La Capitaine abaissa son arme. Le ciel se déplaça avec eux et les navires fusèrent vers le palais, droit sur la bête. Leur vitesse aurait donné le vertige à un griffon. Helvet manœuvra sa caravelle avec une adresse stupéfiante, louvoyant entre les tours des remparts, ses chouettes pour unique équipage. Loup agrippa le bastingage avec force. Il pria pour qu’ils ne percutent pas un bâtiment, mais ils furent sur la Wyverne en moins de temps qu’il n’en faut pour hurler le mot « flammes ».
La créature cracha un jet ardent. Sa chaleur lécha les planches des vaisseaux. Grondant de rage, elle voulut planter ses griffes sur le pont du trois-mât. Elle n’atteignit jamais sa cible. Un bouclier bleu s’érigea entre elle et le navire de la Capitaine ; cette dernière sourit à la bête, féroce. Les champignons sur sa quille scintillaient avec intensité. Loup compris qu’ils agissaient comme un système de défense. La dragonne poussa un râle de frustration, avant qu’un boulet ne la cueille sous l’aile gauche et ne la propulse contre une tour.
Elle se fracassa sur le toit, causant un nouvel effondrement et un vivat puissant de la part des Sorboristes. Leur réjouissance fut de courte durée. Des ruines, la créature s’extirpa en soufflant une épaisse fumée noire. Ses naseaux se dilatèrent et son regard jeta des éclats d’or furieux. Elle ramassa ses ailes contre le sol, plaquée sur le ventre, prête à clamer sa sauvagerie.
Loup réagit au danger mortel. Il se précipita vers Helvet.
« Elle va provoquer un appel d’air ! Change de cap ! »
La marchande inclina son bateau au-dessus de la mer. Elle attira l’attention de la Capitaine, qui fléchit à sa suite. L’armada entière se courba telle une nuée vespérale et, lorsque la Wyverne fusa dans les cieux en balayant tout sur son passage, pas un bateau ne heurta son souffle dévastateur.
Helvet adressa un sourire à Loup par-dessus le gréement. Il n’eut pas le temps de se réjouir de ce qu’il lisait dans ses yeux.
« Elle revient ! cria une nautonière à ses camarades. Préparez la riposte !
— Ses écailles sont plus solides que l’acier, inutile de gâcher vos boulets. Il faudrait un projectile capable de percer son armure naturelle. Un qui se glisserait juste au niveau du cou, en-dessous de la gueule… »
Loup réfléchissait à haute voix, fébrile, presque inconscient. Quand il redressa la tête, Helvet se pencha au rebord et l’agrippa par le col. Il poussa un glapissement surpris. La Sorboriste le plaqua contre le bois vibrant du mât et lui fourra dans la bouche un mélange gluant de ce qui ressemblait fort à des algues. Il manqua vomir, mais elle l’aida à déglutir et bientôt au goût acide fit place une sensation de puissance.
« Parle et tous t’entendront, ordonna-t-elle.
— L’éperon du navire de votre Capitaine ! s’exclama-t-il, sa voix vibrante de force. Faites-lui lever la tête puis foncez sur sa gorge, poupe inclinée vers l’arrière ! »
Il y eut un instant de flottement. Helvet plongea la première vers le ventre de la dragonne. Elle heurta ses flancs, s’éleva à nouveau pour la provoquer, tournoyant autour de sa gueule. Ses alliés imitèrent sa stratégie avec un temps de retard. Plutôt que de les poursuivre, la Wyverne rugit. Elle s’enroula autour d’un bateau, crocs à découverts, et l’écrasa de tout son poids.
Ses dents mordirent le bouclier qui crissa. Loup manqua basculer par-dessus bord, tant le son de l’affreuse agonie perça ses tympans. Helvet orienta le Maga vers sa soeur prise au piège. Trop tard. La protection éclata ; tous les champignons sur la quille s’atrophièrent en exhalant une immonde odeur de moisi.
D’un œil mauvais, le reptile ouvrit la gueule. Une lueur rougeâtre s’alluma aux abysses de son gosier. Désespérée, la mousse à son bord tendit la main vers Helvet.
Le feu la dévora. Elle fut engloutie par l’enfer, son cri échoué au bord des lèvres.
Cœur soulevé par la nausée, Loup serra le phare du mât. Une vague intérieure menaça de l’emporter. Dans son dos pulsait une douleur fantôme, il suffoquait, implorant une ombre que lui seul pouvait voir. Un feulement rauque le força à revenir au présent. La Wyverne avait lancé sa queue contre un deuxième bateau, ses pointes s’employaient à le détruire. Une clameur de haine se joignit à l’explosion du bouclier.
L’œil de la bête, immense et jaune, se posa alors sur le Maga.
Pendant un instant, l’univers se résuma à cette pupille fendue au milieu d’un lac doré. Loup aurait presque pu compter ses éclaboussures de cuivre. Puis la dragonne poussa un rugissement et fondit sur eux, ailes déployées vers l’arrière. Helvet jura. Elle tenta de virer de bord et imprima toute son adrénaline sur le gouvernail, ployant sous l’effort.
La vaillante caravelle se glissa sous la cuisse du monstre et voulut remonter sur son ventre. L’animal s’empara d’eux en se coulant contre leur bulle protectrice. Ses serres crochetèrent la surface scintillante, sa gueule dévoila une rangée de crocs acérés.
Le trois-mâts les heurta à cet instant précis.
Aussi titanesque que la bête qu’il défiait, le navire repoussa la Wyverne et l’entraîna dans les airs. S’ensuivit une lutte contre les serres de la dragonne, avide de percer sa bulle de protection. La Capitaine martela des ordres, et ses hiboux dansèrent autour d’elle. Cinquante fois plus nombreux que ceux d’Helvet. Elle n’a aucune chance, pensa brièvement Loup en contemplant ce ballet d’adieu. Il faut lui venir en aide.
Les Sorboristes parvinrent-ils à la même conclusion ou réagirent-elles par pur instinct ? La seconde suivante, une armée s’amassait sous le trois-mâts, boucliers contre bouclier. Helvet jeta ses voiles parmi eux. Elles poussèrent. La créature commença à glisser, incapable de s’accrocher face au surnombre. Elle leva les ailes dans l’intention de décoller, cou tendu vers le haut.
L’éperon la transperça sous le soleil de midi.
Une plainte, plus belle et plus déchirante que les hommes peuvent le concevoir, s’éleva de son poitrail. La Wyverne s’inclina au-dessus des navires et, d’un geste massif, arracha l’épieu qui la privait de sa liberté. Le bois s’écartela et elle mugit tandis que son sang vermeil éclaboussait les vaisseaux. Une coulée de lave engloutit les boucliers des plus proches. Devenue comète, la créature s’arracha à l’étreinte du combat. En deux battements, elle fut hors de portée.
Le cœur de Loup tambourina à sa poitrine. La créature gémissait. Si on pouvait appeler ainsi une telle complainte, destinée à l’entièreté du monde. Le bout d’éperon encore fiché sous sa gorge modula son sanglot, l’accompagnant vers l’horizon. Quelques secondes se suspendirent. Puis elle s’éloigna et disparut.
L’armada des Sorboristes reprit peu à peu conscience. Leur Capitaine entama une lente descente vers la mer.
Il n’y eut pas de tonnerre d’applaudissements, pas de cris de joie, pas d’acclamations. Seul le silence d’un peuple en deuil. Les navires se posèrent sur l’eau et la Capitaine émergea de son trois-mâts, tenant son bras blessé. Elle saignait de l’œil droit. La foule l’entoura sans oser la toucher. Bientôt, un matelot surgit derrière elle pour lui proposer son assistance, et elle accepta son aide avec un sourire pâle.
Les secours commencèrent à s’organiser. Un brouhaha sourd s’empara de la ville. Le dernier chant de la Wyverne résonnait encore dans les cœurs, lourd de promesses sinistres. Souffrance et blâme s’y mêlaient.
Loup descendit du mât en tremblant. Il ne parvint pas à reprendre le contrôle de ses membres, formuler une pensée cohérente lui semblait impossible. Il se coula à terre, fouillant le bateau du regard.
Helvet avait posé pied sur le pont. Elle discutait avec une femme au port altier et au sari bleuté que Loup reconnut aussitôt.
« Ma mère va bien. Elle dort à la cale. L’insonorisation et les enchantements de stabilité l’ont préservée.
— Par les griffes de Val, siffla l’Altesse. Je l’ai crue morte. »
Elles s’observèrent un moment. Le silence s’épaissit, la tension s’installa. Helvet détourna le regard la première. Ses prunelles émeraudes fixèrent l’horizon.
« Ton frère a une formation militaire ? »
Elle avait abandonné son vouvoiement. L’Altesse se mordit les lèvres.
« Non. Pourquoi ?
— La créature s’est enfuie par la mer. À une vitesse pareille, elle atteindra la ville voisine sans se soucier des obstacles. La muraille verte la ralentira, mais…
— Les dryades de Ludalie protégeront Délio.
— Contre le feu ? »
Helvet s’appuya contre la rambarde de son navire.
« Envoyons un message dès que possible. Ils doivent évacuer vers les monts Varo. Dans les souterrains. »
Elle laissa le silence planer un moment, puis se retourna. L’Altesse avait croisé les bras contre sa poitrine, un geste que Loup connaissait bien. Helvet fit un pas vers elle et effleura son épaule.
« Ça va aller, Kalire ? »
Les iris noirs qui transpercèrent alors Helvet la contraignirent à reculer. Son Altesse Kalire décroisa les bras, essuyant l’endroit où la marchande l’avait touchée comme s’il s’agissait d’une souillure.
« Merci de t’en soucier, vraiment. Préviens-moi quand vos coques seront remises en état de vol, que je dépêche ton bateau pour la mer surde. Quelqu’un doit t’attendre sur l’autre rive. »
Et sur ces mots prononcés d’un ton assassin, elle quitta le bateau. Loup l’entendit se débattre rageusement avec l’échelle de corde. Visiblement, l’Altesse grimpait mieux la falaise que ce navire. Helvet soupira en s’accoudant dos à la mer, regard levé vers le ciel. Elle semblait épuisée.
« On ne t’a jamais dit que c’était malpoli d’écouter les conversations des autres, Loupiot ? »
Le jeune mage se hasarda d’un pas sur le pont. Pour une fois, il s’autorisa un sourire.
« Chaque jour de ma vie. Jusqu’à ce que mes frères, ma sœur, mes professeurs et même mon mentor se lassent.
— Je savais que tu n’étais qu’un vulgaire voyou.
— Oh. Voilà pourquoi m’accepter sur ton navire n’était pas difficile. »
Il tritura la bandoulière de son sac. Helvet rit faiblement. Au-dessus d’eux, le parlement de la Sorboriste ferlait les voiles. Dix chouettes paraissaient déployer la force d’un seul gabier, aussi leur nombre avait quelque chose d’impressionnant. Sentir les courants d’air soulevés par leurs ailes silencieuses donnait le tournis à Loup.
« Tu as étudié les dragons ? »
Le jeune mage reporta son attention sur Helvet. Elle le fixait de ses yeux verts profonds. Il se mordit les lèvres.
« J’ai suivi des cours et lu des livres, à l’Académie des mages. La Wyverne vivait autrefois dans les montagnes. Son exil fut forcé par l’installation des hommes. Elles sont territoriales, il a fallu les chasser pour établir des routes. Le dernier spécimen…
— Je ne t’ai pas demandé de me réciter l’encyclopédie, l’arrêta Helvet d’une main levée. Comment tu l’as reconnue si vite ? Il y a eu un incident chez toi ? »
Loup se replia dans le mutisme. Pas un incident, voulut-il répondre, mais les mots se coincèrent dans sa gorge. Des milliers. Vivre à Ys impliquait de se confronter tous les jours à ce que le Magistère appelait des « dérapages. » Lui-même et son Florian en avaient subi les affres. Son mentor et sa fille aussi. Le professeur Rhael jurait qu’il trouverait une autre source d’énergie pour alimenter la ville que ces créatures damnées.
Ce qui l’opposait régulièrement à la famille de Loup. Une partie des connaissances du jeune mage venait des histoires de veillées de son Grand-pa. Sa fascination pour les bêtes, la lueur du feu de camp, la chaleur et la puissance de sa voix… Loup avait craint et vénéré la magie qu’il racontait. Jusqu’à la mort de son père.
Le reste de son savoir s’était alors construit sur une véritable phobie. Et la haine.
« Connais ton adversaire, déclara-t-il finalement, une lueur dans le regard. »
Helvet haussa un sourcil. Elle ne demanda pas davantage d’explications, toutefois, préférant enchaîner sur un sujet plus urgent. Il y avait tant à régler.
« Je dois retrouver ma Capitaine pour l’informer de la décision de Kalire. Viens, c’est l’occasion pour toi de nous dire tout ce que tu sais. Et de rencontrer ma tante. »
Elle sourit au-dedans d’elle-même, comme à une blague dont il ne comprenait pas encore la chute. Loup hocha la tête. Sans attendre, ils quittèrent le Maga pour s’enfoncer dans les rues d’Icarie.
Au cœur des cendres de ce qui fut une belle cité, l’ampleur du désastre leur apparut. Le feu avait dévoré les structures. Les blessés s’alignaient le long des murs, certains pleurant un être cher, d’autres déplorant les restes calcinés de leurs maisons. L’incompréhension autant que la détresse se lisait sur leurs visages. Loup frissonna.
Ils suivirent la foule jusqu’à une place chaotique devant l’enceinte du palais. Des soldats en armure d’ocre dégageaient les débris. Plusieurs Médicants traînaient autour d’eux, triant les cadavres de ceux qui respiraient encore. Quelques-uns des survivants attendaient on ne savait quoi. Au-delà de sonnés, bras ballants, ils ne disaient rien. Dépendre d’un autre pour tout reconstruire a ceci de terrible qu’il nous reste une dernière chose à abîmer : l’espoir.
Helvet se dirigea vers une statue d’ébène représentant une femme marchande. Assise entre ses bottes, la Capitaine finissait de bander son œil droit. Elle avait déposé son tricorne de cuir sur ses genoux, le foulard d’or frottant la cendre au sol. Son sabre appuyé contre la pierre.
« Certaine de ne pas vouloir prendre ta retraite, Tatou ? »
La vieille femme se dressa plus vite que ses chouettes. Un sourire dévora son visage et elle se jeta sur Helvet pour la serrer dans ses bras, d’une force à lui en briser les côtes.
« Nièce ! Le Maga et toi, vous étiez splendides ! Tu es digne de manoeuvrer le bateau de ta mère ! »
Helvet rit en essayant de se dégager.
« Tu m’étouffes.
— Supporte la pression, crâne de hulotte. Car je ne suis pas prête de te lâcher !
— Ma est vivante. »
La Capitaine la lâcha. Elle recula d’un pas et Loup vit leur ressemblance. Au-delà de leurs cheveux d’encre, elles partageaient l’intensité de leur regard. Bien que les yeux de sa tante soient marrons et non émeraudes, impossible de douter qu’elles appartenaient au même sang.
« J’ai cru que nous l’avions perdue.
— Je sais. J’étais au Médica quand il a explosé.
— Comment... ?
— Nous avons survécu grâce à ce garçon. »
Helvet s’écarta. L’attention aussi vive que soudaine de la Capitaine perça Loup comme s’il eût été fait de verre. Ses pensées refusèrent de s’ordonner. Il aurait fui cette inquisition si elle ne le clouait pas surplace.
« Qui est-ce ? »
La question, simple, le recentra dans son propre esprit. Il s’avança paume vers le sol. Surprise, la tante d’Helvet glissa son index sur sa ligne de vie.
« Bienvenue sur la haute mer, souffla-t-elle. Que notre accord te soit en toutes voiles favorable.
— Puisses-tu prospérer de cette rencontre. Mon nom est Loup, je suis un jeune mage d’Ys. »
Le prononcer ainsi laissa un goût étrange sur sa langue. Lui qui se présentait toujours à travers le Magistère, sans jamais se mettre en avant. Voilà qu’il s’auto-qualifiait de mage. Lui, le garçon aux fleurs. Un pas sur le bateau d’Helvet aurait-il suffit à chambarder son existence ?
Une impulsion prit naissance dans son estomac. Un désir de prouver quelque chose au monde. Helvet l’observa attentivement. Loup leva les cils vers elle. Une étrange atmosphère circula entre eux, vibrante dans l’air, frappante de silence. J’ai encore besoin de la force d’agir que tu m’as déjà montrée à deux reprises. Cherche-la dans tes tripes.
« Votre nièce a déclaré que mon pouvoir saurait servir, lança-t-il. Elle avait raison. J’ai fait fleurir de la mysée. Nous étions au Médica pour distribuer l’élixir quand j’ai aperçu la Wyverne à la fenêtre.
— C’est le nom de cette créature ?
— Oui.
— Mais qui es-tu, bon sang ? répéta la Capitaine, remettant son tricorne sur sa tête. Je n’ai jamais entendu parler d’Ys. Et les mages n’existent que dans les histoires que je raconte à Helv pour l’ennuyer !
— Karma, intervint Helvet d’un sourire. »
Sa tante fronça les sourcils. Elle fourra les mains dans les poches de sa redingote bleue, l’air faussement contrariée, un sourire s’étalant sur ses lèvres.
« Féroce comme une dhole et maligne telle une chercheuse ! As-tu grandi dans la jungle, béjaune ? Tu n’es pas prête d’assurer ma succession.
— Plains-toi tant que tu voudras, vieille femme, le retour de bâton t’a trouvé. Sous la forme de ce garçon inoffensif.
— Par les moustaches de Val ! Avec une lieutenante comme toi, les nôtres auront du mouron à becqueter.
— Seulement si la Captima Saoun ne reprend pas son poste. »
Le silence tomba. Loup remarqua la moue de la Capitaine, soudain inconfortable. Ces tirades sur le rétablissement de Saoun devaient se reproduire souvent. Pourquoi Helvet jouait-elle tant sur ce point ? Impossible qu’elle ne sache pas que sa mère ne marcherait plus jamais. S’agissait-il d’espoir ou de profonde douleur ? D’humour noir ou d’une sorte de voeu ? Tout ça à la fois ?
Helvet fit mine de réfléchir.
« Oui, j’ai hâte de te voir restituée vice-capitaine, Tatou... Histoire d’avoir enfin la paix. »
Sa tante éclata d’un rire puissant. Son hilarité fit pivoter les visages, vibrer la statue derrière elle, tout se soulever sous le martèlement de sa voix tonnante.
« Quel culot ! Même ta mère, puisse-t-elle toujours naviguer dans le bon sens du vent, n’aurait jamais osé ! Tu as peut-être hérité d'un peu de moi, finalement. »
Elle se tourna vers Loup. Le jaugea du regard.
« Toi. Tu as donné l’instruction à ma flotte de viser la gorge de la bête.
— Exact.
— Tu connais la nature de cette Wyverne ?
— Je sais qu’elles vivent toute leur existence à un même endroit, s’y accouplent et y meurent. Elles ne migrent pas, défendent leur territoire dans un rayon de dix lieues du nichage et...
— Doucement, petit, tu vas t’étouffer ! s’étonna la Capitaine. Helv, il récite toujours son texte comme s’il lisait un almanach ou il a déchiré ses voiles il y a longtemps ?
— Elle me demande si tu es fou, traduisit Helvet pour Loup. Je suppose qu’il faut un grain pour vouloir s’allier à des femmes comme toi et moi. Donc ma réponse est oui.
— Oui à quoi ? Le dictionnaire vivant ou l’esprit torturé ?
— Oui.
— Je peux répéter en articulant mieux, si vous voulez, intervint timidement Loup.
— Ce ne sera pas nécessaire, l’oisillon, continua Helvet. Tous les auditeurs qu’il faudrait ne sont pas présents. Nous devons organiser nos défenses et songer à avertir nos voisins, si nous le pouvons.
— Qu’as-tu en tête ? souffla la Capitaine.
— Je crois qu’il devrait répéter son laïus à la reine. »
L’indicateur de stress dans le ventre de Loup monta d’un cran. Rencontrer la royauté ? Certes, il avait croisé la princesse Kalire à plusieurs reprises, mais toujours dans le giron d’Helvet. Communiquer avec cette dernière lui avait semblé à la fois intimidant et à son niveau. La position militaire et mercantile qu’occupaient les Sorboristes à Icarie allouait à la marchande des privilèges, sans pour autant la rendre inaccessible.
Il s’était malgré ça autorisé trois semaines d’introspection avant d’oser l’aborder. Alors la reine en personne...
Il s’apprêtait à s’esquiver pour y réfléchir quand un garde, l’air bouleversé, posa le bras sur l’épaule d’Helvet. La marchande se retourna. Elle le fixa en haussant les sourcils et il sembla soudain que plus rien d’autre n’existât pour l’homme que la prison de ses yeux verts. Il déglutit avec difficulté.
« Dame Helvet, un Médicant ludalien vient d’arriver depuis l’autre côté du triangle. Il vous a réclamé. A cor et à cri. Jusqu’à ce que nous soyons obligés d... »
Le bruit d’une canne tapée contre le sol l’empêcha de finir. Encadré par deux autres soldats, un Médicant aux lunettes rondes, trempé, couvert de suie, grièvement brûlé à la jambe, manteau déchiré, claudiqua vers Helvet. La marchande n’hésita qu’une fraction de seconde. Elle fonça sur lui. Il s’arrêta pour la regarder avaler la distance qui les séparait, porter une main à son coude et le récupérer dans ses bras. Les yeux gris du guérisseur se voilèrent d’émotion.
« Je dois parler à la reine, balbutia-t-il, dents serrées. Je dois voir Thuya. Je dois...
— Oh Aster », murmura Helvet.
Elle l’étreignit plus fort. Il se laissa faire, mais la tension dans ses épaules augmenta.
« Helv, lâche-moi.
— Non. Tu dois laisser quelqu’un inspecter ta jambe. Tu dois t’allonger, même si je dois t’assommer pour ça.
— Pas le temps, réfuta-t-il. Je n’ai pas... Je... Helv, plus tard, ce sera au-dessus de mes forces. »
Le désespoir perça son visage mat. Face à sa détresse, la Sorboriste abdiqua.
« D’accord, je t’emmène à la salle d’audience. »
Elle fit signe à sa tante. La Capitaine hocha la tête et distribua des ordres aux gardes. Ils devaient prévenir la reine de leur arrivée, rassembler les guérisseurs et ouvrir les portes du palais. Ayant enfin un but auquel se raccrocher, les soldats obéirent promptement. Il ne fallut qu’un moment pour les voir revenir en tant qu’escorte. Le trône attendait.
Helvet saisit le dénommé Aster par la hanche. Ce fut elle, et elle seule, qui l’entraîna vers les murailles du palais. Personne n’intervint entre eux. La marchande dégageait une telle volonté que celui qu’elle soutenait, de deux fois sa taille, en parut fragile. D’où revenait ce Aster, sinon de l’enfer ? Le claquement de sa canne accompagna chacun de leurs pas.
Loup se joignit à la Capitaine pour les suivre. Incertain de sa place dans la lente tragédie qui se jouait, il se contenta de l’observer à distance. Un silence entoura la garde dans l’allée conduisant au palais. Le peuple les regarda passer. Commençaient-ils à comprendre qu’un événement majeur tournoyait autour du Médicant blessé ? A défaut d’un sens, certains se mirent à cheminer derrière eux.
Une mère et sa fille se serrèrent l’une à l’autre. Elles emboîtèrent d’instinct le pas à la procession et Loup entendit ce qu’elles se chuchotèrent.
« Maman, la créature, elle pleurait ?
— Je ne sais pas, mon étoile. Mais les hommes oui et il ne faut pas en avoir honte. Nous allons nous en sortir... »
Elle parlait autant pour consoler son enfant que se rassurer elle-même. La question dérangea Loup. Il relégua cette gêne au second plan de ses pensées, inquiété par la silhouette drapée dans son sari bleu en haut des marches du palais. L’Altesse Kalire jeta sur Aster un regard plein de haine, que le guérisseur encaissa sans broncher. La procession s’arrêta.
La princesse descendit l’escalier de marbre aussi blanc que l’écume et s’avança vers le Médicant.
« Ludalien, asséna-t-elle d’une voix tremblante, mes parents vont te recevoir. Mais avant, je veux des réponses. Pourquoi es-tu ici ? Où est mon frère ? »
L’expression sur le visage d’Aster n’exprima que remords.
« Il est mort, Votre Altesse. Ils le sont tous. Depuis trois jours déjà. »
Kalire le fixa sans bouger. Une onde de pure souffrance traversa ses traits. Comment tenait-elle encore debout ? Restée droite par l’unique force de sa volonté, elle se détourna et rentra dans son palais de calcite, veiné d’or. Le toit détruit n’aurait su ternir la majesté des dômes vert-de-gris. Le cortège continua sous ses voûtes.
Au bout d’un interminable tapis de soie ocre, quatre trônes surplombaient la salle d’audience. La reine au port altier et son mari patientaient ensemble dans ceux du milieu. Ils avaient les mains liées. Kalire prit sa place sur le siège de droite. A leur gauche, la place inoccupée jeta son ombre sur les visiteurs.
Loup prit sa place au côté de la Capitaine et des gardes. Des gens du peuple se mêlèrent aux différentes castes, soldats, Sorboristes ou guérisseurs, venus pour écouter. Helvet amena le Médicant devant ses souverains. Cible de tous les regards, Aster s’inclina avant de prononcer sa sentence. Assez fort pour que tous entendent.
« Il ne reste de Ludalie que des cendres. »
Des gémissements fusèrent. La reine ferma les yeux. Dire ce qui le hantait ouvrit le barrage de ses lèvres, Aster céda sous la vague des souvenirs.
« La bête nous a surpris en pleine nuit. Je veillais dans le dortoir des Médicants quand j’ai senti nos murs gronder. Le plafond s’est fissuré sur sa longueur. J’ai plongé sous la table de mon bureau, mais le bâtiment a craqué et s’est écroulé sur mes collègues. Pour me sortir de ce piège de fumée, j’ai rampé sur leurs cadavres.
« Dehors, son profil blanc semait la destruction. Elle a d’abord incendié le quartier des dryades. Lorsque les maisons de lianes se sont embrasées, sa gueule de lave s’est orientée vers le château. Son corps massif a pulvérisé les tours, une par une. Nos murailles se sont changées en tombeau.
« Plus vite qu’une ombre, elle a fusé dans le ciel sombre et a disparu. J’ai titubé sur la scène de son carnage. Fouillé les décombres, en quête de survivants.
« J’étais seul.
« Bientôt, j’ai identifié les corps. Mes collègues et amis. Mes parents. Mon mentor. Notre roi, sa reine, tous les dryades de l’armée sylvestre. Je n’ai pas trouvé ma petite sœur. Ni la princesse Faken. Mais j’ai vu les gardes constituant l’escorte de votre fils héritier, l’entourant même dans la douleur.
« Le prince Délio lui-même était au milieu de ses soldats. Peut-être asphyxié par la suie viciant l’air. Je suis désolé. »
Il vacilla sur sa jambe invalide. Tête droite, il puisa la force de se maintenir sur sa canne par nul ne savait quelle rigueur d’esprit. La reine, elle, s’était changée en statue. Son mari poussa une lamentation à en déchirer les voiles Sorboristes. Tous semblèrent partager le même deuil, la même souffrance.
Cela éveilla en Loup un souvenir déchirant, poussant son empathie jusqu’aux limites du supportable. Il voulait s’enfuir. Il voulait s’éloigner de ces gens dont il lisait l’infinie détresse.
Comme il avait fui la sienne.
Sitôt ce sentiment éclos, le poids familier de la culpabilité le brisa. Qu’aurait-il pu faire ? Agir ? Parler ? Ce n’était pas sa ville, pas son chagrin. Minuscule ressort mal ajusté, contraint à une inaction qu’il jugeait préférable au risque de gêner.
Insensible en apparence, motivée peut-être par la rage qu’Aster lui inspirait, Kalire ordonna au Médicant de continuer.
« As-tu suivi la Wyverne jusqu’à son nid ?
— C’est ce qu’elle était ? murmura Aster. Non, à vrai dire. Je ne me suis pas attardé en ville. J’ai voulu venir vous retrouver, chercher du secours.
« Cet objectif m’a délogé de ma stupeur. Je me suis enfoncé dans la Bordure, m’y frayant un chemin tout en ménageant ma jambe. J’ai sommeillé dans les ruines du vieux manoir de recherche. Mais le second soir, un rugissement m’a saisi à bras le corps. La bête me survolait et se dirigeait droit vers la mer. »
Il grimaça. Son regard se coula vers la foule et, plus précisément, s’attarda sur Helvet. Elle avait rabattu le bord de sa capeline rouge sur son visage. Aster serra la poignée de sa canne.
« J’ai dès lors eu pour priorité de la devancer. J’ai franchi la jungle aussi vite que possible. Au pont de pierre, j’ai harnaché le transport que la Capitaine Vach a apprêté pour nos urgences. Le dernier chariot surde, tiré par les derniers rapaces algueux.
« Deux ont péri dans le triangle. Le chariot lui-même s’est disloqué en remontant les chutes de la Haute mer. Il ne restait qu’un tiercelet, moi sur son dos. Nous avons atteint l’orée d’Icarie. Mais ma monture a succombé d’épuisement et s’est noyée là. J’ai flotté sur une lieue, certain que j’allais y passer à mon tour.
« C’est une Sorboriste en transport commercial qui m’a secouru. Sous mes sollicitations pressantes, elle m’a conduit au port. Nous avons accosté et contemplé le désastre que la créature avait causé ici.
« J’arrivai trop tard. »
L’émotion lui écorcha la voix et une fêlure plus vaste que la salle d’audience s’abîma en lui. Avec une lenteur infinie, il obliqua vers Helvet. Cette dernière ne réagit pas. Comme si son absence de réaction lui niait le droit de tenir debout, Aster esquissa un geste puis s’effondra.
Des Médicants icariens se précipitèrent sur lui. La silhouette encapuchonnée d’Helvet tituba à son tour. Ce fut Loup qui la rattrapa. Il la retint par le bras et, mu par une intuition, il l’invita à suivre la cohorte de guérisseurs dans un couloir adjacent à la salle d’audience. Le chaos explosa derrière eux.
« Cette séance est levée ! résonna la voix de Kalire. J’implore votre calme. Prenez du repos, soignez vos blessés, nous honorerons nos morts demain… »
Ils s’enfoncèrent dans une partie du palais qui ressemblait à s’y méprendre au dispensaire qui avait brûlé. Une série de portes comportaient les mêmes pancartes que celle de la fillette à la disparie. L’une d’elles s’entrouvrit, dévoilant une pièce munie d’un lit, d’un chaudron et d’une armoire de concoctions.
Loup se retira dans un coin. Cette dépendance royale expliquait la présence de Médicants survivants. Aster fut allongé sur la couchette, ses cheveux bouclés s’épanchant autour de lui comme un nuage châtain. Presque incongru, au centre de cet univers blanc.
Ses yeux d’ardoise ne quittèrent pas la Sorboriste. Helvet s’approcha. Elle baissa sa capuche et plongea son regard vert dans le sien.
« Vieux toucan. Comme toujours, tu as été remarquable.
— Helv…
— Chut, ça va aller. Ils vont bien s’occuper de toi. Je parie que tu ne laisseras personne t’immobiliser ici plus d’une journée, pas vrai ?
— Helvet...
— Il a toujours été comme ça, ajouta-t-elle en s’adressant à la chambre entière. Depuis notre plus tendre enfance. Il ne peut pas s’empêcher de pousser son corps à bout. Le comble pour un guérisseur, vous ne croyez pas ? »
L’humour de son ton s’érailla. Aster leva le bras et posa sa main chaude contre la joue de la Sorboriste.
« Ton père me manquera. Il était mon mentor et mon modèle. »
Sa voix se réduisit à un souffle. Helvet saisit ses doigts et enfouit son nez contre sa paume. Leur peine et leur intimité ébranlèrent Loup. Une fois de plus, il assistait à un deuil qui le renvoyait à ses propres fantômes. L’image de Flo ondoya près de son cœur. Il laissa son âme divaguer tandis que la fenêtre diffusait une brise à l’odeur marine.
« Aster ?
— Oui ?
— Je suis contente que tu sois revenu. »
*
Les dragons pleurent-ils ?
Dans le lit de l’auberge, plongé dans la clarté nocturne, Loup repensa à la question qu’il avait surprise dans la bouche de l’enfant durant la procession. Maman, la créature, elle pleurait ? Cette gêne qu’il avait ressentie se heurta à son esprit comme les vagues au-dehors. Il entendit lui répondre les érudits du Magistère, de leur ton d’autorité.
Ces reptiles possèdent une sous-paupière qui se soulève parfois pour leur protéger l’œil. Ils sont physiologiquement incapables de pleurer.
Pourtant, son grand-père adoptif racontait à Loup lors des veillées comment les dragons avaient pleuré pour la chute des étoiles, le fracas des chaînes de montagnes lors de leurs déchirures ou l’assèchement des océans en désert.
Depuis l’avènement de la cité d’Ys, toutefois, aucun n’a versé une larme. Les dragons se soucient peu des détresses qui agitent les hommes.
Alors pourquoi la Wyverne avait-elle pleuré ?
Comme une enfant.
La lune seule lui renvoya un rayon d’argent nimbé de mystère. Elle garda jalousement les réponses aux mille-et-une questions qui tournoyèrent à l’esprit du jeune mage.
Celles des savants comme celles des poètes…
Je suis étonnée par la générosité de ce chapitre. (Tu as écrit un outline ? Si oui, est-ce que je pourrai le lire ?) Tu donnes tellement en histoire, personnages, ambiance : c'est dense, et en même temps c'est fluide. J'ai tellement pris l'habitude de la façon d'écrire actuelle, qui est de diluer un peu d'action dans beaucoup de rien, que j'avais perdu de vue qu'on avait le droit de donner beaucoup en peu de temps. Je ne sais pas si c'est clair, mais en tout cas c'est vraiment ça qui est ressorti de ce chapitre.
Très émouvant de nouveau.
Beaucoup de questions dans ma tête.
Mes réactions au fur et à mesure de la lecture :
"Il manqua vomir, mais elle l’aida à déglutir et bientôt au goût acide fit place une sensation de puissance."
J'ai ri, parce que j'ai essayé de m'imaginer aider quelqu'un à déglutir, et ça donnait des trucs improbables. Genre je leur appuyais sur le ventre. Je leur serrais les mâchoires. Je les secouais par les épaules. Je n'ai pas trouvé de solution ou image satisfaisante.
« On ne t’a jamais dit que c’était malpoli d’écouter les conversations des autres, Loupiot ? »
La transition marche. De même que celle sur le dernier chant de la dragonne. Tu articules des morceaux qui ont différentes tonalités, tu nous guides, et c'est fluide.
"Lui-même et son Florian en avaient subi les affres."
Mon coeur a fait une chute libre à "son".
"Dépendre d’un autre pour tout reconstruire a ceci de terrible qu’il nous reste une dernière chose à abîmer : l’espoir."
Je vois ce que tu veux dire, mais j'ai dû relire la phrase. Il y a peut-être une façon de la simplifier. Peut-être la couper en deux ?
"Féroce comme une dhole et maligne telle une chercheuse ! As-tu grandi dans la jungle, béjaune ?"
Je suis comme une gosse quand je lis des phrases comme ça. Ça me donne l'impression que cet univers est infini.
"Ce ne sera pas nécessaire, l’oisillon"
AHAHA, surnom approuvé.
"Il est mort, Votre Altesse. Ils le sont tous. Depuis trois jours déjà."
#ChoquéePasDéçue
« J’arrivai trop tard. »
À l'instinct, je le mettrais à l'imparfait plutôt.
"Une fois de plus, il assistait à un deuil qui le renvoyait à ses propres fantômes. L’image de Flo ondoya près de son cœur."
Je pense que tu n'as pas besoin de ces phrases, car je le sens maintenant, dans le sens où je me sens assez connectée à lui pour savoir qu'il vit le deuil par empathie, qu'il revit le sien en permanence en fait, et que la personne la plus importante pour lui c'est Flo.
"Les dragons pleurent-ils ?"
... Ça me donne envie de pleurer rien que d'y penser. S'ils restent une partie très importante du roman, je pense que ça pourrait être un titre, parce que je vois ça sur une couverture, et le roman je l'achète direct.
Si par outline, tu entends synopsis de travail, oui ! J'ai détaillé mes scènes dans une construction chapitre par chapitre avant la réécriture. Aucun souci pour te montrer ça à l'occasion, je travaille par contre majoritairement sur carnet - alors je le transcrirais ou le prendrais en photo si tu veux ! Ce que tu dis est clair, et merci pour ton commentaire. J'ai tendance à densifier mes actions parce que j'ai toujours peur que le lecteur s'ennuie - ma hantise, vraiment (et puis j'aime quand ça bouge).
Krkr, pour déglutir, ce n'était pas précis effectivement ! Je voulais parler de serrer les mâchoires. En fait, c'est ce qu'on fait aux chats pour leur faire prendre leurs médocs ! Serrer la bouche jusqu'à les entendre avaler. Je vais retravailler ça !
Super pour les transitions. ♥
Et je suis ravie de voir que tu t'attaches aux personnages au point que ton cœur chute pour eux.
Pour l'espoir à abîmer, je vais reformuler ça. *retrousse ses manches* (Je pense à "Dépendre d'un autre pour se reconstruire est une chose terrible. Car il nous reste à abîmer l'espoir." ou quelque chose du genre.)
J'ai pouffé à ton approbation du surnom, krkr. Et la Capitaine est une spécialiste des expressions du genre envolées !
*J'arrivais trop tard, noté.
Je vais voir pour fluidifier ces phrases, ou juste les couper. Peut-être enlever la première et garder la seconde sans forcément mentionner Flo, juste pour insister sur l'instant de flottement induit par le verbe "ondoyer" ?
Ils sont une partie très importante du roman, mais pas dans le sens où tu l'entends. En tout cas, pas jusqu'à devenir le titre de cette histoire - mais pour une prochaine, qui sait ?