Chapitre 2 : Où la météo n'est plus ce quelle était
Case 23 : — Génoise-en-Givray —
L’ombre s’interposa entre Holly et le soleil ; le jeune homme suspendit sa main, un champignon a l’air bourru entre les doigts. Il grogna :
— Tu m’as suivi ?
La forêt de sapins était épaisse et étouffante, mais de fins pinceaux de lumière se glissaient entre les branches comme des rayons de miel. La chevelure rousse de Mila dessinait un halo doré autour de son visage maigre. Elle pinça ses lèvres pâles :
— Je t’ai vu t’enfuir au village. Je pensais que tu étais plus courageux que ça.
— Je n’ai pas de leçon à recevoir de la part de quelqu’un qui lance un assaut à dix contre un.
Le champignon lui mordit le nez et Holly le lâcha en jurant. Il essuya son visage ensanglanté dans sa manche en se rappelant que Mémé l’avait mis en garde contre le bolet hargneux, qui ressemblait à s’y méprendre au bolet placide qu’il était venu chercher.
Ignorant son malheur, Mila renifla :
— Ce n’est pas moi qui les ai montés contre Robin, elle s’est chargée toute seule de se faire détester.
— Oui, et bien si tu étais un peu plus maligne, tu écouterais tes propres conseils et tâcherais d’être moins détestable à ton tour.
La jeune fille croisa les bras :
— Alors, on n’est plus du tout amis ? C’est pour ça que tu as choisi Mémé au lieu de demander à mon père de te prendre avec nous ?
Holly baissa les yeux et recommença à chercher des champignons pour les glisser dans sa gibecière. L’un d’entre eux bailla à s’en décrocher la mâchoire et il le cueillit avant qu’il ait le temps de fermer la bouche.
— J’ai choisi Mémé parce que c’est une meilleure sorcière, n’en déplaise à ton père. Je tiens à te faire remarquer que Robin me déteste. Elle était déjà furieuse quand elle a compris que Mémé m’avait pris comme apprenti, alors quand hier… Vous n’auriez pas dû l’embêter aujourd’hui, ça aurait pu dégénérer.
— Même toi, tu sais qu’elle est dangereuse.
— Dégénérer ne veut pas dire que je pense qu’elle aurait pu faire du mal à quelqu’un. Par contre, vous, vous auriez pu la blesser, la neige était toute dure.
Mila haussa les épaules et se renfrogna, cherchant quelque chose à répondre. Elle finit par s’écarter du sujet :
— Tu me manques. Ça aussi, tu me le reproches ?
— En quelque sorte. La toi d’avant, celle qui était sympa, me manque aussi.
Mila et Holly avaient le même âge, à quelques mois de différence. Mimosa la morule était un jour revenu de voyage avec un bébé dans les bras et jamais personne n’avait pu lui tirer les vers du nez concernant la génitrice. La seule chose dont on était sûr, c’est que la fillette était un produit cent pour cent Oeuf, avec ses cheveux roux bouclés et ses taches de rousseur. La mère de Holly avait allaité les deux nourrissons et Mimosa leur avait servi de nounou. Les deux enfants avaient partagé leurs langes, leurs biberons, leurs régurgitations et leurs devoirs d’écoles, jusqu’à ce que l’adolescence les sépare de façon plus cruelle. Holly ne pouvait nier que Robin était en partie responsable de leur scission, ce qui avait définitivement scellé la haine de Mila pour sa camarade.
Holly écarta une branche tandis que Mila ouvrait la bouche ; il leva un doigt pour la faire taire.
— Qu’est-ce que c’est que ça ?
Mila s’approcha et se pencha en avant. Il y avait des empreintes dans la neige, qui s’enfonçaient dans les fourrés. La jeune fille fronça les sourcils et s’accroupit à côté de Holly.
— Je n’ai jamais vu ça.
— Moi non plus.
L’empreinte était beaucoup trop longue ; elle faisait au moins deux fois celle d’un être humain. La poudreuse ne permettait pas de bien discerner sa forme. Le jeune homme effleura les traces du bout des doigts.
— Est-ce que ça pourrait être celle d’un loup-garou ?
— Il n’y a pas de griffes et c'est trop gros. Un éléphant-garou, peut-être ?
— Arrête de te foutre de ma gueule. C’est possible que ce soit un garou, il y en a de toutes sortes.
Mila leva un sourcil narquois.
— Impossible. Il n’y en a pas ici.
— Il y a les caravaniers. Personne les contrôle.
— Même. Personne n’est assez idiot pour oublier d’enlever une tranche à sa meule de fromage. Il ne se transformerait pas aussi près d’un village.
— En tout cas, ce n’est ni un élan, ni un renard, ni quoi que ce soit qu’on connaisse.
Ils se redressèrent et Holly écarta deux buissons d’aubépines pour passer de l’autre côté ; les empreinte dessinaient une courbe dans les sous-bois, traversant tout un tapis de bolets hargneux qui les insultèrent copieusement.
— Salauds ! Polypes ! Biscuits mal fourrés !
— Fieffés têtes d’endives !
— On vous retrouvera, vous et vos familles !
Les deux jeunes gens les ignorèrent.
— Voyons où ça nous mène…
Les traces s’enfonçaient au milieu de la sapinaie. Après s’être jaugés d’un air bravache, les deux jeunes gens décidèrent tacitement de laisser leur différend de côté. Holly mesura la distance entre deux marques.
— Regarde l’écart entre les pas. La taille est toujours la même. Je pense que notre créature est bipède.
Ils suivirent la piste pendant une heure, jusqu’à ce que leurs ventres gargouillent tant qu’ils faisaient fuir les écureuils ; quand soudain, la forêt s’éclaircit : ils étaient arrivés sur le bord du lac. À travers la glace, on voyait la silhouette titanesque de la déesse endormie. Une petite frappe sans vergogne lui avait enfoncé un bâton de ski dans le nez.
Les traces de pas continuaient jusqu’à la rive puis s’évanouissaient. Pour rajouter à leur malchance, il se mit à neiger. Mila pesta.
— Il ne manquait plus que ça.
Elle avait raison. Les épais flocons allaient bientôt recouvrir les empreintes, quand celles-ci sortiraient du lac.
— Dépêchons-nous, la créature n’est peut-être pas loin. On va longer le rivage.
— On ferait mieux de rebrousser chemin, c’est trop grand.
— Tu as peut-être rais…
Holly s’interrompit. Un flocon était entré dans sa bouche et il s’agissait de tout sauf de neige. C’était tiède, sucré et ça avait fondu sur sa langue avant de s’évaporer.
— Qu’est-ce que…
Mila poussa un cri d’horreur en touchant ses cheveux, tout collants. Holly avança ses mains en coupes devant lui et regarda le sucre cristallisé se déposer sur ses paumes. Décontenancé, il se tourna vers sa cousine :
— C’est de la barbe à papa.
— Quoi ?
Il était de notoriété publique que beaucoup de choses étranges se passaient sur les différentes cases du Plateau, mais personne n’avait jamais vu neiger de la barbe à papa.
— Ça, c’est encore un coup de ton père !
— Quoi ?
— C’est bien lui qui règle la météo !
— N’importe quoi, il allume et éteint le soleil. S’il pouvait influencer la température, je peux te dire qu’on bronzerait plus souvent. C’est plutôt Mémé qui…
Elle ne termina pas sa phrase. La neige s’était transformée en pluie ; une pluie chaude, collante et brune comme de la boue.
Du chocolat chaud.
*
— Maman ! Maman ! Il y a une fille dans notre chambre !
En entrant dans la boucherie itinérante, Abigaïl De Globine était survoltée. Éloise De Globine leva haut ses sourcils et ne commenta pas. Abigaïl était la deuxième de la fratrie. Elle possédait la peau couleur caramel de son père et ses grosses boucles sombres. Elle s’agaça devant l’absence d’enthousiasme que sa révélation suscita :
— Alistair a ramené une fille ! Dans notre chambre !
— On sait déjà ! bâilla Chutney. Ce morveux n’écoute rien de ce qu’on lui dit.
— C’est bien qu’il se sociabilise, le défendit Éloise De Globine.
— Avec une sorcière rouge ? grogna le cochon.
— Et bien pourquoi pas. Personne n’est parfait et surtout pas nous.
Abigaïl croisa ses bras devant sa poitrine :
— Vous le saviez ?
— Oui, je leur ai apporté des serviettes. Si j’ai bien saisi, ils se sont retrouvés dans une bataille de boules de neige. Qu’ils ont visiblement perdu.
— Une bataille de boules de neige ? On parle toujours d’Alistair ?
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
L’adolescente haussa les épaules :
— Alistair est trop coincé pour faire ça. Tu comprends, ça pourrait le mouiller, ça pourrait mouiller ses foutus bouquins, ça pourrait couler dans ses chaussures, ça pourrait le décoiffer…
Éloise et Chutney échangèrent un regard complice avant que le cochon ne commente :
— Et bien, on dirait que pour se faire une amie, ton asocial de frère accepte de se décoiffer.
*
— Alors, toi aussi tu vas à la foire ?
— Oui. Avec ma grand-mère… et Holly.
— Holly ?
Robin se mordilla l’intérieur des joues. Allistair s’était immobilisé, le vernis à ongles en suspens après lui avoir soigneusement laqué la main droite de rouge coquelicot. Elle n’avait pas prévu de passer directement aux confidences.
— C’est… l’apprenti de ma grand-mère. On se connait depuis l’enfance, mais on ne s’entend pas trop.
— Tu n’es pas contente qu’il vienne avec vous ?
Elle eut un rictus :
— Euphémisme. Et je n’ai pas envie de parler de ça.
Alistair n’insista pas et son attention se reporta sur le deuxième ongle de Robin. Celle-ci observait ce qui servait de chambre aux enfants De Globine avec curiosité : la pièce était exiguë et cinq couchettes étaient superposées les unes au-dessus des autres. Elle inspira lentement. L'air sentait la lessive et l'écorce d'orange amère ; pas la naphtaline comme on aurait pu le craindre ; pas le fennec comme dans la chambre de Holly.
Les murs étaient couverts d’étagères et de posters jaunis des 2be53, ce fameux boys band qui après une tournée d’autographes n’avait plus jamais réussi à réunir ses cinquante-trois membres sur la même case.
Les plus jeunes sœurs De Globine, des triplettes qualifiées d'« intenses » par leur frère, avaient visiblement une passion dévorante pour les têtes à coiffer. Il y en avait au moins huit, toutes plus moches les unes que les autres. Où que l’on regarde, il était difficile d’éviter de tomber sur leurs maquillages criards et leurs tignasses emmêlées.
L’espace qui longeait la couchette d’Alistair croulait sous les livres. Elle s'attarda sur les titres enluminés sur les tranches de cuir épais. Ça sentait les chevaliers qui dorment mille ans, les dragons enfermés en haut des tours et les sorciers cucul la praline.
— Lire et te vernir les ongles, c’est ça ton truc ?
— Je fais aussi de la boxe depuis tout petit.
— Pour compenser le vernis ?
Il fit un sourire en coin en essayant d’ignorer les rouges-gorges qui s’étaient posés comme une brochette sur le rebord de la fenêtre, ainsi que son cœur qui battait un peu trop fort à l’idée qu’un membre du sexe opposé soit assis sur son lit ; autre qu’une de ses sœurs, bien sûr.
— Parce que le vernis est un truc de fille ? J’ai commencé la boxe bien avant. Disons que le sport est un défi physique, le vernis est un défi social. Mais j’aime les deux, vraiment.
Perplexe, Robin agita ses doigts pour qu’ils sèchent. Son regard tomba sur la tête à coiffer la plus proche qui la dévisageait d’un air mi-bovin, mi-possédé.
— Je n’en avais jamais mis. Je ne sais même pas si on en trouve à Génoise-en-Givray.
— Nous n’en trouvons pas à la Crypte. Mon père en a ramené à ma sœur Abigaïl une année où mes parents sont allés vendre du boudin à la Foire sans nous. Il avait oublié mon cadeau sur le stand. Des gants de boxe tout neufs. J’étais tellement déçu. Finalement, nous avons passé les trois mois suivants à se peindre les ongles avec Abi. Maintenant, elle s’en désintéresse et moi j’adore toujours ça.
— Je comprends.
Robin hocha la tête pensivement et Alistair la dévisagea.
— Et toi ? Tu aimes lire aussi, non ?
La jeune femme haussa les épaules.
— C’est l’air que je donne ? À vrai dire, je n’en sais trop rien. On trouve à peu près autant de bibliothèques que de vernis à ongles ici.
— Et l’énorme volume que tu lisais en descendant la colline ?
— Ça ?
Elle désigna la tranche qui dépassait de son cabas. Alistair se tordit le cou pour déchiffrer ce qui était inscrit.
Salamandre et bigorneaux.
— C’est un grimoire ?
— Non. Un jeu de société. Celui-là, c’est le jeu de rôle.
— Comme dans Citadelle et Salamandre ?
— Oui, c’est ça. Les règles sont un peu différentes et tu ne rencontreras pas de meilleur maitre du jeu que ma mémé. On fera sans doute des parties avec Holly pendant le voyage.
— Je croyais que vous ne vous entendiez pas.
Le regard bleu de Robin s’assombrit.
— Des fois, n’importe quoi vaut mieux que de devoir parler de la vraie vie. Les jeux sont un excellent moyen d'éviter de s'écharper.
— Je peux voir ?
— Bien sûr.
Robin se pencha pour attraper le gros volume, mais Alistair protesta :
— Attends, je n’ai pas fini ta main gauche !
— Sans vouloir te vexer, je n’ai pas besoin de toi.
Le vernis rouge fila dans les airs et continua à peindre les ongles de la jeune fille, avec beaucoup plus de précision que Alistair. Celui-ci observa le tableau un instant, eut une petite moue et prit le livre de règles avant de commencer à le feuilleter. Ses doigts glissèrent sur les cartes, les descriptions de villes, de personnages, de races, les systèmes de combat, les armes, les armures, les instruments de musique, les familiers. Il ne s'arrêta que pour noter le bouchon-pinceau qui réintégrait sa bouteille après avoir fini son office, avant de se poser tranquillement sur l’unique bureau de la pièce. Il cilla.
— Ce pouvoir… C’est volontaire ou inconscient ?
Elle sourit. Ses canines étaient un peu de travers.
— Ça t’inquiète ?
Il s’efforça d’avoir l’air décontracté, mais en réalité, il serrait les fesses. Robin leva les yeux vers son tricot qui cliquetait toujours en lévitation et fronça les sourcils. Les aiguilles s’emballèrent.
— Les deux. C’est un peu comme de respirer, tu vois ?
Le fil de laine se mit à dessiner un motif plus compliqué qui fit un liseré le long de la cape. Puis la jeune fille relâcha ses sourcils et les aiguilles retrouvèrent leur calme en même temps que son front se déridait.
— Il y a beaucoup de choses de couleur rouge qui viennent à moi sans que je ne fasse rien. Mais si j’y pense, je peux prendre le pouvoir, en quelque sorte.
— Je suppose que c’est à la fois fascinant et un peu effrayant.
Robin eut un sourire ironique.
— Je ne vois pas ce que tu veux dire.
Au même moment, la brochette de rouges-gorges perchés le long de la fenêtre se mit à piqueter la vitre, faisant trembler le verre, jusqu’à ce que Robin lève une main pour qu'ils se taisent. Elle hésita et ajouta :
— Je n’ai jamais entendu parler d’une sorcière rouge qui aurait tué quelqu’un sans le désirer. Mais j'imagine que c’est possible de perdre le contrôle si on est fragile ou si la situation est insoutenable. Tout comme on peut faire preuve de violence sans avoir de pouvoir magique.
Alistair referma l’énorme notice.
— Ça n’a pas dû t’aider à te faire beaucoup d’amis, je suppose… C’est pour ça que cette bande te bizutait ?
Une expression indéfinissable passa sur le visage de Robin et elle finit par ajouter sans le regarder dans les yeux.
— On ne pourrait pas le limiter à ça. Au début, peut-être. Mais les humains sont complexes et on ne peut pas résumer quinze personnes et dix-sept ans de rivalité en une seule phrase.
— Je suppose.
Il lui rendit le livre.
— Ça a l’air vraiment sympa.
— Tu as dit que vous resteriez un peu ici. Tu pourras faire une partie avec nous, si ça te tente. Et si je ne te terrifie pas trop, bien sûr.
Alistair rigola.
— Oui, j’ai bien envie.
Il finit par ajouter :
— En toute sincérité, je ne suis pas dans ma zone de confort, mais je maitriserai ma peur. En serrant les fesses.
— Tant que tu ne souilles pas les fauteuils de Mémé.
— Je saurai contrôler mes sphincters.
— Tu veux une médaille ?
C’est à ce moment-là que le chocolat se mit à tomber du ciel, éclaboussant les vitres de la roulotte. Les rouges-gorges s’éparpillèrent en piaillant.
*
« Nouvelle attaque de vampire : le nombre de victimes s’alourdit. Les amateurs d’hémoglobine nous prendraient-ils pour du boudin ? »
Le poêle diffusait un agréable halo de chaleur et Mimosa le Magnifique soupira de bonheur, enfoncé jusqu’aux épaules dans son fauteuil de velours préféré. Il tourna une page du journal, dédaignant les derniers évènements pour se concentrer sur l’horoscope. Le froissement du papier dérangea Phlébite, son minuscule bouledogue au nez écrasé. Le chien aboya et changea de position sur les jambes tendues de son maitre dont les mollets reposaient sur un pouf à franges assorti au fauteuil.
— Alors, alors, que nous réserve la décade ? Les brouettes… Tout vous sourit, mais ça ne va peut-être pas durer. Éviter de manipuler les moulinettes à fromage. C’est le moment de jouer au molki. Méfiez-vous de vos voisins.
La sonnette retentit ; Mimosa et Phlébite sursautèrent ensemble pour bondir sur leurs pieds. Le magicien courut observer dans le judas et jura. C’était Mr le Maire !
Il s’apprêta à les faire entrer avant de s’apercevoir qu’il portait toujours sa robe de chambre en soie violette, brodée de salamandres. Il l’enleva à toute vitesse et la jeta dans son bureau. Il lissa sa chemise et la glissa dans son pantalon avant d’ouvrir le battant.
Mr Stache était accompagné par Blini, son adjoint, un échalas à lunettes qui ne parlait pas beaucoup et de Mona Stère, la prêtresse de l’église du Dé unique. Blini était aussi boulanger et monsieur-pipi. Mona Stère était seulement prêtresse, mais c’était elle qui organisait la fête du village, une fois tous les quatre-cent-vingt jours, au grand désespoir de tous et surtout de ceux qui n’en pouvaient plus d’entendre la samba des caribous.
Pendant un instant, Mimosa se fit la réflexion qu’ils étaient tous les trois ses voisins et qu’il fallait donc s’en méfier, mais son attention fut détournée par la pluie épaisse qui frappait toute la case ainsi que les manteaux et crânes dégarnis de Blini et Mr Stache qui montraient leur impatience de se mettre à l'abri. Mona Stère avait un parapluie, mais visiblement, la rondouillarde petite femme n’avait pas envie de partager.
Le magicien bredouilla :
— Heuh, bonjour. Que puis-je faire pour vous ?
Mr Stache lui jeta un regard noir. Mimosa portait encore son pantalon de pyjama, dans lequel sa chemise était mal rentrée. Sa tignasse bouclée était du même roux que toute la famille Oeuf, mais il abordait également deux grands yeux bruns et ronds qui rendaient son visage très naïf, malgré sa barbe soignée.
— Vous n’étiez pas censé travailler et empêcher que ce qui se passe, se passe ?
Avant qu’il ait pu répondre, le maire l’écarta d’un geste et s’engouffra dans la maison pour se diriger dans le bureau, suivi des deux autres. Personne ne fit de commentaire sur le peignoir roulé en boule sur le tapis.
— Qu’est-ce qu’il se passe dehors ?
Mona Stère leva les yeux vers lui. Son physique de bigote étriquée était éclairé par des iris verts incroyables.
— On aurait pensé que vous auriez pu nous l’apprendre.
Le magicien déglutit.
— Je… Je n’y suis pour rien.
— Regardez, ça change encore ! commenta calmement Blini en écartant d’un doigt les rideaux écarlates. Et voilà qu’il y a des saisons à présent, conclut-il avec fatalisme.
En effet, la pluie brune avait cessé et de gros cubes moelleux tombaient du ciel en rebondissant sur le sol dans un petit bruit ouaté.
— Des chamallows maintenant, grommela Mr Stache. Dites-moi que vous avez un sortilège pour arrêter ça ou du moins que vous savez ce qui le provoque.
— Heuh… répondit Mimosa.
Mona Stère renifla :
— Au cas où, j’ai déjà demandé à ce qu’on aille chercher Mémé.
— Est-ce que vous pourriez être responsable de tout ce charivari ? réclama le Maire.
Le magicien se gratta le nez — un beau nez droit qui surplombait une mâchoire bien dessinée qui faisait craquer les filles. Il s’était levé ce matin vers dix heures et avait allumé le soleil quelques minutes plus tard, dans son jardin, en buvant son café brûlant avec sa tartine de miel et ses pantoufles. À ce moment-là, tout était normal. Puis il était allé se recoucher, jusqu’à ce que Hector, le facteur farci — qu’on n’avait pas vu depuis une semaine — le réveille en lui apportant les dernières nouvelles du Plateau. Il secoua la tête.
— Non, c’était une journée exactement comme d’habitude.
C’est alors que la sonnerie résonna pour la deuxième fois de la matinée. La nouvelle arrivante n’attendit pas qu’on vienne lui ouvrir, ce qui agaça profondément le propriétaire, ainsi que son chien.
Mémé était impeccablement propre, bien qu’elle n’ait pas de parapluie, et sa chevelure était d’un gris lourd et lumineux, comme un ciel plombé avant l’orage. Elle marcha jusqu’au bureau et inclina la tête pour saluer toutes les personnes présentes. Phlébite se précipita pour lui croquer le mollet, mais la vieille dame le contrecarra avec sa canne et le bouledogue referma sa mâchoire sur le bois.
— Toujours aussi charmante, ta saucisse sur pattes, commenta-t-elle, tandis que les sourcils de Mimosa tressautaient.
Contrairement aux apparences, les deux sorciers officiels de Génoise-en-Givray s’aimaient plutôt bien. Elle le considérait comme un traine-savate — ce qu’il était — et il la voyait comme une vieille peau pénible — ce qu’elle était également. Une fois les bases posées, le reste ne faisait pas de difficulté.
— Mnémosyne ! Enfin ! soupira Mr Stache, soulagé.
La vieille dame croisa ses bras devant sa poitrine :
— Il me semble que votre enthousiasme est prématuré.
Le Maire se ratatina.
— Ne me dites pas que vous non plus ne pouvez pas régler notre petit problème de climat !
Mémé plissa les yeux :
— Bien sûr que je peux, corne de bouc ! Mais vous imaginez que c’est facile ? Il ne s’agit pas juste d’allumer le soleil. Croyez-moi, ça va faire un trou dans le budget de la commune, un sortilège comme celui-là.
Mr Stache se ratatina davantage et l’adjoint Blini lui posa une main encourageante sur l’épaule avant de répondre :
— Nous n’avons pas le choix de toute façon. Votre prix sera le nôtre.
— Nous pourrions aussi voir si cette aberration ne s’arrête pas toute seule, ronchonna Mona Stère.
Mémé eut un geste négligent.
— Oui, vous pouvez aussi. À vous de décider. Si vous faites appel à mes services, je veux toutes les bouteilles de spiritueux qui parviennent de l’extérieur de la case jusqu’à votre épicerie, Mr Stache.
— Quoi ! se scandalisa l’ecclésiastique qui avait un faible un peu trop prononcé pour le cognac iridescent du Village-perché -sur-géant-endormi.
— C’est à prendre ou à laisser. Je n'abandonne pas une potion complexe pour un sandwich au poulet.
— Ça semble un marché honnête, dit Mimosa qui de son côté, ne consommait que la petite gnôle d’airelle du coin.
Le Maire roula des yeux. Il faut dire que son commerce fonctionnait essentiellement sur l’alcoolisme local. Il tempêta :
— Réunion exceptionnelle ! Concertation à côté !
Il disparut dans la cuisine, précédé de ses deux acolytes et Mémé se retrouva seule avec son collègue. Celui-ci tritura un pan de sa chemise, qui s’était définitivement délogée de son pyjama avant d’ajouter :
— C’est plus sérieux que ce qu’ils imaginent, n’est-ce pas ?
— Ces idiots ne voient pas plus loin que le bord de leur case. Ce n’est pas la première chose anormale qui se passe sur le Plateau ces jours-ci. Ton aide serait la bienvenue, si tu acceptes de te sortir les doigts du croupion.
Un sourire triste éclaira le visage de Mimosa et il détourna les yeux :
— Oh tu sais, moi je suis comme eux. J’aime la tranquillité de ma case et je laisse les aventures à d’autres.
— Pourtant, tu viens aussi à la foire, cette année.
— Oui, il me manque pas mal d’ingrédients. Et puis je dois bien ça à Mila. Si elle veut devenir sorcière, je dois lui donner les meilleures possibilités.
Comme elle ne répondait pas, il rajouta d’une petite voix :
— Tu vas pouvoir arranger les choses, n’est-ce pas ?
Elle secoua la tête.
— Ce n’est pas la même chose de créer un sortilège et de briser celui de quelqu’un d’autre. Et si le magicien est celui que je crois… Franchement, je n’en sais rien. J’ai bien une idée, mais elle ne me plait qu'à moitié…
Mimosa voulut répondre, mais à ce moment-là, le maire revint dans la pièce. Il avait l’air sombre.
— Très bien Mnémosyne. Si ce soir, il ne s’est pas arrêté de neiger des bonbons, je vous demande officiellement de faire quelque chose.
*
La chantilly entrait par bouffées de flocons dans la chambre, comme attirée par la chandelle posée sur le buffet qui la faisait fondre en gouttelettes de sucre sur le bois.
La lune, gibbeuse, était déjà levée depuis longtemps.
Assise devant sa coiffeuse, Mémé se pencha sur son sac à tricot. Ses yeux remarquèrent l’absence d’aiguilles de grosse taille et elle se rappela que Robin les lui avait empruntées.
Sa petite fille était rentrée à la nuit, les joues rosies par le froid et de bien meilleure humeur que le matin, malgré les caprices de la météo. Elle était au lit et il était trop tard pour lui demander de lui rendre ses aiguilles fétiches. La vieille dame en choisit une autre paire et y accrocha un fil de chanvre. Ses doigts se mirent à danser et elle commença à chantonner.
Il ne fallut pas longtemps pour que la mélodie attire un sphinx des neiges, le plus grand papillon de nuit de la case. Il battit paresseusement des ailes devant la chandelle, projetant une ombre immense sur le mur, avant que le sortilège de Mémé ne l’attrape. Des fils de soie transparente se tendirent dans la pièce, formant une gigantesque toile. Le papillon s’emmêla dans le piège et aussitôt une araignée grosse comme un citron sortit de sous l’imposant lit de bois sculpté. Tandis que les huit pattes emmaillotaient le lépidoptère en momie tourbillonnante, la sorcière posa ses aiguilles à tricoter.
Ses yeux bleus rencontrèrent ceux de son reflet, dans la glace de la coiffeuse et elle se mit à retirer les épingles qui retenaient son chignon sévère. Ses cheveux couleur brouillard coulèrent jusqu'à ses reins. Elle se leva, ôta sa robe, dégrafa ses jarretières, déroula ses bas et ne garda que sa combinaison.
Elle se faufila dans son lit au moment où l’araignée emportait sa proie en dessous. La sorcière se tourna sur le flanc et pressa ses genoux entre ses doigts. Son pouls battait trop fort à ses tempes et elle serra les dents pour le maitriser. La femme ferma les yeux et se jeta dans le sommeil comme on se glisse dans une eau trop froide.
Pieds nus et toujours vêtue de sa combinaison de soie écrue, Mémé volait à présent dans une brume épaisse. Elle était à califourchon sur son balai, une machine increvable avec des brindilles de fer.
Parmi les nuages du songe, elle se mit à chercher des images ; petit à petit, des fragments des autres cases émergèrent dans les volutes. Elle croisa un gigantesque visage verdâtre surplombé de petites maisons tordues, puis des champs des fleurs au milieu desquels apparaissant d’immenses symboles brûlés, il y eut une île peuplée d’hommes en noir, une mer sans fin, des collines bleues…
Mais la créature qu’elle cherchait ne se trouvait pas dans ces lieux.
En réalité, elle était beaucoup plus près que cela.
Mémé ne s’y attendait pas quand des doigts se refermèrent sur son bras ; elle feula comme un chat en colère tandis qu’on l’arrachait à son balai et à son rêve.
La sorcière se redressa au milieu des draps, la peau glacée.
L’esprit était assis sur son lit, légèrement en retrait. Ses mains sagement croisées sur ses genoux donnaient l’illusion d’un calme démenti par ses yeux. Son grand chapeau de feutre noir était un peu de travers ; il l’ôta et le posa sur la couverture.
Il la détailla avec une curiosité à la limite de la politesse et finit par murmurer prudemment :
— Tu n’as vraiment pas changé, Mnémosyne.
Mémé ne bougea pas d’un pouce, mais soudain sa chevelure s’illumina d’éclairs comme un nuage d’orage.
— Comment m’as-tu trouvé ?
— Je passais dans le coin, c’est tout.
Elle plissa les yeux, la bouche pincée et il baissa les siens comme un enfant pris en faute.
— Tu ne me crois pas ?
Il avait la silhouette d’un homme, mais c’était un esprit du bouleau. Pas besoin d'être un génie pour s’en rendre compte.
Il était trop grand, si mince qu’on aurait dit un phasme. Sa peau blanche, striée de gris, parcheminée et friable se délitait en lambeaux d’écorces et il fallait le regarder longuement pour définir à quoi il ressemblait derrière sa magie. Il avait cette beauté ennuyeuse d’adulte enfant que seuls les esprits possédaient. Mais habituellement, quand on le contemplait, on ne devinait de son visage que ses yeux en amandes qui avaient déjà vu soixante-trois soleils. Ils avaient la nuance tendre des myosotis qui parsemaient les collines des Milles-sources-heureureuses, la case de l’éternel Printemps.
Ses tempes s’étiraient sur une étreinte de branches argentées qui couvraient son crâne de feuilles.
Pour seul vêtement, il portait une longue jupe de mousseline couleur verveine, légère comme le vent. Une besace de cuir en forme de feuille de chêne était accrochée à ses hanches et autour de son cou reposait un collier de coquillettes improbable, composé d’entrelacs de pâtes cerclant une énorme opale de feu.
Il était à la fois très beau, terrifiant et franchement décalé, ce qui pouvait facilement s’expliquer quand on savait ce qu’il était.
— Tu me cherchais ? demanda-t-il comme elle ne répondait pas.
Sa voix était chantante comme un ruisseau et il portait sur lui l’odeur de la forêt.
Les yeux de la sorcière balayèrent la pièce. La table de chevet avait été déplacée et se trouvait à présent au centre, sur lequel trônait un échiquier.
Son cœur accéléra.
Mémé ravala sa rancœur et souffla :
— J’ai besoin d’aide. J’ai peur que tous les évènements étranges qui arrivent ne soient liés à l'enfant.
L’esprit lissa les plis du drap et ce faisant, il frôla accidentellement Mnémosyne qui recula comme si un serpent l’avait mordu. Il éloigna sa main immédiatement.
— Tout est lié à l'enfant.
— Je sais que tu peux l’influencer.
Il arqua un sourcil, dubitatif.
— Tu me surestimes.
— Peux-tu m’aider ou non ?
— Je peux essayer. Tu connais les conditions.
La créature leva une main et la table de chevet glissa vers eux silencieusement jusqu’à ce que l’échiquier les sépare, à la gauche du lit. Les yeux de Mnémosyne se posèrent sur les pions : l’oie et le jars, l’œuf, la vache violoniste, la cuillère et le plat, la salamandre, le bigorneau et les poussins…
— Si tu gagnes, je t’aiderai. Si je gagne…
— Je sais, le coupa Mémé. Tu veux toujours la même chose.
Et elle déplaça sa première pièce.
Globalement : toujours très heureuse de poursuivre la lecture de ton histoire. Ton texte contient plus de surprises que la plupart de ceux que j’ai lu. Vraiment, j’adore.
Pour plus de détail : au début, j’ai confondu le champignon avec l’ombre entre les doigts. (ps : 1ère ligne, il manque l’accent du à). Puis je suis bien rentrée dans le chapitre. Toujours une imagination folle avec des idées drôles (j’adore : les bolets hargneux, la majestueuse déesse et son bâton de ski dans le nez, la météo improbable…).
Le lien entre les personnages se fait bien. L’incident entre holly et robin pique la curiosité. La description de la pseudo amitié entre Mimosa et Mémé m’a bien plu.
Et le mystère nait bien sûr. C’est cool que tu précises parfois ce qui est normal dans ce monde plein de surprises, à ce qui n’est pas censé l’être, ça permet de se situer dans ce monde où tout surprend.
Encore Bravo,
Le rythme n'est pas trépidant mais il tient en haleine. On passe de surprise en trouvaille, avec quelques révélations et petit à petit, on sent qu'une intrigue va se dessiner. Rien ne presse cependant : de mon côté, l'exploration de cette première case et des personnages suffit à mon bonheur.
Bref, je te mets dans ma PAL avec enthousiasme. J'espère que tu excuseras mes commentaires de fangirl pas très constructifs, mais pour l'instant, je lis en lectrice et je n'ai rien vu qui mérite de remarque ou de question.
A bientôt, bises !
Gros bisous et à bientôt <3
Je me demande si tu n'aurais intérêt à redécouper ces longs chapitres, ce qui te permettrait d'approfondir ou de développer certains personnages, lieux ou situations.
A bientôt
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de commenter durant ces histoires d’or <3.
Je crains que ce commentaire ne soit pas constructif... Mais de la guimauve, ça ne fait jamais de mal !
J'ai beaucoup, beaucoup aimé ces trois premiers chapitres et je lirai la suite avec plaisir. J'ai relevé des idées excellentes : la sorcière à deux ombres, les vampires qui mangent du boudin, les sorcières rouges, l'idée du plateau avec ses cases et ses climats... et j'en passe ! Avec cette très belle plume, cette grande imagination et le ton humoristique employé, on obtient - sans surprise - une lecture savoureuse.
Dans le chapitre 1, une seule chose m'a semblé un chouia problématique : c'est le nombre de personnages qui interviennent en même temps. Je t'avoue m'être mélangée les pinceaux au début !
Hâte de savoir la suite <3
Pluma.
Merci beaucoup pour ton com qui me fait super plaisir ! C’est la première fois que j’écris quelque chose d’aussi léger et je m’amuse vraiment bien.
Concernant l’apparition de beaucoup de personnages d’un coup, tu n’es pas la seule à le faire remarquer. J’ai noté ça dans ma liste de choses à réfléchir, mais pour le moment, je ne suis pas sûr de changer. Ca m’arrive souvent d’avoir besoin de quelques chapitres pour tout situer dans un livre et comme on va revoir les même de façon répétée, ça devrait s’éclaircir vite.
Je pense que je me déciderai déficitivement sur ça en finissant la partie 1.
Merci encore pour ton commentaire et à bientôt (sans doute dans tes com à toi parce que j’adore Dominos <3)
J'ai rien à dire, à part que j'aime beaucoup les brocolis, et pas du tout le boudin :')
Les personnages sont attachants, les noms des villages et des gens sont absolument géniaux et je suis jaloux de leur à-propos, la surprise inhérente à ton univers fabuleux est au rendez vous et malgré la quantité de choses à découvrir, tout se tient et est clair... La mamie pince-sans-rire face au maire est absolument incroyable.
Bref, je vais arrêter de te jeter des fleurs - ou de la barbe à papa, histoire de rester dans le thème ! J'ai hâte de découvrir la suite !
Plein de bisous !
Ca me fait super plaisir de te voir ici. Et je suis grave d’accord à la fois sur les brocolis et sur le boudin !
En tout cas merci pour tout ses compliments, ça me touche énormément !
Amour sur toi et à très bientôt (j’espère que ton déménagement s’est bien passé, soit dit en passant !
A part la sorcière, les adultes ont l'air assez minables par ici...
L'amitié entre Robin et Alastair est prometteuse, et comme tout ce beau monde va à la foire, on sent que tous vont se recroiser en chemin.
Effectivement les adultes sont un peu caricaturaux. J’espère qu’ils montreront plus de qualités par la suite XD. Normalement les famille de Alistair et de Holly sont plutôt correctes.
Et oui effectivement, il y a un but commun donc on sait que ça va se recroiser.
Je ne suis pas sure de pouvoir faire ça sur PA mais si j’arrive à en fire du papier un jour, j’aimerai avoir une image d’ensemble de plateau au début de chaque chapitre qui dise à chaque fois qui est sur quelle case.
J'aime beaucoup cet univers que tu as créé aux accents tout doux (vraiment, je crois que tout le monde a besoin de pluie de chocolat chaud dans sa vie), ça donne au texte un aspect hyper chaleureux ! J'ai parfois eu la sensation que les dialogues s'enchaînaient très vite et j'aurais aimé avoir davantage accès aux pensées des personnages pour mieux les cerner, mais j'ai tout de même un petit faible pour Alistair, il est trop choupi ^^
C'est une belle découverte en tout cas, et une lecture toute douce !
Merci infiniment pour ton retour en tout cas !
Je viens lire la suite et ce second chapitre me charme encore plus que le premier ^^ Je me laisse emporter par un monde complètement farfelu et bondiou ce que ça fait du bien <3 La pluie de chocolat chaud, de barbe à papa, mais où tu vas pêcher ces idées ? Ahah. Et puis le fait qu'un personnage soit là pour "allumer le soleil", c'est si beau ça fait fondre mon coeur <3 L'éléphant-garou aussi, ça m'a bien faire rire ^^ Et tellement d'autres choses qui m'ont fait sourire et une plume qui me fait fondre de tendresse, tu es décidément une extra belle découverte !
Oh ! Et les dialogues aussi ! Les punchlines que tes persos se lancent, j'adore x)
Enfin bref, je vais m'arrêter là parce que j'ai un tas d'autres histoires à aller lire, mais sache que j'ai aimé chacune de tes lignes et que je prendrai plaisir à revenir te lire à l'occas' <3
Bisou !
Merci encore, des bisous et à bientôt sur l’un de nos deux textes !
Pour commencer par ma petite réserve, je n'était pas toujours hyper investi dans les personnages. Le passage entre les deux enfants et la fin avec Mémé fonctionnent bien mais parfois j'aurais préféré un peu plus d'introspection, de pensées.
J'adore le concept de neige de barbapapa et de pluie de chocolat chaud, franchement c'est incroyable ! C'est hyper bien trouvé et ça colle très bien à ton univers. Parlant de ça, je trouve que c'est le plus gros point fort de ton histoire. J'adore les jeux de mots sur les noms de personnages, les noms de lieux de cases, fin l'ambiance est juste top. Tu soignes les détails et ça se sent. (la samba des caribous ahah) J'aime beaucoup le concept que ce soit des personnages qui s'occupent des temps en allumant le soleil etc...
Mes remarques :
"« Nouvelle attaque de vampire : le nombre de victimes s’alourdit. Les amateurs d’hémoglobine nous prendraient-ils pour du boudin ? »" Incroyable ce passage xD
"et elle se rappela que Robin lui avait emprunté." -> les lui avait empruntées ?
Un plaisir,
A bientôt !
Merci également pour la coquillette, c’est aussi corrigé !
A très bientôt sur le site ou sur le fofo !
◊ J'ai trouvé ce chapitre plus désincarné que le précédent : je trouvais que le point de vue était loin des personnages et ça a manqué d'émotions pour moi. Les deux dialogues entre enfants étaient chouettes, mais j'ai eu la sensation qu'ils répétaient ce que tu avais raconté dans le premier chapitre sans trop y ajouter.
◊ J'adore à quel point ton monde a de détails : ça pullule. Et ça infuse même les descriptions physiques des personnages. Très agréable.
Quand tu aprles de dialogue entre les deux enfants, je suppose que tu parles de Robin et Alistair ? Je pense que je vais retoucher cette scène. J’avais eu du mal à l’écrire et j’ai déjà eu des remarques dessus. Je vais profiter des vacances pour le travailler !
Merci encore pour ton retour !
Me revoici pour la suite de cette partie de jeu de l'oye -
J'adhère complètement à ton style joueur, plein d'humour et émaillé de jolies trouvailles. Le champignon bourru ahah, ça a un côté créatures de jeux vidéo, genre les champignons qui grognent et font la grimace mécontente dans Mario Bros xD Je ne sais pas si c'est voulu ; si ce n'est pas le cas désolée c'est moi qui dis des bêtises x)
Ton texte a aussi ceci d'envoûtant qu'il sait être très joueur mais aussi plein de poésie. Je trouve tes descriptions aussi tendres qu'amusantes, par exemple "un produit cent pour cent Oeuf, avec ses cheveux roux bouclés et ses taches de rousseur." Tout de suite, ça marque ! C'est original, on retient. La description très charmeuse du magicien aussi touche juste, ou encore les "cheveux couleur brouillard", hyper poétique <3
Et sinon le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y a de la punchline dans l'air dans ce chapitre ahah. D'abord à l'endroit d'Alistair, mais aussi de Robin - la pauvre x) moi je l'ai bien aimée et j'ai envie de la comprendre même si elle a cette mauvaise réputation. En attendant ça clash sévère ici xD C'est d'autant plus savoureux à suivre et le moment du petit chapelet d'insultes animalo-culinaires m'a fait sourire également xD
Plein de choses inventives, les 2be53, les sœurs Globine, la pluie de friandises. Vraiment, cet univers un peu entre "Alice au pays des Merveilles" et "Charlie et la Chocolaterie" - en tout cas c'est ce que ça m'évoque un peu - a beaucoup de charme et de fraîcheur.
Juste une toute petite remarque :
>> "Parmi les nuages de son songe" > à l'oreille, pour moi "son songe" c'est moyen
Autrement que dire ? Tu as un imaginaire foisonnant, enfantin, riche, dynamique. On a envie d'y plonger aussi. Côté personnages, j'apprécie toujours Robin - en l'occurrence sa façon d'apprivoiser son pouvoir et d'en parler - et Mimosa m'a touchée également même si sa présence reste plus discrète.
Un régal ! <3
Bonne soirée, et je reviens très vite poursuivre =)
J’ai retouché la phrase que tu m’as noté, je suis effectivement d’accord :).
Et il y a effectivement du Alice aux PAys des Merveilles et Cahrlie etla Chocolaterie là-dedans vu que je compte m’inspirer de beaucoup de contes, et de pop-culture de mon enfance. On a été très marqué par les anglo-saxons dans notre enfance et il n’est pas impossible qu’on croise un grand ascenseur de verre.
Gros bisous et à bientôt !
L'idée d'une pluie de sucreries est particulièrement belle, poétique et enfantine. On a envie d'y être ! Et puis ça a le mérite de lancer une intrigue, ou en tout cas un début d'intrigue générale à tout cet univers. Et je dois dire que le dosage entre la présentation de l'univers, l'introduction de l'intrigue et la dissémination de tous ces petits détails et touches de poésie/d'humour qui ponctuent l'histoire est particulièrement bien trouvé. Je me sens à la fois posée dans une histoire qui a du sens, et bientôt emmenée dans des aventures qui vont chambouler le quotidien des persos.
Histoire d'être un chouïa plus constructive, je me suis demandée si la scène entre Robin et Allistair n'était pas un peu moins colorée que les autres... La description de la pièce, du vernis et des pouvoirs de Robin sont essentielles et bien menées, mais peut-être y-a-t-il un passage seulement ponctué de répliques courtes et de toutes petites incises moins originales que l'ensemble du récit ? C'est une impression très rapide que j'ai eue, et peut-être que mon humeur du moment l'a affectée (j'ai lu pendant une pause au taf) !
Vers la fin, la description de l'esprit donne vraiment à voir ce côté mystérieux, intriguant et quelque part pas très rassurant du perso. Tu utilises des mots et des sensations très précises, entre le concret et le vaporeux, qui parviennent à me figurer une image tout en comprenant qu'elle a quelque chose d'insaisissable. Par contre, j'ai retrouvé cette impression de pauses appuyées dans la narration pour nous présenter le personnage. Peut-être qu'en nous décrivant certaines parties de lui par des gestes ou des paroles, plutôt que par une description 100% frontale, on perdrait cette impression ? (après j'ai vu que d'autres plumes n'avaient pas le même ressenti que moi, auquel cas, pas grave ! ton texte reste une grande et superbe bulle qui fait du bien <3)
A bientôt pour la suite !!
Je vais réfléchir aux remarques que tu m’as faites. Je pense que le passage entre Robin et alistair est tout de même ponctués de touches d »humour (les fameux 2be53, les poupée bovines possédée… mais peut-être qu’il y a effectivement un problème d’ambiance, de contexte. Je vais y réfléchir.
Idem pour la description de l’esprit. J’ai écrit cette description 20 fois avant d’en être satisfaite donc pour le moment je ne vais pas y toucher, mais je note ta remarque dans mon fichier correction et je vais laisser reposer ça, le temps de trouver ce qui me convient et potentiellement d’avoir d’autres retours.
Je te fais de très gros bisous et je te dis à très très bientôt <3
J'ai beaucoup aimé ce chapitre, je sais pas trop quoi en dire du coup, c'est fun, c'est rythmé, c'est intriguant, les persos sont attachants...
Je me demande qui est cet enfant qui inquiete Mémé, et l'esprit du boulot a la classe !
Je veux entendre le tube des 2b53 xDDD
J'aime bien les changements que tu as apportés au début de la scène avec Holly et Mila, je crois que l'histoire du champignon hargneux n'était pas écrite lorsque tu nous avais lu la scène. Tu avais dit que tu aurais aimé ajouter un peu plus de comique à la situation, et je trouve ça très chouette, effectivement - en plus ça donne encore des précisions sur le genre d'aventures/de créatures qu'on peut rencontrer dans ton histoire, donc c'est utile à tous les niveaux. Et maintenant que je relis les détails, je me demande si Mila ne serait pas la fille d'un voeu de Mimosa, puisqu'il ne paraît pas vouloir en dire davantage sur sa mère, mais que sa ressemblance avec elle est trop frappante pour qu'elle soit une enfant trouvée (ou alors c'est un sacré coup de pot) ? C'est une théorie dans le vide, bien sûr ! Pas de spoils !
D'ailleurs, puisqu'on parle de Mimosa, je te l'ai déjà dit, mais je trouve son personnage très bien écrit alors qu'il a l'air très secondaire pour l'instant. Il a un côté évidemment ridicule et en même temps un peu poignant, je le trouve très sympathique. Je pense que le fait qu'il ait l'air de sincèrement s'intéresser à Mila joue aussi beaucoup là-dedans.
Je trouve aussi que le petit dialogue entre Holly et Mila juste après la découverte de la barbe à papa est très bien écrit ! Je n'ai pas grand-chose à dire de particulier dessus, je trouve juste qu'il sonne juste et que les phrases s'enchaînent bien : j'aime aussi beaucoup la manière dont Mila insiste sur le fait que son père éteigne et allume juste le soleil. Je sais qu'on l'a entendu dans le chapitre précédent, mais le fait qu'elle insiste dessus, je trouve ça vraiment drôle x)
Cette conversation avec Holly est toute nouvelle, donc j'ai beaucoup aimé la découvrir. Tous les petits détails humouristiques sont vraiment très très bons, mais j'ai vraiment eu un coup de foudre pour les 2Be53 et l'explication qui en découle.
J'ai aussi été surpris du hobby de boxe d'Alistair étant donné son comportement pendant la bataille de boules de neige et la description qu'en a fait sa soeur. Le décalage est intéressant, et je me dis que tu l'as peut-être écrit pour qu'il n'ait pas trop l'air d'un nerd cliché, mais je me demande si ça va ressortir ou être utile à un moment ! Peut-être que ça veut aussi dire qu'il est habitué à ce genre de défi physique quand c'est dans un milieu très contrôlé (la boxe n'a rien à voir avec la bagarre de rue évidemment) ?
J'ai aussi beaucoup aimé la manière dont Robin décrit la manière dont elle utilise son pouvoir, la métaphore de la respiration est très apte - c'est quelque chose qui se passe quoiqu'elle veuille faire, mais c'est tout à fait possible de la maîtriser ou de la retenir. J'ai personnellement très hâte de voir ce qu'elle pourrait faire à grande échelle, si c'était quelque chose qui l'intéresserait - est-ce que les couchers de soleil paraissent plus flamboyants lorsqu'elle est dehors ? Si les choses rouges gravitent naturellement autour elle, jusqu'à quelle distance peut-elle les attirer à elle ? C'est des questions vraiment fascinantes, je comprends tout à fait l'intérêt d'Alistair, je pense que ça pourrait faire des scènes à la fois magnifiques et cauchemardesques. Trop trop cool !
Et puis enfin il y a la scène avec l'esprit du bouleau. J'aime beaucoup cette version finale que tu as choisie, surtout que l'idée du bouleau, visuellement, ça claque - les grands yeux noirs de l'écorce qui regardent partout, mais les seuls vrais yeux, c'est ceux de couleur bleue... Sa description mi-humaine mi-sauvage est également très bien dosée : le détail de sa voix qui bruisse comme un ruisseau est très beau et très évocateur. On dirait qu'il se déguise en humanoïde, qu'il joue à l'homme. C'est très chouette !
Et cette dernière phrase de dialogue qui claque tellement ! C'est une scène tellement parfaite pour donner envie de continuer à lire, à la fois parce qu'on veut connaître l'issue du jeu, mais aussi parce qu'elle instille une certaine tension ? Mémé n'a pas l'air en confiance, et le fait qu'elle connaisse si bien le souhait de l'esprit en dit long sur leur relation. J'ai hâte de découvrir les détails dont tu ne nous as pas encore parlé !
*
Coquilles et Pinaillage (le nouveau jeu de cartes à collectioner) :
- dans le chapitre précédent, la première fois que tu écris le prénom d'Alistair, tu mets deux L au lieu d'un ! Tu le fais aussi une autre fois dans ce chapitre, au début de sa conversation avec Robin, lorsqu'il lui met du vernis ("Allistair s'était immobilisé")
- dans le prologue, il manque un S à fenêtres dans la première phrase
- dans ce chapitre, le premier paragraphe : "un champignon a l’air bourru entre les doigts" - c'est "à" l'air bourru
- "tu écouterais tes propres conseils et tâcherai" = tâcherais
- "Mémé m’avait pris comme apprentis" = apprenti, sans S
- "ça aurait pût dégénérer" = ça aurait pu, sans accent
- "à quelques jours de différences" = je crois qu'on dit "jours de différence", sans S ?
- "Les deux enfants avaient partagés" = avaient partagé, sans S
- "je peux te dire qu’on bronzerai plus souvent" = bronzerait
- Pendant la conversation avec Robin, elle mentionne qu'Alistair qualifie ses soeurs d'intense - quelques lignes plus loin, il y a la phrase "Autre qu’une de ses soeurs intense, bien sûr." quand il essaie de se concentrer sur autre chose. Je comprends la répétition, mais je la trouve peut-être un peu lourde dans ce contexte ? Peut-être qu'un synonyme comme "Autre qu'une de ses exubérantes petites soeurs" ou quelque chose comme ça ferait passer la même idée ? Mais si tu tiens vraiment à le garder, alors il faudra mettre un S à intenses !
- "Je n’en avait jamais mis avant" = je n'en avais
- Citadelle et gros lézards : j'aurais le même point hyper pinaillant que quand tu utilises Salamandre et Bigorneaux dans ce contexte de "marque" : je pense qu'il devrait y avoir des majuscules (et peut-être même de l'italique), comme si tu mentionnais un vrai jeu de plateau ! Ca ferait plus officiel à lire, du coup ça en ferait un détail plus amusant, et en plus, ça le séparera du jeu de cartes qu'on retrouve habituellement dans ton univers. C'est un produit déposé !
- Alistair serre deux fois des fesses dans la même scène, ce pauvre garçon, il va avoir le cul tout dur :( Quoique tu me diras, s'il fait de la boxe, il doit déjà être relativement musclé. Attention à toi Alistair, faut s'échauffer !!
- "éclaboussant les vitres de la roulottes" = roulotte sans S
- "un grand échalas à lunettes qui ne parlais pas beaucoup" = parlait avec un T
- "ne consommait que la petit gnôle d’airelle du coin" = la petite gnôle
- "et elle se rappela que Robin lui avait emprunté." = les lui avait empruntées ?
- "Mémé ne bougeât pas d’un pouce" = ne bougea pas
- "— Comment m’as-tu trouvé ?" = trouvée vu que c'est Mémé qui parle
- "les Milles-sources-heureureuses" = j'ai un doute parce que c'est un nom, donc si ça se trouve c'est fait exprès, mais est-ce que tu voulais dire Heureureuses avec deux reu ?
- "un entrelacs de branche argentée" = branches argentées, si c'est un entrelacs, il y en a plusieurs (d'ailleurs, répétition d'entrelacs juste en dessous, en décrivant le collier de pâtes)
- "La table de chevet avait été déplacée et trônait à présent au centre, sur lequel trônait un échiquier." = deux fois trônait
*
Bref ! Merci pour ce chapitre ! Très hâte de lire la suite :D Des bisous !
J’ai maintenant tout passé à Antidote, donc les fautes et les répétitions devraient avoir disparues. Je crois qu’il y a quand même quelques détails que tu m’as pointées qu’il faux que je revois (Les L à Allistair , les noms de jeux en italique). Merci encore pour le travail effectué.
Je suis contente que tu trouves la première scène plus drôle, je l’ai encore très légèrement modifiée, maintenant, on entend les insultes des champignons.
L’histoire sera effectivement ponctuée de choses rouge que robin attirera à elle plus ou moins volontairement X). J’espère que ce sera joli (ou con XD)
Concernant Allistair et la boxe, j’en parlerai plus tard, mais effectivement, je crois que dans sa tête il séapre complètement ça de la bagarre de rue. Il devrait y avoir d’autres passages où ce sera plus évident. Et puis je dirai que même fort en boxe, on ne va pas massacre dixc adolescent sur la place d’un village sous pretexte qu’ils lancent des boules de neige XD.
Et concernant le naissance de Mila, j’ai encore plusieurs hypothèse. J’avais surtout besoin qu’elle n’ait pas de mère. On verra pour le reste. Par contre, je confirme que comme tout le monde dans mes histoire, Mimosa a des secrets sous ses tapis.
Gros bisous et à bientôôôôôt <3