La lionne au masque de loup

Par Acantha
Notes de l’auteur : Je crains que les prochains poèmes qui vont suivre soient dans un registre beaucoup plus triste, du moins ceux que je retravaille actuellement en attendant l'inspiration plus joyeuse. Je m'en excuse d'avance tout en vous souhaitant une bonne lecture !

Comment savoir, où et quand, la folie meurtrière de l’écriture a pris possession de notre plume ?

Une plume peut-elle être possédée soudainement par le génie de la création ? Lui qui ne se montre qu’à chaque solstice pour repartir ensuite dans une case noire ?

Pourquoi ce génie reste-t-il dans sa case ?

Il ne peut nourrir seul ses idées pleines de fantaisies et d’illuminations divines.

Peut-être faut-il s’oublier un instant en se retirant du monde pour créer ?

Créer quoi ? La vie ? L’espérance humaine ? Sa propre existence ? Toujours le même refrain, on s’en lasse, qui ne se lasse-t-il pas de sa propre histoire d’ailleurs ?

J’aimerais écrire de beaux poèmes, les faire vibrer vers le firmament des vanités dans une joie sans pareils.

J’aimerais écrire de beaux romans, ceux qui émeuvent, ceux qu’on chérit et lorsque la dernière page est tourné on s’écrit : « Ah ! Que c’est beau, que c’est bien dit, que c’est si vrai ! »

J’aimerais écrire de belles lettres au monde, lui qui m’émerveille et me terrifie tout à la fois.

Mais ce qui sort de ma tête, n’est qu’un centon de questions commençant par pourquoi et comment pour se finir par l’implacable : « Je ne sais pas ».

Je n’arrive jamais à écrire le dos à la verticale, c’est peut-être ce qui empêche mon esprit de penser droit. C’est ce qui semble brider mon écriture dans sa possible clarté.

Le soleil est couché,

La ville reste allumée,

Elle bourdonne,

Sa colère monte,

Elle grimpe en moi,

Elle s’installe au creux de la poitrine et y insère ses griffes aiguisées au vitriol. Grâce auquel elle racle les parois de mon cœur, effaçant la mémoire corrompue par la haine.

Une haine de lionne affamée, ayant revêtu la fourrure grisonnante du loup. Elle porte le masque du prédateur des fables, celui du loup des neiges. Elle se camoufle, se cache pour que personne ne la retrouve.

Portant son masque de chair, elle échappe au bruit, elle part chercher le silence dans ce vaste désert poudreux. Un désert nacré.

Ici entre ces murs, elle est en cage.

Elle grogne, la gorge nouée, les pleurs étouffés.

Jamais il ne se tait.

Jamais il ne s’arrête.

Il la hante, ce bruit, le bruit du monde, le bruit des murmures.

Jamais sa langue bavarde ne fatigue.

Jamais elle ne se tait.

Alors la rage grandit, elle crie dans la tête de cette lionne qu’elle en oublie son masque de loup.

Elle aimerait que ce visage les effraye, les fasse frémir.

Elle aimerait être le grand méchant loup le temps d’une nuit, pour tout saccager, sans rien laisser derrière elle. Que le vide.

Le silence.

Enfin.

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Hastur
Posté le 13/02/2021
Hello,

Je ne me lasse pas de découvrir tes poèmes. Encore une fois celui-ci montre quelque chose de très personnel, mais les émotions et les images qu'il renvoie me parlent, font échos. J'imagine que cela sera le cas pour d'autres :).

J'aime beaucoup la monté en puissance de la fin qui débouche sur un "arrêt" net. C'est encore une fois une image qui me parle beaucoup :).

J'ai repéré un petit quelque chose :
"Elle s’installe au creux de la poitrine et y insérer ses griffes aiguisées au vitriol."
insère ?

A très vite pour les poèmes suivants. Je vais blinder mon p'tit cœur en prévision ;).
Acantha
Posté le 13/02/2021
Bonjour !

Contente de te retrouver en commentaire et que ce poème t'es ravis !

J'aime beaucoup les poèmes se finissant assez brutalement avec une sorte de tournure assez courte, enfin ce sont celle qui me vienne plus facilement ^^

Ps : Je vais corriger cette petite coquille, j'ai hésité entre le participe et l'infinitif mais après relecture cela est bizarrement dit...

A très vite alors !

Acantha
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