Chapitre VII - Où on assiste à l'attaque d'une cheminée (2/3)

Notes de l’auteur : [Version mise à jour le 01/03/23 après les premiers commentaires. Merci pour vos lectures et nous vous souhaitons, à vous qui arrivez, bon chemin du repentir ~]

Alors qu’Hyriel s’attendait à retourner à la manufacture, un garde le mena cet après-midi-là au pied d’un escalier où Estienne le rejoignit. Ils cachèrent leur joie de se retrouver, remplacée par une question : que leur voulait-on ? Le gaffe s’éloigna. Malgré le dos scié d’Hyriel, ils s’autorisèrent une accolade – une semaine sans s’approcher ! On avait pas tous les jours la chance d’échapper à l’œil des agents plus que le temps d’un battement de cil. Le poids des corvées sembla un instant fondre de leurs épaules courbatues.

Leurs mouvements énergiques disaient le précieux bien-être récemment récolté : lundi et mardi avaient été jours gras – une livre de bœuf, mi-bouilli, mi-rôti, suivi de pommes aux noix – et ce vendredi midi, du hareng pas trop rassi accompagné d’épinards. Même moulu au fond de ses gourdes, Estienne s’en était délecté tant cela n’arrivait pas tous les quatre matins ! Les seuls hospitalisés qui y avaient plus souvent droit restaient lesdits « bons pauvres » : ces pairs qui s’internaient d’eux-mêmes, à bout de froid, de maladie, de misère, et sortaient dès qu’on leur retrouvait emploi et utile place en ce monde. Pour Hyriel et Estienne, « correctionnaires » enfermés ici par arrêt de police, l’autorisation de quitter l’institution ne serait pas demain la veille – autant donc se réjouir de l’agréable mangeaille quand il en arrivait.

Des bottes résonnèrent : le surveillant. Les deux amis se détachèrent aussitôt et reprirent un air neutre. Estienne se vit remettre une hotte pleine de bois sec – ce bois que lui-même avait engrangé trois jours auparavant – dont il se chargea le dos. Hyriel se mordit la lèvre, craignant qu’il ne souffrît sous ce poids, mais fut rassuré d’une main levée. Le muet reçut également le seau et la pelle utiles au retrait des cendres.

— Et toi, 251, tu vas cirer les chaussures de M’sieurs les Recteurs. Montez au premier.

Il acquiesça. Ce serait bien mieux que de poncer ces infernales pièces de bois ou d’éplucher ces cordes… L’octroi de cette gentille besogne découlerait-elle de sa docilité et de ses dévotes performances ? Il était vrai que l’aumônier avait paru fort disposé à améliorer le sort des plus pieux. Ainsi encouragé dans ses résolutions, il se laissa confier, dans un sac en bandoulière, des brosses, un chiffon et le nécessaire à cirage. Une fois corvées et matériel distribués, l’officier partit.

Le soldatesque claquement de talon d’Estienne galvanisa son ami, qui prit une inspiration au pied des marches : l’ascension commençait. Hyriel détestait les escaliers, surtout dans son état actuel – mains craquelées, épaules en bouillie. Toutefois il se força, accoutumé à dompter les élancements de ses os fragiles. Au fil des marches, Estienne avançait précautionneusement – moins à cause de la hotte que pour attendre le comparse à béquilles. Pour Hyriel, une pareille attention représentait tant ! D’ordinaire, les gens oubliaient vite qu’il n’avait pas leur mobilité. À mi-parcours, ils firent une pause utile à achever l’ascension une fois reposés.

Ensemble, ils poussèrent malgré tout de profonds soupirs en arrivant à l’étage, devant une porte pimpante de son joli bois verni qui semblait dire : cy commence le seul quartier agréable de cet asile. Sur un hochement de tête valant un « c’est parti », le muet toqua. L’autorisation reçue, il entra. Hyriel s’engagea à sa suite et le remercia de lui tenir le battant ouvert.

Dans le vestibule bleu pâle tombait un lourd rideau en brocart. Son ombre plongeait vers une cheminée entourée d’une marqueterie de bois clair. Damier de pin et d’érable. La porte grinça dans le dos de l’herboriste ; il admira le décor – très beau. Trois gardiens et Sieur Berlinier circulaient – moins beaux. L’agréable température le réjouit, car il fallait bien se réjouir de ce qu’on pouvait. Mais au fond, ce confort ne l’étonnait guère : ces pauvres administrateurs, si bons et pieux, n’avaient pas à souffrir du froid pour se repentir, eux. Sans doute avaient-ils reçu la Grâce d’office.

Le recteur vint aux pensionnaires de son pas preste, imperturbablement sec et régulier comme un pendule d’horloge. Les basques de son justaucorps flottaient derrière lui dans son élan. C’est qu’il semblait pressé. Accordant à peine son attention au 93, il fit claquer sa langue.

— Ravive d’abord le feu dans la salle de réunion. Tu feras ensuite les autres cheminées de l’étage, commanda-t-il au muet avant de se tourner vers le 251 : et toi, tu travailles ici.

Ni une ni deux, il s’éclipsa. Allées, venues, documents massés sous le bras, directives distribuées deçà, delà. Estienne regarda se faire le remue-ménage avant l’habituelle rencontre du vendredi entre Monsieur le Recteur Général Berlinier, la brochette des recteurs sous ses ordres et le reste des administratifs. Chargé de sa hotte et de son seau, le muet rejoignit la première pièce de son circuit après avoir reçu de son ami un dernier signe qu’il interpréta comme un « bon courage ».

Hyriel découvrit, sur le parquet à côté d’un tabouret, une cinquantaine de paires de bottes, chausses et escarpins de cuir. Il s’installa, sous l’œil des officiers quittant les bureaux pour rallier leur poste à la relève. Ses mains sortirent brosse et cirage. Il commença, bien sagement. Il aurait tant aimé cracher sur ces bottes – évidemment par pur zèle : cela les ferait briller – mais se retint. Hyriel ne voulait pas courir le risque d’une bastonnade ou d’un nouveau retrait de son lit. Ses côtes s’en souvenaient encore beaucoup trop. Il se concentra donc sur sa corvée, au son de la serrure du vestibule verrouillée à double tour par un gardien.

Sans cesser de frotter, l’herboriste profita d’être seul pour observer la bibliothèque voisine de son tabouret : les uniques meubles de ce vestibule. Ces Seigneuries ne craignaient-elles rien, à lâcher des correctionnaires en leurs quartiers ? Il déduisit être soumis à une épreuve. Ils furetaient la moindre occasion de le prendre en faute. Ne nous laissez pas entrer en tentation. Mais Hyriel ne voyait rien d’illicite à faire entre ces murs. Il ne pouvait que se pencher de côté, plisser les paupières et lire les titres le long des tranches craquelées au parfum cuir. Quelle belle littérature se logeait là ? La Discipline des Gueux – traduction, D. V. Coornhert, 1587. Vaste programme !

Hyriel fut attiré par un maigre opuscule à l’élégant lettrage : Édit Royal de 1656. L’interné suspendit son cirage. Il n’y avait rien à voler mais beaucoup où s’instruire. Il frotta ses ongles noirs sur ses guenilles avant d’extraire l’ouvrage dont il découvrit le titre complet : Édit portant establissement d’un hospital général pour le renfermement des pauvres et des mendiants de la ville et des faubourgs de Paris. Voilà donc ce qui, saisit Hyriel, devait servir de modèle aux asiles de toutes les autres cités de France. Il ouvrit au hasard.

Ainsi, les recteurs – nommés à vie et par cooptation – recevaient « tout pouvoir d’autorité, de direction, d’administration, connaissance, police, juridiction, correction et châtiment sur tous les pauvres de Paris, tant dehors qu’au dedans de l’Hospital Général ». Tout pouvoir sur eux. De vie et de mort. Une telle idée glaça l’échine d’Hyriel. N’étaient-ils que des marionnettes dans les mains de leurs propriétaires ? La page en trembla entre ses doigts.

Plus loin, il plissa les sourcils sur des lignes dont certains mots ne lui chantaient rien qui valût : « Auront pour cet effet les directeurs : poteaux, carcans, prisons et basses-fosses dans ledit Hospital Général et lieux qui en dépendent comme ils aviseront, sans que l’appel puisse être reçu des ordonnances qui seront par eux rendues pour le dedans du dit Hospital ». Le givre des fers étreignit de nouveau ses poignets – clic clic clic –, crochets et cisailles perforèrent sa chair. Pendant un instant, il revécut la salle de torture. Sueur froide le long de sa tempe. Il frissonna, ferma les yeux et s’efforça de convoquer d’heureuses images, de la forêt, de la cahute roulante, du dehors. Quand son cœur affolé se fut apaisé, il rangea l’ouvrage. En lire davantage serait au-dessus de ses forces et la corvée l’appelait. Il replongea vers son tas de chaussures. Clic clic clic… Ces douleurs. Ces bruits. Ils persistèrent pourtant, superposés à des basses continues – une mélasse de voix lointaines – qui lui indiquèrent que la réunion de Ces Messieurs commençait.

Un clocher annonçait l’écoulement d’une deuxième heure quand Estienne reparut et s’inquiéta, sourcil haussé, de l’état d’Hyriel. Le cireur avait enfin cessé de claquer des dents. Il releva un visage souriant, trace de sa joie à le revoir et réponse à sa question. Cette besogne était de tout repos comparée à celles qu’il enchaînait depuis son arrivée. Sans compter la température agréable et le calme. Ici, l’Hôpital était comme une bête endormie. Qui pour une fois ne les mordait pas. Ni ne sifflait, ni ne toussait ou grognait. Les mains et épaules d’Hyriel demeuraient certes douloureuses, néanmoins elles avaient trouvé à se détendre.

Ses yeux croisèrent le seau plein de cendres, témoin de tout ce qu’Estienne avait pelleté aux poumons de leur géante geôlière. Les bûches entassées dans sa hotte, à l’inverse, allaient diminuant. Le muet se délivra de son chargement près de cette énième cheminée. À peine Hyriel eut-il le temps de s’enquérir à son tour de son état, qu’Estienne vint sautiller face à lui.

AY EU UNE IDÉE, EN VOYANT VENIR À
LA RÉUNION LE CHIRURGIEN MAIOR

À mesure qu’Hyriel lisait, Estienne blanchissait l’autre côté d’un rythme frénétique.

TOY : HERBORISTE & SOIGNEUR !
TU POURROY L’INTÉRESSER ! S’ILS
CONTINUENT DE VOYR QUE TU ES PIEUX,
ILS TE LAISSERONT PARLER AVEC LUY !

Le muet mima un fumet sous son nez, frotta son ventre de délectation en semblant se lover dans une confortable chaleur. Son message fut clair : passer du statut de sorcier à celui d’utile herboriste, convaincre Messieurs de sa bonté, parvenir ainsi à approcher le Major procurerait à Hyriel une nette amélioration de sa condition entre ces murs. Pour commencer, du moins – car en attendant que la gueule immense de l’Hôpital ne les recrachât très loin, le 251 se devait de travailler à l’attendrir de l’intérieur. Peut-être même allumerait-il, un jour, le feu dans le ventre de la bête !

L’idée se déploya dans l’esprit d’Hyriel comme se déplie la crosse d’une fougère. Jouer la piété d’un côté et l’érudition médicale de l’autre lui attirerait les faveurs de ce chirurgien. Il pourrait espérer avoir accès aux privilèges que son ami lui décrivait. Naturellement, il s’emploierait à en faire profiter les pairs enfermés. Ce serait à tenter avec doigté. Dans les petits papiers du Major, Hyriel aurait de quoi travailler un plan de fuite : transformer cet individu en allié ; dérober quelques plantes, une lame dans ses réserves… La malice plissa ses traits alors qu’il sortait de ses pensées.

— J’aime l’idée. De quoi se jouer de ces charitables recteurs.

Hyriel osa cette fois-ci cracher sur la botte qu’il astiquait – et cela brillait effectivement mieux ! Sur un tressautement d’épaules complice, son ami s’attaqua à la cheminée. À genoux. Coups de pelle. La cendre emplit le seau, dégageant sa poussière. Des borborygmes inquiétèrent Hyriel, mais au moins le masque protégeait Estienne – qui avait l’habitude. Ils étaient loin, ses premiers mois comme grand brûlé où la seule idée d’approcher un feu réveillait son effroi, attisait ses palpitations, ardait chaque pore de sa peau si mal reconstituée que le moindre effleurement y jetait la sensation d’un incendie. Il acheva de récurer l’âtre, d’un tison qui lui donna l’idée de parodier une estocade au ventre de la cheminée.

DANS L’ARMÉE
I’ÉTOY PIQUIER

— Les flammes n’ont qu’à bien se tenir alors !

Estienne disposa de l’amadou au sein du foyer, couvert d’un brin de suie piochée dans la réserve. Puis il cassa du petit bois, en fit une pile centrale et rajouta les bûches qu’il installa avec précaution. La cheminée se résumait jusqu’alors à une grande gueule noire. Béante. Morte. Naquirent de faibles crépitements tandis que les premières flammes poussaient sous les gestes du vétéran. Peu à peu, la bouche s’anima, crachota, chantonna. Les mains d’Estienne vinrent au plus près du feu, ses épaules roulèrent en avant, son visage brisé s’offrit au ballet des teintes fauves. Il encouraga la montée des langues orangées, il se laissa lécher par leur enivrante chaleur et en ronronna de plaisir. Il faisait si froid dans le reste de l’Hôpital ! Oh, il fut content comme un enfant !

Le cireur s’était autorisé un répit en percevant le bruissement des flammes – pas mortifères, celles-là ; pas celles du bûcher. À l’entendre interrompre sa tâche, Estienne eut soudain une idée. Il se tourna vers Hyriel, une immense joie dans ses iris où le feu se répercutait.

VENIR DEVANT L’ÂTRE ? IUSTE UN
MOMENT & AVEC TON CIRAGE.
LEUR RÉUNION PEUT DURER

— Tu n’as pas peur de te mettre en retard ? Ou qu’ils nous repèrent ?

ON LES ENTEND REMUER
& AY GALOPÉ EXPRÈS SUR
PREMIÈRES CHEMINÉES

D’abord hésitant, Hyriel se laissa convaincre. Il sourit tel un bienheureux à sentir se profiler un luxe dont il n’avait pas profité depuis si longtemps. Estienne se mit aussitôt debout, au mépris des inflammations de son dos. Il épousseta ses haillons. Hyriel rangea brosse et cirage dans son sac. Il se prépara à saisir ses béquilles avec l’espoir d’avancer discrètement, quand son ami fit une chaise de ses bras ouverts – ainsi ne seraient-ils pas trahis par le claquement des cannes !

— Tu… es sûr ? hésita l’herboriste, conscient de n’être pas léger comme un enfant.

Il se vit signer un « tout ira bien » du bout des doigts. Soldat, Estienne avait déjà porté des camarades blessés. Et ce ne serait là que l’histoire d’une courte distance. L’affaire fut entendue.

DIS SI IE FAY MAL

Estienne l’invita à nouer les bras à ses épaules puis fit siège autour de lui, serrant sa taille et le pli de ses jambes. Brève marche discrète. Position prise en face de l’âtre. Avant qu’Hyriel n’eût remarqué qu’il lui manquait chaussures et cirage, Estienne les lui avait déjà apportés. Tranquillisé, il s’étira comme un chat, laissa son esprit se détendre. Profiter de la douce enveloppe du feu. Son camarade se mit en tailleur à ses côtés, après un passage vers la porte où il avait collé l’oreille – le temps de s’assurer que leurs chers administrateurs fussent pleinement concentrés.

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ClementNobrad
Posté le 01/03/2023
Coucou,

Ce petit arrêt au coin du feu est réconfortant. Un peu de chaleur dans ce monde froid fait vraiment du bien. On voit bien que vos distillez au passage des petits détails qui seront utiles à nos héros pour les péripéties futures ( les cordes, les cheminées...) j'aurais bien une idée sur la manière de s'échapper mais peut etre que je me trompe totalement ^^


"un élan de sa méfiance naturelle lui fit redouter qu’ils prissent plaisir à importuner son son ami." > repetition du "son"

"Ici, l’Hôpital était comme une bête endormie. Qui pour une fois ne les mordait pas. " > Vous avez l'habitude de faire des phrases très courtes qui jouent avec les structures grammaticales traditionnelles. Jusque là je les lisais assez fluidement. Celle-ci me semble toutefois moins assurée. Ce "qui" pronom relatif en début de phrase me "heurte" un peu :) pourquoi ne pas assembler les deux phrases en une ? Je ne comprends pas l'effet recherché ici.

"Ou à allumer le feu dans le ventre de la bête." > un peu le même questionnement ici :)

Au plaisir de lire la suite
JeannieC.
Posté le 02/03/2023
Oops, vilaines coquilles et maladresses - c'est bien noté ! On retouchera ça.
Héhé, on aime voir se construire les théories des lecteurs sur ce que les deux loulous essaient de mettre en place ou d'exploiter. Et puis oui, un moment de douceur pour eux de temps en temps.

Thanks again ! <3
A bientôt !
Louison-
Posté le 26/02/2023
Re- !
Un moment un peu plus calme et presque "hors du temps" que voilà, et plus chaud aussi, d'une certaine manière, de part la cheminée et la présence de l'un et l'autre qui font qu'Hyriel et Estienne se sentent bien sur la fin <3

Concernant le départ et toutes les informations glissées au sujet de l'Hospital, je les ai trouvées bien dosées et très (très) glaçantes. Vous montrez bien à quel point les dirigeants de ce genre d'institutions ont la main-mise sur ceux qui y sont placés. Rien d'étonnant à ce qu'Hyriel en soit tout désemparé quand Estienne revient :/

Moment un peu de désespoir, donc, mais moment d'ouverture aussi qui suit avec la perspective d'être en lien avec un chirurgien ! Ca arrangerait bien la situation d'Hyriel effectivement, et d'autres s'il arrive à étendre un peu son influence <3

Puis la fin qui est toute mignonne, qu'Estienne porte Hyriel bon bah voilà je fonds, il en faut pas beaucoup pour me mettre des pétilles aux yeux aha. J'aime bien comment vous les rapprochez, toute en délicatesse, lenteur et tendresse. Ca crée un réel rapport de connivence ente eux d'eux et c'est super beau <3
JeannieC.
Posté le 01/03/2023
Re !
Aaaah, nous sommes très contentes de ton impression pour le moment un peu historique, avec les authentiques extraits du règlement des hôpitaux généraux. Hela et moi craignions un peu le côté didactique, c'est toujours le danger dans le roman historique - mais ravie alors si ça passe bien <3
Et vouiii, ça y est, Estienne porte sa princesse ahah. Blague à part, merci beaucoup =)
ZeGoldKat
Posté le 25/10/2022
On dirait qu’Hyriel récolte les fruits de ses ruses ! Le voilà qui échappe au travail à la manufacture. C’est cool ça. Un bon premier pas, en attendant j’espère de pouvoir rencontrer ce chirurgien dont lui parle Estienne. Y a qu’à espérer que le mec ne soit pas aussi obtus que ceux qui ont envoyé Hyriel devant les juges en tant que sorcier. Je reste méfiant : tout ça a l’air beaucoup trop beau et j’ai d’autant plus peur de la chute…
Un chapitre dense, avec des perspectives optimistes pour Hyriel et surtout l’occasion pour vous de glisser pas mal d’informations historiques. C’est plutôt bien fait et pas trop lourd. Disons que ça va que tous les chapitres ne sont pas aussi documentaires. Là c’est bien dosé et je comprends, pour un roman historique, qu’il faut deux trois moments de pause "contexte". En plus vous n’êtes jamais professorales donc ça passe bien.
Les "bons pauvres" et la "discipline des gueux" woah la violence et le mépris. Je ne connaissais pas du tout ce volet du 17e siècle, on apprend Molière, Versailles, la Cour, un peu la fronde, mais on se figure pas l’état de misère des couches les plus basses à cette période. Je découvre aussi cet édit du roi pour l’ouverture des hôpitaux généraux.
Bref super intéressant. Le tout présenté à travers les yeux d’Hyriel, comme ça on a ses petites phrases ironiques ici et là pour rendre tout ça vivant.
J’ai adoré la métaphore de l’hôpital en animal géant, qui grogne, tousse et rudoie les enfermés à l’intérieur. C’est très parlant. Sous votre plume, même les lieux ont l’air vivants et ça donne un super effet dramatique. Surtout le moment où ils parlent de mettre le feu dans le ventre de la bête, j’ai directement pensé à Pinocchio et Gepetto coincés à l’intérieur de la baleine haha.
JeannieC.
Posté le 25/10/2022
Ah ça, c'est toujours tendu en roman historique, le bon dosage des informations et l'évitement d'un ton professoral. C'est vrai que cette section est assez dense à ce niveau, mais nous sommes contentes si selon toi ça "passe" quand même - on essaie de faire en sorte que cela reste rare. ^^
Pour l'hôpital général et le "grand renfermement", je dois avouer que je n'ai commencé à en entendre parler qu'à la fac. À un cours de XVIIe siècle justement, sur la folie dans la littérature classique. Et puis en lisant Michel Foucault, qui a beaucoup traité le sujet.
Oh et merci beaucoup, pour la métaphore du monstre-hôpital, ça me touche.
LouiseLysambre
Posté le 12/07/2022
Hello !

Alors, ça fait grand bien un peu de chaleur et de beauté dans ces lieux ! J’ai beaucoup aimé ce passage. Et le fait d'avoir un échappatoire côté herboristerie pour Hyriel, c'est une super bonne idée. Bravo Estienne ;) leur complicité est de plus en plus touchante, aussi.

« Ici, l’hôpital était comme une bête endormie. Qui pour une fois ne les mordait pas. Ni ne sifflait, ni ne toussait ou grognait. » -> très joli

« Pour commencer, du moins – car faute de souhaiter raisonnablement que bientôt la gueule immense ne les recrache loin, très loin, ils pouvaient travailler à l’attendrir de l’intérieur. Ou à allumer le feu dans le ventre de la bête. » -> ça aussi ! J’adore la métaphore de la bête pour parler de l’hospice, c’est hyper parlant.

Ah, et j'ai repéré deux fois le mot engrangé à deux paragraphes d’intervalle, peut-être un petit synonyme pour varier?

Bonne journée à vous 2 et à très vite !
JeannieC.
Posté le 12/07/2022
Hellow ! =)
Ah, nous sommes très touchées si le côté recherche de la lumière et de la tendresse dans cet endroit de misère fonctionne ^^ Et oui, le chirurgien de l'Hôpital va fournir un petit levier pour Hyriel héhé. S'il ne refait pas le fou d'ici là *tousse*
Oops, merci d'avoir pointé la petite répétition de "engrangé" qui nous avait échappé - voilà qui est corrigé. Et ravies que tu aimes le côté baroque du texte, l'hôpital transformé en bête, tout le côté enfer.
A bientôt ! :)
Edouard PArle
Posté le 01/03/2022
Coucou !
Sympa d'intégrer des citations authentiques, ça ajoute à la crédibilité de votre propos.
La rébellion reste gentille mais j'ai l'impression que peu à peu Hyriel reprend confiance et plus de risques. Ne serait-on pas à l'aube d'une pente dangereuse ? Il suffit de se faire prendre une fois...
J'ai bien aimé l'image de fin de chapitre auprès du feu...
Mes remarques :
"celles qui déjà leur manquait" -> manquaient ?
"Hyriel se libéra une main qui vint près de la nuque chaude du camarade." je pense que ça peut être mieux tourné, j'aurais peut-être plutôt vu un truc comme : Hyriel libéra une main qui vint caresser / toucher (ça dépend ce que vous voulez dire) la nuque chaude de son camarade
"de ces mets qui n’arrivait pas" -> arrivaient
"et utile place en le monde." -> ce monde ?
"Hyriel admira le décor – très beau. Trois gardiens et Monsieur Berlinier allaient et venaient – moins beaux." xD joliment tourné !
"de ce dont ces institutions" -> ses ? (pas sûr)
Un plaisir,
A très vite !
JeannieC.
Posté le 03/03/2022
Coucou !
Merci pour ta lecture et ton regard toujours si attentif - nous avons corrigé les quelques coquilles et maladresses que tu as pointées =)
Et en effet, petit à petit Hyriel glisse le long d'une pente dangereuse ~ Un peu en mode "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras" alors il essaie de profiter de ce qu'il peut prendre même si c'est risqué x)
A une prochaine !
Yannick
Posté le 22/02/2022
Après un passage très drôle, un autre beaucoup plus dense. Presque trop au début, en tout cas à mon gout.
Je suppose que les références biblio et les citations sont réelles : super ! Apprendre un peu d’Histoire en lisant une histoire... j’adore.
La fin de cette partie est plus légère, même si j’ai un peu de mal à me faire une idée précise de l’espace.
JeannieC.
Posté le 22/02/2022
Re -
En effet les citations de l'édit royal de 1656 pour l'hôpital général de Paris sont authentiques. =D On a trouvé le document sur Gallica. Ravies que tu apprécies découvrir tout ça.
Pas mal d'infos en effet dans ce début, peut-être qu'en aérant un peu tout ça, ça améliorera un peu déjà - en tout cas on prend note!
Hortense
Posté le 10/02/2022
Re…
Les idées crépitent avec la vigueur des flammes allumées. Déjà se dessine un avenir possible et bien que cet espoir soit ténu, il n’en est pas moins réel. Toutefois on ne peut s’empêcher de trembler devant leur audace, si un garde surgissait à cet instant, tout ne serait-il pas remis en question ? Mais ce qui est pris n’est plus à prendre semble être d’une certaine façon leur devise…
A suivre.
A bientôt
JeannieC.
Posté le 12/02/2022
C'est totalement ça, au point où ils en sont ils se comportent un peu en mode "prenons ce qu'il y a à prendre s'il n'y a pas trop de risques". Mais sûr qu'ils ne sont jamais vraiment à l'abri...
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