Chapitre 3 - Constance

Elle ne dormirait pas cette nuit.

Avec cette insoutenable certitude ancrée dans sa tête, Constance fixait le plafond de sa chambre. Elle était allongée dans son lit depuis 23 h et son réveil affichait 3 h 48 d’une lumière verte et impitoyable.

Ses pensées lui revenaient furieusement dès que ses paupières tombaient. Son esprit était accaparé par Guillaume. Lui et sa nouvelle petite amie. Constance le revoyait en boucle, fourrer sa langue dans la bouche de Clémence. Elle avait envie de hurler. Elle voulait pleurer. Peut-être que si elle y arrivait, elle trouverait enfin le repos qui la fuyait. Constance n’avait pas pleuré, elle avait félicité le nouveau couple avec l’attitude la plus enjouée disponible à son arsenal. Elle était douée pour jouer un rôle. Que ce soit celui de la fille modèle, de l’étudiante populaire, ou de l’amie parfaite. Faire semblant était devenu naturel. Son masque n’était pas tombé, et derrière, Constance enrageait. Elle était folle de jalousie envers cette fille insignifiante qui n’était pas même jolie, elle était en colère contre cet abruti de Guillaume qui n’avait jamais remarqué ses sentiments pour lui et surtout, elle était furieuse contre elle-même. Pour n’avoir rien vu venu venir alors que tous leurs autres amis étaient au courant, pour avoir cru qu’avec le temps, elle aurait eu sa chance, pour n’avoir jamais agit, pour être une imbécile.

D’un mouvement brusque, elle retira sa couverture et se leva. Elle ne pouvait plus rester dans son lit à ne rien faire. Elle allait devenir folle. Elle se dirigea vers son placard et se cogna le pied. Sans voir ce dont il s’agissait, elle comprit au bruit que son sac de cours venait de se vider de son contenu sur le sol. Excédée, Constance tâtonna jusqu’à sa lampe de chevet et l’alluma. Ses feuilles et livres de cours étaient étalés sur son parquet. Cette vision désordonnée faisait tache dans sa chambre où chaque objet avait sa place, et y était rangé. Pourtant, elle ne fit qu’envisager de se baisser pour ramasser ses affaires. Elle enjamba le tas nouvellement formé et alla ouvrir son placard. Constance enfila les premiers vêtements de sport qui lui tombaient sous la main. Elle ne se reconnaissait pas. D’ordinaire, elle avait besoin d’une bonne vingtaine de minutes pour décider quelle serait sa tenue parfaite du jour. Elle aimait contrôler sa vie. Qu’il s’agisse de ses manies de rangement, ses choix de vêtements, ses plats cuisinés, ses activités et ses sorties, tout était planifié et réfléchi. Constance se plaça devant le miroir et se jaugea. Ses vêtements ne s’accordaient pas, mais cela ne l’empêcha pas de se trouver bien plus belle que cette arriviste de Clémence Rivière. La vision de cette dernière, avec ses grandes lunettes et sa ringardise aux côtés de Guillaume, lui revint douloureusement en mémoire. Constance se dit qu’elle ne pouvait décemment pas rester plus longtemps dans cet état. Elle avait un besoin impérieux de prendre l’air.

Elle sortit de sa chambre discrètement. Constance descendit les escaliers de la maison familiale à pas feutrés, en éclairant le chemin à la lumière de son téléphone. Elle ne se rendit compte de la température extérieure qu’une fois dehors. Elle regretta instantanément de ne pas avoir pris une veste coupe-vent. Il pleuvait d’une pluie fine, sans réelles gouttes. L’étudiante laissa échapper un souffle de fumée blanche et d’un pas rapide pour se réchauffer, elle se lança dans les rues endormies de Dane.

Constance courut longtemps ainsi, sans croiser personne. Elle n’avait pas de parcours prédéfini. Elle ne se rappelait pas la dernière fois où elle avait couru pour le seul objectif de se vider la tête. Constance n’était pas une sportive professionnelle. Elle n’avait aucune ambition à le devenir, mais elle aimait la compétition. Elle s’entraînait régulièrement pour participer à des tournois de boxe ou des courses de natation. Elle allait à la piscine quatre fois par semaine, elle avait des séances de boxe chaque mardi, jeudi et vendredi soir, et deux heures de yoga le samedi matin. Entre le sport et les études, Constance avait peu de temps libre. Elle ne saurait pas expliquer à quoi tout cela rimait à cet instant.

Par habitude, ses foulées la conduisirent devant l’Académie Beausel. Étonnamment, le quartier étudiant adjacent à son université était l’un des plus calmes de Dane. On pouvait se demander si les bâtisses qu’elle longeait étaient réellement occupées. Malgré le crachin, l’éclairage public était efficace et les rues restaient claires. Le froid l’engourdissait, mais la course chassait peu à peu ses idées noires. Constance dépassa l’université, et continua vers l’ouest, en direction des quais. Lorsqu’elle atteint le port de plaisance du lac Madin, ses pensées étaient plus claires. Elle avança sur la jetée la plus proche, et s’arrêta. Un long moment, elle resta ainsi immobile, tremblant légèrement en raison du froid, mais celui-ci ne la gênait plus. Le son du clapotis de l’eau l’apaisait, elle ferma les yeux.

Un bruit imperceptible la sortit de sa rêverie. Constance regarda derrière elle et mit un temps avant de se rendre compte que plusieurs réverbères de la rue de la Bourse, à plus de 100 mètres d’elle, s’étaient éteints. Elle ne s’en formalisa pas. Les coupures de courant étaient rares à Dane, mais elles restaient possibles. Son attention se reporta sur l’étendue d’eau douce. Le reflet de la lune dessinait un couloir lumineux à la surface du lac, mouvant au gré des ridules. La lune ? Constance releva la tête sans comprendre. Le ciel étoilé était magnifique. L’astre de nuit était majestueusement dressé dans la voûte céleste. Plus aucun nuage n’était visible. Seule une légère brume s’était dressée sur le pavé. Comment la météo avait-elle changé si vite ? Seul le sol mouillé attestait qu’à peine quelques minutes plus tôt, les nuages couvraient le ciel d’un manteau gris sombre. Plus étrange encore, Constance n’avait pas le souvenir d’avoir ressenti le moindre souffle de vent. Essayant en vain de rechercher une explication logique au phénomène, le clocher de Lacente sonna cinq coups et tira Constance hors de ses réflexions. Elle devait rentrer chez elle ou elle ne serait pas capable de retourner en cours à temps, et il était impensable que l’on découvre à quel point cette histoire entre Guillaume et Clémence l’affectait. Le ridicule ne tuait peut-être pas, mais elle n’avait aucune intention de se trouver au centre des moqueries. Ou, pire, certains pourraient se sentir obligés de la réconforter. Elle fit demi-tour et s’apprêtait à prendre une rue parallèle à celle de la Bourse lorsqu’une voix aiguë l’interpella :

« Bonjour ! »

Constance ne put s’empêcher de sursauter brusquement. Un rire cristallin s’éleva du coin sombre de la rue de la Bourse. La voix était enfantine. Un tantinet vexée d’avoir été ainsi surprise, Constance se rapprocha avec prudence du rire. Ses yeux habitués à la pénombre douce, elle découvrit avec étonnement un enfant d’une dizaine d’années aux cheveux corbeau, assis en tailleur sur les marches du n° 3 de la rue.

« Bon… bonsoir, bégaya Constance malgré elle. » Puis elle se dit qu’il était ridicule de parler de soirée à une heure si avancée de la nuit. « Bonjour. Tu viens de te lever peut-être ? Tu es tout seul ? Où sont tes parents ? » Elle posa ses questions dans une même respiration. Le garçon la dévisageait avec amusement.

« Tu as des yeux intéressants, madame. »

Constance resta interdite un instant. Elle ne savait pas comment se comporter avec les enfants. Elle avait plusieurs jeunes cousins, mais elle laissait son frère s’occuper d’eux lorsqu’ils se retrouvaient en vacances dans leur maison secondaire à la montagne. Le petit se leva et fouilla quelque chose dans ses vêtements. L’attention de Constance se porta sur ceux-ci, et elle s’étonna de ne pas les avoir remarqués plus tôt. Ils n’avaient rien des vêtements modernes des Erretiens. Divers carrés de cuir et de tissus étaient reliés entre eux par de nombreux fils de couleurs et composaient une épaisse tunique, doublée de fourrures. Le petit garçon parlait parfaitement sa langue, mais Constance doutait qu’il soit Erretien. Sa voix était teintée d’un fort accent où les « r » raclaient le fond de sa gorge. Malgré ses multiples connaissances dont elle se montrait fière, Constance ne parvenait pas à identifier l’origine de cet accent ou de ces vêtements. Ses yeux noirs en amande, ses cheveux de jais et sa peau dorée lui faisaient penser aux habitants d’Hûo ou de Meigetsu, mais ses vêtements et son accent mettaient cette hypothèse en défaut. En observant plus attentivement, Constance se dit qu’elle avait jugé trop rapidement la qualité de sa robe. Les broderies de couleurs vives recouvraient les divers tissus étaient complexes et raffinées.

« D’où viens-tu ? » demanda Constance. Elle n’avait pas encore perdu l’espoir que l’enfant daigne répondre à l’une de ses questions.

« Je ne peux pas rester longtemps ». Il ne s’était pas arrêté de fouiller dans les nombreuses poches intérieures de sa tunique. « Les autres Larmes vont se rendre compte de mon absence.

— De quoi parles-tu ? Tu as besoin d’aide ?

— J’ai besoin d’aide. Et je ne suis pas le seul. »

L’inflexion dans la voix de l’enfant changea légèrement, mais suffisamment pour que l’étudiante l’entende. Son ton se fit plus grave. Lorsque l’enfant fixa son regard dans les yeux de Constance, il sembla avoir gagné plusieurs années en un instant. Décontenancée, Constance se surprit à l’écouter avec sérieux.

« La fille d’Enlil et de Sïne doit absolument récupérer ceci. » Il désigna l’objet qu’il tenait alors entre ses petites mains. Il s’agissait d’une pierre rectangulaire de ce que Constance pouvait en voir.

« Je n’ai pas le temps de t’expliquer pourquoi. Si tu ne veux pas te lancer à sa recherche, je ne peux t’y forcer, mais promets-moi de trouver quelqu’un qui le fera. Une personne de confiance. Le temps me manque, et je ne sais pas quand je pourrai revenir.

— Pourquoi est-ce que je ferais ça ?

— J’ai un bon instinct, et beaucoup de chance. Tu ne me trahiras pas. Lorsque tu retrouveras la fille d’Enlil et de Sïne, dis-lui que le petit fils de Mélissam lui a transmis ce message. Nous ne sommes plus très nombreux, mais il lui reste des alliés.

— Je ne comprends rien à ce que tu dis. Il est tard, viens avec moi. Nous irons au poste de police demain. On va retrouver ta famille…

— Nous ne vous avons pas oublié, la coupa-t-il. Les Larmes n’ont pas oublié et elles se préparent à la guerre. La fille d’Enlil et de Sïne peut arrêter cette folie. Elle le doit… ou ce sera un carnage. »

Les yeux de l’enfant s’embuèrent de larmes. Il sembla alors à Constance que l’étranger était redevenu le petit garçon qui, quelques minutes plus tôt, l’avait appelée madame. Malgré ses paroles insensées, Constance éprouva le besoin de le protéger. Ses vêtements semblaient peser sur lui, d’une charge trop lourde pour son corps frêle. Pris d’un élan de tendresse exceptionnel, Constance voulut envelopper le petit dans ses bras. Lui chuchoter qu’elle était là, et que même si la situation lui échappait pour le moment, tout finirait par s’arranger. Mais avant que l’étudiante n’ait pu faire un geste, l’enfant leva son bras droit et désigna un point par-dessus l’épaule de Constance. Par réflexe, elle se retourna.

« La lune est magnifique ce soir, tu ne trouves pas madame ? »

Puis Constance entendit un bruit lourd et net. Elle se retourna vivement et fit face à une porte en bois, arborant le numéro trois peint en blanc. Le garçon avait disparu. Constance se précipita sur la porte et essaya de l’ouvrir, mais celle-ci était fermée à clé. Par ailleurs, elle n’avait rien entendu qui laisserait penser qu’on l’ait ouverte. Elle se précipita alors vers le port, mais il était introuvable. Ébranlée par ce qu’il venait de se produire, Constance revint sur ses pas. En bas des marches du n° 3, elle trouva l’origine du bruit qu’elle avait perçu. D’une main tremblante, elle ramassa la pierre tombée. Soudainement, les réverbères s’allumèrent simultanément. Elle sursauta pour la deuxième fois cette nuit. Loin de la rassurer, l’éclairage urbain rendait plus lugubre la rue vide. Prenant conscience de son isolement, Constance rentra chez elle aussi vite qu’elle le put. Dans la poche de sa veste, la pierre, bien réelle, battait contre son ventre suivant la cadence de ses foulées.

 

Lorsque Constance arriva finalement chez elle, il était suffisamment tard pour que son père soit réveillé et dans la cuisine.

« Constance ?

— Bonjour papa.

— Tu es partie courir ?

— Juste un petit tour.

— Tu sais, ma chérie… J’admire que tu sois aussi sérieuse sur ton programme sportif, mais il est tout aussi important de savoir se ménager.

— J’y penserai. »

Coupant court à la discussion d’un geste de la main, elle gagna le premier étage en sautant des marches, et s’enferma dans sa salle de bain. Une douche lui remettrait les idées au clair. Constance ne croyait pas en la magie. Elle n’était pas même superstitieuse. Par conséquent, la situation la troublait bien plus qu’elle n’aimerait se l’avouer.

Les cheveux encore humides, Constance enfila son peignoir de soie mauve. Elle mit ses affaires de sport dans le bac de linge sale et regagna sa chambre. Elle sortit la mystérieuse pierre de sa poche et l’observa plus attentivement à la lumière. Il s’agissait d’une pierre rectangulaire aux bords polis, légèrement plus grande que la paume de sa main. Constance ne s’y connaissait pas suffisamment en roche pour déterminer son type. Elle pouvait seulement dire qu’elle était de poids moyen, de couleur ocre et surtout, qu’elle était recouverte d’étranges inscriptions. Elle pensait d’abord qu’il s’agissait de sortes de schémas, mais à y réfléchir, Constance se demandait s’il ne s’agissait pas d’une écriture ancienne. Les traits, points et triangles incrustés et alignés lui rappelaient vaguement des inscriptions qu’elle avait pu voir enfant, lors d’une visite scolaire au Musée Archéologique d’Ornes. Ses souvenirs étaient trop flous pour qu’elle se souvienne de l’époque ou de la civilisation rattachée à ses signes. Le musée d’Ornes était immense. Il comptait plus d’une vingtaine de départements allant de l’étude des civilisations à celle des sciences.

Constance ouvrit son ordinateur portable. Si la pierre restait muette à ses yeux, elle se rappelait les paroles tout aussi étranges du petit garçon. Elle tapa dans la barre de recherche internet » Fille d’Enlil et de Sïne ». Peu de résultats s’affichèrent, et à son grand désarroi, aucun n’était probant. Elle restreint sa recherche à « Enlil ». L’unique mot qu’elle n’avait encore jamais entendu. Lorsqu’elle appuya sur la touche entrée, l’écran devint noir un instant. Avant que Constance ne panique, la page internet réapparut, mais elle affichait un message d’erreur : « Aucun document ne correspond aux termes de recherche spécifiés ».

Constance n’allait pas se laisser décourager pour autant. Pensant avoir mal compris, elle essaya différentes orthographes : « Enlille, Anlil, ... ». Le message d’erreur ne faisait que s’actualiser. Elle tapa alors le mot « pierre », le premier qui lui vint en tête, afin de vérifier que le moteur de recherche fonctionnait. La requête retourna 1,5 milliard de résultats selon l’en-tête de la page web. Constance écrit finalement « Sïne » sur le clavier, et obtient les résultats auxquels elle s’attendait. À savoir, des articles plus ou moins complets sur le légendaire Fondateur de Meigetsu, qui était également considéré dans les premiers mythes comme le dieu de la lune.

On toqua à sa porte.

« Constance ? Tu ne commences pas à 8 h ce matin ? Ta mère est déjà partie.

— Si ! J’arrive. »

Hâtivement, elle jeta l’obscure tablette dans son sac de cours.

 

 

 

La matinée ne passait que trop lentement. Constance n’arrivait pas à se concentrer, elle combattait un début de migraine et elle rejouait en boucle les évènements invraisemblables de sa nuit. Si quelqu’un pouvait potentiellement l’aider à y voir plus clair, ce serait le professeur d’Études des Langues Anciennes. Un spécialiste pourrait lui dire si elle était victime d’une plaisanterie douteuse ou si vraiment, la pierre manuscrite avait une valeur quelconque. Constance priait pour que la première hypothèse soit la bonne. Le visage sérieux de l’enfant lui faisait malheureusement croire que la réponse ne serait pas si simple. Elle connaissait l’emploi du temps de Guillaume et savait qu’il avait désormais cours d’E.L.A. de 11 h à midi. Elle pourrait le retrouver à la pause du déjeuner après sa discussion avec le professeur. Le simple fait de repenser à ses déboires amoureux lui donna des crampes au ventre, mais elle n’allait pas passer le reste de sa scolarité à les éviter, lui et Clémence. Guillaume était son ami depuis au moins quatre ans. Elle n’allait pas le perdre simplement parce qu’il s’était trouvé une petite amie qui n’était pas elle.

Lorsque midi arriva enfin, Constance fut la première à quitter l’amphithéâtre. Elle courut à moitié en traversant le parc des premières années et atteint le bâtiment Cauche où étaient enseignées les options les moins prisées des étudiants. Arrivée dans le couloir, elle se rendit compte que le cours n’était pas encore terminé. Elle ouvrit son sac et vérifia que la pierre ne s’était pas inopinément volatilisée, à l’instar de son ancien propriétaire.

La porte s’ouvrit et Constance se retrouva face à cet étudiant qu’elle avait interpellé quelques jours plus tôt. Celui-ci s’était figé, la bouche entrouverte. Or son regard n’était pas fixé sur elle, mais sur la mystérieuse pierre qu’elle tenait entre les mains.

« Où est-ce que tu as trouvé ça ? »

Constance fut surprise par sa véhémence. Baptiste tenta de lui arracher l’objet des mains, mais elle fut plus rapide. Réflexes de la boxe. Elle remit promptement la pierre dans son sac.

« Ça ne te regarde pas. Pour qui tu te prends ?

— Tout va bien ? »

Guillaume venait à son tour de quitter la salle. Il s’interposa entre Baptiste et Constance. Le regard de l’étudiante glissa jusqu’à remarquer amèrement qu’il tenait la main de Clémence Rivière. Malgré sa nuit blanche, elle s’était décidée à se comporterait le plus normalement possible. Elle ne craquerait pas devant un public.

« Tout va bien. Je voulais seulement poser une question à votre professeur…

— Non ! »

Les élèves sortis de cours s’étaient arrêtés pour assister à cet échange improbable entre les deux étudiants les plus populaires de l’Académie Beausel et le polard du département de langues dont personne ne connaissait le nom. Baptiste rougissait à vue d’œil face à l’attention qui lui était anormalement portée, mais il restait déterminé. Il reprit d’un ton forcé :

« Est… Est-ce que je peux te parler un instant ?

— Constance, est-ce que ce type t’embête ? »

Constance allait répondre à Guillaume qu’elle pouvait se débrouiller seule. Elle imaginait difficilement ce gringalet effrayer qui que ce soit. Elle se retint, car malgré elle, l’attention de Guillaume lui réchauffait le cœur, et par ailleurs, la réaction de Baptiste était curieuse. Il avait l’air de savoir quelque chose qui lui faisait dire qu’il n’était peut-être pas intelligent d’exhiber son étrange acquisition à tout-va. Qu’importe la multitude de questions qu’elle se posait, elle comprenait a minima que la situation était anormale. Elle interrogerait Baptiste dans un avenir proche, mais dans l’immédiat, elle ne tenait pas à se donner en spectacle.

« Ce n’est rien Guillaume. Allons rejoindre Marc et les autres à la cantine. J’irai voir votre professeur une prochaine fois. Je ne suis pas pressée. »

Elle se saisit du bras libre de Guillaume, mettant fin à la discussion. Clémence ne put cacher son malaise. Pourtant, à cet instant, Constance était plus troublée par les secrets de sa pierre que par le nouveau couple le plus en vogue de l’université. Baptiste ne la provoqua pas davantage et les laissa s’éloigner. Lorsqu’elle risqua un dernier coup d’œil vers l’étudiant d’E.L.A., il n’avait pas bougé. Ses yeux étaient rivés sur son sac.

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Cléooo
Posté le 24/06/2024
Hello Eleonore ! Lecture de ce nouveau chapitre, je te fais mon retour :)

Sur la forme :
- "Son masque n’était pas tombé, et derrière, Constance enrageait." -> mais* derrière me semble plus juste pour marquer la contradiction.
- "à plus de 100 mètres d’elle" -> en lettres, c'est mieux.
- "un couloir lumineux à la surface du lac" -> sur* la surface
- "« Bon… bonsoir, bégaya Constance malgré elle. »" -> les guillemets sont mal placés.
- "Les broderies de couleurs vives recouvraient les divers tissus étaient complexes et raffinées." -> la phrase est un peu bizarre, je pense qu'il faut la reformuler.
- "J’ai un bon instinct, et beaucoup de chance. Tu ne me trahiras pas." -> Je trouve que ça contredit un peu le fait que "l'enfant" dit qu'elle peut aussi le confier à quelqu'un d'autre.
- "par ce qu’il venait de se produire" -> qui venait
- "Constance écrit finalement « Sïne » sur le clavier, et obtient les résultats auxquels elle s’attendait." -> pourquoi être passé au présent sur cette phrase ?
- "l’obscure tablette" -> la pierre ? Tu n'as pas parlé de "tablette" jusque-là, ni ne remploie ce terme après.
- "elle s’était décidée à se comporterait" -> à se comporter*
- "— Constance, est-ce que ce type t’embête ? »" -> Cette phrase donne l'imporession qu'il ne connaît pas Baptiste, pourtant, ils ont fait connaissance au chapitre précédent.

Pour le fond, je trouve ce chapitre un peu plus net. Il forme une meilleure continuité avec le chapitre précédent (sans compter l'entre-chapitre), et on sent qu'un lien va se créer entre Baptiste et Constance, au sujet de cette pierre, qui clairement évoque quelque chose à Baptiste. Si c'est ancien, ça paraît normal qu'il y connaisse quelque chose. Du coup ton chapitre finit sur un chouette cliffhanger qui donne envie de découvrir la suite :)

À bientôt !
Eleonore B.
Posté le 25/06/2024
Bonjour Cléooo,

Merci pour les remarques ! La pierre est bien une "tablette d'argile", mais c'est un terme que devrait connaître Baptiste, non Constance, je vais corriger cela.

Je suis contente que tu aimes le petit cliffhanger et comment l'histoire commence à prendre forme (je reconnais qu'elle met du temps).

A bientôt :)
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