Rouge ou rose ?
Orange ou jaune ?
Bleu ou vert ?
Violet ou mauve ?
Ce costume, n’est pas pour la scène,
Ce soir, je quitte les planches,
Car elles glissent, elles craquent .
Blanc ou gris ?
Gris ou noir ?
Ma fantaisie s’envole, je rejette une nouvelle fois les couleurs vives,
Le noir me sied mieux.
Ô, doux noir !
Ô, cher sombre !
Ô, toi, couleur qui engloutit la vie !
Ce soir tu seras ma bulle,
Mon bouclier me protégeant du public,
Lui qui est si petit, si risible !
Les yeux se fardent, le feutre souligne la paupière, il ne doit pas laisser de trace.
Les larmes disparaissent sous la poudre blanche, une pointe de rouge aux joues, pour camoufler la fatigue.
Ô, ma comédienne ! Pourquoi te pares-tu ainsi ?
Retiens cette vilaine larme, elle ternira la douceur de ta peau blanche, si translucide à la lumière des réverbères.
Ô, ma douce, aimante comédienne, comme tu es indignée par le temps.
Aucun mot ne devrait venir rougir tes oreilles menues, non pas de cris, pas de larme ce soir, entends-tu ?
Cesse cette mine grise, le violet de la jalousie ne te convient pas, il s’agit de la jaunisse de l’âme, comprends-tu ?
Il faut rire, il faut danser parmi les étoiles luisantes !
Ne te morfonds plus, agis que diable ce n’est pourtant pas si difficile !
Ô, ma chère comédienne, cesse tes manières de fillette, elles ne te conviennent pas.
Soit digne, soit droite.
Soit belle, drôle, intelligente mais surtout ne soit pas ennuyeuse, veux-tu ?
Ô, ma comédienne, tu ne le veux pas, tu dois l’être : parfaite.
Sans aucune tache.
Le rideau s’abaisse, le public remet son masque, une autre soirée loin du réel.
Bonne continuation
Matthieu
Merci pour ton passage une fois encore !
Acantha
La joie et les larmes se confondent. Les couleurs dansent devant nos yeux tandis que la comédienne s’apprête à monter sur scène, son vrai visage recouvert d’une autre teinte que la sienne.
Cela fait beaucoup penser à notre quotidien, quand nous devons prendre sur nous, dissimuler sous un masque nos émotions, nos peurs, nos angoisses, nos hontes, refoulant ce qui nous bouleverse puisqu’il faut « jouer », coûte que coûte.
L’emploi du vocatif « ô » délivre un caractère solennel très plaisant tout comme les multiples questions (que la comédienne se pose à elle-même ?) permettent de saisir les pensées du personnage. La description de la préparation nous plonge au cœur même de l’action, on pourrait presque entendre les comédiens répéter une dernière fois et se concentrer, le froissement des tissus, le metteur en scène annoncer que l’on démarre dans cinq minutes tandis que seule, isolée dans sa loge, la comédienne applique les derniers traits de l’artifice.
Le poète aurait-il trouvé sa muse ? :)
Je me tairais sur l'identité de cette muse secrète, mais je dirais que ce poème est davantage une introspection qu'un chant à l'être aimée :)
Merci encore pour ton passage !
Ce poème est superbe ! Je le trouve encore meilleur que le précédant. J'adore cette distance que l'on suit avec le personnage. Cette obscurité qui le suit.
J'ai cependant, une petite remarque.
"Soit digne, soit droite.
Soit belle, drôle, intelligente mais surtout ne soit pas ennuyeuse, veux-tu ?"
-> J'écrirais plutôt : Soit belle, soit drôle, soit intelligente.
Cela donne encore plus de force à ton poème. J'aime beaucoup !
Trisanna.
Contente une fois encore qu'il te plaise ! Je l'aime moi même beaucoup.
Je prends en compte ta remarque bien-sûr, mais dans ta correction tu me dirais de supprimer le vers précèdent et la fin de l'autre vers ? Car je l'avais surtout construit pour qu'il face office de répétition avec les vers précédents et ce serait un peu réducteur de tout restreindre à "soit belle, soit drôle, soit intelligente". Enfermant le sens plutôt que de l'ouvrir je pense...
Mais je verrais concernant une possible réécriture ^^ Merci pour tes remarques et ta lecture !
Acantha
"Soit digne, soit droite
Soit belle, soit drôle, soit intelligente, mais surtout, ne soit pas ennuyeuse, veux tu ?"
J'ai tout autant apprécié ce poème que le précédent.
J'ai beaucoup aimé ce tourbillon de couleur où s'infiltre au fur et à mesure une sorte d'intransigeance à être.
Un grand bravo :).
A très vite !
Je te remercie une nouvelle fois pour ton retour !
Tu as vu très juste en parlant d'intransigeance à être (pour te citer), une fois encore ravis que le sentiment que je voulais partager soit bien passer :)
Au plaisir,
A bientôt donc !
Quel beau poème !
Tu nous régales avec un tourbillon d'émotion colorées qui nous emporte sur les planches, aux seins des pensées de cette comédienne.
On sent en toi l'expérience du théâtre, de la pression d'une représentation artistique, de l'effort du comédien pour l'amour de l'art !
J'aime beaucoup ce jeu de couleur qui instaure un contraste entre l'état mentale de la comédienne et celui qu'elle doit afficher sur scène pour le bien de la pièce.
" The show must go on ! " comme on dit ;)
En tout cas encore bravo, et j'ai hâte de découvrir ta prochaine création ! ^^
Emmy
Merci pour ton retour ! Contente que ce tableau plus coloré qu'a mon habitude t'es plus ^^
Le théâtre encore et toujours en effet :)
Si tu en as ressentie l'expérience d'un petit parmi les grands recroquevillé derrière les rideaux, cela me rends heureuse et m'étonne car se n'était pas le but initial !
"Thanks a lot!"
Merci encore et au plaisir de te revoir,
Acantha
En parlant de couleurs, j'aurais plutôt associé le vert à la jalousie (rapport aussi à l'expression), le violet est plus une couleur spirituelle et calme. Ce n'est que mon avis bien sûr libre à toi d'en faire ce que tu veux :)
Il y a quelques coquilles mais c'est tout de même très bien écrit, très théâtral et avec beaucoup d'émotions.
Merci pour cette agréable lecture, au plaisir de te lire,
Fy
Merci pour ton commentaire ! Pour le vert et la jalousie c'est vraie que avec l'expression "verte de jalousie" les deux sont associés mais je n'y avais jamais pensé en profondeur.
Depuis longtemps j'ai associé le violet à la jalousie dans mes écrits, plus par habitude et car je l'aime beaucoup, mais j'y penserais à l'avenir !
Merci de ta lecture et pour tes retours,
Acantha