Elle enfila son armure, s’équipa et quitta sa chambre. Elle était déjà passée en mode combat, prête à trouver la formation du couloir en un temps record. Elle qui se targuait d’avoir une très bonne intuition ne vit absolument rien venir jusqu’à l’instant où on lui posa un pistolet sur la tempe. Revenue brutalement à la réalité, elle découvrit Camille poussé hors de chez les voisins, tenu en joue par Serge et Lolita, Samuel et Sam sortaient de la maison en face et Stéphane arriva derrière elle depuis son propre salon.
— Merci, Camille, pour tes précieuses informations, salua Strada en quittant le toit par les marches, l’arme à la main, lui aussi. Ça nous aura évité d’attendre des jours que les limbes se décident.
— De rien, répondit Camille d’une voix blanche.
Il se tourna vers Chris, le visage grave.
— Donne-moi ton équipement. Immédiatement.
— Va te faire foutre.
Elle plissa les yeux, dangereusement calme.
— Tu vas me tirer dessus ? Tu vas tuer Camille ? ironisa-t-elle. Non. Alors arrête avec ta mise en scène vulgaire.
— Je vais peut-être pas vous tuer, mais je peux vous enfermer tous les deux !
— Mettons les choses au clair, dit-elle en dégageant son grappin de sa manche. Tu sais que je continue à chercher Tony dans les limbes. Vis avec.
Elle visa un bâtiment derrière eux. Strada se précipita sur elle et donna un coup dans son poignet pour l’empêcher de tirer. Elle riposta d’un uppercut au visage qui ébranla à peine le colosse. Il tenta de lui agripper les mains, mais elle frappa plus fort d’un coup de pied dans le genou gauche. Strada recula avec un râle. Autour d’eux, aucun des membres de la brigade ne semblait décidé à prendre parti, mais tous se tenaient prêts à intervenir en cas de bagarre.
— Reste ici ! hurla Strada. Tu as assez mis ta vie et celle de tous ceux qui t’entourent en danger !
— Vraiment ? Si je n’y étais pas allée dans les limbes, Didier serait mort ! Moi pas, lui oui ! C’est toi au contraire qui mets les gens en danger !
— À tous les coups, c’est de ta faute ! Tu te crois maligne à rameuter tous les monstres en fouillant partout ?
— N’importe quoi. Qu’est-ce qu’il faut pas entendre ! Tu veux juste pas me croire quand je te dis que Tony est vivant !
— Qu’est-ce que Tony vient faire là-dedans ! Tes lubies, toujours tes lubies ! Nous on essaie de garder une ville tout entière en vie ! Et toi…
— Commence par sauver les membres de ta Brigade, à commencer par Tony avant de prétendre jouer les bons samaritains !
— Tu oses alors que vous faites de la contrebande ? Tu oses alors que c’est toi qui a ramené du matériel pour que Bellem fasse sauter la ville !
Chris encaissa le coup. Autour d’eux, tous hésitaient. Il était évident que personne ne tirerait sur Chris ni sur Camille. Ce dernier avait été relâché et tenta une approche.
— Chef, calmez-vous ! Bellem a composé sa bombe avec tout ce qu’il a trouvé y compris les échanges avec vous. Elle n’a fait que ramener du minerais. Et puis elle a permis la plupart des avancées que j’ai pu vous donner. Vous ne pouvez pas lui en vouloir, sa seule exigence était que vous ne soyez pas sur son dos, elle n’a mis personne en danger.
— Regarde-le, à jouer au chef alors que tout ce qu’il sait faire c’est harceler ! Tu es une plaie Strada ! Tu as toujours été une plaie !
Camille plissa les yeux. Ok… ils ne l’entendaient même pas. Quand il se rendit compte qu’ils n’étaient plus très loin de se battre à nouveau, il fila à l’intérieur de la maison. Mieux valait des preuves concrètes que des mots. De toute façon plus personne ne faisait attention à lui. Dehors, les sirènes commencèrent à hurler et le sol à trembler. Aujourd’hui plus qu’aucun autre jour, c’était l’apocalypse.
— Je peux plus voir ta tête ! cria Chris. Depuis le tout début, tu t’acharnes sur moi, tu crois vraiment que j’allais supporter ça toute ma vie ?
— Pauvre petite malheureuse.
Chris sentait qu’elle était sur le point d’exploser. Sa colère débordait. Des choses qu’elle avait retenues au fond d’elle, contenues, mais retournées encore et encore dans ses pensées, sortaient sans barrage. Strada était sa plaie, à cause de lui tout allait mal pour elle, elle lui en voulait jusqu’au fond de son âme ! Elle poussa Strada une fois, deux fois jusqu’à ce qu’il réponde et quand il la repoussa, elle frappa sans hésiter. Des brigadiers se précipitèrent pour les séparer. Quelqu’un cria. Sur le coup, personne n’y prêta attention. Alors Lolita se mit à bégayer.
— Tony ! Tony est infecté.
— Hein ?
Tout le monde chercha où se trouvait Tony et tous les regards se tournèrent vers le volcan où au loin le couloir était déjà apparu, parfaitement net et rendu lumineux par l’éclat éblouissant du soleil.
— Putain, non ! Pas Tony ! rectifia Serge en braquant son pistolet vers Chris. C’est Camille !
— Attention !
Il se tenait sur le pas de la porte, l’arme de Stéphane qui gisait à côté de lui à la main. Il venait de modifier les réglages pour passer en mode rayon large d’un air calme et affairé. L’instant d’après, il visait devant lui. Strada agrippa Chris par l’épaule et la plaqua au sol pendant que tous s’écartaient. Le laser ne toucha personne, mais mit le feu à une barrière de jardin.
Camille ne chercha plus à tirer. Il traversa le groupe, prit une petite impulsion et sauta. Le bond qu’il fit n’avait rien d’humain. Il retomba de l’autre côté de la rue plusieurs mètres plus loin et repartit en sprintant, droit en direction du volcan.
— Non !
Chris repoussa Strada et s’élança à sa poursuite. Lolita, Samuel et Serge lui emboitèrent le pas et Sam se précipita vers Stéphane. Strada se rua en direction du QG de la Brigade.
Camille courrait plus vite que jamais et avec une aisance qui ne lui appartenait pas. Tous ceux qui le suivaient avaient cette impression que les murs s’écartaient autour de lui pour le laisser passer tandis que pour eux, ils n’étaient que des obstacles. Chris se servit de son grappin pour le rejoindre. Elle visa et s’élança. Au moment où elle se retrouva dans les airs, Camille se retourna et tira. Le laser brûla une mèche de ses cheveux alors qu’elle donnait un coup dans le toit à côté d’elle pour dévier sa trajectoire. Elle chuta vers le vide, quatre bras solides de la Brigade la rattrapèrent. Le ronronnement du moteur leur parvint. Quelques secondes plus tard, Strada coupait la route de Camille avec le fourgon. Celui-ci prit à nouveau son élan et sauta par-dessus comme si c’était normal. En plein vol, il se tourna vers Chris et lui sourit comme pour lui dire « Voilà comment on fait, amatrice. »
Chris monta dans la camionnette par l’arrière tandis que Strada manœuvrait pour la dégager de la venelle. Le chef fonça pour rattraper leur cible. Camille réagit en bifurquant vers des rues plus petites, plus serrées. Strada suivit un moment, mais dut piler net devant une impasse. Chris sortit et s’élança avec son grappin pour rejoindre Camille dans la voie des airs et à nouveau, il la visa en plein vol, mais elle avait prévu le coup et se servit d’un bout de taule trouvé dans le fourgon pour dévier le tir. Le métal rendu brûlant lui échappa tandis qu’elle roulait sur le sol à l’atterrissage. Lorsqu’elle releva les yeux autour d’elle, il n’y avait plus personne. Elle ne se démonta pas pour autant. Elle savait où il allait. Elle bifurqua en direction du portail des limbes utilisant désormais son grappin sans retenue. Sur place, elle vit la Brigade au grand complet, y compris les membres les plus lointains, le monte-charge baissé, la barricade exposée en dessous.
— Dans le couloir, cria Strada.
Elle visa et s’envola. Camille était à l’autre bout, le pistolet pointé sur elle. Le tir ample manqua de peu de la griller tandis qu’elle retombait du tunnel sur le monte-charge en train de s’élever. Elle se redressa et repartit à l’intérieur. Elle estima qu’à cette puissance son arme serait bientôt à court de batterie, mais il faudrait quand même qu’elle se méfie. Elle vit Camille disparaitre dans les limbes. Dents serrées, elle traversa le couloir en courant. Arrivée devant la porte, elle se propulsa en avant et atterrit de l’autre côté d’une roulade, mais Camille n’avait pas prévu de piège. À la place, elle trouva les deux mineurs autour d’elle qui lui montrèrent la voie. Elle se releva et s’y précipita.
— Reviens ici tout de suite, cria-t-elle. Camille !
Elle dégaina et tira en l’apercevant au loin. Le laser le coupa dans son élan alors qu’il bifurquait sur la droite. Il se tourna vers elle, la visa. Rien qu’à sa posture, elle comprit qu’il était encore en rayon large. Elle leva à nouveau son arme et la pointa sur la sienne. Ils tirèrent en même temps. Le pistolet de Camille s’envola tandis que Chris se protégeait derrière ses bras d’une vague de chaleur brûlante, mais guère plus offensive. En une poignée de secondes, elle fut sur lui et tenta de le plaquer au sol. Campé sur ses jambes en une pause solide, il lui résista trop bien. Le combat s’engagea, féroce.
Je me disais que j'aurais bien voulu un peu plus d'action et.... tu me la sers sur un plateau !
Suggestion : mettre le tout début du chapitre à la fin du précédent. Ce chapitre est superbe.
J'en dis pas plus, je vais au suivant <3