Chapitre 3

Notes de l’auteur : Réécriture

Une allée pavée ruisselait jusqu’à la première arche d’un palais d’albâtre et de vermeil.  Et de merveilles. L’architecture n’était semblable à aucune autre, fascinant les autres, agressant Kelly. A ses yeux, rien n’avait moins de sens que ce méli mélo de pierres et d’ornements. Des tours jaillissaient des toits, des piliers soutenaient une structure sans nom, les fenêtres riaient, pleuraient, leur bouche déformée. Mais malgré tous les défauts qu’elle aurait pu lui trouver, il était beau. Une harmonie accompagnait chacune des hétéroclités éparpillées sur les toitures, à travers les sculptures, les plafonds. Nul ne savait qui en était l’artiste. Alors plusieurs légendes sont nées. Château protégé par les dieux d’avant le Renouveau, création d’un peuple aujourd’hui disparu, ou même, un cadeau de Caleb. 

La dernière hypothèse n’avait rien d’étonnant. De ce lieu émanait une aura surnaturelle, puissante. Il avait traversé les siècles et les millénaires sans la moindre séquelle et en avait encore pour un bon bout de temps.  Ses vastes jardins réservaient eux aussi leur lot de surprises. Hiver, printemps, été, automne, les arbres, à troncs blancs, conservaient leur feuilles carmins. Les fleurs, à différentes nuances de rouge, ne fanaient que pour laisser leurs voisines occuper la scène. Et les herbes, ici, ne s’étaient jamais montrées vertes, mais plutôt à se confondre avec la neige qui tombait de temps à autre. Le blanc et le rouge. Dans cet endroit, les autres couleurs ne semblaient pas exister.

 Ce palais avait bien choisi Tshendir, ou Tshendir avait bien choisi ce palais. Quand bien même ce ne serait pas un choix, les mentalités reflétées se correspondaient. A l’intérieur comme à l’extérieur, des endroits étaient prévus pour chacune des quatorze races. Même les Cryopagos dont on ignorait tout n’étaient pas oubliés. Kelly ne les avait visité qu’une seule fois, à sept ans. A cet âge-là, tout lui avait semblé immense, bien trop grand et paradisiaque. Aujourd’hui, les souvenirs étaient flous et la seule impression qu’elle en avait gardé, c’était du dégoût. Abald la répugnait. Et tout ce qui lui appartenait avec.

À mi-chemin entre les remparts et le château, Kelly s’arrêta. Sur sa gauche, un passage de fins graviers s’ouvrait à travers les jardins. Elle ne l’emprunta pas. Pas tout de suite. Un mouvement avait attiré son regard. Ses yeux arpentèrent les bas vitraux du troisième étage. Il y avait quelqu’un dans le couloir de l’Aile Nord. Ce corridor, large et éclairé, regroupait diverses statues. Ces dernières n’étaient pas anodines : en plus de représenter les hommes et les femmes de pouvoir de chaque État, elles n’avaient pas de sculpteur. Pas qu’il garde son anonymat, non, il n’existait pas. Ces œuvres de marbre se déformaient comme une pâte molle à chaque changement physique, et se détruisaient en cas d’abdication. Kelly en avait été témoin, le jour où la statue de Calypso, défunte reine de Serurlurb, avait explosé pour se reconstruire en une autre qui partageait certains de ses traits. Petite, elle avait alerté Abald qui avait alors interdit l’accès au couloir. C’était le chemin le plus court pour accéder à son atelier, mais Kelly avait respecté la règle. Tout du moins les premiers mois, peut-être même la première année. Puis une fois devint coutume et elle ne s’en priva plus. Elle n’en avait jamais rien dit à Abald, mais ça l’étonnerait qu’il l’ignore. Il avait des yeux et des oreilles coincés dans chaque recoin.

La silhouette là-haut se pencha derrière les vitraux. De si bas, Kelly était incapable de distinguer de qui il sagissait. Ce n’était pas comme si ça l’intéressait. Sans plus attendre, elle s’engouffra sur sa gauche, les graviers blanc os crissant sous chacun de ses pieds. Des hauts buis de grenat l’entouraient, trop proches. Les feuilles recouvertes de perles d’eau l’aspergeaient sur son passage, trop mouillées. Étroit et humide. Caleb aurait pu lui rendre la vie plus confortable. N’était-il pas censé créer un monde meilleur ? Incapable. 

Au bout de plusieurs embranchement bien choisis, le labyrinthe de branches et de feuilles s’interrompit sur un cul-de-sac. Ou plutôt, sur un portillon. Simple, en bois blanc, un mécanisme à plusieurs verrous - rouge cerise, pour ne rien changer - le maintenait fermé. Rien de plus facile pour un Technimage, rien de plus difficile pour un autre. Une brève analyse, deux-trois mouvements, un clic et le tour était joué. Kelly, elle, n’y était pas arrivée le premier jour. Abald les avait alors hébergées, elle et San, dans ses appartements. Le lendemain, dès qu’il fut assez clair pour y voir quelque chose, son corps d’enfant s’était accroupi sur les graviers d’os, et n’avait pas quitté son poste jusqu’au soir. Là, elle se couchait et recommençait parfois avant l’aube. Ce manège avait duré une première semaine, puis une deuxième. Jusqu’à ce clic libérateur. Satisfaite de quelque chose qu’elle aurait dû réussir instinctivement. Pourtant, elle aussi était née Technimage. Jusqu’au plus loin que sa mémoire la porte, ses capacités avaient toujours été bien inférieures aux autres de sa race. Chacun racontait ce qu’il voulait à ce propos. Maudite de Caleb, malformation du cerveau, manque de connexion à sa source magique à cause de tendance psychotiques, peut-être même était-elle une régression, et la première étape de retour à l’humanité. Faut bien dire qu’au nombre de fois où Kelly avait blasphémé, la première théorie ne lui ferait pas hausser un sourcil.

Mais elle s’était battue. Battue pour rattraper ce fossé qui la séparait de tout le reste. Elle n’avait jamais pu le franchir. Pas tout à fait Technimage, pas tout aussi pauvres en connaissances que les autres. Aah, si elle était vraiment la première faille dans le précieux monde de Caleb, elle n’allait pas s’en plaindre. D’un clic répété, le portillon céda.

Au moment même où elle mit un pied de l'autre côté, un autre monde s'ouvrit à elle. Sans métaphore. Il ne restait plus rien du palais, des jardins, des remparts, de l'humanité. Juste une étendue désertique d'herbes fraîches - et vertes, pour enfin changer de ce blanc trop blanc. Aucun repère, aucun arbre, aucune rivière, aucun lac, aucun nuage, aucun relief. Juste le portillon et une chaumière venaient dénoter ce paysage aussi vaste qu'effrayant. Kelly n'avait jamais cherché à explorer plus loin que cette maison, n'y trouvant ni temps, ni intérêt. Elle avait plutôt cherché à exploiter l'espace à des fins diverses et essentielles. Sans succès. La terre était stérile pour tout autre végétal que l'herbe et les animaux ne pouvaient pas se nourrir de cette dernière. Monde, immense et inutile. Le contraire l’aurait étonnée. Abald n’aurait pas laissé tranquille une autre dimension qui aurait pu lui servir.

Le vent, ni chaud ni froid, caressait paisiblement son visage. Au moins, ici, il ne pleuvait pas. Et c'était calme, très calme. Rien à voir avec les rues de Dren. Kelly trouvait ce silence reposant. San, elle, le trouvait inquiétant. Évidemment. Chaque son lui servait de repère, comme la vue ne le lui permettait pas. Rester seule, en silence, sans bruits, sans voix, sans rien, c’était un cauchemar. Pour se rassurer, San allumait la vieille radio portative qu’elle avait trouvé dans le grenier le jour de leur emménagement. Il diffusait chaque jour les mêmes musiques démodées, mais San n’en avait jamais voulu un neuf. Ça faisait partie du bazar que le Technimage qui vivait ici avant elles avait abandonné et qu’elle avait insisté pour garder. Au cas où il reviendrait le chercher.

Kelly combla la dizaine de mètres qui la séparait de sa maison.
De San.
Rien d’extraordinaire. Une journée comme une autre. La chaumière, toujours petite et rectangulaire. La porte comme celle qu’elle avait franchie des milliards de fois. La poignée, toujours agrippée du bout des doigts, familière. La cuisine rangée comme après un énième passage derrière San. La table, toujours débarrassée en fin de soirée. Le feu comme éteint avant d’aller dormir. La mélodie, absente. Absente ?

Pas normal. On aurait dit que la vie avait quitté la maison. 

- San ? Tu es là ? éleva-t-elle la voix.

À peine eut-elle prononcé ces mots que les planches de l'étage grincèrent avec des pressions désordonnées. Des pas surpris. Un fracas sourd, puis un cri de douleur suivit. Kelly se rua sur l’escalier, grimpa les marches quatre par quatre et souleva brutalement la trappe du grenier. Sa dague prête à fuser sur le moindre ennemi.

Rien.
Juste San.
Crispée, effrayée.
Personne d’autre qu’elle. Peut-être un Coloreur ? Non. Oh que non. Vraiment non. 

Un tissu blanc avait attiré son attention. Planqué à la va-vite dans un coffre en bois déjà débordant d’objets hétéroclites, il dépassait du couvercle. La majeure partie de la flamme noire dépassait du couvercle. Trop à son goût. 

Kelly releva son regard pour accrocher celui de San. Incapable de le voir, celle-ci le sentit. Ses yeux translucides se baissèrent sur ses mains qui jouaient nerveusement avec une des plantes rampantes qui, habituellement, restait dans ses cheveux. La végétation l’avait toujours aidée à se calmer. Douce, parlante. San ne désirait pas être une autre race que Sylvoir. Comment faisaient les autres sans racines pour les aider à rester droit ? Ne pas flancher.

Profonde inspiration. Elle remonta la tête.

- Je…  

Kelly n’écouta pas la suite et descendit les escaliers dans le plus grand des calmes. Ni trop vite. Ni trop lentement. 

Malgré toutes ses préventions, malgré tout ce qu’elle faisait pour la protéger, malgré qu’Abald leur ait tout pris, San l’avait consciemment rejoint. Sa sœur l’avait consciemment rejoint. Sa sœur. Et qu’on ne lui parle pas de lien de sang. Kelly aurait tout sacrifié pour elle. Le monde s’il le fallait. Pour qu’elles soient heureuses, ensemble. 

Le silence envahit la maison. Kelly ne le remarqua que lorsqu’il commença à l’étouffer. Elle perdait pied. Alors elle se leva. Il ne restait que quelques bûches dans la réserve. Elle prit tout, l’esprit vide. De nouvelles flammes léchèrent le bois. Pour réchauffer ou pour brûler. Pas étonnant que ce soit le symbole d’Abald. 

Kelly décrocha son regard de la cheminée et mit de l’eau à chauffer. La colère qui ruisselait dans son sang trouva bientôt sa cible. Pas San, non. Abald. Tout était de sa faute.  Il lui avait tout pris. Ses parents, sa liberté, son enfance, et maintenant, sa sœur ? Hors de question.

Elle n’avait que treize ans. Treize pauvres années. 

Ses pensées grimacèrent sans s’arrêter tout en cherchant le pot de menthe séchée - rouge, la verte n’était pas en vente - sur les étagères. Faut bien dire que Kelly avait sept ans lorsqu’elle avait rejoint l’Ordre des Capes. En période de guerre et sous contrainte. Mais sept ans quand même.

Des pas légers la sortirent de ses souvenirs. Ils descendaient avec hésitation, pas trop sûrs d'eux. La jeune femme attendit sans se retourner.

- Kelly, je suis désolée. Je veux juste t'aid…

- Répète-moi mot pour mot ton pacte, la coupa-t-elle, toujours de dos.

- Ce n'était pas un pacte, mais une promesse.

Une promesse ? Ça, c'était particulier. Abald avait toujours sceller les vies avec un pacte. C'était bien plus puissant. S’il cherchait à se faire pardonner, c’était perdu d’avance.

- Peu importe, reprit San. J'ai dit que je promettais d'être aux ordres du Comte Abald Reikiel pendant six mois pour progresser dans la recherche de l'Ukilibah. Je ne promets pas d'obéir aux ordres qui sortent de mon objectif. Tout ce que j'ai dit s'annulera au bout des six mois convenu, le 17 mars 1512. C'est tout... Je devrai suivre une formation, mais pour l'instant, cette promesse n'a pas beaucoup d'impact. S'il te plait, Kelly, tu n'arriveras pas à trouver l'Ukilibah seule. Je peux t'être utile !

Kelly déposa dans le filtre de la théière quelques feuilles de menthe et versa l'eau chaude. Ses oreilles étaient encombrées de l'information sans jamais réussir à se vider. D'un mouvement rapide, elle se retourna face à sa sœur et lui saisit les épaules.

- C'est à moi et à moi seule de trouver l'Ukilibah. Je ne veux pas que tu t'en mêles. Si tu veux vraiment m'aider, reste en sécurité, c'est le mieux que tu puisses faire.

Sa voix était ferme, mais douce.

- Kelly ... Je suis déjà liée au Comte, j'ai promis d'ob…

- Je sais, l'interrompit-elle pour ne pas entendre la suite. C'est pourquoi tu dois m'écouter. San, tu en as les capacités, j'en suis consciente. Tu es forte, tu as de bons réflexes et tu combles facilement ton handicap. Je t'ai appris à te battre, à te travailler physiquement et mentalement. Mais tu as encore trop peu d'expérience. Alors entraîne-toi tous les jours, sans exception. Pendant huit heures au grand minimum. Toxos pourra t'aider au tir à l'arc, demande lui des conseils, il me doit un service, il ne pourra pas te le refuser. J'ai confiance en toi, tu en as les capacités. Et surtout …

Son pied se souleva imperceptiblement sur la planche, signe qu'un autre poids plus lourd avait pris appui à son opposé. Un crissement pratiquement inaudible suivit. Ce n'étaient plus des soupçons, il y avait quelqu'un. 

La jeune femme se retourna brusquement en arrière.
                      En oblique.
Sa main glissa le long d'un bras pour atterrir sur son poignet et le força, d'une puissance brutale, à descendre encore plus bas. L'intrus se retrouva déséquilibré. Kelly le retourna et le plaqua au sol.

- Eh ! Oh ! Du calme Kell ! C'était une blague ! Lâche-moi ou j'te mords ! Et tu sais que je peux faire très mal !

Pendant toute la seconde où Kelly les avait protégées, elle n'avait pas jeté un seul regard à son assaillante. Elle avait vaguement aperçu du tissu bleu-glacier. Pas assez pour hésiter dans ses actions.

Après de longues secondes à fixer Yrsa qui se débattait sous sa prise, Kelly finit par la libérer et lui tendit la main. Celle-ci l'attrapa avec un large sourire et se releva avec souplesse. Un éclat de joie se lisait dans ses yeux de saphir, apparemment amusée par la froideur de son amie. Ces deux-là n'avaient pas grand-chose en commun. Yrsa tissait des liens avec la même facilité qu'une araignée, toujours explosive dans sa bonne humeur. Parmi les Totemaüs, c'était sans doute elle qui correspondait le mieux à son animal protecteur, le chat sibérien. Elle avait comme hérité de sa sociabilité et de sa beauté. Tout le monde l'adorait, que ce soit à Tshendir ou ailleurs. Partout où elle allait, il y avait des personnes pour la suivre, pour l'écouter, pour l'aimer. Tout le contraire de Kelly, en soi.

- Tu pourrais t’excuser, la railla gentiment Yrsa en s’allongeant sur la table. J’avais pas demandé à me retrouver plaquée à terre. J’espère que t’avais nettoyé le sol, au moins.

- Désolée Yrsa d'avoir des réflexes de survie, répondit Kelly sans la lâcher du regard.

Si ses paroles sonnaient moqueuses, sa voix n'en laissait rien paraître, aussi tendre que d'habitude. 

La Totemaüs se redressa, un sourire malicieux aux lèvres, cette fois-ci assise sur la table. Ses doigts glissèrent derrière ses oreilles touffues qu'elle rabattit vers l'avant. D’après ce qu’elle disait, ça la détendait. Kelly aurait plutôt pensé que ça l’amusait. 

- Ta sœur ne changera jamais, glissa Yrsa à l'adresse de la cadette. Oh ! À ce propos, toi, tu as bien changé ! Alors comme ça, tu as rejoint l'Ordre des Capes ? J'ai hâte de t'apprendre des tas de choses !

Kelly la fusilla du regard, mais elle fit mine de ne rien voir. Généralement, elles deux évitaient de parler de l’Ordre des Capes. Trop de désaccords, trop de tensions.

Yrsa respectait Abald.
Kelly haïssait Abald. 

À se demander pourquoi. L’une avait été élevée comme sa fille, l’autre avait eu droit au mépris. 

- Yrsa, n'en rajoute pas.

- Hé ! Ho ! Faut bien qu'elle apprenne deux trois trucs, quoi ! T'as quand même pas envie qu'elle crève pour ne pas avoir appris le saut en longueur ? Avoue que je t'ai pas mal aidé à aiguiser tes sens ! D'accord, toi t'as pas de moustache, et je crois que pour ronronner t'es une cause perdue ! Mais, mais, mais, tes bonds se sont graves améliorés par rapport à avant ! Avoue que j'ai raison ! Allez, avoue-le !

- Tu oublies qu'elle ne reste que six mois. Elle n'aura pas le temps de partir en mission.

- Il peut y avoir des prolongations, non ? Le Comte ne sera sûrement pas contre, insista lourdement Yrsa.

- Non.

- C'est moi qui déciderai, les interrompit San. Et rien n'est encore décidé, désolée Kelly.

- Tu vois Kell, rien n'est encore décidé, sourit Yrsa, victorieuse.

Si elle cherchait à se faire étriper, elle était sur la bonne voie. Kelly enchaîna leurs regards, mais Yrsa s’en échappa bien vite et descendit de la table. Un peu touche à tout, elle commença à visiter d’un pas hasardeux le rez-de-chaussée. Normalement, seules Kelly et San pouvaient entrer ici. Les seules fois - trop nombreuses - où Yrsa avait l’occasion d’être ici, c’était quand elle avait trouvé une nouvelle tactique pour que le portillon ne se referme pas entièrement.

- Ça ne vaut pas le palais, mais j'aime bien ! s'extasia-t-elle pour profiter de son intrusion. Ça te ressemble.

Soudainement, ses oreilles se redressèrent.

- Éh ! Oh ! J'ai failli oublier de te dire ! Le Comte veut te voir ! Nous avons des indices pour trouver l'Ukilibah !

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
SagaLee06
Posté le 03/08/2024
Salut !

Me revoilà pour poursuivre la lecture, je te mets ci-dessous mes quelques remarques (comme d'habitude numérotées), mais je te remettrais un commentaire un peu plus tard sous le mien pour compléter (je vais le relire) :

1) « Un endroit à l'intérieur et extérieur était prévu pour chacune des quatorze races. » — Est-ce que tu sous-entends que lorsque les « races » se retrouvent, elles ne sont pas réunis au même endroit en même temps ?

2) « Kelly ne les avait visités qu'une seule fois, à sept ans. » — Ce ne serait pas plutôt : « Kelly ne les avait visités qu’une seule fois, lors de ses sept ans. » ?

3) « Son esprit était très nuageux, et elle n'avait gardé du tour qu'une impression de dégoût. » — Je trouve que cette phrase est étrange, les mots ne vont pas ensembles, tu pourrais remplacer le mot « nuageux » par « brumeux » et enlever carrément le « très », c’est un peu lourd. Le tour ? C’est plus approprié pour un manège à la fête foraine, mais si c’est pour ne pas répéter le mot « visite », tu peux utiliser le « mot excursion », ça donnerait un truc comme : « Son esprit était brumeux, car elle n’avait gardé qu’une impression de dégoût de cette excursion. » ou « De cette excursion, elle n’en gardait qu’une impression de dégoût, car le reste de ses souvenirs demeuraient flous. », à toi de voir !

4) « À mi-chemin sur l'allée, elle s'apprêta à prendre un passage à travers les jardins, mais s'arrêta brusquement. » jusqu’à « Jugeant que ce n'était pas ses affaires, elle s'engouffra sans plus attendre dans un chemin de gravier fin. » — Pourquoi s’attarder sur ce détail si Kelly n’en a au final rien à faire ? Ton personnage est construit de sorte à être « létale » et « dangereuse », mais ici ça ne colle pas avec sa personnalité. Elle s’attarde sur des détails, se pose des questions puis « Ce n’est pas mon problème », surtout qu’il s’agit du couloir où loge son « patron ». Il serait évident qu’elle se sente obligée d’investiguer, au vu de son passif avec son souverain.

5) « Maudite de Caleb » — « Maudit par Caleb », non ?

6) « Ça n'avait pas été une partie de plaisir, loin de là, et c'était en période de guerre, sous contrainte. » — Sous-entends-tu qu’elle a choisi de rejoindre cet ordre, ou l’a-t-on menacé ?

7) Pourquoi mettre des mots en gras et pas en italique ? C’est très étrange. Je suis mitigée sur le comportement d’Yrsa, elle fait très immature, elle se répète beaucoup (on dirait qu’elle est bègue, je ne sais pas si c’était ton intention), et je trouve que c’est pas très logique sa façon de s’introduire chez sa « meilleure amie », alors que c’est connu et reconnu que Kelly ne fait pas de quartiers.

Voili voilou, je reviens plus tard pour un autre commentaire :)
Sistergrune
Posté le 09/08/2024
Coucou !

Excuse-moi pour ma réponse tardive, j'ai pas écris depuis longtemps et j'ai pensé qu'à revenir aujourd'hui !

1) C'est vrai que je devrai davantage développer cette partie-ci. Il existe dans le palais, à l'intérieur et à l'extérieur, un espace spécialement dédié aux quatorze plus proche du Comte, ceux que Reikiel décide de garder près de lui par facilité. Il existe évidemment des lieux de rassemblement commun que je développerai sans doute si j'ai l'occasion dans la suite de l'histoire.

2) Je ne pense pas vraiment que ma formulation soit incorrecte, mais maintenant tu me fais douter. Dans tous les cas, je crois je vais la changer car elle sonne mieux. Merci !

4) Si Kelly s'attarde sur ce détail, c'est simplement car elle a tendance à prendre beaucoup de choses en compte, pour avoir le plus grand registre d'information possible. C'est plus un réflexe chez elle qu'autre chose, et comme son pacte ne comprend aucune information à ce sujet, elle ne voit aucune utilité de son métier. En plus de cela, vu sa relation tendue et haineuse avec Reikiel, s'il a des ennuis, ce n'est pas à son désavantage. Elle en sera même satisfaite.

6) Je préfère ne pas répondre immédiatement à cette question, étant donné qu'elle sera développée plus loin dans l'histoire ^^

7) Je préfère mettre en gras, j'avoue je sais pas trop pourquoi. Enfin, c'est surtout que italique je l'utilise déjà pour marquer l'ironie et les mots propres à l'univers, et que ça m'a semblé plus logique de le mettre en gras. Pour le comportement d'Yrsa, c'est sûr qu'elle est jouette, et elle connait Kelly depuis très longtemps. C'est la seule personne qui ne lui a pas tourné le dos, avec sa soeur, et elle se permet de se comporter comme elle veut, sachant qu'elle ne lui fera rien, sans compter que Yrsa n'est pas non plus sans défense.

Merci beaucoup pour tes remarques, ça me permet de réfléchir différemment ahah. J'espère que la suite te plaira !
SagaLee06
Posté le 10/08/2024
Salut !

Je reviens vers toi : je comprends ce que tu veux dire concernant la personnalité de ton personnage en ce qui concerne son travail, sauf que tu connais ton histoire, nous en tant que lecteurs on ne peut pas le savoir. Surtout que ce n'est pas cohérent qu'elle se fiche de ce qui peut bien arriver à son souverain, elle pourrait carrément être accusée de ne pas l'avoir protégé, elle travaille pour son compte en plus (tu l'expliques toi-même). C'est comme si dans Le Trône de Fer, Ned Stark découvre la vérité sur les enfants de la reine Cersei Lannister, et décide de passer à autre chose car après tout "ce ne sont pas ses affaires". Ça ne tiendrait pas la route, car Ned Stark est la Main du Roi, donc par conséquent sert les intérêts de la couronne et de son roi. C'est pareil pour ton histoire : Kelly a beau détester son patron, elle n'en reste pas moins à son service, après tout, il peut la faire exécuter pour n'importe quoi car il est avant tout son suzerain, dont a un droit de vie ou de mort sur ton personnage.

Certes, Yrsa sait sans doute se battre (encore une fois, seule toi le sait, les lecteurs n'en ont aucune idée), mais on parle quand même de Kelly, une tueuse de sang froid, surentraînée et crainte par n'importe qui. Je vais prendre un autre exemple : dans Hunger Games (le premier livre), Katniss revient des jeux, elle est traumatisée, elle s'est battue avec d'autres adolescents pour survivre à un massacre organisée par le Capitole. Imagine qu'elle revient chez elle, sa mère se planque dans une pièce ou surprend sa fille pour "plaisanter", Katniss aurait plusieurs réactions possibles : l'attaquer ou détaler. Pour Kelly, c'est pareil : elle sent qu'un intrus est chez elle, qui plus est sa soeur est potentiellement en danger. Yrsa a beau être sa meilleure amie, elle est complètement inconsciente de faire une telle frayeur à Kelly et à la soeur de celle-ci.

Je suis pointilleuse (je l'avoue), mais ton histoire a vraiment beaucoup de potentiel, et ce serait dommage de ne pas faire attention à ses petits détails, car ces petits détails participent à la cohérence de ton livre, de tes personnages et des enjeux politiques.

Sur ces mots, je m'en vais lire tes autres chapitres !
Vous lisez