Il était présent tous les jours de marché, Follet, quel que fut le temps. Bondissant, vociférant. Il avait fait irruption quelques lunes auparavant, au début des Nuées, apportant sa jeunesse et ses histoires dans la rue. Le rugissement d'un vilain tambour annonçait le début de ses folies. Alors, flâneurs et badins approchaient, panier au coude, et les commerçants qui ne pouvaient abandonner leur étalage allongeaient le cou comme des tortues. Ils apercevaient le sommet d'une tête virevoltante sur laquelle dansaient des mèches vermillon, raides comme des baguettes, et parfois un quart de visage juvénile bardé de tâches rousses. Des joues pleines, couleur de pivoine. Un drôle d'instrument de sa confection pendait à son cou. Il en pinçait les cordes qui rétorquaient en notes dissonantes, l'insultant d'un si mauvais traitement.
Quand Follet atteignit la taille d'un groseillier, sa mère accoucha de quadruplés. Devant l'ampleur de la tâche à venir, elle le confia à sa propre mère, qui vivait dans les faubourgs du Lac, au-delà des remparts de la cité. Follet fut très heureux, alors, grandissant auprès de son aïeule, dans la douceur de ses bugnes et de ses dentelles. Il suivait la vieille comme une ombre, à la cuisine, au lavoir, aux champs. Seul le travail des peaux le rebuta, et il refusa catégoriquement de racler et d'assouplir les fourrures de lapin, pourtant si douces aux mains. On l'en dispensa de bonne grâce. En grandissant, il devint tout à fait le fils de la mère de sa mère. Son nom de naissance fut oublié, il devint Follet. Les soirs, la vieille s'asseyait aux côtés de l'enfant à la tête rouge, et lui relatait, de la manière la plus précise qu'elle put, l'Ancienne Légende. Elle disait qu'elle seule la connaissait encore. L'enfant lui souriait, et ne la croyait pas. La Légende disait-elle, était plus vieille que la cité, plus vieille que le château des Chimères et que le Val perdu. Dans l'Ancienne Légende, la magie était partout, et les hommes de petits êtres insignifiants en comparaison aux créatures merveilleusement puissantes que furent les fatas.
A ses débuts, au marché, on fit peu attention à lui. Kaalun était déjà grouillante de musiques, de bâtons à jongler et de bonimenteurs. Ne serait-ce que sur le marché quotidien de la Grand'Place, il y avait la vieille qui lisait dans le pain rompu, le magicien qui faisait disparaître des pommes dans un chapeau, et les portefeuilles dans sa manche, et Quat-Doigts l'Albinos qui chantait la même rengaine depuis toujours. Une femme sale mais parée comme une reine narrait les ragots du château comme si elle y vivait. Aux douces saisons des Pousses et des Chants, ce petit monde étaient rejoint par une troupe de joyeux rigolards, auteurs de scénettes satiriques qui mettaient souvent en scène le Roi de Pierre et son sénéchal, où ce dernier, ensorcelé par une femme, ne pensait qu'à forniquer au grand dam de son maître.
Puis un jour, au milieu des teintures râpeuses des étals, des paniers garnis de langues de porc, d'herbes grasses et de panais, au milieu des cris des poissardes et des rémouleurs, et par-dessus la clameur vrombissante de la ville et des hommes, Follet se mit à réciter ses cantos, avec ses drôles de cheveux et son vilain tambour. Follet qui amenait dans ses paquets l'Ancienne Légende, ou plutôt, les bribes qu'il en avait glané ici et là.
Je ne comprends pas pourquoi tu me dis que la suite est différente de ton premeir chapitre, moi je trouve au contraire que tu continues dans la même lignée, avec des descriptions toujours aussi pimentées, un vocabulaire riche et précis, bref, pour moi c'est un bon chapitre.
une seule remarque :
"et les hommes de petits êtres insignifiants" je mettrai une virgule après hommes.
Oui Follet c'est le chouchou des lecteurs ! ;)
J'aime bien ta plume, elle est très vivante, très imagée. Je suis de nouveau vite entrée dans l'ambiance de ton histoire au début de ce chapitre et je m'imagine bien ce que tu décris.
Je n'ai pas grand-chose à ajouter ; je trouve que ça situe bien le personnage de Follet, et le fait qu'il n'y ait pas d'action ici ne m'a pas dérangée du tout, la description comptait assez de petites touches surprenantes et amusantes pour garder mon attention.
À bientôt pour la suite !
J'aime toujours autant ta plume ! Je l'aime bien, ce cher Follet, il tappe dans mon petit coeur qui faible face au personnage de son genre. Je sens que je vais attacher bien rapidement.
J'aime beaucoup tes description, ça donne envie de prendre le pinceau pour dessiner. On s'imagine très bien les ambiances, et les personnages.
Et j'ai encore trouvé plein de mots que je connaissais pas. Décidément, j'ai des lacunes de vocabulaire ! xD
Du coup je vais pérseverer, tu viens de me vendre ton histoire avec Follet et un sang d'encre !
Sur ce chapitre, je n'ai pas grand chose à dire, c'est encore un chapitre introductif très agréable à lire. Je retrouve une nouvelle fois une manière d'écrire qui me rappelle les contes. Par contre, j'envie, mais alors j'envie tellement ta manière de décrire. Tes descriptions sont vivantes, imagées, on s'y croirait !
Je file vers le chapitre 3 pour en savoir un peu plus sur ton histoire :)
La légende de son aïeule nous fait juste effleurer le mystère de ton histoire avec les Fatas et le nom mystérieux du Château des Chimères...
Quelques remarques :
-Elle disait qu'elle seule la connaissait encore > Disant qu'elle seule la connaissait encore. ce n'est qu'une suggestion, mais cela évite la répétition du "elle"
-en comparaison aux créatures > comparaison des créatures
Mon seul reproche finalement, ce serait que c’est un peu court et que cela s’arrête un peu abruptement , surtout que si j’ai bien vu, tu continues sur autre chose ensuite.
Détails
quel que fut le temps : fût (subj)
Le rugissement d'un vilain tambour ; ça ne rugit pas vraiment les tambours
allongeaient le cou comme des tortues : excellent !
La Légende disait-elle, était plus vieille que la cité : La légende, disait-elle,…
en comparaison aux créatures : e, comparaison des
ce petit monde étaient rejoint : était
auteurs de scénettes satiriques : saynètes
les bribes qu'il en avait glané ici et là : glanées ?
Merci pour toutes les corrections ! Quoique je vais ptête garder mon rugissement, je ne sais pas encore ;) !
Follet semble un personnage intéressant, mais je trouve qu’on reste un peu sur sa faim. Peut-être parce que tu dis en introduction que tu t’es beaucoup attachée à lui ? De mon côté, je ne le trouve pas encore attachant. En fait on ne sait de lui que son aspect physique et un peu de son histoire, mais on ne devine pas encore sa personnalité. Sauf le côté fantasque qu’il met en œuvre au marché, mais ça peut être juste pour attirer les badauds, et ne pas vraiment lui ressembler.
Ce n’est pas un reproche : après tout, j’imagine que tu en dis beaucoup plus sur Follet par la suite, mais comme tu parles de présentation dans tes notes, je trouve qu’il manque le pan personnalité. Or, le chapitre 3 partant sur tout autre chose, je me demande si ce n’est pas un tout petit peu trop ténu, et si on ne risque pas de l’oublier un peu le temps de le retrouver plus tard (c’est juste une question que je me pose, sans avoir la vue d’ensemble).
Détails remarqués au passage :
- « et les hommes de petits êtres insignifiants en comparaison aux créatures merveilleusement puissantes que furent les fatas » : en comparaison DES créatures (ou comparés aux créatures)
- « les bribes qu'il en avait glané ici et là » : glanées.
Sur le fait d'oublier les personnages d'un chapitre à l'autre : arf, tous ces dilemmes que tu soulèves ! C'est une histoire avec de nombreux personnages, en différents lieux. Donc effectivement, il existe toujours le risque d'oublier un peu. C'est aussi pour ça que mes chapitres sont courts. Mais je ne vois pas trop comment faire autrement en fait :p Je pense que le problème disparaît avec l'avancée de l'histoire, mais au début... Mais j'ai moi-même ce souci avec de nombreux livres ! Toujours un petit effort du lecteur au début pour se rappeler qui est qui !
Une fois de plus, on est plongé dans l'ambiance de ton univers et on pourrait presque entendre la rumeur du marché.
Quelques petites choses remarquées au fil de la lecture :
- Alors, flâneurs et badins approchaient, panier au coude, et les commerçants qui ne pouvaient abandonner leur étalage allongeaient le cou comme des tortues. Ils apercevaient alors le sommet d'une tête virevoltante[...] <br />Follet fut très heureux, alors, grandissant auprès de son aïeule, dans la douceur de ses bugnes et de ses dentelles. : répétition d'alors à plusieurs reprises (oui je fais la chasse aux répétitions, faut pas m'en vouloir...)
- au delà des remparts de la cité : au-delà<br />
- Seul le travail des peaux ne trouva pas grâce à ses yeux, et il refusa catégoriquement de racler et d'assouplir les fourrures de lapin, pourtant si douces aux mains. On l'en dispensa de bonne grâce : répétition de "grâce"
- Les soirs, la vieille s'asseyait aux côtés de l'enfant à la tête rouge, et lui relatait, de la manière la plus précise qu'elle put, l'Ancienne Légende. : la phrase est un peu trop hachurée par les virgules, peut-être faudrait-il en supprimer une ou deux, la phrase gagnerait en rythme (ce n'est que mon humble avis hein...)
- A ses débuts, au marché, on y fit peu attention à lui. : le "y" est en trop non ?
Je serai au rendez-vous pour la suite (pas de pression hein !).
à bientôt pour la suite!
Bonne scribouille,
Jowie