Chapitre 12 - P1

C’est au crépuscule de son huitième jour dans ce mystérieux univers que Nathan et ses compagnons purent entrevoir les contours de la capitale de la Nouvelle Orden. Il fallut donc moins d’une semaine, comme Rose l’avait estimée plus tôt à Mémorys. Elle avoua qu’elle avait, à tort, sous-estimé son compagnon et que les conditions météorologiques s’étaient avérées plus favorables que prévues. Cela ne la surprenait que moyennement, étant donné qu’elle avait pour habitude de systématiquement prévoir le pire, de façon à tirer le meilleur de chaque situation. Plus encore, elle n’avait pas pris le temps d’éprouver les compétences combatives de ce dernier, ce qu’elle restait décidée à faire. Elle lui en assura. Plus tard, cependant.

Après avoir longé le Mur Interdit, fameuse frontière entre les quatre duchés du Grand Continent, gigantesque assemblage d’immense pierres inégales et de mortier, ligne respectée par les plus redoutables seigneurs jusqu’au malencontreux décès de sa gardienne, ils se trouvaient dès à présent sur une route fortement fréquentée, menant directement à la porte principale de Nordys.

Ils ne tardèrent pas à passer celle-ci, magnifique assortiment de lourdes pierres adroitement taillées et de forme rectangulaire. La route sur laquelle ils dirigeaient leurs chevaux depuis les premières lueurs de l’aube, se coupa bientôt en une formidable intersection. Nathan dut donc, comme cela se faisait depuis l’introduction de ce périple, s’en remettre à ses compagnons.

Il suivit ainsi Rose lorsqu’elle s’engagea, sans la moindre hésitation, sur l’avenue principale. Elle était bordée de coquettes maisons à perte de vue. Il en déduisit aisément que les beaux quartiers se situaient au plus proche de l’entrée de la ville et de la citadelle, tandis que les habitations moins désirables seraient cachées plus au Nord, endroit que les visiteurs dépourvus de curiosité auraient moins l’idée d’inspecter. Ce choix était malin et certainement avisé si l’on raisonnait en terme de rayonnement de la cité, mais des idéalistes l’auraient volontiers qualifié d’inhumain. Le manque de considération accordée aux plus démunis se reflétait entièrement dans sa superbe beauté de façade.

Nathaniel ne s’attarda pas sur cette sombre pensée. Il était une personne rationnelle et non un idéaliste. Si cette dernière école de pensée se battrait sans relâche pour qu’un fléau telle que la pauvreté disparaisse, il ne croyait pas que l’on puisse s’en débarrasser totalement. Les concepts comme la richesse et la pauvreté ne vont bien ensemble que parce que l’un est l’opposé de l’autre, mais ne peut pas non plus exister sans son antonyme. L’homme s’efforçant toujours de s’améliorer selon ses propres intérêts, de telles fatalités ne quitteraient pas ce monde de si tôt, ni un autre par ailleurs. Il laissa par conséquent à ces ennemis de l’injustice le soin de combattre celle-ci. Peut-être un jour disposerait-il de moyens plus significatifs pour inverser la tendance mais, dans l’attente de cela, il détournerait son regard vers une réalité moins déplaisante.

Avançant peu à peu sur le chemin pavé, ils finirent par prendre l’embranchement conduisant directement à la citadelle. Rose se doutait de la position géographique de Solange et entraînait Nathan et Sarah avec elle :

« Nous y voici! La Bonne Ordenoise... En voilà une auberge qui a fière allure, annonça Rose.

— Est-ce ici que nous trouverons la Troisième ? demanda Sarah.

— Oh, non, c’est uniquement l’endroit où nous coucherons cette nuit. Ce bon vieux Solange doit actuellement être dans une taverne à proximité du château. Comme tu le constateras très vite, il n’y a que l’embarras du choix ! Seulement je connais le diable dont nous parlons, et je crois qu’il sera dans celle qu’il affectionne tout particulièrement : L’Ours. Il est toujours reçu comme un seigneur dans cet établissement de première classe.

— Est-il un client régulier ?

— Par Sophie, il est bien plus que ça ! Mais il te le dira lui-même, je ne te gâche pas la surprise. Sois toutefois prévenu, le personnage est un peu abrupt… »

N’ayant pas de bagages à déposer, ils dépassèrent la prestigieuse Bonne Ordenoise, se rendant sans autre détour à l’Ours, dans la partie est de la cité fortifiée où l’on pouvait également faire d’honnêtes affaires avec la quantité de braves commerçants tenant boutique à cet endroit. Seule Sarah, fatiguée du voyage, décida de rester en arrière pour se reposer.

À quelques occasions, les deux étrangers de passage croisèrent de jeunes soldats, parfois encore des officiers. Le Duc de Nordys, Daegan le Vaillant, qui eût préféré qu’on l’appelât ‘roi’, avait ordonné que ses troupes soient équipées et se préparait activement aux potentiels événements à venir. La paix durant depuis des décennies, il se refusait de la maltraiter avec des actes irréfléchis, mais il ne serait pas surpris par ses voisins non plus. Il honorerait le surnom qu’il avait mérité à la sueur de son front, même s’il devait rouvrir d’anciennes blessures depuis longtemps cicatrisées…

« Solange est un soldat d’élite, Rose commença, pensive. Il n’a pas toujours été ainsi. Les conflits l’ont changé, comme ils auraient changé quiconque. L’histoire, aussi, a joué un rôle certain. Ne le juge pas par son attitude détachée. Il n’a pas toujours été ainsi. Il est un Sophian dévoué et le restera, car telle est la volonté de Sophie. C’est tout ce qui nous intéresse. »

Nathan ne répondit rien. Il avait la fâcheuse tendance de garder le silence lorsqu’il n’avait rien d’intéressant à apporter à la conversation, préférant écouter l’interlocuteur en sachant de toute évidence plus que lui. Il savait que cette manie énervait bien des individus avides d’entretenir une discussion longue de plus d’une réplique mais il ne parvenait pas à perdre cette habitude depuis longtemps ancrée dans sa manière d’être.

Concentré sur son environnement immédiat, il remarqua que le vent, de plus en plus glacé, portait les quelques feuilles d’arbre tombées sur le sol vers des contrées inconnues de sa personne. Les passants ne faisaient pas attention ni à lui, ni à Rose et Fylynx, ni à la Mémorianne. Cela était bon signe, puisqu’ils ne souhaitaient aucunement attirer les regards. Les arbres bordant l’allée se penchaient tantôt vers la droite, tantôt vers la gauche, démontrant la puissance de cet élément ne soufflant pourtant que faiblement en ce début de soirée d’été.

Rose reprit la parole:

« Que sais-tu de l’art de l’épée Nathaniel? »

Ce soudain interrogatoire prit le prétendu héritier de court. À aucun moment avait-il considéré la possibilité qu’un affrontement puisse se produire et qu’il doive y participer… Peut-être était-ce stupide, indigne ou lâche de sa part, mais ce n’était que la vérité. Rose se débrouillait si bien en solitaire, il pensait jusque là qu’il ne ferait que la gêner en tentant de l’aider. Il connaissait cependant les rudiments de l’escrime et serait honoré de croiser le fer avec elle, si la Sentinelle en exigeait la démonstration. Elle continua :

« Il est en effet nécessaire que tu puisses te défendre par tes propres moyens. Si Aurore t’a enseigné l’escrime, ça signifie de mon point de vue qu’elle n’a jamais négligé l’infime probabilité que tu nous reviennes. Avant quelque entraînement que ce soit, il faudra acheter le matériel requis, c’est à dire une épée mais aussi un accoutrement se prêtant à cet art, la flexibilité des vêtements que tu portes actuellement n’étant pas idéal.

« Je ne doute pas que l’on tombera sur une forge de qualité supérieure dans les jours à venir, afin de faire fabriquer une arme correspondant à ton rang. Ça attendra toutefois encore une poignée d’heures car, tant que tu demeures avec moi, tu ne crains rien. »

C’est sur ces bonnes paroles qu’ils arrivèrent devant l’Ours, établissement dont la sobre et ancienne devanture ne laissait absolument pas deviner ce que l’on pouvait découvrir lorsque l’on pénétrait à l’intérieur. Le nom de l’enseigne figurait en lettres de bois, de taille moyenne, au-dessus de la porte. Elles étaient bringuebalantes mais cela contribuait au charme du bâtiment. Son ancienneté faisait l’unanimité et quiconque appréciant les lieux débordant d’histoire n’aurait pas été déçu.

Rose attacha les rênes de sa monture à la barrière installée à cet effet, et Nathaniel l’imita. Ils descendirent ensuite, l’un à la suite de l’autre, le raide escalier composé de seulement trois marches s’arrêtant juste devant la porte. Ce type d’architecture rappela à Nathaniel celle des pubs britanniques vieux de plusieurs siècles. Une autre caractéristique taquina sa mémoire, lorsqu’ils furent entrés: le plafond. Bas, cette propriété, parfois inattendue du touriste, pouvait conférer une atmosphère plus oppressante qu’agréable si l’on n’était pas averti. Cela ne posa vraisemblablement aucun problème métaphysique au jeune homme, qui s’en accommoda comme si de rien n’était.

Une dizaine de tables relativement larges s’étendaient sur toute la longueur de la taverne. Le bar se situait quant à lui du côté droit. Il regorgeait de verres et boissons alcoolisées en tout genre. Gins & tonics, hydromel, rhum, bières… Nathan constata de ses propres yeux que, d’un monde à l’autre, les boissons ne changeaient pas forcément. Isoria lui avait déjà prouvé à diverses reprises que des similitudes existaient entre elle et l’Autre Monde. Il n’en finissait pas de les découvrir, ni ne s’en lassait.

Une porte discrètement glissée entre deux étagères menait probablement vers la cuisine, encore trop visible pour cacher une pièce à vocation sensible.

Si l’on oubliait le manque de hauteur, le confort était indéniablement au rendez-vous. Les tables étaient impeccablement nettoyées par les rares employés de service et, même s’ils ne portaient pas d’uniforme comme dans un restaurant cinq étoiles parisien, leurs habits étaient propres, ce dont tous les isorians ne pouvaient malheureusement pas se vanter. À leur démarche, Nathan perçut également que les serveurs aimaient le métier qu’ils exerçaient. Réactivité et rapidité étaient indubitablement leurs maîtres mots, sans que cela n’implique d’harceler leur clientèle, essentiellement composée de voyageurs fatigués à cette heure-ci.

Rose et Nathan s’avancèrent, telle une seule personne, vers le bar. Ils commandèrent tous deux un verre de rhum. En vérité, Nathan effectua la commande, d’humeur à avaler un alcool sucré. Rose se contenta de prendre la même chose. Ayant eu de multiples opportunités de tester les plus savants mélanges au fil des siècles, laisser les autres choisir la satisfaisait pleinement. En termes de paiement, les enjeux n’étaient par contre pas les mêmes. Elle refusait avec entêtement quiconque lui offrait sa consommation. Payer ne lui posait aucun souci, et c’est donc naturellement qu’elle paya pour celui qu’elle escortait, Nathan étant sans le sous dans ce monde dont il ignorait pratiquement tout. Elle sortit alors cinq pièces d’argent d’une bourse attachée à sa ceinture et les tendit au serveur.

Tandis qu’elle réglait ses comptes avec l’homme chargé de la gestion du comptoir, elle en profita pour s’informer quant à la situation géographique de Solange :

« Savez-vous où je pourrais le trouver ?

— Pour sûr que j’le sais, m’dame. Ce boit-sans-soif est en train de liquider nos provisions. Ça fait des heures qu’il est assis à cette tab’ là-bas au fond. Des mois que j’l’avais pas vu comme ça, j’vous l’dit moi. J’ai peur qu’il n’fasse une bêtise… »

Le barman n’eut pas le temps de formuler le reste de sa pensée, car ce qu’il craignait se produisit. Le fameux Solange venait juste d’écarter sa chaise et de monter sur l’étroite table à laquelle il broyait du noir en solitaire. Il rejeta d’un seul coup de pieds les bouteilles qu’il avait vidées jusqu’à la dernière goutte. Elles éclatèrent toutes, sans exception, avec grand fracas sur le sol. C’est alors qu’il s’exclama :

« SILENCE, TAS D’VERMINE ! »

Le même homme ayant servi Rose et Nathan glissa, à demi voix, une répartie sarcastique :

« Le pire, j’vous l’jure, c’est qu’il s’étonne ensuite qu’on perde des clients…

— SILENCE, PAR SOPHIE ! Médiocres et lâches bandits que vous êtes tous ! La plus triste nouvelle m’est parvenue cet après-midi. Une amie chère chevauche à l’instant où je discours vers le Territoire Inconnu, si elle n’y est pas déjà. Son nom est sur toutes vos lèvres, inutile de le prononcer. VOUS ÊTES TOUS RESPONSABLES, MISÉRABLES SOPHISTES ! SORTEZ DE CHEZ MOI, HÉRÉTIQUES, OU JE VOUS ÉVENTRE UN PAR UN ! »

Sur ces paroles fort sensées, il sauta lourdement de son perchoir et poussa un hurlement de douleur et de rage. Les clients ne s’étant pas encore enfuis prirent leurs jambes à leurs cous, sans comprendre tout à fait le soudain accès de colère de leur hôte. Quand Solange vit que Rose et Nathan s’entêtaient, il les rejoint à grands pas, menaçant :

« Vous comprenez l’Isorian ? DEHORS ! »

À ces mots, Rose lui aligna un superbe crochet du gauche, afin de lui remettre les idées en place. Rien ne pouvait excuser qu’il ne l’ait pas reconnue au premier coup d’œil, des moyens radicaux étaient par conséquent de mise.

Cela fonctionna à merveille, puisque Solange sortit de sa torpeur et reconnut sa confrère Sentinelle :

« Rose… Par tous les démons du Territoire Inconnu, tu frappes encore fort pour une ancêtre.

— Ne m’insulte pas davantage, si tu ne veux pas que je te décoche un second de ces coups dont j’ai le secret.

— Si tu veux te battre, je suis ton homme !

— Trêve de plaisanterie, mon ami. Tu sais que tu ne fais pas le poids.

— Dis plutôt que tu as peur! »

Rose ignora ce dernier commentaire.

« Mais dis donc, ton chaton n’est pas avec toi ?

— Tu connais Fylynx, il aime sa liberté. Il sillonne certainement les rues en quête d’informations. Et ton ours ?

— Oh, tu sais… les affaires ne vont pas fort…

— Je ne parlais pas de ton respectable établissement. Mais j’ai remarqué les efforts que tu fais dans ce sens…

— Ah, Topa tu voulais dire ! Il n’y a pas d’place pour un phénix aussi peu discret en ville, Rose, comme tu l’sais. Il est dans les Territoires de Sophie, là où personne ne fera cas d’sa présence. Et n’crois pas que je n’ai pas compris l’sarcasme !

— C’est mieux ainsi. Il attirerait les ennuis ici. Tu as conscience que tes propos pro-sophians étaient graves un peu plus tôt, tu ne t’en tireras pas comme ça. Ce n’est qu’une question d’heures avant qu’ils n’atteignent les oreilles de Daegan, et de minutes, celles des soldats.

— Qu’il vienne, il sera bien reçu, lui et ses troupes ! Ici, on vous sert sans jugement religieux, même des spiritueux ! Oui, Votre Majesté!

— Ce n’est pas aussi simple, Solange. Nos ennemis sont redoutables, il serait irresponsable de les sous-estimer. Imagine qu’il découvre ton identité…

— Certes… Mais ce ne sont que des excuses, Rose ! Il est temps de résister, j’en ai assez de servir ceux là même qui haïssent ouvertement les Sophians et refusent d’admettre leur tort, tant ils sont persuadés que leur savoir est infaillible ! C’en ai trop ! Je ne me rendrai pas complice de leurs actes une fois de plus ! Comment pouvons-nous maintenir l’équilibre en croisant les bras ou en demeurant assis ?

J’entends bien, mon vieil ami. Ne crois cependant pas que notre passivité soit signe de négligence.

— Que veux-tu dire ?

— Je t’ai amené une raison d’espérer de nouveau, Solange. Bientôt, le phénix renaîtra de ses cendres. Nathaniel, approche, je te prie… »

Passant son bras derrière le dos de celui qu’elle appelait prince, elle l’incita à s’avancer de ce geste. Solange examina l’intéressé d’un air interdit.

« C’est… ?

— Oui, lui même.

— Tu veux dire que… ?

— Précisément. »

Solange n’en croyait pas ses yeux. Impossible. Sophie ne lui avait rien dit au sujet de cet adolescent. Rien. Pas la moindre information ni le plus petit indice supposant qu’Aurore pourrait avoir eu un héritier. Rose se tenait pourtant là avec le méconnaissable portrait de sa mère. Des traits de visage subtilement sévères, des iris grises-vertes en tous points identiques… Nathan était indubitablement le fidèle portrait de sa génitrice. Son allure princière comblait aisément ses lacunes concernant Isoria.

« Comment l’as-tu retrouvé ?

— Sophie. Et avant que tu ne dises quoi que ce soit la critiquant, sache qu’elle ne m’a pas donné la mission par favoritisme. Tu dois bien admettre que tu n’étais pas en état.

— Je l’aurais été si elle m’avait donné ma chance ! S’aventurerait-elle dans la sophistique, notre déesse ?!

— Allons, ne lui en veux pas, va! Il aurait été inutile de mettre toutes les Sentinelles sur le pont pour l’intercepter lorsque je fais si bien le travail seule…

— T’as raison, vas-y, continue donc de t’envoyer des fleurs. Moi, je ne suis pas d’humeur à plaisanter. Déis est morte, et apparemment voilà encore une information que je n’apprends qu’en dernier ! Par Sophie, ça fait vingt ans que j’attends que l’on me donne une raison d’espérer, et elle ne me dit rien lorsqu’elle invoque un jeunot depuis l’Autre Monde ! Vingt ans, Rose !

— Tu n’étais donc pas à un jour près. Maintenant calme-toi, arrête de parler aussi fort et suis-moi. Je crains que des soldats n’arrivent bientôt. Fylynx me montre des images des plus inquiétantes… »

La conversation s’en tint donc là. Après ces heureuses retrouvailles, Rose et Nathan abandonnèrent l’Ours pour reprendre la direction de la Bonne Ordenoise. Solange ne leur fit pas l’honneur de les accompagner, promettant de les retrouver le lendemain, dès le lever du soleil. La Sentinelle du Commencement souhaitait sincèrement que la nuit porterait conseil à son vieil ami.

Il en aurait non seulement besoin pour la suite, mais il ne pouvait plus se permettre de laisser son humeur massacrante faire ressortir les ténèbres sommeillant en lui.

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