Toc toc toc.
Trois bruits brefs perturbèrent le sommeil du roi, encore profondément endormi.
Toc toc toc.
Émergeant progressivement de son dernier cycle de sommeil, ce bruit soudain qui se répétait pour la seconde fois s’introduisit dans son rêve, se mélangeant avec sa réalité immatérielle.
Toc toc toc.
Une réalité plus tangible reprit le dessus et Aaron se réveilla finalement. Quelqu’un frappait à la porte de ses quartiers aux aurores… Le fils du démon qui s’aventurait à faire une chose pareille avait intérêt à avoir une excellente raison s’il ne voulait pas subir ses foudres de bon matin.
Il repoussa ses draps et se leva en s’efforçant de ne pas déranger la reine qui dormait encore. Aucun signe ne laissait supposer qu’elle risquait de se réveiller mais il préféra prendre toutes ses précautions pour qu’elle n’ait pas à subir le même sort que lui. Il allait certainement apprendre une pseudo bonne nouvelle urgente et devoir manipuler l’échiquier politique alors qu’il aurait pu en profiter pour se reposer davantage. Décidément… Quelle vie !
C’est dans ce genre de moment qu’il se laissait aller à penser qu’il aurait mieux fait de ne jamais s’intéresser à la politique isorianne et rester tranquillement le frère du roi, oisif au coin du feu tandis que les gens importants s’agitent. Qu’il est doux et simple de ne pas avoir de responsabilités tout en jouissant des privilèges de la noblesse de son sang...
Aaron entrouvrit la porte de sa chambre.
« Maël ? J’espère que vous avez une fichtrement bonne raison d’être aussi matinal ou…
— Je crains bien que oui, Votre Majesté. Peut-être pourrions-nous en discuter ailleurs, à l’abri de toute oreille indiscrète ?
— Un instant. »
Il referma la porte et prit le temps d’enfiler une tenue plus royalement convenable.
* * * * *
La conversation reprit moins d’une demi-heure plus tard, ce qui représentait le temps nécessaire à l’habillage de Sa Majesté et le déplacement vers la petite salle du conseil.
« Votre Majesté, les Sophians ont bougé leurs pions.
— Ah, très bien ! Les nouvelles sont donc meilleures que ce que vous me laissiez craindre, Maël.
— D’un certain point de vue, oui, Votre Majesté. Mais ces mouvements ne nous arrangent pour l’instant pas particulièrement.
— Quels sont donc ces mouvements que vous évoquez ? Est-ce comme je l’avais prévu ?
— En partie, oui, Votre Majesté mais…
— Soyez clair, Maël ! Que sa passe-t-il donc ?
— Eh bien, comme vous aviez prévu, Sokratis a refusé de bouger ses troupes et contrôle complètement la frontière entre les Territoires de Sophie et la Nouvelle Orden. Cependant, le vieux duc ne s’est pas contenté de cela. Il a réussi à mobiliser plus d’hommes que nous ne l’avions anticipé et a également saisi Temporys.
« Il refuse de se soustraire aux ordres précédemment transmis à son émissaire et de se retirer. Il s’oppose formellement à ce que Volupté n’en devienne la nouvelle Gardienne et exige qu’une autre Sentinelle prenne le relais. Nous avons reçu un message de sa part il y a tout juste une heure de cela.
— Le SALOPARD ! Il n’a PAS LE DROIT ! MAIS POUR QUI SE PREND-T-IL ??! »
Aaron avait hurlé, incapable de contenir sa colère et sa frustration. Il reprit sa respiration puis se mit à réfléchir à toute vitesse.
« Bon… Nous devons agir rapidement. Pas trop rapidement bien sûr mais nous ne pouvons pas le laisser ainsi contrôler Temporys, cela entacherait notre image. Il faut…
— Pardonnez-moi, Mon Roi, mais il y a encore une dernière chose…
— Parlez.
— Sokratis s’attend à une riposte de votre part et des autres duchés. Le contenu de sa missive est très clair. Il a décidé de faire sécession avec les autres duchés et s’autoproclame Roi des Territoires de Sophie. »