Quand Marité vit Camille pénétrer chez elle, elle hurla. Son mari empoigna une batte, et se rua sur lui. Camille recula.
— Du calme, on est avec la Brigade ! On vient parler du spectre !
L’homme frappa. Chris entra à son tour, tendit le bras et attrapa l’arme en plein mouvement, provoquant un instant d’étrange immobilité.
— Il a été testé, dit-elle. Tout va bien.
Marité consulta son mari du regard. Lui baissa sa batte et sa femme approuva d’un hochement de tête.
— C’est vrai que les chiens ne font pas des chats, dit-elle. Tu es le fils de Tony, les spectres, tu les manges au petit déjeuner. Mais ne reste quand même pas sur le toit quand il y a une alerte, c’est pas parce que tu n’as pas peur qu’il faut te mettre en danger comme ça.
— Nous mettre tous en danger, corrigea son mari.
Chris pinça les lèvres et accusa Camille du regard.
— Euh… à l’avenir, je serai plus prudent.
Quand ils ressortirent, ils avaient toutes les informations dont ils avaient besoin. Les voisins avaient l’air à peu près normaux et ils étaient d’accord avec eux : les hurlements ne provenaient pas du côté qu’ils avaient à interroger. Par acquit de conscience, Camille tint à aller frapper chez tout le monde, ne serait-ce que pour dire à tous qu’il n’était pas infecté. Mais comme il l’avait déjà compris, les cris venaient de l’est, et pour toutes les maisons de la rue, l’est, c’était là où logeait Camille. Certains foyers se montrèrent carrément hostiles et c’est Chris qui dû prendre les devants, n’hésitant pas à être brutale chaque fois qu’il était impossible de parler. Camille ne s’occupait que de ceux qui acceptaient de leur adresser la parole. Les interrogatoires durèrent plusieurs heures.
Quand ils rentrèrent, Chris était dans une humeur effroyable.
— Si tu es encore là à mon réveil, tu vas le regretter, prévint-elle avant de s’enfermer dans sa chambre.
Il grimaça et se dirigea vers la cuisine. Il l’avait poussée à bout et elle n’était pas difficile à faire sortir de ses gonds. Il était encore convaincu qu’elle était celle qu’il lui fallait, celle qui avait une chance de faire avancer les choses. C’était une évidence, elle avait la force nécessaire, le courage, les techniques qu’elle tenait apparemment de son père. Et puis c’était flagrant avec les gens. Lui se laissait déborder, elle, elle avait toujours le dessus d’une façon ou d’une autre. Mais aussi qualifiée soit-elle, il y avait un truc qui clochait chez elle, dans son histoire et dans son comportement. Elle avait été recrutée par la Brigade qui fonctionnait de toute évidence à la confiance, elle avait travaillé pour son père… La femme d’aujourd’hui qui peinait à adresser la parole à ses voisins n’aurait jamais été jusque là. La femme qu’il avait sous les yeux n’était qu’à peine capable de le mettre à la porte tant les relations humaines avaient l’air compliquées pour elle. Et puis… On ne se donne pas tant de mal pour casser la confiance de la Brigade quand on a des objectifs quasiment similaires… Elle faisait semblant de boire devant Strada, elle le provoquait. Quant à Strada, il avait tout d’un bon gars du genre solide et imperturbable, mais il était si coincé avec elle qu’il parlait d’elle à voix basse, penaud. Il s’était passé un truc pas net entre ces deux-là.
— Ils ont couché ensemble, s’exclama-t-il.
Non, c’était un peu tiré par les cheveux. Et cette idée lui donnait des sueurs froides. Elle avait quoi… seize ans, quand elle était dans la Brigade ? Et lui en avait sûrement plus de quarante… Même s’il savait qu’il fallait toujours privilégier la pire explication pour se rapprocher de la vérité, là ça allait trop loin. Il n’avait pas envie d’imaginer ça.
Au final, peu importait, il était à Eïr, désormais, il avait des objectifs à atteindre et Chris pouvait y arriver, il était juste temps qu’il la secoue un peu, mais serait-il capable de supporter les conséquences ? Et l’inactivité qui en découlait ?
Chris dormait. Elle avait des horaires improbables, une fixation indétrônable sur son volcan, mais lui… Il s’ennuyait ferme. Il était décidé, il ne partirait pas. Mais il avait besoin de choses à faire. Comment s’occuper dans un monde sans ordinateur et sans internet ? Il n’avait plus de téléphone et n’espérait même pas en récupérer un vu ce qu’il avait pu observer jusque là. Il pouvait sortir continuer à explorer, mais là tout seul… Il ne se sentait plus si aventurier, finalement. Plus tard.
Ok, alors, personne n'est infecté ?! et le cri venait de la maison de Chris... j'ai une hypothèse : et si c'était Tony qui combattait dans un autre espace temps, du coup c'est lui qui chasse et la population perçoivent les cris mais ne peuvent le voir 🤔
😂 Mon imagination va trop loin là !
— Ouais, dit-elle. Il dit n’a pas menti, et il a été testé. Tout va bien.
Une manque un mot dans la phrase non ?
Encore un bon chapitre, merci pour le partage.
J’adore ta théorie ! Tu verras ! 😸
Plus précisément, le cri ne venait pas de la maison de Chris, mais pour tout les gens qui habitent à l’ouest de cette maison, les cris ont été entendu dans sa direction. (La maison infectée étant probablement à l’est de la maison de Chris) Sauf si… ils ont raison. Et que c’est bien Tony qui combat dans un autre espace temps.
Pour la coquille, bien vu ! C’est un mot en trop.
Merci pour tes idées incroyables et ton œil de lynx 💜
Sinon c'est toujours aussi bien écrit <3
À bientôt, merci pour le partage !
Je ne dirai rien, cela va de soi. Mais est-ce que Camille se monte la tête tout seul ? A force de chercher, il a peut-être simplement tendance à créer des problèmes où il n’y en a pas. En plus il s’ennuie… c’est peut-être rien… 🤭
Merci pour ta lecture et à bientôt !