Chapitre 7

Ce n'était pas la lumière du jour qui avait réveillé Kelly.

Quelqu'un.

Un mauvais pressentiment.

Fuir.

Une sensation désagréable qui lui collait comme de la sève.

Danger.

Tout son corps lui criait que quelque chose n'allait pas. 

Menace.

Une odeur emplit ses narines, fine. De la poudre noire. Un chemin de poudre noir dans la chambre. Ce sale boulot avait été fait à l'instant. Une personne qui venait de s'éclipser sans un bruit. Un Audiokinésiste ? Pas le temps d'y réfléchir. Kelly attrapa son sac et bondit à travers la fenêtre, les bras en avant pour se protéger des éclats de verre. L'explosion se déroula au même instant, rendant la Cape à moitié projectile lors de son saut. Elle parvint tant bien que mal à atterrir, avec plus de difficultés que si elle avait fuit quelques secondes plus tôt. 

Son oreille gauche sifflait. Son flanc droit lui brûlait. Aucun dégât important, ça aurait pu être pire. Bien pire. Sourde, paralysée, bras arraché. Au vu du degré de l'explosion, s'en sortir indemne relevait du miracle.

Kelly se releva pour vérifier l'état de sa jambe et scruta difficilement le deuxième étage. Malgré la fumée qui gâchait la vue, des flammes rembourraient le haut de l'établissement. Super, pour tout remettre en ordre, c'était raté.

Pour ne pas s'user plus que nécessaire, Kelly finit par s'asseoir sur le sol et attendit, sans lâcher la sortie des yeux. Le coupable ne pouvait être que le rouquin ou un de ses compagnons. Chacun de leur visage était gravé dans son esprit, par sécurité. Le premier qui sortait, elle lui ferait la peau. Sa mentalité ne changea pas alors que des curieux s'agglutinaient comme des pigeons à qui on jetterait des miettes. 

- Circulez. Y a rien à voir, siffla Kelly sans crier.

Sa position n'avait rien de glorieux, pourtant, la couleur de sa cape ne manqua pas de les convaincre. Ils s'éloignèrent, mais pas trop non plus, pour voir. La porte de l'auberge était dégagée, c'était le principal.

Des clients sortaient, précipités, encore à moitié dans leur lit alors que l'alarme résonnait dans le Sialer. Immiser des personnes qui n'avaient rien demander dans sa tentative de meurtre. Responsable, pour une Cape. Ce qui agaçait encore plus Kelly, c'était que ça allait forcément lui retomber dessus. Mettre en danger des civils. Dans un Sialer en plus.

Ses yeux s'écarquillèrent.

Dans un Sialer ? Comment est-ce que ... ?

Elle n'eut pas le temps de s'interroger plus longtemps que la Cape Verte sortit. D'un mouvement souple du poignet, sa dague fusa et vint se ficher dans la chambranle de la porte. La lame était passée si proche de la tête du rouquin qu'il avait froissé ses paupières.

- Je vais être claire avec toi. Je n'ai pas le temps de m'occuper de toi, j'ai autre chose à faire. Tu vas réparer l'hôtel, et si tu es assez malin, tu fuiras pour que je ne te retrouve pas à mon retour. Que tu essayes de m'assassiner, j'accepte. Que tu échoues, j'ai honte. Ça ne sert à rien de nier ou de contester. T'as merdé, tu répares. Tu m'as déjà fait perdre trop de temps.

- Je ne fuirai pas, j'ai une zone à protéger.

Kelly le regarda, d'un sourire ironique.

- Trente ans et déjà suicidaire, triste. Au moins, ça me facilite la tâche. Avec un peu de chance, je n'aurai plus besoin de m'occuper de ton cas à mon retour.

La Cape Verte tressaillit à sa réponse.

Terrifiante.

Avec ça, sa réputation n'était pas prête de s'améliorer. Avec rien, elle ne s'améliorera. Il y a des actions qui ne sont pas oubliées et qui resteront gravées sur la pierre.

Kelly se releva, étira ses muscles, et se fraya un chemin à travers la foule de rapaces qui la dévoraient violemment du regard. Elle n'était pas encore morte, loin de là.

Qu'on la laisse tranquille.

Les autres, elle les détestait. N'importe qui, elle les détestait. Haïssait. Ils n'avaient rien pour plaire. Une seule personne pouvait la faire se sentir bien, l'espace d'un temps. La rendre heureuse. Une seule : San. Même Yrsa n'arrivait pas à lui donner cette impression. Malheureusement, elle n'était pas là pour la faire sourire.

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Les montagnes n'avaient qu'une seule fonction : décourager. Massives, imposantes, rocheuses. Cela n'empêcha pas Kelly de courir dans leurs vallées. Voilà plusieurs heures qu'elle avait quitté le Sialer. La frontière entre Tshendir et N'Revac n'était plus bien loin. Une fois le col du Fauve passé, Kelly pouvait dire adieu à la facilité des vallées. Encore verte, la végétation de basses-montagnes commençait à se raréfier pour laisser place à des cailloux, des herbes sèches, et à un vent puissant. Les routes devenaient de plus en plus étroites et difficiles d'accès, les restes d'éboulements plus fréquents, et la neige parsemait de sa présence les pics et le haut des massifs rocheux de l'est. Et ça, le lion astral dû le sentir. Il gigotait de plus en plus dans la cage, attiré par les souvenirs, pris de furieuses démangeaisons. 

Entre les sommets enneigés et la douce herbe des creux, les pistes rocailleuses étaient loin d'être les plus appétissantes. Kelly céda rapidement aux lourds brinquebalements et déposa son sac avec une délicatesse surprenante. Elle retira son gant pour poser son index sur le dispositif de verrou de la cage. À la reconnaissance de son empreinte digitale, la petite porte se déverrouilla. Immédiatement, le petit fauve se précipita hors de la cage sans épargner le museau de son colocataire de ses minuscules pattes blanches. Le rojeau se contenta de grogner faiblement avant de se protéger de son aile pour retourner dans un sommeil profond. 

Après avoir laissé la bestiole se rouler dans les graviers, Kelly s'agenouilla et approcha doucement son doigt courbé mis à nu de son museau. Le lion astral le renifla sans la moindre méfiance et frotta sa petite tête poilue dessus.

- Je sais que ... vous me comprenez. Puis-je vous choisir un prénom ?

Vouvoyer. Demander un avis. Des formes de politesses que Kelly bâclait en toute autre circonstance, elle les appliquait avec un animal. Ça n'était en vérité rien de bien étonnant. Les lions astraux tout comme les rojeaux étaient considérés comme les égaux de Caleb depuis la Grande Crise de 742. Et si Kelly n'avait aucun respect pour ce Dieu, elle avait besoin de l'aide de ces deux autres créatures. Elles étaient sa dernière chance de pouvoir rattraper le groupe de voyageurs à temps et elle ignorait le degré de susceptibilité de ces bestiaux. S'ils refusaient de l'aider, en particulier le lion astral, il lui serait pratiquement impossible de réaliser sa quête. 

Le petit fauve rugit pour signer son accord. Son rugissement paraissait plus inoffensif que impressionnant, et Kelly ne sut pas si elle devait mimer la surprise ou garder son visage impassible. De toute manière, elle n'avait aucun don pour le théâtre, alors elle se contenta d'acquiescer. Pour lui trouver un prénom convenable, il lui aurait fallut du temps. Une marque de respect aurait été de l'appeler Caleb, mais pouvait aussi paraître vaniteux et flatteur inutilement. En plus, Kelly ne savait pas si elle serait capable de le supporter avec un nom comme celui-là. Non, il fallait un prénom beau, pas trop long non plus pour qu'il puisse s'y reconnaître, et pas trop difficile à prononcer de préférence.

- Leo.

Pour finir, elle avait pris le premier qui lui venait à l'esprit. Trois lettres, simple, agréable, signification approuvable.

- Ça te convient ? ajouta Kelly pour rester dans la même gamme.

Le petit animal ronronna d'une certaine fierté et posa sa petite tête sur le genoux de la Cape. Celle-ci n'apprécia définitivement pas ce contact et se retint de justesse de le repousser. Ce n'était pas le moment de le contrarier.

- J'aurai besoin de votre aide, enchaîna-t-elle pour se concentrer sur autre chose. Je dois me rendre à un endroit très précis dans les montagnes, le plus vite possible. Accepteriez-vous d'être ma monture ?

Leo recula de quelques pas pour le grand plaisir de Kelly et répondit à sa question par des actions. La petite boule de poils changea progressivement de taille jusqu'à atteindre les deux mètres cinquante. À l'épaule. Cette forme titanesque avait de quoi effrayer. Kelly, elle, avait à peine reculé et laissait son visage inexpressif.

Après être certain d'avoir atteint le summum de sa transformation, le lion astral s'allongea sur le ventre comme pour laisser le petit être humanoïde grimper sur son dos. Même positionné ainsi, Kelly n'était pas sûre de pouvoir monter. À ce niveau, ça ressemblerait sans doute davantage à de l'escalade.

Alors qu'elle s'apprêtait à trouver une manière de procéder qui conviendrait, Leo réduit considérablement sa taille. Il n'était désormais pas plus grand qu'un cheval. Un peu déconcertée, Kelly ne s'en plaint pas et grimpa après avoir repris son sac. L'action du lion astral l'intriguait. C'était presque comme s'il avait lu en elle ses soucis. Même si ça s'avérait pratique, cette idée la mettait mal-à-l'aise. 

Lorsque ses doigts glissèrent entre les poils de la créature, cette dernière récupéra de son volume pour retrouver son ancienne taille.

||Où dois-tu aller, Kelly ?||

Elle se figea, net. Leo avait parlé ?

||Le plus étonnant, c'est que tu puisses me comprendre, crois-moi.||

Elle n'avait pas prononcé un seul mot, elle avait à peine bouger. Rien ne pouvait lui signifier qu'elle le comprenait. Alors comment ? Il lisait dans les pensées ? Un peu comme certains Rêveurs, mais en plus puissant ? Casser une barrière mentale si rapidement et aisément, sans même que Kelly ne le ressente, c'était bluffant. Pas étonnant que sa race soit considérée comme un égal de Caleb.

||Je ne sais pas ce que tu imagines, Kelly, mais je ne lis pas dans les pensées. Vois-tu, je prête une oreille attentive aux émotions que ressentent les quatorzes, ce qui n'est pas du tout comme percer l'esprit et le dépouiller de ses secrets, me comprends-tu ? Ce qui est d'ailleurs assez dommage. J'ai toujours trouvé ça chic, saisis-tu ?||

La manière de s'exprimer de Leo fit douter Kelly sur le véritable âge de l'animal. Toutes ces inversions, ou même l'appellation "les quatorzes" pour désigner l'ensemble des races humanoïdes d'Adama, tout était horriblement vieux, ou sage, peut-être. Après tout, il avait peut-être simplement une meilleure éducation qu'elle.

Sans y penser davantage, la jeune femme hocha la tête et se rapprocha de la tête du gros fauve.

- Leo, vous savez lire une carte ?

Un rire résonna dans l'espace, sans que le lion astral n'ait de soubresauts qui pourraient s'apparenter à un rire. L'esprit. Il n'était pas doué de parole, mais de télépathie.

||Nous pourrions dire que je me débrouille. Montre-moi ça.||

Après avoir extorqué la carte de son poing américain, elle tendit son bras pour qu'il soit en face des yeux de Leo, en vain. Il avait le cou long, et elle le bras court. Et Kelly n'était pas sûre de vouloir savoir s'il pouvait ne rétrécir qu'une certaine partie de son corps.

- Tourn ... Pourriez-vous tourner la tête ? C'est le point mauve, nous sommes le rouge.

Sans prendre en compte le dérapage, le lion astral se plia à la demande et Kelly rapprocha l'hologramme de ses yeux. Pas trop non plus. Son bras ne se plaingnit pas du temps que Leo mettait pour traduire et estimer en temps réel la carte.

||Je devrais pouvoir m'orienter. Je suis assez jeune, et en pleine forme, vois-tu ? À ta place, je compterai neuf heures de course, et j'en rajouterai quatres pour les pauses. Soit treize heures en tout.||

Il savait compter les heures ...

- Et trois heures de plus, ils avançeront aussi. Nous nous arrêterons la nuit.

||Je parierai plutôt sur une heure.||

- Alors demain midi, nous les aurons rattrapés.

Dans vingt-six heures, elle les aura rattrapés.

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Plus que seize heures. Pas besoin d'être Meneur de Temps pour le savoir, le soleil se cachait petit à petit derrière les hautes montagnes malgré les plaques de neige qui continuaient à le refléter constamment. Kelly ne regrettait pas les couches de vêtements qu'elle avait ajoutées pour se protéger du froid. 

- Leo, c'est ici que tu vivais avant que le Comte ne te capture ?

Depuis quelques heures, la jeune femme avait abandonné le vouvoiement par erreur et sa monture n'avait pas protesté. Kelly avait alors transformé son inattention en habitude.

||C'est exact|| confirma Leo.

- Alors, ça veut dire que tu connais bien les lieux, non ?

||Si tu veux vraiment savoir, ça fait un petit bout de temps que je n'y ai pas mis les pieds, me suis-tu ? Mais la maison, ça ne s'oublie pas.||

- Tant mieux. Il nous faudrait une grotte pour la nuit, quelque chose, n'importe quoi tant qu'on ne passe pas la nuit sur un tas de neige. Un Sialer de préférence, mais je doute fortement qu'on en trouve un dans ces fichues montagnes.

||Tu sais où vivent les Elfes Lunaires ?||

Kelly marqua un temps d'hésitation. Dans les montagnes, c'était évident. Mais où ? Depuis les vallées de l'ouest, elle n'avait pas vu un seul endroit habitable. Pas une ville, pas un village, pas une maison. Rien. À cette altitude, la neige recouvrait tout, et la vie n'avait rien de facile, c'était compréhensible. Alors où pouvaient-ils bien vivre ? Contrairement aux Elfes Solaires qui s'étaient adaptés à leur environnement hostile, les Elfes Lunaires n'avaient aucune tolérance au froid supplémentaire aux autres races. Peut-être existait-il une cité protégée par le froid ? Peut-être que Carxel n'avait rien de la capitale à laquelle elle s'attendait ? À cet instant précis, Kelly se maudit de ne pas avoir su tirer profit de ce qu'on lui avait mis à disposition. L'Ordre des Capes était composé de tout, Elfes Lunaires compris. 

- Non, marmonna-t-elle.

||Au creux des montagnes.||

Ah.
             Oui.
                      Evident.

||Ne te sens pas stupide, ça arrive à tout le monde, sais-tu ?||

- Oui, à tout le monde, mais pas à moi normalement.

Un flocon de neige se posa sur son gant. Il n'eut même pas le temps de fondre qu'un deuxième s'y déposa. Kelly releva la tête, et des centaines, des milliers de cristaux gelés se laissaient emporter par le vent. Bientôt, une tempête se levera pour emporter tout être présent dans une valse hivernale.

- Il est temps de trouver un abri, murmura-t-elle à l'oreille du lion.

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À l'extérieur, la tempête faisait ses dents. Il ne faudra pas attendre le lendemain pour que l'entrée soit totalement bouchée par la neige. Si le lion astral ne l'accompagnait pas, Kelly aurait probablement fini broyée dehors par les mâchoires puissantes du vent.

L'entrée de la grotte n'était pas bien grande. Jamais la jeune femme ne l'aurait trouvé sans Leo. Sous sa forme miniature, il avait cherché et débusqué une faille dans la montagne. Très petite, il fallait ramper pour s'infiltrer à l'intérieur. Si le trou n'était pas bien large, l'espace derrière, lui, s'agrandissait rapidement pour déboucher sur une caverne dont le sol était relativement plat.

Adossée contre une des parois, Kelly retira le tissu qui recouvrait la moitié inférieure de son visage. Tandis que le petit fauve explorait les recoins sombres pour vérifier s'il pouvait reprendre une forme plus imposante, elle plongea sa main dégantée dans la masse noire de son sac. Malgré sa réticence première, elle avait fait quelques tests depuis le début du voyage. La sensation n'avait rien d'agréable ni de repoussant. C'était comme toucher de l'eau de la même température que l'air. Rapidement, ses doigts sentirent l'objet désiré et ils ressortirent du sac.

Au creux de sa main, une sphère se déploya au niveau de son équateur avec un fin tissu en accordéon. Une lumière filtrée s'en dégageait faiblement et était destinée non pas à une vision parfaite des lieux, mais à l'amélioration sensitive de l'œil. Bientôt, chacun des mouvements dans la grotte, elle pourrait les percevoir.

- Leo, il y a assez de place ? l'interrogea Kelly en accrochant le lampion à son sac.

Pour seule réponse, la créature reprit une taille moyenne. Parmi les nombreux poils blancs, ceux qui paraissaient bleutés le jour dégageaient une douce lumière dans l'obscurité. Ah oui, il sait faire ça aussi. Ça ne manqua pas de surprendre Kelly.

||Dors, au lieu de réfléchir inutilement. Le sommeil c'est important, vois-tu ?||

- Tu n'as pas faim ?

||Non, nous n'avons pas besoin de nous nourrir énormément, nous, comprends-tu ?||

- Je vais te laisser dormir, je vais d'abord manger un bout.

||Bon appétit.||

- Mhm.

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Les sens en alertes, Kelly se redressa précipitamment, et retira l'appareil surauditif de ses oreilles. Pratique pour la nuit, cette sorte d'écouteur amplifiait tous les bruits. C'est ainsi que les bruits de pas, à peine perceptible désormais, l'avaient réveillée sans douceur. Une silhouette fantomatique s'approchait à une lenteur épuisante. Il fallut un instant à Kelly pour que ses yeux s'habituent une nouvelle fois à l'obscurité ambiante.

À quelques mètres d'elle, une Elfe Lunaire rongée par les années la fixait de ses petits yeux curieux.

- Par Caleb, que viens faire une frêle Technimage dans nos montagnes ?

Frêle ? Avait-elle seulement jeté un coup d'œil à ses armes ? À son corps ? À sa position à quart défensive, au reste agressive ? À son regard froid ?

- Je ne fais que passer, siffla Kelly, de mauvais poil.

- Pas ça, je ne suis pas idiote. Comment as-tu fait pour ent... Oh, je vois.

Kelly fronça les sourcils, sans comprendre. Le regard de l'Elfe Lunaire s'était détourné sur le lion astral qui la dévisageait calmement.

- Une alliance cohérente, reprit l'ancienne. Dis-moi, es-tu vraiment une Technimage ?

- Oui, répondit sèchement Kelly.

- Oui, je dois me tromper, Amé est beaucoup moins agressive. Tu devrais te faire des infusions, ça calme les nerfs. Ça fait si longtemps que je n'ai pas pu goûter une infusion à la lavande. Vivre dans ces montagnes à de nombreux inconvénients, mais je m'y plais, pas toi ?

L'Elfe Lunaire marqua une pause, mais Kelly ne répondit rien. Se plaire dans les montagnes ? Vieille folle.

- Tu ne voudrais pas aller me chercher un peu de lavande ? La meilleure se trouve à Reilam. Quelques brins devraient largement suffire. Ils font aussi de délicieux lou...

- Non, la coupa Kelly. Tu ne devrais pas être au lit à cette heure ?

L'Elfe Lunaire arqua un sourcil avant de sourire, comme une tortue.

- Merci de te soucier de moi, c'est vrai qu'il commence à se faire tard, c'est la fougue de la jeunesse, comme on dit.

Sur cette parole, elle disparu dans l'obscurité de la grotte. Après quelques secondes à s'attendre à la voir revenir avec autre chose à dire, Kelly remit son appareil surauditif et se coucha, la tête sur son sac, pour retrouver Morphée.

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