Chapitre 5 - Baptiste

Notes de l’auteur : (Je suis de retour!) C'est un chapitre assez long, j'ai eu du mal à l'écrire mais je contente de l'avoir enfin terminé ! J'espère qu'il vous plaira, bonne lecture.

Baptiste peinait encore à réaliser ce qu’il avait fait quelques heures plus tôt. Son cœur battait si fort qu’il jurerait pouvoir l’entendre. Son front était collé contre la vitre froide du bus. L’étudiant souriait fiévreusement aux bâtiments qui défilaient devant lui. Pour une fois, il n’avait pas sorti ses notes de cours. Impossible de penser à autre chose qu’à l’objet caché au fond de son sac. Baptiste avait pris un grand risque. Il devrait avoir peur, mais son euphorie était plus forte. Il était trop tard pour faire machine arrière de toute façon.

Arrivé chez lui, il découvrit de nouveaux cartons éparpillés au milieu du salon, certains même empilés par-dessus ceux qu’il avait entraperçus ce matin avant de partir à Beausel. Alice Chedot était assise à même le sol, occupée à trier des vêtements étalés sur le canapé, les fauteuils, le buffet de l’entrée et la table basse.

« Je suis de retour, annonça Baptiste. »

Alice releva la tête trop brusquement pour que le geste soit naturel. Lorsqu’elle reconnut son fils, son visage s’illumina instantanément. Elle aurait besoin de plusieurs jours de repos, voire de plusieurs semaines pour réaliser pleinement que ses jours de prison étaient loin derrière elle.

« Tu as passé une bonne journée ? demanda-t-elle maladroitement.

— Comme d’habitude. Papa est à la maison ?

— Il est parti régler quelques documents chez l’avocat. Il sera de retour vers 20 h. Est-ce que ça te va si l’on commande à manger ce soir ? Je n’ai eu le temps de ne rien préparer.

— C’est parfait. Je monte dans ma chambre, j’ai des devoirs pour demain. »

Baptiste se retint de dévaler les escaliers. Il referma soigneusement la porte de sa chambre et déversa le contenu de son sac sur le lit. La pierre qu’il avait dérobée à Constance Valois une heure plus tôt tomba entre ses livres de cours. Il porta son acquisition sous la lumière de sa lampe de bureau. Il ne croyait pas la chance qu’il avait de pouvoir tenir un tel objet entre ses mains. Un coup d’œil avait suffi à l’historien pour reconnaître une tablette arkhydienne.

Ces tablettes d’argiles servaient jadis de support pour sceller des contrats ou des marchés entre les hauts dignitaires de l’ancien royaume de Mezdha. S’il s’agissait de simples messages, les parchemins étaient préférés aux tablettes. Avant même de pouvoir lire ce qu’il y avait d’inscrit, Baptiste avait reconnu la couleur si particulière et caractéristique de l’argile utilisée. Elle était d’un ocre très pâle, pailleté de gros morceaux de mica blanc et noir. La pierre avait scintillé lorsque Constance l’avait faite tourner entre ses mains. Même à quelques mètres de distance, Baptiste avait immédiatement repéré cette originalité. Rare et chère, cette argile ne pouvait venir que des carrières du nord du désert de Minh. Et ce n’était pas même le plus spectaculaire. L’exploitation de cette argile s’était arrêtée quelques mois seulement après la chute du royaume de Mezdha en l’an 29. Si son hypothèse était correcte, la pierre qu’il tenait entre ses mains datait d’au moins trois siècles.

La sonnerie de la porte d’entrée retentit et l’arracha à ses pensées. Ce n’était pas son père, Benoît avait un jeu de clé. Baptiste se mit à lister les pires scénarios, le ventre noué. Il était bien trop jeune pour aller en prison. Il balaya la pièce du regard à la recherche d’une cachette pas trop évidente. Il élimina ainsi d’office le bureau et le lit et ouvrit son armoire. Il glissa la pierre dans la poche d’une veste prise au hasard. Pour la première fois de sa vie, il regretta de ne pas posséder plus de vêtements que le strict nécessaire. Pour la créativité, on repassera.

« Baptiste ! l’appela Alice. »

Baptiste descendit les escaliers en s’efforçant de se calmer et de se raisonner. Il était bien trop tôt pour que les autorités aient découvert qu’il avait en sa possession un objet interdit. Une fois dans le salon, il se demanda s’il ne regrettait pas finalement la milice, lorsqu’il découvrit Constance Valois, parler le plus naturellement du monde à sa mère.

« Te voilà Baptiste. Il paraît que ton portable est déchargé. Ta pauvre camarade de classe a dû faire tout ce chemin pour venir te retrouver. »

Comme s’il était possible dans ce plan de l’existence que Constance Valois ait son numéro de téléphone.

« Excusez-moi de vous déranger, madame Chedot. Je ne me serai pas permis de venir si ce n’était pas urgent. Comme je vous le disais, nous avons une présentation à la première heure demain matin avec Baptiste, et je me suis rendue compte cet après-midi qu’il nous manquait toute une partie à mettre en commun.

— Tu ne nous déranges absolument pas ! Baptiste venait de se mettre au travail justement. »

Alice jetait des regards en coin à son fils. Elle parvenait mal à dissimuler sa joie teintée d’un certain étonnement. Son fils ne parlait jamais de ses camarades de classe lors de ses visites à la prison. Elle s’était plusieurs fois inquiétée qu’il soit seul et malheureux à Dane. Baptiste n’avait pas le cœur de démentir. Les yeux au sol, il grommela à Constance de le suivre dans sa chambre.

Baptiste ne s’était pas préparé à se confronter à Constance avant le lendemain, une fois à l’université. Elle l’avait totalement pris de court. Elle le suivit dans les escaliers tandis qu’il rebroussait chemin avec réticence. Elle porta un regard interrogateur vers les nombreux cartons entreposés au salon. Baptiste réalisa étrangement qu’il était soulagé qu’elle ne fasse aucune remarque. 

Constance entra dans la chambre de Baptiste comme si elle était chez elle. Elle jaugea rapidement la pièce de 5 m2 avant de s’asseoir sur la seule chaise disponible, croisa les jambes et attendit qu’il ferme la porte pour demander avec autorité :

« Où est-elle ?

— Je n’ai aucune idée… 

— Ma pierre, rends-la-moi. 

— Comment as-tu trouvé mon adresse ?

— J’ai mes contacts à l’administration. Avant que tu me dises que c’est une donnée personnelle et privée, je te rappelle que tu es le premier à être en tort. Tu es un voleur.

— Je n’ai aucune pierre. 

— Tu es le seul à l’avoir jamais vue, et je ne pense pas qu’elle se soit volatilisée dans la poche fermée de mon sac, si ? » 

Son intonation sur le « si » était étonnante. Comme s’il ne s’agissait pas d’une question rhétorique. Baptiste inspira profondément. Il refusait de céder à la panique qui montait insidieusement en lui. Constance était convaincue qu’il était coupable. Il envisagea de continuer de nier jusqu’à ce qu’elle s’en aille. Il aurait le temps de trouver un meilleur endroit pour cacher la tablette, mais il prenait le risque qu’elle alerte Alice à quelques mètres d’eux seulement. Baptiste n’osait pas imaginer la réaction de ses parents s’ils apprenaient qu’il n’avait aucune intention d’arrêter ses travaux d’historien. Plus important, il perdrait à jamais l’occasion de savoir si Constance possédait d’autres informations cruciales, relatives à la tablette. Sa curiosité l’empêchait de laisser passer une telle chance d’en apprendre davantage. Il allait devoir se montrer prudent et convaincant. Un mot de trop, et l’historien signait son aller simple pour Barren.

« Sais-tu seulement ce que c’est ?

— Pourquoi est-ce que je devrais te le dire ? Tu m’as pris quelque chose qui m’appartient. Je veux le récupérer.

— Ce n’est pas si simple.

— Oui ? C’est ce que nous verrons. » 

Constance fit mine de se lever, mais Baptiste la retint par les épaules.

« Attends un instant. Crois-moi, tu ne veux pas faire cela. » 

Elle porta un regard soutenu sur les mains de Baptiste.

« Donne-moi une seule raison de ne pas t’envoyer au tapis maintenant. » 

Baptiste se rappela promptement que Constance Valois avait remporté plusieurs tournois de boxe interuniversités dans l’équipe féminine. Elle était une petite célébrité à Beausel. Il retira aussitôt ses mains.

« Je te dirais ce que tu veux savoir, mais avant ça, j’ai besoin que tu m’en dises plus. Où as-tu trouvé cette pierre ?

— Je croyais avoir été suffisamment claire. Je suis seulement venue reprendre ce que tu m’as volé. Je n’ai pas l’intention de passer un interrogatoire. » 

Baptiste s’affaissa sur le rebord du lit. Il était très peu probable que Constance connaisse la véritable nature de la pierre. Elle ne l’aurait jamais amenée à l’université et sortie à la vue de tous sinon. Il ne pouvait qu’espérer que malgré ses propos, elle ait envie d’en apprendre davantage.

« Je peux te dire tout ce que je sais sur cet objet. En particulier, pourquoi il ne vaut mieux pas être en sa possession. Je ne te demande que deux choses en retour. D’abord, promets-moi de ne dire à personne ce qu’il va se dire ici. J’insiste. Tu disais que je suis le seul à avoir vu cette pierre depuis que tu l’as ? C’est parfait. Ça doit rester ainsi. Si tu venais à en parler à un proche, tu ne lui ferais pas un cadeau. Et c’est un piètre euphémisme. Deuxièmement, explique-moi comment tu as pu te retrouver à avoir cette pierre en premier lieu… S’il te plaît. » 

Constance fit mine de réfléchir.

« Tu es vraiment gonflé de poser tes conditions. Prouve-moi d’abord que tu en sais plus que moi et j’accepterai. » 

Baptiste voyait la possibilité de s’en sortir rétrécir à chaque intervention de Constance. Il avait l’impression de lui tenir tête depuis plusieurs heures, alors qu’il ne s’était pas écoulé cinq minutes depuis qu’elle avait débarqué chez lui. Il hésita. Pour se donner de la contenance, il se leva et alla chercher la précieuse pierre dans son placard.

« Il s’agit d’une tablette manuscrite.

— J’étais sûre que c’était un texte, dit Constance. Il me semble en avoir vu une écriture similaire au musée archéologique.

— C’est probable. Impossible d’être précis sur la période, ou même la langue utilisée.

— Je croyais que tu étais un étudiant en linguistique.

— La linguistique ne m’aiderait pas à traduire cette pierre, mais il se trouve que j’étudie également la paléographie. Je ne sais pas à quelle période cette écriture correspond, car il s’agit d’un code et non pas d’une langue.

— Un code ? Il doit être vieux, non ? On n’écrit plus dans la pierre depuis des siècles.

— Probable, répéta Baptiste. Il est rédigé en écriture cunéiforme. Tu peux le voir, car les signes ont la forme de clous. Le système de base est plus simple que notre alphabet. La difficulté est que cette écriture connaît des variations presque infinies dans l’histoire. Elle a été largement retravaillée par différents systèmes de codage afin que seuls le rédacteur et le destinataire puissent déchiffrer le message. L’écriture cunéiforme a été inventée en 4900 avant Claude Sauffroy Ier, mais cette tablette n’est pas aussi vieille. Les premières formes d’écriture n’avaient pas autant de variations. Tu vois ici ? Ce signe en bas à gauche. Il ressemble à une pointe de flèche striée de deux clous qui forment un angle à 20°. Ce signe n’est utilisé que depuis le IIIe siècle avant Claude Ier. Le cunéiforme est revenu à la mode entre -300 et 100 à Mezdha, Erret et Vinterspeil, pour envoyer des messages codés. La langue originelle avait disparu depuis des millénaires. Enfin, même si le papier était déjà largement répandu à cette période, on pouvait encore préférer la pierre quand le message inscrit avait vocation à durer. En conclusion, quelqu’un a pris la peine de coder un message et de le graver dans une argile capable de traverser les siècles. Cette tablette n’est certainement pas anodine. » 

Baptiste s’arrêta de parler. Il avait réussi à ne révéler aucun élément incriminant sans avoir eu besoin de mentir. Il était inhabituel qu’un simple étudiant soit spécialiste de cette écriture, même en paléologie, mais il était peu probable que Constance découvre que même le professeur Maurin n’aurait pas su différencier une écriture cunéiforme originale de son utilisation dans les tablettes arkhydiennes.

« Je ne comprends toujours pas pourquoi je ne dois pas en parler. » 

Ses explications n’avaient visiblement pas époustouflé Constance. Baptiste n’avait jamais parlé d’histoire avec une autre personne que sa famille pour des raisons évidentes. Il ne pouvait s’empêcher d’être déçu par le manque d’enthousiasme de Constance. Ce qui était idiot. Il se rappela la mise en garde de son oncle Vincent. Les historiens vont presque toujours d’eux-mêmes à leur perte. Lorsqu’ils découvrent quelque chose, ils ne peuvent s’empêcher de vouloir en parler, de partager leur joie avec leur voisin, et de transmettre leurs connaissances pour qu’elles ne disparaissent pas. Ils ont du mal à accepter que les mystères du passé ne passionnent pas tout le monde. Vincent l’avait aussi mis en garde contre les belles femmes. Baptiste chassa ce souvenir aussi rapidement qu’il était arrivé. Son oncle disait aussi beaucoup de bêtises.

« Par le passé, on a découvert en grand nombre des tablettes qui dataient du début de l’ère Sauffroy et qui comportaient des informations compromettantes envers la famille royale. Elles étaient particulièrement virulentes contre le fondateur de la dynastie, Claude Ier. Depuis cette époque, les tablettes de ce genre sont automatiquement détruites dans notre royaume, sans que l’on ne cherche plus à les déchiffrer.

— Tu aurais dû commencer par là ! Nous devons donner cette pierre aux autorités.

— Nous ne pouvons pas faire ça. Tu n’as pas compris ? Cette pierre est très certainement illégale.

— Justement. »  Elle haussa un sourcil. Baptiste sentait ses mains devenir moites.

« Je veux simplement dire qu’il faut prendre ses précautions, improvisa-t-il. Ce serait idiot de se retrouver en prison sur un simple malentendu. Car si cette tablette comporte effectivement des informations compromettantes envers la dynastie Sauffroy, on pourrait avoir de sérieux ennuis.

— On ne va quand même pas m’arrêter, alors que c’est un pur hasard qu’elle soit arrivée entre mes mains. Je n’ai jamais rien demandé.

— Tu es tombée dessus par hasard ? Comment est-ce possible ? » 

Sans avoir l’air d’en avoir conscience, Constance se mit à manipuler ses bracelets nerveusement. Le détail retint l’attention de Baptiste. Il serait présomptueux de sa part de dire qu’il connaissait bien la fille la plus populaire de Beausel, simplement, elle semblait être le genre de personne à ne jamais douter d’elle.

« Je suis allée courir hier soir, jusqu’aux quais du Lac Madin. Un petit garçon m’a interpellé et m’a donné cette tablette. Puis il a disparu. » 

Baptiste la regarda interdit.

« Un petit garçon ? » 

Constance acquiesça.

« Que tu n’avais jamais vu, je suppose ?

— Jamais.

— Tu comptes raconter ça à la police ?

— On dirait que j’invente, je sais. Pourtant c’est la vérité.

— Pourquoi l’a-t-il donné à toi en particulier ?

— C’est ce que j’aimerai savoir aussi.

— Quelqu’un vous a vu ?

— Il n’y avait que nous deux.

— Il n’y avait personne au lac Madin ?

— À vrai dire, c’était plus tard dans la nuit que le soir. » 

Baptiste était de plus en plus dubitatif.

« Qu’est-ce qu’il voulait ? Tu as retenu quelque chose de marquant ?

— Il voulait que je retrouve quelqu’un. Il ne m’a pas dit son nom, ni comment la retrouver. Seulement, qu’elle était la fille d’Enlil et de Sïne.

— La fille d’Enlil et de Sïne, répéta Baptiste avec empressement. Tu es sûre ?

— Oui, je crois bien. »  Constance était étonnée du changement de comportement de Baptiste. Il se leva et se mit à arpenter sa chambre d’un pas vif. Ses mains tenaient la tablette plus fortement, il se mit à l’examiner d’un œil nouveau.

« Tu sais qui est cette personne ? demanda Constance, avec une curiosité mêlée à de l’inquiétude.

— Non, c’est la première fois que j’entends cette formule. » 

Baptiste se doutait que le grand sourire qui ne pouvait se départir de son visage faisait défaut à sa crédibilité. Pourtant, il n’avait pas menti. La phrase semblait être une épithète, mais il n’a jamais entendu cette association de noms. Mais « Enlil »… il était désormais certain que cette pierre était plus importante qu’il ne le pensait.

« Qui sont alors Enlil et Sïne ? insista Constance.

— Dans la mythologie, Sïne était considéré comme le dieu de la lune et le protecteur de Meigetsu.

— Je sais bien cela, répliqua Constance. Tout le monde connaît le conte des Cinq Fondateurs. Quel est le rapport avec cette tablette et cette personne que je dois retrouver ?

—  Je ne le sais pas non plus. Dans les textes anciens, lorsque les noms des Fondateurs sont évoqués, ils ne sont pas forcément désignés en tant que tels. On les évoque plus pour parler de leurs attributs ou des leurs diverses formes de représentations.

— C’est-à-dire ?

— Comme des métaphores. Par exemple, tu sais que les quatre saisons leur sont associées dans la légende. Jusqu’au siècle dernier, il était courant de désigner les saisons directement par le nom de leur Fondateur. On évoquait aussi de ces sortes de dieux pour parler des royaumes qu’ils auraient fondés. Ishtar pour l’été et le royaume d’Hûo, Azul pour l’hiver et Vinterspeil… Parler de la fille d’Enlil et de Sïne doit être une sorte de figure de style.

— Qui est Enlil alors ? » Baptiste était trop occupé à scruter la pierre à la recherche de nouveaux indices pour relever le ton de plus en plus impatient de Constance. « Les cinq Fondateurs sont Sïne, Ishtar, Azul, Shamash, et… qui j’oublie ?

— Ishtar.

— C’est ça. Nabû, le Fondateur du printemps et du royaume de Kalahari. » 

Baptiste venait de trouver ce qu’il recherchait sur la tablette arkhydienne. Il connaissait plus d’une centaine de signes en cunéiforme qui pouvait désigner Enlil. Lorsqu’il en reconnut un dans le premier paragraphe, il se retint d’exploser de joie.

« Baptiste ?

— Oui ? Pardon, qu’est-ce que tu disais ?

— Qui est Enlil ?

— Enlil était une Fondatrice. La plus particulière d’entre tous, car elle n’a jamais donné naissance à un royaume. Pourtant, les poètes d’autrefois lui ont légué ce titre. Il y a toujours plusieurs versions qui existent pour une même histoire. Le mythe des Fondateurs ne fait pas exception. Avant que les Sauffroy n’imposent leur nouvelle version du mythe 400 ans auparavant, les Fondateurs n’étaient pas au nombre de cinq, mais de sept, avec Enlil et Nergal.

— C’est la première fois que j’entends ça.

— Ce n’est pas étonnant. On ne nous l’enseigne pas exactement à l’école. La simple mention d’Enlil est interdite dans tout Erret. »

Constance fit la moue.

« Ça n’a pas de sens. Quel est l’intérêt de modifier un mythe ? Qu’est-ce que l’autre version racontait de plus ?

— En soi ? Rien de particulier. Mauvaise question. Je te l’ai déjà dit, les Fondateurs sont rarement mentionnés dans les textes pour la légende de la création des royaumes.

— Qu’est-ce qui est sous-entendu lorsque l’on évoque Enlil dans ce cas ?

— Bingo. Toute la question est là. En tout cas, depuis plusieurs siècles, les gouvernements successifs dirigés par les Sauffroy ont tout fait pour en cacher la raison de cette censure. Aujourd’hui encore, si tu mentionnes le nom d’Enlil à un représentant de l’autorité habilitée, tu peux être certaine d’être amenée devant le tribunal. » 

Le silence se fit dans la chambre de Baptiste. Constance était effarée.

« Tu n’es pas sérieux ? dit-elle finalement. Le gouvernement ne cache rien, nous sommes dans un pays libre et moderne. On dirait que tu soutiens ces complotistes d’historiens qui ne cherchent qu’à trouver une faille pour renverser la famille royale.

— Je ne suis pas un complotiste, dit Baptiste en détachant chaque syllabe. On ne devrait pas nous interdire d’enquêter sur notre passé. » 

Constance ne réagit pas tout de suite. Quelques secondes de silence passèrent puis elle se leva de la chaise subitement. Baptiste essaya de la retenir, mais elle évita son bras facilement.

« Si tu en parles à qui que ce soit, tu nous mettras en danger. Je parle autant pour toi que pour moi. N’oublie pas ta promesse de ne rien dire. » 

Constance s’échappa sans prendre la peine de lui répondre. Il l’entendit descendre les escaliers en courant, puis il entendit presque aussitôt la porte d’entrée claquer. Baptiste se rendit compte qu’il tremblait. De peur ? D’excitation ? Difficile à dire. Les révélations de Constance avaient définitivement enterré sa promesse de se tenir loin de l’histoire. Il serrait tant la tablette arkhydienne dans ses mains que les extrémités de ses doigts avaient blanchi.

 

 

Le dîner avec ses parents fut un calvaire. Baptiste avait englouti sa pizza en moins de 10 minutes, mais il fut contraint de rester à table jusqu’à la fin du repas. Il ne tenait pas en place sur sa chaise. Si ces parents remarquèrent son impatience, ils n’osèrent pas poser de question. Une part de Baptiste se sentait coupable de ne pas désirer passer plus de temps avec eux. Surtout après ces deux années de séparation forcée. Il réussit à s’échapper à une proposition de film en prétextant des devoirs à terminer. Lorsqu’il referma la porte de sa chambre, il se jeta sur son lit, le regard fixant un point invisible au plafond.

Il ne ressentait pas le besoin d’étudier davantage la tablette pour le moment. Ce code prendrait des semaines à déchiffrer, voire des mois, s’il ne récupérait pas les dictionnaires adéquats. L’ouvrage qui aurait pu l’aider avait été réduit à l’état de cendre dans l’âtre de leur cheminée. Baptiste avait besoin de réfléchir. Rassembler ce qu’il savait, croiser ses connaissances avec les indices rapportés par brides par Constance. Il refoula l’idée qu’elle pouvait être en chemin en ce moment même pour le dénoncer. Il ne pouvait plus rien y changer. Il refusait de laisser sa paranoïa et son anxiété parasiter ses réflexions.

Il ferma les yeux. Il se revit dix ans plus tôt sur la plage de Duriane. Alice était à six mois de grossesse. Elle hésitait entre les prénoms de Félicie ou de Marianne pour le futur bébé. Le ciel était souvent couvert, ils étaient partis pour un mois de vacances à la frontière au nord d’Erret. Lorsque le vent soufflait dans la bonne direction, ils pouvaient, de la terrasse de leur bungalow, apercevoir au loin les sommets des montagnes d’Yor de Vinterspeil. Vincent était venu également. Baptiste et son oncle partageaient la deuxième chambre. Baptiste avait appris quelques années plus tard la raison pour laquelle le frère de Benoît les avait rejoints. Vincent se remettait difficilement d’une année où il avait  lentement sombré en dépression, sans que personne ne s’en aperçût. Il disait aller mieux depuis qu’il avait démissionné de son ancienne boîte, mais Benoit craignait le pire. Alice avait organisé ses vacances comme une opération thérapeutique dissimulée. Vincent devint un historien cet automne-là. Alice et Benoît l’avaient converti, et il avait trouvé un sens à sa vie. Cet automne marqua un tournant également pour son jeune neveu. Bien que ces parents auraient préféré que Baptiste découvre leur deuxième vie plus tard, les murs du bungalow n’étaient pas assez larges pour étouffer les discussions des adultes. Chaque nuit, Baptiste faisait semblant de s’endormir pour les écouter parler de récits des temps anciens. Il avait trouvé sa passion.

Vincent avait rapidement découvert son indiscrétion, mais contre toute attente, il ne l’avait pas dénoncé. Bien au contraire. Son oncle s’efforça de répondre à toutes ses questions dès le premier jour, faisant de son mieux pour étancher sa soif de savoir. Il lui rapporta le mythe des Sept Fondateurs la deuxième semaine.

Baptiste se souvenait. Lui et Vincent étaient seuls sur la plage.

« Dommage, on ne voit pas les montagnes aujourd’hui. » Le temps s’était rafraîchi sans la chaleur du soleil. Baptiste avait sa doudoune malgré ses pieds nus dans le sable.

« Tu sais qui est le Fondateur de Vinterspeil ? demanda Vincent.

— Azul. » Baptiste mit une fraction de seconde à répondre. Il avait toujours été un bon élève.

« Correct. Et le Fondateur de notre bon royaume ?

— Shamash est le Fondateur d’Erret.

— De nouveau correct ! Maintenant, question piège, quel est le Fondateur de Mezdha ? »

Baptiste fronça les sourcils. Il se remémora son livre de légendes qu’on lui avait fait lire au primaire. Il y avait cinq Fondateurs. Cinq frères et sœurs qui étaient à l’origine des saisons, de la lune et du soleil, et enfin des cinq royaumes.

Nabû avait créé le printemps et le royaume de Kalahari.

Ishtar, l’été et Hûo.

Azul, l’hiver et Vinterspeil.

Shamash, l’automne, Erret et le soleil.

Sïne, Meigetsu et la lune.

« Mezdha fait partie d’Erret, ce n’est pas un vrai royaume.

— C’était un vrai royaume jadis. Mezdha a été annexé au royaume d’Erret trois siècles plus tôt. Est-ce que tu sais de quand date le mythe des Fondateurs ?

— Non…

— Il est vieux de plus de deux millénaires au moins. Les premières mentions des Fondateurs remontent aussi loin. Les Royaumes étaient alors au nombre de six, Mezdha inclu. »

Baptiste fronça les sourcils.

« Pourquoi le royaume de Mezdha n’a pas son Fondateur ? »

Vincent sourit et lui tapota le front du bout du doigt.

« Mauvaise question, prétendu historien en herbe. Deuxième essai. » Vincent s’écarta et étira ses longs bras vers le ciel. Il n’a jamais été très gros, mais cet été-là, il était particulièrement amaigri. Son teint était vitreux. L’air marin tardait à faire ses miracles.

« Mezdha avait son Fondateur… et maintenant il ne l’a plus. » Vincent l’encouragea à développer d’un geste de moulinette.

« Pourquoi est-ce que le Fondateur de Mezdha a disparu ? On l’a enlevé du mythe ?

— Bingo ! » Baptiste gagna un clin d’œil. « Au cours du temps, l’information peut se perdre, les récits ne sont pas immuables. Ils changent au gré des traductions ou des copies. Ce qui est particulier avec le mythe des Fondateurs, c’est qu’on le retrouve avec des variations très faibles par delà les frontières, dans l’ensemble des Six Royaumes. Le Fondateur de Mezdha a disparu presque simultanément dans tous les royaumes. Des historiens l’on prouvé, après l’annexion de Mezdha, Erret a cherché à faire disparaître toute trace d’indépendance du royaume. L’explication semble limpide, Claude Sauffroy Ier et son gouvernement se sont accordés avec ses royaumes voisins pour supprimer la trace du Fondateur du Royaume de Mezdha des légendes. On pourrait croire qu’il n’y a plus rien à découvrir autour de ce récit originel, mais il reste des mystères pour ceux qui connaissent la version originale du mythe... »

Vincent tenait Baptiste en haleine. Son regard brillait d’une énergie électrique et communicative.

« Car oui, le mythe originel a été retrouvé par des historiens il y a une dizaine d’années. Au regard de cette découverte, il nous reste deux mystères à élucider. Numéro 1… » Vincent pointa son index devant le nez de Baptiste.

« Le mythe originel n'évoque ni cinq ni six Fondateurs, mais sept. Tu vois le problème, sept Fondateurs pour Six Royaumes… Intrigant n’est-ce pas ? Numéro 2 : le récit du mythe originel est reporté d’après un point de vue extérieur. D’un peuple qui s’oppose aux hommes qui ont fondé les royaumes. Ont-ils vraiment existé ? Que sont-ils devenus ? Est-ce une figure de style ? Je n’ai pas encore les réponses, mais c’est excitant n’est-ce pas ? »

Baptiste hocha vigoureusement la tête. Au loin, son père les appelait pour rentrer préparer le déjeuner. Vincent fit signe à son neveu de ne pas dire un mot sur ce qu’ils s’étaient raconté. Baptiste chuchota comme si Benoit risquait de l’entendre de si loin :

« Tu le connais ? Le mythe originel.

— J’en ai juste entendu parler. Je n’en sais pas plus pour le moment, mais je te le promets, dès que je mets la main dessus, tu seras le premier à le lire. »

 

Vincent avait mis trois années avant de faire parvenir le mythe des Sept Fondateurs à Baptiste. Il avait été retrouvé sur une dalle de marbre sous les ruines d’un temple à Meigetsu. L’historien qui en avait fait la découverte, avait daté la stèle de 2300 ans avant Claude Ier. Vincent avait inscrit le mythe en patte de mouche sur une simple feuille de papier. Celle-ci avait disparu sous les flammes avec les autres carnets de Baptiste, mais celui-ci connaissait ce conte par cœur.

Allongé sur son lit, l’étudiant-historien se récita une énième fois ce texte si intrigant :

« Au commencement, ces hommes qui arpentaient nos terres ne connaissaient que la violence.

Violence contre nos bêtes, violence contre nos biens, violence contre nous, violence contre eux-mêmes. Cette sauvagerie semblait éternelle, jusqu’au jour où naquirent sept frères et sœurs aux dons incommensurables.

Les quatre premiers enfants ordonnèrent la nature et le temps. Ils créèrent les saisons.

L’aîné, Nabû, rêvait d’un renouveau et apporta ainsi le printemps. Il modelait la terre et la flore à son désir et fit naître pour les hommes des terres riches et cultivables.

La deuxième enfant, Ishtar, avait une personnalité plus tumultueuse que son sage frère. Elle n’en restait pas moins généreuse. Elle apporta aux hommes le feu qui pouvait à la fois réchauffer les foyers et armer les hommes à se défendre contre les animaux sauvages. Elle créa l’été dans la continuité du renouveau commencé.

Le troisième enfant, Azul, était l’opposé d’Ishtar. Tempérant le caractère volcanique de sa sœur, il créa l’hiver. Il fallait un temps pour le deuil de leurs proches et pour laisser à la nature un répit. Maîtrisant l’eau sous toutes ses formes, il nettoya les blessures des guerres passées.

La quatrième enfant, Enlil, jouait avec les vents. Contemplative et mélancolique, ces changements lui étaient brutaux. Elle désirait néanmoins contribuer au grand dessin de ses frères et sœurs. Elle créa l’automne entre l’été et le printemps pour que les hommes, et elle-même, aient le temps d’accepter le nouveau cycle du monde.

Le temps et la nature désormais en ordre, les cinquième et sixième enfants, Nergal et Sïne, furent les premiers à appeler au dialogue avec nous. Les jumeaux nous ressemblaient. Leurs pouvoirs se révélaient pour le premier sous la nuit étoilée, pour le second à la lumière de la lune. Ils furent les initiateurs du Pacte. La violence entre nous et les hommes n’avait plus lieu d’être.

Le dernier des Fondateurs, Shamash, était l’unique enfant à ne posséder aucun pouvoir. Il utilisa cette apparente faiblesse pour rassembler les hommes, qui craignaient la surpuissance du reste de la fratrie. Par son charisme, son altruisme, et son éloquence, le benjamin de cette famille extraordinaire s’imposa naturellement comme le meneur. Ses adorateurs firent du soleil son symbole.

Sous la gouvernance des Septs, les hommes étaient apaisés. Nous découvrions leurs qualités pour la première fois.

Malheureusement, la paix ne dura pas. Elle avait été scellée entre nous et les Hommes, mais nos amis oublièrent de se protéger les uns des autres.

 Ses frères et sœurs la pensaient simplement rêveuse, Enlil se révéla lunatique. Un jour où la nostalgie du passé se fit trop forte pour elle, où la violence lui manqua, elle réveilla la nature belliqueuse des hommes. Le vent déferlant sur les premières villes du nouveau monde rendit la plupart des hommes fous, les amenant à s’entretuer comme par le passé. Découvrant la folie meurtrière d’Enlil, ses frères et sœurs l’attaquèrent avec horreur. La guerre fratricide dura de longs mois. Dès qu’Enlil sentait qu’elle perdait, elle se volatilisait dans la première bourrasque pour récupérer ses forces. L’ingénieux Shamash parvint à trouver l’endroit où sa sœur se reposait entre deux batailles. Haïssant les endroits clos, Enlil s’endormait au sommet de l’arbre le plus haut du monde. Shamash grimpa silencieusement jusqu’auprès d’elle, en couvrant ses pieds et ses mains de fourrure d’ours. Enlil ne se réveilla pas lorsqu’il planta dans son cœur une dague au pommeau d’or massif.

Nous sommes restés spectateurs dans cette tragédie, respectant notre promesse faite aux hommes. Cependant, nous n’oublierons pas. Vous pourrez nous appeler Larmes désormais, car dans cette guerre à laquelle nous ne pouvions participer, nous avons perdu nos amis les plus chers.

La mort d’Enlil ne calma pas les hommes. Ils n’oublieraient jamais entièrement cette part de violence cachée en eux. Les six Fondateurs restants prirent la décision de se séparer et d’amener avec eux les hommes qui désiraient les suivre. Le héros Shamash resta à l’endroit où fut fondée la première société. Nabû partit au sud du monde et prit les plus vastes terres, bien que celles-ci soient difficilement habitables par les hommes. Ishtar fit la conquête des terres volcaniques à l’est. Azul partit au nord où il instaura un hiver éternel. Nergal et Sïne étaient les plus proches de leur sœur traîtresse. Le premier prit sous sa protection les partisans d’Enlil qui étaient devenus la cible de la haine de chacun. Il créa un royaume de tolérance, sans aucun symbole, au cœur de la mer. Le second s’emmura dans le silence, vitrine de son désespoir. Il quitta les hommes et ses proches pour partir à l’autre bout du monde, à l’est, sur la terre la plus petite, suivit par une poignée de personnes. Il ne vivait plus que dans ses rêves.

Les descendants de nos amis créèrent les six premières civilisations de Massaru et ils nous oublièrent. »

 

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Cléooo
Posté le 11/07/2024
Hello Eleonore !

Lecture, un peu difficile, de ce nouveau chapitre, je te fais un petit retour :)
Ton histoire est compliquée ! J'ai bien adhéré à la première partie, à l'échange avec Constance, je trouvais tout limpide pour le coup, mais le mythe à la fin aïe aïe aïe.

Je te fais d'abord un retour sur la forme, puis je reviens sur le fond :

J'ai noté surtout des problèmes de concordance de temps :

○ "qu’il jurerait pouvoir l’entendre" -> aurait juré
○ "Il devrait avoir peur" -> aurait dû
○ "Pour la créativité, on repassera." -> Ici je trouve davantage la tournure maladroite qu'autre chose. Cette emploi du futur me déstabilise en tout cas.
○ "Constance était étonnée du changement de comportement de Baptiste. Il se leva et se mit à arpenter sa chambre d’un pas vif." -> Ici, plus qu'un problème de concordance, c'est un soucis de temporalité. Dans les faits on dirait que Constance est étonnée avant même d'avoir constaté le changement de comportement. "Constance fut étonnée du changement (...) quand il se leva et se mit à arpenter..." ? Ça me semblerait plus fluide.
○ "phrase semblait être une épithète, mais il n’a jamais entendu cette association de noms" -> il n'avait jamais entendu
○ "Il n’a jamais été très gros, mais cet été-là, il était" -> idem "avait été très gros"

Autres remarques de forme :
○ "ce que j’aimerai savoir aussi" -> j'aimerais
○ "Il est parti régler quelques documents chez l’avocat" -> remplir ? "régler" me fait penser à un paiement.
○ la chambre de 5m², c'est vraiment très petit xD
○ "ou des leurs diverses formes" -> de* leurs diverses formes ?
○ "sont Sïne, Ishtar, Azul, Shamash, et… qui j’oublie ?
— Ishtar.
— C’est ça. Nabû, le Fondateur du printemps" -> non, Ishtar a été dit, et tu reprends avec Nabû.
○ "pour en cacher la raison de cette censure." -> "en" en trop.
○ "Intrigant n’est-ce pas ?" -> intriguant (à ne pas confondre avec un intrigant, une personne aux motifs suspects !)


Je reviens maintenant au fond, avec le mythe des Fondateurs.

Alors sur le déroulé de l'histoire : je sens que tu as dû passer du temps sur ton worldbuilding. Il est complexe, sûrement tout à fait logique pour toi. Pour moi en revanche qui le découvre, j'ai pris une avalanche à la lecture de ce chapitre.

Ton lecteur n'est pas Baptiste qui est initié à beaucoup de faits inconnus, et il n'est même pas Constance qui au moins connaît la version officielle des choses. Ton lecteur est celui qui ne connaît absolument rien à tout ça !

Du coup, on apprend en même temps le mythe officiel, puis le fait qu'on nous cache quelque chose à propos d'Enlil, puis ensuite qu'en fait c'est tout autre chose : sept fondateurs, un a été perdu on ne sait où, et on nous donne un nouveau mythe sur le tas.

Attention, cela fait beaucoup d'informations d'un seul coup. Et en plus, j'ai dû mal à le regrouper avec le reste de ton texte. Je suppose que c'est lié, de près ou de loin, au fragments de rêves (j'espère!) mais pour le moment je ne parviens à faire aucun lien entre cette situation d'autrefois et ce qui se passe dans ce présent avec Baptiste ou Constance.


Maintenant sur l'histoire même : le mythe en lui-même m'a semblé indigeste, et les différentes informations au gré du chapitre manquent de clarté (je l'ai lu deux fois pour essayer de tout retenir).

Tu nous présentes d'abord Enlil comme la 4ème des quatre premiers Fondateurs.
Bien sûr, dans la "version officielle" connue de Constance, tu indiques "Shamash, l’automne, Erret et le soleil." tient en fait sa place de quatrième -> on apprend finalement qu'il a tué Enlil donc, et a en réalité repris son "poste" à Erret et ses attributs.
Mais du coup, quid de Mezdha ? Dans les souvenirs de Baptiste avec Vincent, ce dernier indique que le Fondateur de Mezdha a disparu. J'ai donc supposé que c'était Enlil, mais apparemment Enlil est lié à Erret puisqu'ensuite c'est Shamash qui est indiqué comme fondateur d'Erret. Donc si il a remplacé Enlil sur Mezdha, alors qui a réellement fondé Erret ?
Et puis il y a aussi ça "Enlil était une Fondatrice. La plus particulière d’entre tous, car elle n’a jamais donné naissance à un royaume." -> elle a créé un royaume ou pas en fait ? Je suis perdue. Et je ne parle même pas de Nergal parce que son rôle m'échappe complètement.

En fait, je pense que tu devrais présenter le mythe que "tout le monde" connaît avant de présenter les altérations, la vérité, pour que ton lecteur puisse mieux détacher ce qui est une vraie révélation. Et de préférence plus tôt dans l'histoire, pour qu'on ait le temps de l'intégrer et de mieux appréhender les nuances du nouveau mythe. C'est un simple conseil :)


Voilà pour mes remarques. Je suis potentiellement passé à côté de quelque chose mais vraiment, je pense que pour quelqu'un qui ne connaît pas ton monde, l'affaire est un peu compliquée !

Je te dis à bientôt :)

À bientôt !
Eleonore B.
Posté le 11/08/2024
Hello,

Déjà, merci pour le temps que tu as passé à me laisser ce commentaire précis ! C'est certain, j'imagine ce monde depuis des années donc je comprends que cela fasse trop compliqué (même si j'avais espéré échapper au "indigeste").

Comme je vois bien qu'il y a un problème de fond, je vais devoir repenser à pas mal de choses.. pour le moment je me concentre sur l'objectif que je me suis mise pour avoir une première version (sinon je n'arriverai pas à avancer). Je garde ton commentaire précieusement pour la réécriture, les chapitres à venir sont moins lourds...

A bientôt !
Eleonore

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