Le rêve

Par Grob
Notes de l’auteur : C’est un peu long et certains diront que beaucoup de paragraphes et de détails sont inutiles, cependant, j’apprécie placer des éléments n’ayant pour unique but que d’étoffer l’univers, mais dites moi si c’est trop.
C’est un chapitre que j’ai écrit en deux ans, avec une pause d’au moins 6 mois. Il y a eu des passages plus difficiles à écrire (donc à lire ?) que d’autres. J’aurais peut-être dû le séparer en deux en insistant plus sur certains passages dynamiques.
Ce chapitre sera sûrement l’objet d’une refonte quasi-totale tout comme prochains suivant.

Le réveil sonna sur le bureau, il y eu un grognement puis une main, tentant de cesser le vacarme, provoqué par cet appareil infernal. La jeune fille s’étira, encore sonnée par sa courte nuit, elle ouvrit les yeux et se leva, les rayons de lumière filtraient par la fenêtre. Elle ferma son livre, le rangea dans son sac et se dirigea vers la salle de bain ; au passage, elle salua un gros chat, orange et blanc qui était roulé en boule sur son lit, celui-ci s’étira en guise de réponse et repris sa posture précédente. Elle se brossa les dents, puis se déplaça jusqu’à la cuisine, ou sa mère buvait un café.

— Bonjour, m’man, dit-elle.

— Bonjour, bien dormi ?

— Hum, répondit-elle sans certitude.

Elle avala son bol de céréales et deux clémentines et se prépara à partir ; elle attrapa son sac et ouvrit la porte :

— À ce soir !

— Amuse-toi bien, répondit la lointaine voix de sa mère.

— Oui maman. J’irai chercher le colis en rentrant.

— Et n’oublie pas d’aller chercher le colis en rentrant !

Elle referma la porte, descendis les escaliers de l’immeuble et se mit en direction du lycée. Le Soleil printanier luisait à mi-hauteur dans le ciel et quelques nuages blanc somnolaient encore, disséminés dans l’horizon. Elle traversa un parc ; l’herbe était verte et grasse, quelques fleurs jaunes et blanches poussaient de manière éparse et on pouvait voir des papillons butiner certaines d’entre elles. Les moineaux et les merles gazouillaient dans les arbres adjacents, recherchant une compagne ou profitant du beau temps. Des pigeons étaient regroupés et picoraient le sol à la recherche de miettes de pain ou autre nourriture propre à rasseoir leurs appétits.

Elle, marcha encore pendant vingt minutes avant d’arriver devant son école ; les élèves étaient amassés devant la grille, attendant que la sonnerie leur annonce l’heure du premier cours.

— Sen ! Appela une voix dans la foule.

« Dis-moi que tu as révisé, je ne connais rien du tout !

— Oui, j’ai essayé, mais je me suis endormie après le troisième exercice.

— Aïe, on est mal ! J’espère qu’Alice a appris quelque chose…

Sen eu un sourire :

— Hugo va encore te donner les réponses.

— Oui, bon, heu…ça va ! On s’en tirera comme ça, alors ? Ce n’est pas super glorieux.

— J’ai révisé autant que j’ai pu ; mais avec tout ce que j’ai à faire et les voisines insupportables à surveiller, ça n’aide pas.

« Encore hier, une des deux − la plus petite − a cassé un vase ! Puis, elles ont couru dans tout l’appartement en criant et hurlant.

— Hum…tu vois, moi je les aurais bâillonnées et enfermées dans un placard avant le début de la soirée ; il faut vraiment être timbré pour les confier à d’autres − ou très vicieux.

« Je n’ai pas pu réviser parce que je devais aller voir les françaises au hockey. On les a écrasés, t’aurais dû venir !

— Salut ! Comment ça va ?

Alice venait d’arriver et semblait de bonne humeur.

— Sen, tu as révisé ? Demanda-t-elle.

— Un peu.

— Gaëtane ?

— Oh non ! Toi non plus, dit Gaëtane, regrettant d’avoir assisté au match.

— Tant pis, répondit Alice avec un sourire en coin, Hugo peut être très serviable quand il le veut.

Peu de temps après, la sonnerie retentit, les élèves s’avancèrent dans l’enceinte et rejoignirent leurs salles de classes. Le trio se déplaça, et se dirigea vers les étages supérieurs. Elles montèrent l’escalier principal, gris et terne, pour arriver au troisième et prirent la deuxième porte à droite. La salle était à moitié remplie et les élèves commençaient à s’installer sur les tables monoplaces ; le professeur observait, debout, derrière son bureau.

— Tiens, cible en vue, dit Alice à voix basse accompagnée d’un élan de malice.

Elle s’approcha d’un garçon qui déballait ses affaires sur sa table.

— Salut Hugo ! Comment ça va ? Ça ne te dérange pas si on se met là ?

Elle désigna les trois tables libres autour de Hugo, celui-ci, qui était en train de lever la tête pour répondre à Alice, croisa le regard de Gaëtane, rougit et acquiesça dans un balbutiement à peine audible ; il baissa la tête juste après. Alice continua son plan :

— Super ! T’es vraiment sympa ! T’es prêt pour le contrôle ?

Le professeur balaya la salle du regard et leva les yeux vers l’horloge :

— Bien, dit-il en fermant la porte, espérons que les retardataires soient bientôt là, car nous allons commencer. Sortez vos stylos et rangez vos livres.

Il commença à distribuer les sujets ; à leurs découvertes, les élèves faisaient transparaître toutes sortes d’émotions, certains semblait tout à fait confiants et affichaient un grand sourire à leurs amis, tandis que d’autres émettaient des rire nerveux ou fondaient en larmes pour quelques rares cas. Sen regarda le sujet et soupira, les mathématiques n’étaient vraiment pas sa matière de prédilection et malgré les efforts qu’elle faisait, elle n’arrivait jamais à avoir de bon résultats.

— Pour la deux, c’est 53, souffla Alice qui était devant elle.

— Et je ne veux pas entendre de bavardages, mademoiselle Vigners, dit le professeur à son attention.

Sen observa les élèves, la plupart étaient en train de griffonner sur leur feuille, plus ou moins sûrs de leurs réponses, d’autres levaient les yeux vers le plafond, tentant de faire revenir leurs souvenirs d’un cours appris, plus ou moins avec rigueur ; elle croisa le regard de Maxime avec qui elle s’entendait bien, il lui fit un clin d’œil et retourna à sa copie. Elle regarda par la fenêtre ; dehors, les nuages avançaient avec un mouvement lent dans le ciel, comme si le vent voulait prendre son temps ; des hirondelles voletaient dans l’air, avec une facilité déconcertante, à la recherche de nourriture ou de quoi faire un nid. Sen somnola ainsi pendant quelques minutes, puis, se mit au travail.

L’heure passa et bientôt, le professeur annonça la fin du temps et ramassa les copies. Les élèves se levèrent, les uns après les autres, pour rejoindre la deuxième salle de cours.

— Alors ? Demanda Alice.

— C’en est fini ! Je vais redoubler et mes parents vont m’envoyer en pension, gémi Gaëtane l’air atterré.

Les deux autres éclatèrent de rire devant la mine de leur amie qui ne comprit pas comment elles pouvaient être aussi hilares face à une déclaration si tragique.

Arrivées dans l’autre salle, organisée de la même façon que la précédente, elles s’assirent tout en bavardant ; le professeur n’était pas arrivé et les élèves en profitaient pour raconter leur péripétie de la veille ou leur impression sur l’examen qu’ils venaient de passer. Sen se sentie fatiguée, elle posa la tête sur sa table et ferma les yeux. Quelqu’un avait dû ouvrir la fenêtre, malgré la chaleur non excessive, et elle sentait le vent lui chatouiller le visage ; il était doux et transportait le parfum des fleurs environnantes. Le professeur arriva dans la salle et les bavardages se turent peu à peu ; Sen se releva et essaya de retrouver sa concentration, tant sa tête dodelinait sous la fatigue. Soudain, il y eu une série d’exclamations et elle tourna la tête : un gros oiseau, semblable à un corbeau s’était posé sur le rebord de la fenêtre ; quelqu’un tenta de le repousser, mais il bondit et s’envola dans la pièce, il tournoya un moment, sous le regard effaré des élèves puis vint se poser sur la table de Sen. Sen le regarda, pétrifiée et ne sachant que faire, elle recula un peu sur sa chaise et se retourna vers Gaëtane qui faisait la même tête de torpeur qu’elle. Le volatile la fixait de ses yeux noirs, en tournant la tête par à-coups. Une voix retentit dans le silence de la pièce, comme un cri alarmé :

— Senssaël ! Il faut que tu viennes !

Sen leva son regard, ne comprenant pas pourquoi on l’appelait comme ça ; dans la classe, personne ne semblait avoir bougé, leurs visages semblaient même un peu flou. L’appel recommença, toujours un peu précipité, et, cette fois, Sen vit le bec de l’oiseau bouger, un peu, certes, mais elle en était sûre ; elle fut pris d’un tremblement incontrôlable. Elle leva la tête brusquement, il y eut des rires dans la salle. Sen regarda autour d’elle ; Alice était en train de la remuer avec son bras :

— Réveille-toi, tout le monde te regarde et la prof t’appelle depuis un moment.

— Eh bien mademoiselle Senssaël Rieux, il faut dormir la nuit, ironisa le professeur au bout de la salle.

« Bien, dit-elle, reprenons, David Renault ?

— Présent, répondit un garçon blond, un peu fort au bout de la classe.

Sen resta quelques minutes à observer la scène, complètement déboussolée, comme si on avait remplacé son cerveau par une boule de coton. Elle reprit petit à petit ses esprits et repensa au rêve qu’elle venait de faire.

— C’était vraiment bizarre, pensa-t-elle. Il faut vraiment que je dorme plus.

« Je me demande ce que c’était cet oiseau, j’ai l’impression qu’il me rappelle quelque chose.

La journée continua ainsi ; au cours du déjeuner, Lucas, que n’aimait pas particulièrement le groupe – et réciproquement – renversa le plateau de Sen ; personne ne put dire si ce fut par inadvertance ou non, mais le poing qu’Alice lui donna dans le nez ne le fut certainement pas et lui valut une heure de colle le soir même. Dehors, le Soleil passa et laissa entrer des nuages plus gros, cédant leurs places à de plus gros encore, qui, à leurs tours, invitèrent des nimbostratus, laissant libre cours au déferlement de la pluie à des kilomètres à la ronde.

 

Sen et Gaëtane attendirent Alice, à la fin de la journée, elle avait dû écouter le sermon de la CPE durant vingt minutes et écrire une lettre d’excuse à Lucas, ce qui lui demanda un certain temps, ne sachant éviter les mots fâcheux et lui retourner ses travers. Elle sortit au bout d’une heure et quelques minutes, n’arrivant pas à croire ce qu’elle lui avait obligé à faire ; elle reprit son calme au bout de quelques instants et relativisa sur la situation :

— C’est vrai que le bon Lucas a ma belle signature sur le visage, il pourra y penser la prochaine fois qu’il voudra s’en prendre à l’une de nous.

Gaëtane regarda par la fenêtre :

— Oh, non ! La pluie s’est intensifiée…je savais que j’aurais dû prendre un imperméable.

Ni Sen, ni ses amies n’avaient prévu de parapluie et il pleuvait à grosses gouttes. Elles attendirent un moment, dans le hall d’entrée, que le déluge cesse, mais le gardien leur annonça que l’établissement allait devoir fermer et qu’elles devraient sortir dans quelques minutes. Elles réfléchirent à un moyen de se protéger de la pluie :

— Si nous utilisions nos livres, dit Gaëtane, avec la couverture en plastique, ça devrait fonctionner.

— Peut-être, répondit Alice, mais ils sont quand même assez petits ; pas sûre que ça nous protégera longtemps.

— De toutes façons, je les ai oubliés chez moi, reprit Gaëtane.

— Mon blouson ne sera pas assez étanche, dit Alice.

— Ni le mien, j’en ai bien peur, répondit Sen. On peut peut-être trouver un autre endroit, pas loin où l’on pourra s’abriter, comme un porche ; mais on ne va pas attendre toute la soirée en-dessous.

Elles tergiversèrent pendant un peu moins de dix minutes, quand le gardien réapparut :

— On va fermer, dit-il.

— S’il vous plaît monsieur, attendez que la pluie cesse, ou se calme, au moins, insista Sen.

— Non, désolé, répondit-il. Je ne peux pas, tout du moins, pas plus de 5 minutes supplémentaires, le règlement est assez strict. Mais, regardez ce que je vous ai trouvé.

Il sortit de son sac, un petit parapluie dépliable et leur tendit.

— Ça vient des objets trouvés et ça n’a pas été réclamé depuis plus de six mois ; je pense qu’il est à vous maintenant.

Les filles furent très soulagées, elles le remercièrent, ouvrirent le parapluie et quittèrent le lycée.

— Eh bah, il est sacrément petit ce parapluie, dit Alice. Une chance que l’on tienne à peu près toutes dedans.

— C’est déjà mieux que sans rien, sourit Gaëtane.

Arrivées devant la grille de l’établissement, elles s’arrêtèrent :

— Maintenant, on fait quoi, dit Sen ?

— C’est vrai que ça serait compliqué de déposer chacune de nous chez elle l’une après l’autre, répondit Alice, l’air songeur.

— Sinon, on se pose à La boîte à sept ? Proposa Sen. Il fait bon et il y aura un peu de place.

— Pas sûr qu’il y ait de la place à cette heure-ci et puis, je n’ai pas trop envie d’y aller, depuis la dernière fois, j’ai l’impression que Nathalie n’a pas trop envie de me voir ; je préfère laisser couler.

— Sinon…On a qu’à aller chez toi, Gaëtane, tu habites la plus proche d’ici.

— Bah, hésita-elle. Oui, c’est le plus simple !

Elles se mirent en route, sous la pluie. Les voitures qui circulaient dans la rue projetaient de l’eau sur les passants. Les boutiques avaient allumé leurs devantures et des néons, plus ou moins en bon état, aux couleurs, parfois discrètes et harmonieuses, parfois tapageuses et d’un goût douteux. Le parapluie ne les couvrait pas entièrement et elles commencèrent à avoir, chacune d’elles, une partie de leur corps sévèrement mouillée ; agacées par cette sensation froide et humide, elles se mirent à accélérer le pas, jusqu’à courir, pour arriver au plus vite à destination. Elles continuèrent ainsi pendant un quart d’heure, descendant la rue, puis ralentissant dans quelques ruelles plus au sec et arrivèrent devant l’appartement de Gaëtane. Le bâtiment était semblable à beaucoup d’autres et consistait en un grand rectangle gris avec des fenêtres et quelques balcons, surmontés de stores jaunes ayant pris, par endroits, un teinte sombre et boueuse, tant le temps et la moisissure avaient fait effet sur le tissu.

Le groupe monta les quatre étages qui le séparaient de l’appartement de Gaëtane, les portes qu’il croisa étaient toutes du même vert sapin. La lumière, outre les quelques hublot projetant une lumière criarde, provenait d’un unique dôme placé sur le plafond, plusieurs étages au-dessus, qui diffusait une lumière blafarde. Une fois arrivées en haut, Gaëtane ouvrit la porte et les filles passèrent l’embrasure.

L’intérieur était à peu près identique à celui de l’appartement de Sen, avec des murs aux papiers peints gris, la plupart du temps, mais du lino bleu ou blanc recouvrait le sol dans les différentes pièces ; une multitude d’objets étaient accrochés aux murs dont des photos, des dessins ou des pièces de tissus apportées de voyages, un tapis aux couleurs chaudes un peu vieillies jurait avec le reste des teintes environnantes.

Les trois filles restèrent chez Gaëtane pendant quelques heures, discutant de l’école, bavardant à propos de leurs camarades, jouant aux cartes, et, sous l’insistance de Gaëtane, rejointe par Sen, Alice accepta de réviser le contrôle qu’elles auraient à la fin de la semaine. Vers vingt heures trente, Sen téléphona à sa mère pour lui annoncer qu’elle dînerait chez son amie ; la soirée se termina deux heures plus tard, lorsque sa mère téléphona et lui demanda de rentrer.

La pluie avait cessé, la nuit avait emplie les rues, maintenant vides. On voyait les bistros allumés, servant leurs clients habitués penchés sur la télévision et vociférant des injures aux sportifs qui tapaient dans un ballon, de l’autre côté de la télévision. Sen ne détestait pas le sport, mais elle n’en faisait que rarement, souvent à l’école, et uniquement si on l’y conviait avec insistance ; elle préférait lire des romans ou sortir dans la ville à la recherche d’un coin d’herbe ou de forêt ; ce qui ne l’empêchait pas d’avoir les pieds sur terre, quoique, peut-être un peu moins que ses camarades. Elle vivait dans la banlieue de Paris depuis des années, seule, avec sa mère, depuis que son père avait disparu au large de la cordillère des Andes, lors d’un reportage sur une partie de l’Amérique du Sud ; Sen avait quatre ans, sa mère et elle avaient dû se retirer de la capitale pour trouver un appartement moins onéreux.

Elle arriva chez elle, quelques minutes plus tard. Sa mère était toujours en train de travailler sur un tableau dont elle s’occupait depuis plusieurs jours, autour des statuettes qui étaient entassées dans la pièce qui lui servait d’atelier.

— Tu as passé une bonne journée ? J’aurais pu aller te chercher, mais c’est vrai qu’en ce moment, je suis débordée. Finalement tu es allé chez ton amie, c’est peut-être mieux ; je n’ai pas eu le temps de manger ce soir.

— Oui, c’était très bien, répondit Sen d’un ton désinvolte.

Elle avait l’habitude de voir sa mère travailler jusqu’à très tard et ne pas avoir le temps de faire autre chose de sa journée ; celle-ci s’en plaignait souvent, mais elle ne pouvait vivre que par ça ; peindre et sculpter, c’était toute sa vie et elle n’aurait pu s’en passer plus de deux jours. Sen vit son chat qui l’attendait, visiblement, tout comme la mère de Sen, il n’avait pas mangé trois repas dans la journée, mais contrairement à elle, son indignation était aussi forte que les moyens qu’il mettait en place pour obtenir une nouvelle ration. Sen le vit se rouler par terre en miaulant et en la regardant avec un regard de supplication et de détresse.

— Allez, viens Ernest et relève-toi, tu sais très bien que ça ne me fait aucun effet.

Elle se dirigea vers la cuisine et Ernest se leva, plutôt satisfait de sa prestation et suivit Sen qui lui versa un repas dans son écuelle ; il se jeta dessus et finit le plat en quelques minutes, il chercha quelque chose des yeux, puis monta sur une chaise, se roula en boule et s’endormit. Sen alla à sa chambre et déposa son sac, alluma une petite lampe et s’arrêta un instant. Sa chambre était assez grande, avec un lit blanc et un bureau, au-dessus duquel était une étagère avec plusieurs rangées de livres. Au fond de la salle était une armoire en pin clair et, à côté, une petite table de nuit sur laquelle étaient disposés des bibelots. Le sol, en moquette bleue, rappelait le ciel sombre de la nuit, à l’extérieur. Elle se déplaça jusqu’à la fenêtre, l’ouvrit et observa le ciel.

Il y avait un léger vent frais qui parcourait son visage éclairé par la Lune. Les étoiles étaient présentes, mais seulement peu d’entre elles apparaissaient, à cause des lumières de la ville. Au loin, on entendait les bruits des voitures et des motocycles. De la musique provenait de la chambre d’en face où un homme, de vingt-deux ou vingt-trois ans, répétait un morceau de guitare, de manière enjouée. En bas, les derniers passants de la journée regagnaient leurs maisons ou partaient visiter des amis ; la pluie avait été importante et ils devaient sauter par-dessus les grandes flaques provoquées par des dénivelés emplis d’eau. Sen contempla la nuit encore quelques minutes puis ferma la fenêtre ; il était relativement tard et elle devait rattraper le sommeil de la veille.

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