Les pies furent les premières à pousser leur cri.
« Toujours prêtes ! »
Puis un geai se posa sur le plus haut des bouleaux. Il était discret malgré ses deux magnifiques plumes bleues et blanches.
« Je ferai le guet ! »
Un écureuil roux sautilla de branche en branche puis dévala un tronc.
« Je me faufilerai ! »
Il sursauta surpris par l’arrivée silencieuse et menaçante d’une fouine. Celle-ci claqua des dents.
« Je coupe les câbles. Je connais leurs poubelles. J’entrerai dans leurs maisons. »
Trois hérissons surgirent de sous les troncs et se mirent en boule.
« Qu’ils craignent nos épines ! »
Une famille de musaraignes traversa la clairière à la queue leu leu.
« Nos dents feront des ravages. »
De partout arrivaient de petits groupes d’animaux. Aube les saluait et les remerciait intérieurement même si elle les avait imaginés plus nombreux. Noémie observait silencieuse et fascinée tous ces animaux sauvages qu’elle n’avait jamais l’occasion d’approcher de si près.
Soudain, Aube se précipita vers les rongeurs installés à découvert devant elle. Avant que quiconque ait pu comprendre ce qui se passait, elle se dressa les bras en l’air, le visage noir de colère. Du ciel, une ombre fonçait sur les plus petits des animaux.
— Non ! cria-t-elle.
Un hibou silencieux dut détourner son vol en piqué pour l’éviter. Il reprit de la hauteur en battant des ailes. Ses serres vides n’avaient pu se saisir d’aucune proie. Les musaraignes, mulots et souris s’étaient aussitôt enfuis. Ils poussaient de petits cris et se réfugiaient sous des branchages, dans des trous ou toute cavité à proximité. Le hibou se posa sur une branche à bonne distance et cligna des yeux. Aube se saisit d’un bâton et le pointa dans sa direction.
— Comment oses-tu en profiter ? cria-t-elle. C’est moi qui les ai appelés pour défendre la colline. Pourquoi est-ce que tu les attaques maintenant ?
Tout le monde se taisait. Le hibou ulula.
« Sauvé aujourd’hui. Mangé demain » pensa-t-il.
— Et alors ? s’emporta Aube. C’est pour ça que je devrais baisser les bras ?
« Tu as du courage. Tu te poses des questions. C’est bien. Mais tu ne trouveras pas toutes les réponses en une fois. »
— Pour qui est-ce que tu me prends ?
« Je suis un hibou. Et toi ? »
Aube lança son bâton. Il se fracassa contre le tronc, mais bien trop bas pour inquiéter le rapace nocturne. Celui-ci reprit son envol dans le silence revenu. Le danger était écarté.
— Bien ! En route ! dit Éfflam pour clore l’incident.
La plupart des animaux ressortaient timidement le bout du museau.
— Comment on fait ? s’inquiéta Noémie. On y va tous ensemble ? Par où on commence ?
— Non ! coupa Aube. On se sépare en petits groupes si on veut faire le maximum de maisons avant la fin de la journée.
— Les animaux ont besoin de vous pour savoir comment fonctionnent les machines, rappela l’enfant-chat.
— Alors, un groupe viendra avec moi et un autre suivra Noé, décida-t-elle.
— Avec moi ?
Aube sentit à la fois toute l’excitation et toute la terreur qui s’emparaient de son amie. Mais elle ne voyait pas d’autre solution.
— Et avec moi, proposa Éfflam. J’accompagne Noémie. Elle aura besoin de moi pour communiquer avec les animaux.
Aube sentit aussitôt le soulagement de sa camarade. En même temps, un nœud se forma dans son propre ventre. C’est elle qui serait seule.
— Venez ! conclut Éfflam. Nous commencerons par les villas en bas de chez Jeanne. Ce sont celles qui émettent le plus d’ondes.
Encore un magnifique chapitre, en toute simplicité mais qui nous montre si bien la direction que prend l'histoire, ainsi que Aube et ses amis. Ils œuvre pour ce qui leur tient à cœur et le fond intelligemment.
C'est encore et toujours un pur bonheur que de lire ton roman!
Pourtant c'est toujours un réel plaisir de lire tes encouragements Elly Rose ! Merci du fond du coeur !