Chapitre 5 : La pluie de scorpions

Par Lilisa
Notes de l’auteur : Salut à toi cher lecteur !
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Bonne lecture !

Falès se figea en entendant cette voix qui le glaçait au plus profond de lui-même. Il pivota lentement et fit face à sa cousine. Celle-ci le toisait d’un regard méprisant et affichait un sourire mielleux. Falès se fit violence pour lui répondre d’un ton à peu près cordial.

- Je ne vois absolument pas en quoi cela peut t’intéresser puisque tu n’as jamais daigné me regarder dans les yeux, ne serait-ce qu’une seule fois.

Le sourire de sa cousine se figea.

- Mon très cher cousin, pourquoi aurais-je pris la peine de regarder le fils d’un nain qui a renié sa famille ?

- Parce que je reste ton cousin. Mais ne t’inquiète pas, je comprends tout à fait que tu m’ais ignoré car pour réfléchir et comprendre que je n’y peux rien, il faut un cerveau. Ce que tu n’as pas.

D’un geste rageur, sa cousine arracha les longs colliers de perles qu’elle portait et plaqua violemment Falès contre le mur, ses yeux émeraudes luisant de fureur. Son vif mouvement ébouriffa sa fourrure caramel, mais elle semblait s’en ficher.

- Insulte-moi encore une seule fois et je te jure que tu vas le regretter.

Falès repoussa aisément sa cousine et ouvrit la bouche, prêt à lancer une réplique cinglante, quand une voix grave résonna dans la Caverne.

- Praï, laisse ton cousin tranquille et viens t’occuper de tes frères !

C’était le père de Praï, le frère de son père, un colosse de plus d’un mètre trente, qui venait d’interpeller sa cousine ainsi. Praï le rejoignit non sans jeter un regard venimeux à son cousin. Falès adressa un regard reconnaissant à son oncle et consulta sa montre.

17 h 01 ! Le nain à la fourrure rousse se figea. Il tourna lentement sa tête vers le tunnel. Il entendait déjà les conversations des nains sortant des cours. Il faut que je sorte d’ici et vite, pensa-t-il. Mais par où passer ? Il avisa alors une corniche qui lui permettait d’accéder à la SurCaverne. Etant l’un des meilleurs grimpeurs de la ville, il ne lui fallut que peu de temps avant d’accéder à la SurCaverne.

Là, ses Horns l’attendaient sagement, toujours sous l’effet du sérum qu’il leur avait injecté. Il les libéra tout en observant les premiers arrivants, espérant qu’ils ne l’avaient pas vu. Il fut rassuré en les voyant vaquer à leurs occupations comme d’habitude. Discrètement, il approcha le filet retenant les scorpions du bord de la SurCaverne. Avec des gestes précautionneux, il détacha le nœud compliqué qui attachait les deux bords du filet. A peine libérés, les scorpions chutèrent de la SurCaverne pour tomber sur les jeunes nains qui venaient de terminer leur journée de cours et ne demandaient qu’à se détendre et rire avec leurs amis. Seul le dernier scorpion à sortir, le plus vieux et le plus expérimenté, parvint à se maintenir au bord. Il avança lentement vers Falès qui, contraint de reculer, heurta le mur. Il était coincé, le scorpion n’allait faire qu’une bouchée de lui et il ne reverrait jamais sa sœur ou Liur pour leur expliquer, pour se faire pardonner. Plus le scorpion avançait, plus il se rendait compte de ce que devaient subir les lycéens qui avaient vu une pluie de scorpions géants dégringoler sur eux. Lorsque le reptile pointa son dard venimeux sur lui, Falès se prépara à mourir. Il ne crierait pas, resterait digne. Il ferma les yeux et attendit la souffrance.

Elle ne vint jamais.

Falès ouvrit les yeux et vit que Scorpius s’était jeté sur son aîné et le repoussait vers la Caverne. Son scorpion gagnait du terrain et était près de faire tomber le vieux scorpion quand Falès entendit une voix qu’il avait espéré ne jamais entendre cinq minutes plus tôt. Falès se précipita vers le bord au moment où Scorpius poussait l’autre scorpion.

- Non !

Son cri épouvanté était sorti sans qu’il l’ait prémédité. Il s’effondra, en larmes, horrifié d’être devenu un meurtrier de la pire espèce. De l’espèce qui assassinait sa propre famille. Sa cousine. C’était sa voix que Falès avait entendue, juste avant que le vieux scorpion tombe. Agrippant une pierre, il se pencha sur la Caverne et aperçut le cadavre de Praï. Ce dernier était méconnaissable. Ecrasé par le scorpion géant, son corps avait éclaté en plus d’une dizaine de morceaux. Son visage était recouvert d’un liquide vert poisseux, probablement le sang qui dégoulinait de la blessure du scorpion avant qu’il ne s’en aille. Un de ses bras était tourné dans un angle impossible. Il sentait d’ici la senteur putride de la mort. Sa cousine était morte.

Et c’était lui qui l’avait tuée.

Il ne pouvait plus prétendre qu’il n’avait rien à voir là-dedans. Quelqu’un découvrirait un jour la vérité, car elle est telle la marée : Falès aurait beau construire des barrages et des digues, elle finira toujours par passer. Il était un meurtrier qui avait tué sa propre cousine. Cette idée lui donna envie de vomir et il dut s’asseoir sur une large pierre. Comment avait-il pu ? Il aurait dû se douter qu’il y aurait de graves conséquences.

Après quelques minutes, il décida qu’il ne devait, qu’il ne pouvait rien dire. Mais il se punirait, se ferait souffrir. Il se leva et fit signe à Scorpius de le suivre. Il se rendait dans la grotte avoisinant sa maison. Il avait installé une barre en métal qui permettait à Scorpius d’aller et venir dans la caverne tout en l’empêchant de s’enfuir. Après s’être assuré que son scorpion domestique ne pouvait pas s’en aller, Falès sortit de la caverne et se dirigea vers sa maison. Les ombres lui parurent plus menaçantes que d’habitude, comme si elles connaissaient la vérité et voulaient le punir. Il franchit l’élégant pont avec la certitude que celui-ci allait s’effondrer pour lui faire comprendre ce qu’était la mort. Il ne le fit pas, probablement pour le terroriser et avoir un pouvoir de pression sur lui. Mais, qu’est-ce qui m’arrive ? Comment je peux en venir à penser qu’un simple pont peut vouloir venger ma cousine ? Je deviens vraiment complètement fou, pensa-t-il. C’est quoi la prochaine étape ? Les fourchettes qui veulent se planter dans mon cœur ? Il faut que je consigne ça dans mon journal pour que ça me sorte de la tête. Mais je ne peux pas ! Si jamais quelqu’un le trouve … Mais qu’est-ce que je vais faire ? Falès ruminait ces sombres pensées lorsqu’il aperçut sa sœur qui accourait vers lui, la mine affolée. Il se composa rapidement un sourire innocent, espérant sans trop y croire tromper sa sœur. Etonnamment, cela fonctionnement et elle ne sembla pas se rendre compte des sentiments qui habitaient son frère tandis qu’elle se jetait sur lui en pleurant de soulagement.

- Oh, Falès, je suis tellement heureuse de te voir sain et sauf !

Son frère la regarda d’un air interloqué. C'est en tout cas ce qu'il essaya de faire, mais sa cousine était trop affolée et soulagée à la fois pour se préoccuper de ce que ses yeux voyaient. Son cerveau n'était pas en capacité de l'analyser. Les émotions prédominaient. Falès le remarqua et espéra que sa soeur oublierait ce qu'elle avait vu juste avant qu'il n'affiche un sourire tellement faux qu'une pichenette aurait pu le briser.

- Mais qu’est-ce qui te prend tout d’un coup ? J’ai passé une journée habituelle, à la grotte, mentit-il en essayant d'être convaincant.

- Oui, mais je me suis dit que peut-être tu étais allé à la Caverne avec Liur et dans ce cas-là, tu … dit-elle en s’étranglant.

- Qu’est-ce qui s’est passé à la Caverne ? Dis-le-moi, Liur y était peut-être, la coupa Falès.

- Il … je … une pluie de scorpions géants, bredouilla-t-elle. Une pluie de scorpions géants s’est abattue sur eux. Ils sont tombés de … d’une grotte au-dessus, et … Oh mon Dieu, Falès, c’est horrible, je n’arrive toujours pas à m’en remettre !

- Quoi, que s’est-il passé ? Je t’en supplie Sorena, ton silence est insoutenable, l’interrompit Falès tout en connaissant d’avance l’horrible réponse. Il sentait la sueur rouler le long de sa nuque mais priait pour que sa soeur ne remarque rien.

Il ne craignait pas d'être découvert aujourd'hui, il savait que Sorena était trop bouleversée pour ça. Il espérait simplement pouvoir dissimuler ses réactions coupables. Sorena ne devait pas apprendre. Ça la détruirait. Il ne pouvait pas lui faire ça. D'un geste qu'il espérait rapide et discret, pendant que sa soeur tentait tant bien que mal de retenir ses larmes, il essuya la sueur qui coulait maintenant le long de son dos.

- Ta cousine, Praï, elle … elle est … elle est morte, gémit sa sœur en proie à une nouvelle crise de larmes.

Falès resta figé, le regard dans le vide. Oui, elle était morte, mais pire que tout, il était le responsable de sa mort. Lui, Falès, nain solitaire et rejeté par la société était devenu un meurtrier, l’assassin de sa cousine. Cette idée le dégoûtait de lui-même. Son coeur se brisa une deuxième fois en voyant Sorena, sa soeur adorée, pleurer à chaudes larmes.

Les larmes roulèrent. Il s'effondra et un lourd sanglot retentit. Il ne pleurait pas seulement sa cousine. Il la pleurait elle, mais également sa soeur, toute sa famille, et son innocence. Il avait tué quelqu'un. Un membre de sa famille. Certes, Praï l'avait toujours mérité, mais elle ne méritait pas la mort. Ces quelques mots martelaient le crâne de Falès. Celui-ci gémit. Il avait fait tant de mal.

Comment pouvait-il avoir la prétention de rester en vie alors qu’il avait pris celle de Praï ?

Était-il devenu un criminel ?

 

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Deslunes
Posté le 15/11/2023
Ah, je suis moins fan de ce chapitre. Il provoque la mort de sa cousine et il arrive à cacher ses émotions à sa frangine alors qu'il est bouleversé au fond de lui !!! Il y a quelque chose qui me dérange ou qui sonne faux ou il faut rajouter un élément, un sentiment.... je suis resté sur ma faim (ce qui n'était jamais le cas les chapitres précédents)
Des petits trucs :
A peine libéré, les scorpions chutèrent de la SurCaverne - A peine libérés, les scorpions chutèrent de la SurCaverne pour tombe
plus il se rendait compte de ce que devait subir les lycéens qui avaient - plus il se rendait compte de ce que devaient subir les lycéens qui avaient (devaient s’accorde avec lycéens)
C’était sa voix que Falès avait entendu, juste avant - C’était sa voix que Falès avait entendue, juste avant (Entendue s’accorde avec son COD que (mis pour voix) placé devant)
Mais qu’est-ce qui te prends tout d’un coup - Mais qu’est-ce qui te prend tout d’un coup (Prend s’accorde en personne avec qu’est-ce qui)
Lilisa
Posté le 17/11/2023
Hello !
Ah, j'ai modifié le chapitre, j'espère que cela te conviendra :-) !
J'ai également corrigé les fautes que tu m'as indiquées.
J'espère que le chapitre suivant te plaira davantage, bonne lecture !
Deslunes
Posté le 18/11/2023
Salut,
Ah oui, ça change beaucoup ! Tout me paraît nettement plus cohérent et en plus, on ressent vraiment sa souffrance, ses doutes, son questionnement sur sa personnalité.
Et vis à vis de sa sœur, ta description de son attitude est tout à fait juste. Perso, à "Ta cousine, Praï, elle …", j'écrirais notre cousine. Pourquoi dirait elle "ta ?
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