me rendre cinglée ?

Tu l’es déjà.

— La faute à qui, abruti.

Tu t’adresses à un Démon je te rappelle.

— T’es coincé dans mon corps, tu peux pas utiliser tes pouvoirs et en plus je suis obligée de supporter ta voix donc vraiment, ferme là, ça fait 15 ans que tu me pourries la vie.

Tu pourries la mienne aussi.

— Azgoramun, tu ne penses pas que pour le bien de mon humanité tu devrais pas me permettre de prendre mon envol ?

Si je te laisse faire, je partirai aussi, je suis Immortel mais pas dans ton corps, Endolémé.

Elle laissa simplement sortir un juron que le Démon pouvait tout à fait entendre mais auquel il n’accorda aucune attention.

Endolémé attrapa les huit boîtes de médicaments qui traînaient sur son plan de travail, elles faisaient office du traitement mais officiellement celui-ci n’avait aucun effet. Mais si elle ne le prenait, les cachets la poursuivaient toute la journée grâce aux nombreux sortilèges de Médecine qui leur ont été administré par les médecins et au final ils finissaient par se mettre dans sa bouche contre sa volonté.
Ce traitement était supposé lui faire arrêter de parler seule donc stopper sa supposée folie, mais le problème est là : elle n’est pas malade mais bel et bien possédée. Cet excès de médicaments ont eu l’effet inverse après tant d’année d’ingestion : ils lui ont crées une véritable autre personnalité, une personnalité qu’elle peut contrôler.

Assise à sa table dans un silence mortuaire, elle contempla les cachets disposés devant elle, dès qu’elle les prendrait, la journée commencera, son calvaire continuera.

Elle est devenue ce dont ils avaient peur. Quelle poisse. Quel destin éclaté.
Les minutes s’écoulaient inlassablement.
Elle aurai bien pleuré mais il n’y avait personne pour éponger sa peine. Personne pour lui dire que tout ira bien. Parce qu’elle ne connaissait pas le monde mais que le monde pensait la connaître.
Dans un élan de furie dévastatrice, elle goba les cachets sans même boire. S’en débarasser rapidement était devenu difficile.
Enjambant les marches deux à deux, elle déboula dans le couloir pour filer à sa chambre et tout de suite quelque chose l’interpella.
Le miroir au mur ne la reflétait pas, encore une fois.

— Elle est déjà active ? D’habitude elle met vingt minutes avant de se pointer. Bon. C’est pas grave.

Endolémé avait cessé de parler dans sa tête, tant à elle même qu’au Démon puisque dans tous les cas c’était inconfortable mais au moins parler à voix haute la faisait se sentir moins seule, un silence moins envahissant.

L’empressement lui permettit de se changer en quelques minutes et de filer à sa porte d’entrée à toute allure.
Elle n’était jamais sortie, elle n’avait jamais eu accès au monde extérieur, même à son pas de porte. Aujourd’hui peut-être allait-elle profiter de quelque chose de nouveau. Mais comment sortir quand la clé n’est pas en notre possession ?

Elle vit alors un papier qui était placé à sa porte, au sol, sali et chiffoné. Ah, c’est donc tout ce qu’elle représente pour eux.

Frustration.

Elle le lit, tremblante de rage.

«  Nous avons levé la sécurité de ta porte, nous ne te confierons pas de clé. Tu peux cependant utiliser la magie des Ombres pour traverser la porte. Riley Nighe »

Ce n’était même pas signé «Maman ».

Et elle lui demande d’utiliser sa magie alors qu’elle n’a jamais pu s’exercer parce que justement, cette barrière l’en empêchait ?

Haine.

Endolémé chiffona ce papier dans son poing et le serra aussi fort que possible, aussi fort que sa colère pouvait l’être.
Il se dissoud. Laissant simplement un tas de cendre.

Endolémé, ne serait-ce pas préférable de rester ici ?

— J’ai besoin de sortir, tu comprends ça ? Je veux voir à quel point le monde me déteste pour quelque chose que je n’ai pas fait. Maintenant laisse moi ou c’est l’autre qui prend ma place.

Les menaces, toujours les menaces. Moi je veux que tu sortes, c’est évident mais la…

— Ta gueule.

Endolémé ferma les yeux, concentrée. Elle visualisa l’ombre de la porte et y déporta sa magie. Elle tendit son bras et d’un geste sûr elle l’abaissa d’un coup, pour chasser le matérialisation de la porte et n’y laisser que l’ombre de celle-ci. Elle rouvrit ses paupières, incertaine du résultat mais avança, l’excitation totale palpitait dans ses veines.
Quand elle traversa l’ombre de la porte, c’était comme passer sous une cascade très douce.

Puis soudainement, le soleil lui chauffa la joue droite, un air nouveau s’inséra dans ses narines et une brise légère s’infiltra dans ses cheveux. Et ses yeux, ils brillaient d’un éclat qu’on ne pensait visible qu’aux enfants. Endolémé était libre. Elle vibrait d’une émotion nouvelle : la découverte. Le monde extérieur qu’elle voyait était ce que ses manuels appelaient de « rural », avec des champs, des arbres, des chemins de terre et quelques routes en goudron. Elle avait oublié tout ça, elle avait renfloué tout ces souvenirs et aujourd’hui ils jaillissaient de par et d’autres, comme les bribes d’une vie incomplète : son enfance.

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