Deux bonnes années avaient passé, Rose et Olidon avaient déjà parcouru un long chemin chemin ensemble. Tous les jours, courageusement, ils reprenaient la route malgré l’épuisement et la lenteur de leurs déplacements qui les empêchait d’avoir la sensation d’avancer. Ils montaient alternativement sur la croupe de Fleur de coton pour se délasser chacun à leur tour. Parfois même ils installaient Poil Noir sur le dos du petit âne, pour qu’il se repose lui aussi et pour soigner les coussinets de ses pattes souvent à vif. Fleur de coton semblait toujours en forme, il n’était jamais fatigué. Rose et Olidon lui cueillaient des carottes et des herbes tendres dans les champs pour le récompenser de sa vaillance, ils le caressaient et lui parlaient comme s’il était un être humain. Souvent l’âne hochait la tête et semblait comprendre, c’était un précieux compagnon.
Ils s’arrêtaient sur les places des villages et tandis qu’Olidon jouait de sa guiterne, Rose chantait pour récolter quelques piécettes. Ils pouvaient ainsi acheter un peu de nourriture ou remplacer un vêtement usé. Rose portait toujours les poulaines de la fermière, maintenant bien usées.
Ils avaient eux aussi traversé l’Anarène, bien plus au sud, sur un bac qui faisait la navette entre les deux rives. A cet endroit, le fleuve ne s’appelait pas l’Anarène mais le Chavanaz, car il traversait d’autres contrées, il serpentait au milieu d’une mosaïque d’obscurs petits royaumes qui voulaient se démarquer du pays d’Argent et avaient baptisé le fleuve à leur convenance, et ce depuis la nuit des temps.
Sur les bancs des villages, au bord des fontaines, Rose écoutait les histoires et les légendes qui parlaient de cette terre aride au nord où se trouvaient de nombreuses mines de métal, expliquant son nom. Il fallait traverser ce pays hostile pour atteindre les terres où s‘élevait le volcan en haut duquel poussait l’arbre de paix. Il se trouvait sur une presqu’île, séparée du pays d’Argent par un isthme entre deux mers, ou deux lacs gigantesques, on ne savait pas très bien. Ce qu’on savait en revanche, c’est que la traversée de l’isthme était très dangereuse à cause de tempêtes et d’ouragans qui le balayaient sans cesse. Rose comprit qu’il y avait quelques grottes le long de l’isthme où l’on pouvait se réfugier pendant le déchaînement des eaux et des vents, si l’on n’en était pas trop éloigné. Sinon c’était la mort assurée.
Mais Rose n’avait pas peur, A quoi aurait servi sa quête si elle était terrorisée à la moindre difficulté ? Olidon n’était pas aussi confiant, mais il suivait comme son ombre cette étrange fille si déterminée. Pour éviter les moqueries et les remarques désagréables, ils prétendaient qu’ils étaient frère et soeur, et tout le monde les croyait, car ils se ressemblaient un peu. Mais autant Olidon était un apprenti sorcier maladroit et indécis qui se trompait tout le temps et n’arrivait jamais à aider Rose, autant la jeune-fille savait ce qu’elle voulait et ne déviait pas de sa route. C’est elle qui prenait les décisions, choisissait les directions à prendre, évitait les endroits qui lui paraissaient dangereux, elle avait toujours en mémoire le tracé du cartographe et savait se repérer. Son instinct aiguisé leur avait permis d’éviter bien des embûches et grâce à elle, ils poursuivaient leur chemin sans trop de détours.
Un soir qu’ils s’étaient arrêtés dans un hameau, ils firent un marché avec une vieille femme qui vivait seule dans sa ferme depuis la mort de son époux. Elle les logerait dans sa demeure moyennant quelques travaux, ramassage de fruits, nettoyage du poulailler, préparation des repas et grand lavage de la salle. La vieille était très âgée et avait grand besoin d’aide pour entretenir sa maison. Satisfaits de l’aubaine et de faire une petite pause dans leur longue quête, Rose en Olidon promirent de rester deux ou trois jours chez la vieille, cela permettrait à Fleur de coton de se reposer.
Rose poussa Olidon à se mettre au travail car il était nonchalant et si elle ne l’avait pas stimulé, il aurait bien passé son temps dans une botte de paille à dormir et à rêvasser. Tandis qu’ils lavaient, récuraient, et frottaient tout dans la chaumière, bêchaient et plantaient dans le jardin, la vieille femme filait la laine dans sa chambre, elle voulait leur confectionner deux chemises épaisses pour qu’ils aient chaud lors de la traversée du pays d’Argent. C’était une région de hautes montagnes et il y faisait froid, du moins c’est ce que disaient les légendes, car peu de gens s’aventuraient si loin dans ces contrées sauvages et abandonnées des hommes. La vieille frissonnait lorsqu’elle en parlait et les dents qui lui restaient s’entrechoquaient en faisant un bruit saccadé.
Après la journée de labeur, ils se retrouvaient autour du feu de la cheminée, parfois rejoints par d’autres paysans qui venaient voir la vieille et s’assuraient qu’elle était toujours en vie. La femme offrait de petits gobelets d’argent emplis d’eau de vie et souvent les esprits s’échauffaient, les rires fusaient. A ce moment, Olidon prenait son instrument et la voix claire de Rose s’élevait au dessus des voix.
- Pourquoi ne resteriez-vous pas toujours ici, vous pourriez m’aider à la ferme, disait la vieille qui appréciait d’avoir de l’aide et avait envie de prolonger le confort que lui apportait la présence de Rose et d’Olidon.
Olidon se serait peut-être laissé convaincre, mais Rose fut inflexible.
- Nous ne pouvons pas, vous le savez bien la vieille, dit-elle, même si nous nous plaisons beaucoup ici, nous avons encore du chemin à faire avant d’arriver au Pays du Volcan. Nous devons repartir, mais nous reviendrons peut-être un jour ...
- Qu’allez-vous donc faire si loin ? demanda un paysan avec un fort accent de terroir, il vous faudra traverser des régions sauvages et hostiles, où on ne mettrait pas les pieds pour une fortune, vous courrez mille morts comme on dit.
- Une seule suffit, grommela la vieille en versant son élixir.
- Parlez-nous un peu du pays d’Argent, dit Olidon que le nom de ce pays fascinait.
- C’est un royaume étrange, très montagneux et rocheux, exploité pour ses richesses minières, et protégé tout autour par des marais. Il est donc difficile à traverser. Les chemins sont escarpés, et il y a des bêtes maléfiques qui le peuplent que je ne voudrais pas croiser sur ma route, répondit le paysan.
- Quel genre de bêtes ? interrogea Rose toujours curieuse.
- Des créatures qui vivent dans les souterrains, les couloirs de mines désaffectées, des fantômes, des araignées, des bêtes qui rampent et qui vous dévorent …
Toute l’assistance frissonna devant tant d’horreurs.
- Comment savez-vous tout çà, demanda Olidon, je croyais que personne n’y était jamais allé ?
- Oh ben, répondit le paysan, c’est ce qu’on en dit, pour moi je n’en sais pas plus.
- Il vaut mieux rester sur les rochers et ne pas s’aventurer dans les grottes, répondit Olidon qui essayait d’être pragmatique, mais n’en menait tout de même pas large.
- Ah oui, ça c’est sûr. Et pour la traversée des marais, c’est pareil, faut faire attention où on met les pieds, sinon on risque de s’enfoncer pour toujours dans la vase, et d’être aspiré par des serpents et des anguilles géantes qui pullulent là bas, poursuivit le paysan qui se délectait de l’angoisse morbide qu’il provoquait chez ses auditeurs.
- C’est atroce, s’écria Olidon, n’y a-t-il pas un autre chemin pour aller dans le Pays du Volcan ?
- Non, pas d’autre chemin, confirma Rose qui visualisait la carte dans sa tête.
- Non, pas d’autre chemin, insista le paysan avec un sourire narquois.
- Et si nous réussissons, il faudra ensuite passer l’isthme, ce n’est pas humain, rétorqua Olidon.
- Tu n’es pas obligé de venir, dit Rose avec un peu de mépris.
- Allons ne vous fâchez pas, intervint la vieille, vous devez y aller tous les deux. Olidon, vous ne pouvez pas laisser votre soeur partir toute seule pour affronter tous les dangers.
- Je sais, répondit Olidon, non, je ne l’abandonnerai pas, mais j’ai le sentiment que nous courons au devant de grands dangers.
- Et n’oubliez pas qu’à l’extérieur des grottes vous rencontrerez des ours et des pumas cruels et que vous devrez affronter le froid, ajouta le paysan qui s’amusait de la situation qui n’avait pourtant rien de drôle.
- Vous dites qu’il y a des araignées dans les mines ? demanda Rose que les risques encourus n’affectaient pas le moins du monde.
- Oui, ce sont de grosses araignées gluantes, on dit qu’elles tissent une toile d’argent parce qu’elles ajoutent des fils de métal trouvés dans les souterrains à leur propre toile. Je ne sais pas si c’est vrai, c’est peut-être bien une légende, répondit le paysan.
- Nul n’est jamais revenu du pays d’Argent pour raconter ce qu’il en était vraiment, et personne n’a rapporté de toile d’araignée mêlée de fils d’argent. Ce sont des dires qui remontent à bien longtemps dans le passé, mais nous on ne sait rien sur ce qui se passe aujourd’hui, ajouta la vieille qui continuait inlassablement à remplir les verres.
- Nous partirons dès demain, dit Rose, nous ne pouvons plus perdre de temps, et puis nous avons fini les travaux. Mais dites-moi, qui exploite ces mines ?
- Ce sont les habitants du pays d’Argent, je suppose, dit le paysan. Je n’en sais pas davantage, je ne sais pas qui ils sont.
- C’est impossible, plus personne n’habite le pays d’Argent, intervint la vieille en hochant la tête de droite à gauche. On dirait bien que vous êtes intéressés par les araignées ?
- Pas du tout, répondit Rose, nous ne ferons que traverser ce pays si inhospitalier, nous allons au pays du Volcan.
- Oui, marmonna le paysan qui décidément faisait tout son possible pour les détourner de leur but, si les créatures maudites vous laissent passer.
La soirée était gâchée, tous se turent et regardèrent le feu de bois en sirotant les gobelets d’eau de vie, la magie des légendes n’était plus là. Ils se couchèrent rapidement et la nuit passa très vite. Quelques heures plus tard, après avoir dit adieu aux habitants du hameau qui les avaient accueillis chaleureusement, Rose et Olidon se mirent en route avec Fleur de Coton et Poil Noir revigorés, leurs besaces pleines, et vêtus de leurs nouvelles chemises de laine.
- Sommes-nous encore loin du pays d’Argent ? demanda Olidon que les histoires du paysan n’avaient pas rassuré sur la suite du voyage.
- Plus très loin, je pense, répondit Rose, avançons, nous avons trop traîné ces derniers jours, le temps presse, l’arbre de paix se meurt.
- Nous avons eu des informations, c’est toujours bon à prendre, dit Olidon qui ne montrait ni énergie ni enthousiasme, au moins nous savons à quoi nous en tenir.
- D’après ce qu’ils ont dit, nous entrerons au pays d’Argent en traversant des marais, reprit Rose.
- Tu crois que je pourrais jeter un sort qui nous permettrait d’éviter de nous enfoncer dans la vase ? s’inquiéta Olidon
- Si tu en connais un, dit Rose, c’est une bonne idée.
Un peu plus tard, ils virent étinceler à l’horizon une vaste étendue plate d’eau stagnante couverte de roseaux et de joncs, avec ça et là quelques arbustes qui avaient réussi à pousser les pieds dans la vase. Une odeur pestilentielle atteignit leurs narines au fur et à mesure qu’ils approchaient de la zone marécageuse. Des nuées d’insectes tournoyaient au dessus des eaux peu profondes aux reflets irisés, et des myriades d’oiseaux voletaient à la recherche de nourriture ou d’un perchoir au milieu des monticules de tourbes éparpillés. Malgré la puanteur, Rose et Olidon furent obligés d’admettre que le paysage avait une certaine beauté.
- Est-ce que tu aurais une potion pour nous empêcher de sentir cette abomination ? demanda Rose en faisant une grimace de dégoût.
- Oui, je crois avoir quelque chose, répondit Olidon en fouillant dans ses sacs et sortant une petite fiole. Ce liquide anéantit le sens de l’odorat pendant quelque temps. Je ne l’avais pas fabriqué pour ça au départ, mais en l’utilisant je me suis aperçu de cette propriété. Enfin, d’habitude c’est plutôt gênant de ne rien sentir, alors je ne voyais pas trop l’utilité de ce mélange, mais je l’ai gardé quand même car je n’aime pas jeter.
- Et tu as bien fait ! renchérit Rose qui avait presque envie d’applaudir tant l’air devenait irrespirable. Est-ce que tu aurais par hasard une potion qui améliorerait notre vue et nous permettrait de ne pas mettre les pieds dans la vase et de nous enfoncer ?
- Maintenant que tu m’en parles, je me souviens, j’ai une mixture à base de jus de myrtilles, c’est très bon pour la vue, ça en multiplie les capacités, avoua Olidon, un peu vexé de n’avoir pas pensé à cette solution lui-même, et qui chercha une petite bouteille au fond de ses poches secrètes.
- Alors, donne-nous un peu du contenu de ces fioles et lançons-nous, nous n’avons plus de temps à perdre, dit Rose. La traversée de ces marais va nous ralentir encore.
Olidon n’était pas totalement sûr de lui, mais il avala une rasade de chacune des potions et tendit les fioles à Rose, préférant vérifier d’abord que le goût n’était pas altéré.
- Il faudra bien faire attention à Fleur de coton, qu’il mette les pieds là où le sol est solide, dit Rose. Et vérifier que Poil Noir ne fasse pas le fou.
- Je crois que les animaux ont plus d’instinct que nous, et Fleur de Coton a le pied sûr, répondit Olidon. Ne t’inquiète pas, ça va aller.
- Ta potion marche, fit remarquer Rose, je ne sens plus l’horrible odeur.
- C’est vrai, je l’avais testée je savais qu’elle agirait. J’espère que l’autre préparation sera aussi efficace, dit Olidon qui comprenait que Rose parlait sans cesse pour l’aider à surmonter ses appréhensions, car c’était la première épreuve vraiment difficile de leur voyage.
- Nous allons le voir tout de suite, allons-y.
Ils avancèrent précautionneusement sur les petits sentiers qui serpentaient entre les nappes d’eau saumâtre, leur vue décuplée par la potion d’Olidon les aidait à éviter les pièges sous la vase. Poil Noir, effrayé par les cris des oiseaux et les sifflements des ailes des moustiques, ne cherchait pas à se sauver et restait collé à eux. Les insectes s’agglutinaient sur les yeux de Fleur de coton et Rose les chassait sans cesse pour que le petit âne puisse voir et se diriger. En chemin, ils ramassèrent de la tourbe dont ils se serviraient plus tard pour faire un feu.
Il leur fallut deux bonnes heures pour franchir la zone marécageuse, les effets des potions commençaient à s’estomper et les mauvaises odeurs les assaillaient à nouveau.
- Eloignons-nous d’ici suffisamment, jusqu’à ce que l’odeur soit supportable, dit Rose, et nous chercherons un coin pour nous reposer et faire ce petit feu de tourbe. Il nous réchauffera avant d’arriver au pied de la montagne et de commencer la montée.
Ils flattèrent Fleur de Coton qui avait traversé les marais sans faire d’erreur. Le petit âne se tirait de toutes les situations compliquées sans problème, il était intelligent et doué. Sentant qu’il était complimenté, il balançait la tête à droite et à gauche en cherchant les caresses du bout de son museau.
Comme le soir tombait, ils n’eurent pas le courage de se mettre à grimper dans l’obscurité et ils décidèrent d’établir leur campement pour la nuit au pied d’un rocher. Il leur restait de la nourriture donnée par la vieille, aussi n’avaient-ils pas besoin de chercher à manger. Ils donnèrent quelques morceaux à Poil Noir, tandis que Fleur de coton paissait la maigre herbe alentour. Puis Rose et Olidon se pelotonnèrent l’un contre l’autre devant le feu de tourbe et dormirent d’un oeil. Des hordes de chauves souris tournoyaient sans arrêt au dessus d’eux en poussant des cris et rendaient l’endroit encore plus sinistre.
Dès l’aube, ils étaient repartis et cette fois se faufilaient avec l’âne et le chien au milieu des rochers et des gorges étroites. Ils se retrouvaient parfois coincés et devaient faire demi-tour pour choisir une autre route, comme s’ils essayaient de sortir d’un labyrinthe, c’était frustrant et décourageant. De temps en temps un feulement ou un hurlement résonnait dans la montagne au dessus d’eux.
- Nous sommes fous de n’avoir même pas une arme pour nous défendre si un ours ou un loup nous attaque, dit Olidon.
- Qu’en ferions-nous, répondit Rose, nous sommes bien trop faibles pour lutter contre une bête sauvage. Si notre destin est d’arriver au bout de la course, alors aucun fauve ou plantigrade ne nous surprendra.
- Ta confiance dans le destin me stupéfie, je ne suis pour ma part pas rassuré du tout. Je tremble même comme une feuille, si tu veux le savoir.
- Moi aussi j’ai peur, mais la peur ne doit pas nous paralyser, laissons faire le hasard, il a toujours été de notre côté.
Ils marchèrent la peur au ventre pendant deux jours sur des sentiers caillouteux qui s’élevaient vers des pics lointains. Ils repéraient des entrées de grottes noires mais ne s’en approchaient pas. Il faisait plus froid en altitude, et ils commençaient à voir de la neige ici ou là. Fleur de coton était à l’aise et grimpait dans les rochers vaillamment comme à son habitude, il leur donnait du courage par son stoïcisme et sa résistance et ils en avaient bien besoin. Quand ils entendaient des cris rauques de rapaces ou de fauves, Olidon s’efforçait de vaincre son effroi. Ils voyaient de nombreux oiseaux se laisser porter par les courants ascendants le long des pentes vertigineuses et enviaient leur liberté, eux qui devaient escalader des rochers coupants et des sentiers escarpés avec leurs pieds et leurs mains. Le chemin longeait de temps à autre un ravin abrupt et ils faisaient très attention à ne pas dévisser. Ils s’inquiétaient surtout pour Fleur de Coton, mais le petit âne ne se laissait jamais démonter.
Ce jour-là, ils avaient atteint un plateau couvert de neige et les reflets du soleil sur l’étendue blanche éblouissaient leurs yeux. Ils devaient lever les pieds pour avancer dans la poudreuse, et se demandaient où ils trouveraient un coin abrité pour la nuit dans ce désert glacial. En fin d’après-midi alors que la lumière commençait à décliner, et qu’ils approchaient d’un groupe de rochers, ils entendirent soudain une cavalcade et virent surgir deux ours noirs qui couraient à perdre haleine vers eux, gueules ouvertes sur des rangées de dents féroces et griffes des pattes accrochant le sol glissant. A peine eurent-ils le temps de comprendre ce qui se passait qu’un troisième ours gigantesque apparut, qui galopait derrière les deux premiers en hurlant. La mère et ses petits sans doute ...
Même si elle ne voulait pas avoir peur, Rose se mit à trembler comme une feuille en voyant les fauves. Comme elle avait aussi très froid, elle sentait des frissons glacés lui parcourir le dos et, choquée par la violence de la scène et la certitude que les animaux allaient les déchiqueter, elle était incapable de bouger. Olidon s’était aussi arrêté net, paralysé, et ne cessait de pousser des cris de frayeur sans pouvoir se maîtriser. Fleur de Coton ne remuait plus non plus et baissait la tête, attendant l’assaut avec fatalisme, planté sur ses pattes raidies.
Sans oser y croire, ils virent soudain l’un des deux jeunes ours s’écrouler face contre terre dans la neige en grognant, puis quelques instants plus tard le second chuta également et son corps se mit à glisser lentement sur la pente blanche en laissant des traces sanglantes, enfin le troisième en poussant un cri terrible et déchirant qui résonna en échos infinis dans la montagne tomba à son tour, il se traînait sur la neige blanche, une nuée de flèches plantées entre les deux yeux.
Tandis que les bêtes blessées râlaient et se démenaient comme des diables, d’autres flèches sifflèrent aux oreilles de Rose et d’Olidon et vinrent se planter sur les dos des trois fauves. Ils virent des silhouettes se précipiter vers les ours abattus, bondir et achever les assaillants à coups de couteau. Bientôt les grognements d’agonie cessèrent et les ours ne bougèrent plus.
Rose, Olidon et Fleur de Coton, complètement prostrés, furent aussitôt entourés d’hommes et de femmes. La nuit n’était pas encore tout à fait tombée, mais l’obscurité commençait à masquer les contours, et un épais brouillard froid descendant des sommets noyait les formes autour d’eux. Dans le clair obscur, nul ne pouvait distinguer les traits des visages des uns et des autres.
- Emmenons-les vers notre campement, il y a du feu pour les réchauffer. Girolam, découpe de la viande sur les ours, et nous la ferons rôtir. Ces pauvres voyageurs ont eu très peur, ils ont besoin de se remettre de leurs émotions.
- Que s’est-il passé ? articula Rose qui sortait de sa torpeur.
- Vous avez été attaqués par des ours, nous étions tout à côté, nous venions d’installer notre campement pour la nuit quand nous avons entendu les hurlements. Nous sommes tout de suite venus à votre rescousse, dit une voix de femme. Suivez-nous.
Marchant dans la neige, la petite troupe se dirigea vers les rochers. Ceux-ci formaient un minuscule cirque de pierres qui protégeait le campement du vent glacial. Un feu de bois crépitait, devant lequel était accroupi un homme barbu qui écrasait des herbes sur une pierre plate avec un galet. Ils le rejoignirent et s’assirent tous autour du brasier où bientôt un rôti d’ours se mit à griller. Un loup paisible se régalait de viande de plantigrade crue, couché près du feu et des chevaux étaient abrités sous des couvertures épaisses. Fleur de Coton les rejoignit et fut protégé du froid à son tour.
- Mais qui êtes-vous ? demanda l’une des femmes.
- Je m’appelle Rose, et voici Olidon, notre âne Fleur de Coton, et notre chien Poil Noir.
Rose se demandait comment elle n’avait pas eu le réflexe de lancer le sort d’invisibilité, mais elle savait qu’elle n’aurait jamais pu se sauver elle et abandonner Olidon à la fureur des ours. Quand elle leva les yeux pour regarder leurs sauveurs dont les visages étaient éclairés par les flammes, elle reconnut aussitôt Tizian et Girolam, les fils du roi Xénon, et crut avoir une hallucination. Elle avait bien entendu le nom de Girolam sur le lieu de l’attaque, mais était trop traumatisée pour faire le rapprochement. Là, à la lueur du feu, elle n’eut plus de doutes. Ses yeux croisèrent soudain ceux de Tizian et celui-ci reconnut instantanément le regard clair et sans détour de la petite fille du château de Phaïssans.
Tizian était stupéfait de cette révélation et ne parvenait pas à parler tant il ne comprenait pas ce que Rose faisait dans ce coin perdu et isolé du monde, précisément dans un endroit où ils devaient réussir une quête importante. Il ne pouvait pas un instant imaginer que la petite fille désormais transformée en une belle jeune fille fût là pour leur porter préjudice. Ses vieux pressentiments faillirent ressurgir l’espace d’un instant mais il les balaya aussitôt, le regard de cette fille était trop franc. Heureusement Girolam posa la question que Tizian ne pouvait exprimer.
- Que faites-vous ici dans ces montagnes dangereuses, éloignées de tout village, en pleine nuit et sans armes ? s’étonna-t-il.
- Nous allons au Pays du Volcan, répondit Rose, nous sommes à la recherche de l’arbre de paix, il faut sauver ses graines car l’arbre se meurt, et si nous n’arrivons pas à temps pour les trouver et les planter ailleurs, c’est le chaos qui s’installera partout.
- Où se trouve ce pays, poursuivit Girolam en dépliant la carte du cartographe que Rose connaissait si bien.
Ce fut presque d’instinct qu’elle posa son doigt sur le dessin qui représentait le volcan, et le petit point presque invisible représentant l’arbre à son sommet. Elle n’avait pas revu la carte depuis son départ du château, mais c’était comme si elle était gravée dans sa mémoire. Si Girolam fut surpris de la rapidité avec laquelle Rose désigna le but de son voyage, il ne pensa pas un instant que la jeune fille puisse avoir pris connaissance de cette carte dans le château de son père.
Tizian regardait Rose avec fascination, la petite fille s’était transformée depuis leur départ du palais de Xénon. Ce n’était plus une enfant malingre, mais une jeune femme simple et saine, que la longue quête dans la nature avait aguerrie. Sa peau était hâlée et son corps svelte, et d’elle émanait toujours cette force et cette détermination qu’il avait perçues près de quatre ans plus tôt. Il admirait son courage, elle ne semblait avoir peur de rien et s’était lancée sans protections dans une mission incroyable, qu’elle avait jusqu’à présent menée à bien.
Rose regardait également Tizian, avec ses cheveux roux, sa barbe et son physique étonnant il respirait la puissance que rien ne peut arrêter. Elle admirait aussi la réussite des deux frères, qu’elle avait vus partir du château de Xénon un beau matin pour aller vaincre le magicien Jahangir. Tizian et Girolam n’avaient pas changé, ils étaient toujours jeunes, fringants et beaux, et plus encore, leur intelligence semblait s’être enrichie de leurs expériences et surtout de leur connivence. Elle était partie chercher l’arbre de paix pour mettre fin à leurs combats et à leurs guerres, elle les retrouvait frères de sang et unis vers le même but. Elle comprit à cette instant que sa propre quête allait au delà de simplement réconcilier Tizian et Girolam, et apporter la paix dans le royaume de Xénon. Elle devait sauver l’arbre de paix pour aussi contribuer à stopper la folie meurtrière de Jahangir.
D’un simple regard ils se comprirent. Un lien inconditionnel unit en cet instant Rose, Tizian, Girolam et leurs compagnons, mais seuls Rose et Tizian surent d’instinct que leurs deux destinées étaient désormais liées pour l’éternité. Et pourtant ils n’arrivaient pas à se parler l’un à l’autre, leur émotion était trop forte.
- Et vous, que faites-vous ici ? demanda à son tour Olidon qui, après la scène dramatique qu’il venait de vivre, se disait qu’il n’avait plus peur de rien et osait parler à ces guerriers comme s’il les connaissait depuis toujours.
- Nous allons aux confins du monde. Mais auparavant, nous cherchons ici dans le pays d’Argent des toiles d’araignées très légères et très solides pour fabriquer des armures, répondit Girolam. Nous devons en trouver suffisamment pour que nous ayons chacun notre cuirasse et soyons tous protégés.
- Nous avons entendu parler de ces araignées qui mêlent des fils d’argent à leur toiles, intervint Rose. Elles se trouveraient dans des grottes ou des galeries de mines, cependant les paysans disent que c’est sûrement une légende. Ce sont des histoires qu’ils content le soir au coin du feu, mais aucun d’eux n’est jamais allé dans le pays d’Argent pour voir ce qui s’y passe.
- Nous devons découvrir où ces araignées opèrent, répondit Girolam, mais nous sommes bien certains que ce n’est pas une légende. C’est donc une entrée de mine que nous devons chercher, d’après ce que tu as entendu.
- Comment saurons-nous les trouver, dit Zilia, nous avons vu quantité d’ouvertures de grottes, nous n’allons pas les visiter toutes pour voir si elles abritent des galeries ? Et puis ces araignées sont dangereuses, nous ne pouvons pas risquer nos vies à chaque fois que nous visitons une caverne.
- Vous avez aussi traversé des marécages pour entrer dans le pays d’Argent ? interrogea Olidon que le souvenir de son trajet dans la bourbe nauséabonde faisait encore frissonner de dégoût.
- Nous sommes passés par le fleuve, à un endroit où il y a beaucoup de rochers et de rapides le long de l’Anarène. C’était montagneux, expliqua Girolam en montrant leur périple sur la carte. Nous avons ainsi évité les marécages qui commencent un peu plus au sud.
- Il existe donc une deuxième route pour pénétrer dans le pays d’Argent, dit Rose, est-ce qu’elle est praticable et permet le passage de visiteurs ?
- La traversée de l’Anarène n’est pas facile, c’est un fleuve tumultueux, répondit Girolam, heureusement nous avons pu bénéficier de l’aide de villageois qui avaient une barque de pêcheurs.
- Avez-vous vu des habitants sur votre route ? insista Rose.
- Nous avons vu des villages en venant jusqu’ici répondit Ombeline, mais ils étaient en ruines et vides, c’est comme si le pays avait été déserté depuis longtemps.
- Quelqu’un ou quelque chose ne veut pas d’étrangers sur ce territoire, dit Rose pensivement. Personne ne sait ce qui se passe dans cette région, des histoires sont racontées pour faire peur et empêcher quiconque de pénétrer dans ce royaume oublié, même si visiblement on peut y accéder par plusieurs voies. Les habitants ont dû fuir un danger, et désormais le pays d’Argent n’abrite plus que des bêtes sauvages.
- Ou bien il y a un sort d’enchantement sur tout le pays, fit Zeman qui s’était tu jusque là.
- Que veux-tu dire par là ? s’enquit Zilia
- Que les habitants pourraient avoir été transformés en bêtes sauvages, par exemple, répondit Zeman.
- C’est possible par la magie ? demanda Zilia.
- Un puissant sorcier peut le faire s’il le veut, rétorqua Zeman. Ce serait une manière de se débarrasser des gêneurs, et ça expliquerait pourquoi personne n’a entendu parler de rien, et encore moins de la fuite des anciens habitants.
- Quelle étrange contrée maléfique, dit Zilia avec une grimace. Un sortilège de Jahangir ?
- Oui, c’est probable. Mais ici-même, tout le monde ne nous dit pas tout, poursuivit Zeman. Je crois que nous avons parmi nous un apprenti sorcier et une fille qui a des dons bien particuliers, ils ont des choses à nous expliquer s’ils veulent gagner notre confiance.
- Précise ta pensée, Zeman, gronda Girolam, soudain sur le qui vive.
- Notre ami Olidon sait fabriquer des potions et lancer des sorts, et Rose connaît le sortilège d’invisibilité, précisa Zeman en fixant Rose et Olidon de ses yeux perçants.
- Pourquoi n’en avez-vous pas parlé ? demanda Ombeline, soudain un peu inquiète en regardant tour à tour Rose et Olidon.
- Je ne suis pas très doué pour la magie, avoua Olidon, je cherchais un professeur pour me l’enseigner quand j’ai rencontré Rose. Depuis, j’ai tout abandonné pour la suivre, expliqua Olidon. Pour ma part, je ne savais pas que Rose pouvait se rendre invisible.
- C’est un sort dont je ne me suis pas servie depuis des années, dit Rose en pensant à la fermière qui l’avait poursuivie pour récupérer ses poulaines. Je l’avais presque oublié !
- Mais es-tu un peu chaman pour avoir deviné tout cela ? demanda Olidon à Zeman.
- Je sais beaucoup de choses, répondit ce dernier laconiquement, ou du moins je les devine.
- Puisque vous ne semblez pas mal intentionnés à notre égard, et que vous êtes tout comme nous de vrais voyageurs dans ce pays maudit, poursuivit Zilia, joignez-vous à nous pour nous aider à trouver les araignées. Vous avez des pouvoirs ou des dons, moi-même je sais me diriger dans les souterrains, je viens du pays des ténèbres, tous ici nous avons des capacités et savons manier des armes. Unissons-nous, nous serons plus forts et plus malins pour vaincre les araignées et récupérer leurs toiles.
- En échange de votre coopération, nous vous escorterons jusqu’au Pays du Volcan, dit Tizian qui parlait pour la première fois.
- C’est juste, approuva Rose, vous nous avez sauvé la vie, nous vous devons un service en retour. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de routes sûres pour franchir les montagnes et redescendre vers le pays du Volcan. Nous aussi aurons besoin de votre aide pour nous protéger.
- Il est probable que les entrées de mines se trouvent quelque part sur le sentier qui va du fleuve au pays du Volcan en traversant les montagnes. Ce devait être plus simple pour le transport du minerai, à l’époque où le pays d’Argent était habité et prospère, intervint Girolam qui étudiait la carte avec Rose et suivait du doigt le tracé de la piste étroite. Nous les trouverons sur notre chemin.
- Nous nous mettrons en route dès demain, conclut Tizian.
La nuit passa sans heurts, ils entendirent parfois des gémissements et des feulements, et perçurent des bruits de courses dans la neige, mais celui ou celle qui montait la garde n’eut pas besoin d’intervenir, les bêtes sauvages ne firent que passer. Le petit jour se leva sur le campement, et la communauté se prépara à partir. Ils convinrent de suivre la route esquissée sur la carte en direction du Pays du Volcan, et de visiter toutes les ouvertures de grottes sur leur passage. Avec un peu de chance, l’une d’elles pourrait bien receler l’entrée d’une mine désaffectée.
La pente s’inclinait davantage et le froid était vif, ils avançaient sur un étroit sentier les uns derrière les autres. Pour la première fois depuis qu’ils étaient entrés au pays d’Argent, Olidon se sentait enfin rassuré, protégé par de valeureux guerriers et guerrières dont il avait pu mesurer la force et la vaillance lors du combat contre les ours. Ils cheminèrent quelques heures, chaque entrée de grotte faisait l’objet d’une visite mais ils ne réussissaient qu’à déloger les chauves souris qui les habitaient, et aucune galerie souterraine n’avait été trouvée par Zilia qui les sondait systématiquement.
Presque en fin de journée, au détour de la piste, ils s’arrêtèrent devant l’entrée d’une grotte fermée par une grille métallique. Cette fois, ils surent qu’ils avaient probablement trouvé ce qu’ils cherchaient, il ne pouvait s’agir que de l’ancien accès d’une mine. Ils décidèrent de monter le campement pour la nuit, et de commencer immédiatement à explorer la galerie.
Pendant que Zilia, Girolam, Ombeline et Olidon s’occupaient des bêtes et de faire un feu, Tizian, Rose et Zeman s’approchèrent de la grille et tentèrent de la soulever. Elle glissa sur le côté sans aucun bruit comme si elle était parfaitement huilée, leur permettant d’entrer. Tizian tenait une torche dans sa main gauche et son épée dégainée dans sa main droite, Zeman avait ses potions prêtes dans ses poches et ses manches, et Rose lança la formule du sort d’invisibilité. Aussitôt elle disparut et tous les trois s’avancèrent dans le dédale sombre. Des nuées de chauves souris dérangées par la lumière s’envolèrent en rasant leurs têtes.
La pente descendait doucement et ils firent attention de ne pas laisser rouler de pierres sous leurs pieds pour ne pas faire de bruit. Ils marchèrent en silence pendant une dizaine de minutes avant d’arriver devant une bifurcation. Ils choisirent d’aller vers la droite. Au bout d’une faible distance, ils s’aperçurent qu’il s’agissait d’un cul-de-sac et firent demi-tour. Revenus à la fourche ils suivirent la piste de gauche. La galerie s’ouvrit soudain sur une grande salle souterraine où étaient entreposés du matériel de mineurs, des masses et des coins, des haches, des pics, des pelles, des seaux. Des caisses et des rondins s’empilaient un peu partout, des paniers et des cordes étaient posés au hasard ici ou là. Une fine couche de poussière recouvrait tous les objets, et au fond d’un récipient de bois, ils découvrirent un reste de minerai d’argent. Le silence régnait dans la caverne qui ne semblait pas avoir d’autre issue.
- Il n’y a rien dans cette mine, murmura Tizian avec déception, nous reviendrons avec Zilia demain si toutefois une galerie secrète partait tout de même d’ici. Partons.
Ils regagnèrent l’entrée de la mine, et Rose dit en sortant, une fois qu’elle eut annulé le sort d’invisibilité :
- Je suis surprise que cette grille glisse aussi bien. Pour moi nous n’avons pas tout exploré dans cette mine, Zilia devrait nous aider à y voir plus clair demain.
- Je suis d’accord avec toi, Rose, renchérit Tizian, que la petite expédition avait excité.
- J’ai en effet ressenti des ondes différentes et spéciales, indiqua Zeman qui exerçait parfois son pouvoir divinatoire (mais réussissait mieux avec les êtres qu’avec les objets), cette mine cache quelque chose.
Le repas avait été préparé en leur absence, un peu de viande d’ours avait été emportée et ils la mangèrent cette fois bouillie avec des épices et des légumes. Ils s’apprêtèrent à passer la nuit à l’abri dans l’entrée de la grotte, protégés du vent glacial par les couvertures qu’ils avaient accrochées sur la grille. Des bêtes vinrent rôder pendant leur sommeil mais dès qu’elles entendaient les grognements d’Amédée, elles passaient leur chemin.
Dès qu’il fit jour, ils ouvrirent la grille et ravivèrent les braises. Zilia se joignit à Tizian, Rose et Zeman qui repartirent dans les profondeurs de la grotte, suivis par Amédée et Poil Noir, tandis que le reste de la communauté s’occupait du feu et des chevaux.
Quand ils arrivèrent à la bifurcation, Zilia se dirigea aussitôt vers la droite, ignorant les gestes de Tizian qui indiquait que la galerie était un cul-de-sac. Ils s’approchèrent du fond de la grotte et Zilia se mit à explorer la paroi avec ses mains, cherchant une saillie ou un creux dans la roche, elle sentait que la galerie se poursuivait au delà.
Soudain elle se retourna vers Tizian et murmura :
- Allons chercher les autres, nous ne devons pas nous séparer, la galerie derrière le mur est large et il y aura assez de place pour faire passer les chevaux. Il faudra nous battre je le sens, pour pouvoir récupérer de la toile d’argent.
- On peut envoyer Poil Noir, il fera passer le message à Olidon, dit Rose.
- Tu sais comment entrer pour continuer ? demanda Tizian à Zilia.
- Oui, j’ai trouvé un mécanisme dans la roche, ici, indiqua-t-elle en pointant le doigt vers une anfractuosité presque invisible à l’oeil nu dans les replis de la pierre, dans laquelle on pouvait plonger la main.
Poil Noir obéissant à l’injonction de Rose s’éloigna dans la galerie et peu de temps après, Girolam, Olidon et Ombeline les rejoignirent, toute la communauté fut réunie devant le soi-disant cul-de-sac. Zilia actionna le dispositif secret et le fond de la galerie glissa, découvrant l’entrée d’un nouveau couloir qui s’enfonçait profondément dans les entrailles de la montagne.
Si tu mettais des titres à tes chapitres celui se serait certainement nommé Aventuriers rassemblement.
Sinon je me demande, on est maintenant quatre années plus tard Jahangir a l’intention d’intervenir un jour ou il a attend une chose en particulier ?
Jahangir est très lent c'est vrai ...
Dans ce chapitre les personnages se rejoignent, le groupe se forme et met ses forces en commun, même s'ils n'ont pas les mêmes objectifs. Il leur reste encore beaucoup de chemin à parcourir aux uns et aux autres, et d'épreuves à surmonter.
Merci beaucoup pour tes remarques.
Jahangir est encore très loin, ni les uns ni les autres n'ont encore rempli leurs missions ...