Chapitre 47 : Hans

Par Zoju
Notes de l’auteur : J'aimerais beaucoup avoir votre avis sur ce chapitre. J'espère qu'il vous plaira. Bonne lecture ;-)

- On en a terminé pour aujourd’hui, m’informe Gleb après avoir retiré l’aiguille de sa seringue de mon bras. J’espère avoir les résultats de cette prise de sang rapidement.

- À quelle heure souhaitez-vous m’avoir demain ?

- Inutile de venir demain. Les analyses ne seront pas encore achevées. Tu as quartier libre. Profites-en pour te reposer un peu.

- Très bien.

Je me lève de la chaise où j’étais assis.

- Je vais me changer, déclaré-je.

Je n’ai qu’une hâte : enlever cette sorte de robe de nuit d’hôpital tout bonnement horrible que l’on m’oblige à porter pendant les examens.

- Un instant, Hans.

Je reporte mon attention sur le médecin et l’invite d’un hochement à continuer.

- Toujours aucun effet secondaire indésirable de ton côté ? s’enquiert-il.  

Un silence passe avant que je secoue la tête.

- Aucun.

Un sourire fugace apparait sur ses lèvres avant de disparaitre aussitôt.

- Tant mieux, mais n’oublie pas, s’il y a le moindre souci, je dois être au courant.

- Ce sera fait.

Sur ces paroles, je tourne les talons et le quitte pour de bon.

 

Il est assez tôt quand je termine de manger. Au menu, rien d'exceptionnel : ratatouille de légume, mais c’est toujours aussi bon. Je suis content d’avoir retrouvé un certain appétit. Laurine est en face de moi et me raconte sa rencontre avec Orso.

- Quand il est arrivé au camp, on le détestait tous pour ce qu’il représentait, même si de mon côté c’était plus par principe qu’autre chose. Malgré ça, je dois avouer que je lui trouvais un petit charme fort sympathique. Le problème, c’est que j’avais bien trop de fierté pour le reconnaître.

Elle rit à cette phrase avant de poursuivre.

- J’ai décidé de montrer les dents. Malheureusement pour moi, je suis rapidement tombée amoureuse. Il était beaucoup trop gentil et il a fallu d’une mission avec lui pour que je craque complètement. On venait de réussir un raid, mais alors que nous prenions la fuite, je me suis tordu la cheville. Les militaires étaient tout proche et malgré le danger il a refusé de me laisser derrière lui. Autant te dire qu’après ça, c’était l’homme de ma vie. Ça parait simple de cette manière, mais de tous les hommes que j’ai côtoyés, aucun ne m’a regardé comme lui me regarde. Pour lui, je suis son égale et il sait que c’est réciproque. Même si ces derniers temps, il me couve beaucoup trop.

Elle caresse son ventre avec tendresse.

- Mais je lui pardonne pour cette fois, murmure-t-elle. Car je sais que ça en vaut la peine.

- Comment comptez-vous l’appeler ?

Ma voisine met son doigt sur ses lèvres.

- C’est notre secret.

Je souris.  

- Je comprends. En tout cas, je suis certain que vous ferez des parents merveilleux. Vous avez beaucoup de chance.

La tristesse semble naitre sur le visage de Laurine.

- J’espère que ça sera aussi ton cas, Hans.

Je me redresse sur le banc où je suis assis, un goût amer dans la bouche.

- J’aimerais tellement, mais pour l’instant c’est impossible. La seule personne que je veux comme mère pour mes enfants n’est pas à mes côtés et sincèrement avec cette maladie dans mes veines, j’ignore si je le désire vraiment. Je ne laisserai pas d'orphelins derrière moi.

- Ne dis pas ça. Tu es en vie.

- Pour combien de temps, encore, soupiré-je, las. Tu sais, Laurine. Il y a des jours où j’en ai assez d’être optimiste. Je ne réclame pas la lune. Je veux simplement être avec les personnes que j’aime, mais même ça, on me l’enlève.

Ses doigts se déposent sur les miens.

- N’abandonne pas, Hans. C’est tout ce que l’on te demande.

- Je vais essayer.

Des promesses… Je ne veux plus faire de promesses que je suis incapable de tenir. À mon grand soulagement, Laurine se contente de ça. Nous terminons de manger en silence. Aïko qui était en cuisine nous rejoint, une carafe d’eau en main.

- Un peu d’eau, Hans ? me demande Aïko.

J’avale la nourriture que j’ai en bouche.

- Avec plaisir.

Mais alors que je lui tends, mon verre m’échappe et se fracasse sur le sol. Instinctivement, mon poing s’enfonce dans la poche de mon pantalon. Une sueur froide glacée me parcourt tandis que je fixe les débris de verre.

- Je suis désolé, dis-je d’une voix blanche.

Aïko s’est déjà accroupie pour ramasser les éclats de verre. Je me penche en avant pour l’aider, mais d’un geste elle me fait signe que c’est inutile.

- Ce n’est rien, Hans. Une maladresse de ce genre peut arriver à tout le monde.

Je me tais. L’attention préoccupée par autres choses. Les traces de l’accident disparaissent rapidement. N’y tenant plus, je m’invente une excuse et m’éclipse pour gagner ma chambre, la main toujours cachée. Ce n’est qu’à l’abri des regards que je la sors pour la contempler. Elle tremble. Pour mon esprit, c’est comme un déclic et il est sur le point de basculer. J’ai brusquement chaud.

Non !

Je ferme le poing, mais ça ne stoppe en rien les spasmes. Au fur et à mesure que l’angoisse augmente en moi, ma respiration devient pénible. Je m’oblige à lui faire retrouver un rythme normal. Mon dos se colle au mur et je me laisse glisser au sol.  

- Respire, Hans. Tout va bien. Calme-toi. Ce n’est pas grave.

Mon ton est mécanique. C’est comme un mantra me permettant de reprendre le contrôle. Malheureusement, cette fois-ci, je comprends que ce ne sera pas suffisant. Je sens que la crise n’est pas loin. Elle grossit au fond de moi et n’attend qu’à exploser. Je dois penser à autre chose. Un conseil de Gleb se rappelle à moi et je me mets à chanter. C’est fort et faux, mais ça a au moins le mérite d’atténuer les battements de mon cœur. Lorsque j’ai retrouvé un semblant de calme, je m’autorise enfin à contempler ma main. Les tremblements persistent. Le poids dans ma poitrine s’alourdit à nouveau et la panique regagne du terrain. Je ferme les yeux et expire lentement.

Respire, Hans. Tout va bien. Calme-toi. Ce n’est pas grave.

Les minutes s’écoulent pendant que je les laisse glisser sur moi sans bouger. Pendant un instant, je crache sur l’imbécile que je suis. Pourquoi est-ce que je n’ai rien dit à Gleb tout à l’heure pour mes tremblements ? Peut-être parce que je ne souhaite pas penser à la lente agonie qui me guette. Alors, je minimise. Au fond, ce n’est pas si grave. Une tremblote de temps à autre, ce n’est pas ça qui va me tuer et puis ce n’est sans doute que passager. Ce n’est apparu qu’il y a cinq jours et c’est la troisième fois que ça se manifeste. Rien de grave en soi. C’est vrai ça. Rien de grave en soi. Il faut simplement ne plus y penser.

Ne plus y penser. Ne plus y penser.

Je zieute vers mon lit et une urgence s’empare soudain de moi. Dormir… C’est ça que je dois faire ! Je me redresse avec difficulté et me dirige fébrilement vers mon matelas où je me jette pratiquement dessus. Maintenant que l’idée est ancrée dans mon esprit, c’est viscéral. Endormi, je n’aurais plus à me préoccuper de ça pendant quelques heures. Je glisse ma main sous mon oreiller et attrape une tablette de somnifères. Que ce soit Tiphaine ou Gleb, ils ont toujours refusé de m'en prescrire. Avec mon traitement, ils craignaient que ce ne soit pas compatible. Si au départ, j’ai accepté. La semaine passée après une nouvelle nuit blanche, j’en ai eu assez et j’ai attendu que le médecin ait le dos tourné pour remplir mes stocks. Je devrais avoir honte. Je n’ai pas le moindre remord. Je ferais n’importe quoi pour retrouver cette paix qui ne cesse de me fuir depuis trop longtemps. Mes gestes sont saccadés et je dois m’y reprendre à plusieurs fois pour récupérer mon trésor. Je fourre une pilule dans ma bouche et l’avale. Les effets se font rapidement sentir et c’est avec bonheur que je sombre enfin dans un sommeil sans rêves.  

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Sklaërenn
Posté le 21/02/2022
Yopla !

"- On en a terminé pour aujourd’hui, m’informe Gleb après avoir retiré l’aiguille de sa seringue de mon bras. J’espère avoir les résultats de cette prise de sang rapidement." Je pense que tu peux te passer de "sa seringue ' c'est implicite, surtout avec la phrase suivante ;)

"L’attention préoccupée par autres choses. " autre chose

Mamah, pauvre Hans... Fuir la réalité ne va pas l'aider et en même temps, je comprends tellement :/ J'espère juste qu'il va tenir ( voire guérir par je ne sais quel miracle ;-; )
Zoju
Posté le 21/02/2022
Salut ! Contente de te retrouver sur ce chapitre ! J'avoue, que ce soit Elena, Hans ou Isis aucun ne va très bien dans ces derniers chapitres. Chacun a son démon à combattre. Ils luttent pour réussir à garder la tête hors de l'eau, mais ils ont beaucoup de mal.

Merci pour les corrections, je vais changer ça ! En tout cas, j'espère que la suite continuera à te plaire ! J'ai hâte de te la faire découvrir :-)
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