Partie 6 : Explosion

— La bombe a été désamorcée, les ingrédients ont été récupérés autant que possible et laissés à l’abri dans la réserve du dépôt, expliqua Strada. On m’a dit qu’effectivement, les alertes avaient été utilisées comme compte à rebours. Chaque fois qu’on en lançait une, le temps diminuait d’une unité. Quand on est arrivé, il ne restait plus qu’une unité, celle que Layla a demandé à Irvine d’empêcher. 

Camille hocha la tête. Les deux hommes buvaient tranquillement un café à la table du salon. 

— Elle est où Chris ? 

— Elle a la crève, elle est au lit. 

— La crève ? ironisa Strada. La gueule de bois, oui… 

Comme Camille ne disait rien, il soupira d’un air désabusé. 

— Bon, et… comment tu as su pour Bellem ? 

— J’étais coincé au bar pendant l’alerte. Layla m’avait raconté qu’elle avait peur d’être infectée… Je me suis rendu compte que ses symptômes n’étaient pas ceux d’un infecté, mais de la Terreur. 

— Et pour la bombe ? 

— Layla a laissé entendre qu’elle et Bellem dormaient ensemble et que parfois, la nuit, il passe ses insomnies sur son ordinateur. J’ai fouillé un peu pour me changer les idées et j’ai trouvé rien de moins que la liste des ingrédients d’une bombe. Dans le doute, j’ai appelé Irvine. 

— Pourquoi tu lui as pas dit que Chris n’était pas avec toi ? 

Camille fronça les sourcils. C’était donc bien un interrogatoire. 

— J’étais en pleine crise de Terreur et j’avais un spectre en face de moi, il ne fallait pas trop m’en demander. Je suis désolé, je n’ai pas assuré et ça aurait pu mieux se passer. 

— Oh non, ne dis pas ça, tempéra Strada. Tu as quand même déjoué un plan catastrophique ! C’est juste que depuis un certain temps, j’ai une drôle d’impression. 

— Quel genre d’impression ? 

Strada resta plusieurs secondes silencieux, les yeux rivés sur la porte de Chris. 

— L’impression qu’on me prend pour un con, dit-il finalement. Bon, tu as d’autres choses pour moi avec ton informatique ? 

— Pas vraiment, je bosse avec ton équipe sur le logiciel pour les échanges, je suis en train d’essayer d’améliorer la rapidité et la puissance de l’ordinateur. C’est tout. 

— C’est déjà bien. Allez, je vais rentrer. Ton planning parle d’une alerte aujourd’hui, tu confirmes ? 

— Ouais. C’est pas fiable à l’heure près, on a pu le constater la dernière fois, mais mieux vaut se tenir prêt. 

Strada hocha la tête et se leva. 

— Merci pour ton aide, et merci pour le café. Passe le bonjour à Chris de ma part. 

— Je n’y manquerai pas. 

Camille raccompagna Strada jusque dehors et le regarda s’éloigner. L’impression qu’on le prenait pour un con, hein ? Ça sentait mauvais. De toute façon, ça avait toujours senti mauvais entre Chris et le chef, il n’était même pas surpris. 

Il se dirigea vers la chambre et passa la tête par l’embrasure de la porte, mais il ne vit que sa silhouette dans la pénombre. Elle n’avait pas bougé de son lit, allongée.

— Comment tu te sens ? demanda-t-il. 

— Ça ira. 

Il referma le battant et retourna s’installer derrière son bureau. Elle était couverte de bleus, mais ce n’était rien de plus que ça. Ça ne l’empêchait pas de se dire que cette sortie-là, ce serait plus prudent si elle ne la faisait pas. Il ne la sentait pas. Elle n’était pas au mieux de sa forme. Un démon rôdait dans les parages. Non, la situation ne lui plaisait vraiment pas. 

Chris émergea de sa chambre en pantalon et gilet, l’air mal réveillé. Elle se dirigea vers l’évier pour se servir un verre d’eau et se rapprocha de lui. Il l’observa, surpris. 

— Tu as froid ? 

— Non. C’était au cas où Strada entrerait… 

Elle bâilla longuement. 

— Ça ne fait plus de bruit, dit-elle en montrant l’ordinateur. 

Il sourit. 

— Viens voir. 

Les upgrades sur son matériel dont il avait parlé à son chef étaient en réalité terminés. Il avait intégré l’ordinateur que Chris avait ramené à celui existant. Le résultat était bluffant. La vitesse de la machine était désormais tout à fait décente. Quant au souffle entêtant des ventilateurs, c’était maintenant de l’histoire ancienne. Et puis il avait pu mettre la main sur toute une flopée de logiciels très intéressants. 

— Regarde… 

Elle s’assit sur l’accoudoir de la chaise, il passa un bras autour de sa taille pour qu’elle soit plus stable et lança une vidéo tirée des limbes. L’effet du correcteur était stupéfiant, les images donnaient presque l’illusion d’être en couleur, les détails étaient même quasiment nets. 

— Oh… 

Chris pencha la tête sur le côté en reconnaissant le moment qu’il avait choisi de lui montrer. Ce n’était pas n’importe lequel. Elle plissa les yeux quand la seconde cruciale arriva. Camille mit pause à l’instant où Chris se retournait pour tirer sur le démon. 

— C’est pas lui, murmura la jeune femme. 

— C’est bien plus évident, maintenant, hein ! approuva Camille. Ça ne peut pas être mon père. Ce n’est qu’une grossière imitation. 

— Les démons ne sont pas doués avec les expressions humaines. 

— On dirait bien. 

Il coupa la vidéo. 

— Voilà. Qu’en dis-tu ? 

— C’est pas mal, tu as bien travaillé. Maintenant tu peux ranger tes affaires et rejoindre les voisins, dit-elle en se redressant. 

— Hein ? Pourquoi ? 

— Pourquoi à ton avis ? 

Il regarda son planning des éruptions et grimaça. Il était encore en retard. 

— Bon, j’y vais. Tu as besoin que je te ramène quelque chose ? 

— Rien qui presse. Tu devrais garder un œil sur les nouveaux aujourd’hui aussi. En plus, tu n’es pas en état de faire des kilomètres. 

— T’occupe pas de ça. 

Elle le regarda se lever en grommelant. 

— Et ton armure ? fit-elle remarquer. 

— Faut être cinglé pour porter ça. On crève de chaud ici. 

Elle l’entendit râler encore tandis qu’il sortait. Elle aurait aimé qu’il mette son armure, mais c’était la pire tête de mule de l’univers. Il n’empêche qu’il avait raison sur un point, elle ferait mieux d’être vigilante aujourd’hui aussi. Les petits nouveaux n’avaient pas parlé de mauvaises rencontres dans les limbes, mais se perdre si loin alors qu’ils avaient pour consigne de toujours rester ensemble, ce n’était pas un hasard. 

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Raza
Posté le 15/07/2025
Coucou !
Elle reprend du service ! Euh, déjà? ^^ mais tu nous a privé de la scène de désamorçage !
Sinon, ici, ne pourrions nous pas avoir une révélation ? On l'aurait bien mérité non? Car finalement ce chapitre ne nous apprend que peu de choses, car l'interrogatoire consiste soit a redire ce qu"on sait, soit à mentir (mais du coup on n'apprend rien).
Gogogo Chris <3
À bientôt !
Solamades
Posté le 29/07/2025
Oh bah ça arrive 😁
On se retrouve au chapitre suivant
Solamades
Posté le 29/07/2025
Oh bah ça arrive 😁
On se retrouve au chapitre suivant
Solamades
Posté le 29/07/2025
Oh bah ça arrive 😁
On se retrouve au chapitre suivant
Solamades
Posté le 29/07/2025
Oh bah ça arrive 😁
On se retrouve au chapitre suivant
Solamades
Posté le 29/07/2025
lol, il s’est passé un truc bizarre là !
Raza
Posté le 29/07/2025
Oui, j'ai cru que j'avais des tas de réponses XD
LogistiX
Posté le 04/07/2025
Coucou,

J'ai rattrapé mon retard ! J'aime beaucoup la façon dont Camille s'en est sorti au bar, cette petite enquête que tu as fait tourner autour du spectre. Je trouve que depuis le début du roman, la personnalité des personnages s'est affirmée et que le texte est beaucoup plus fluide. Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu à leur sujet, mais le texte coule, est fluide, les dialogues sont naturels et collent bien aux personnages. C'était super agréable à lire !

Par contre, le texte de ce chapitre est exactement le même que celui du chapitre précédent. Je suppose que ce n'est pas normal ?

Merci pour le partage,
LX
Solamades
Posté le 08/07/2025
Salut LX ! Ça faisait un moment !
Merci pour ton commentaire, c’est rassurant, je vais dans le bon sens !
Oups… effectivement, le chapitre d’avant était en trop, c’est un cafouillage de passage de partie.
Merci pour ton retour et à bientôt ! 
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