PARTIE 1 Chap 11 : Entre jeu et réalité

Jour après jour, Chris jonglait entre ses responsabilités professionnelles et les soins attentifs qu'il prodiguait à Kate. Chaque soir, il nettoyait avec délicatesse les points de suture, s'assurant que la cicatrice guérisse proprement. Leurs contacts quotidiens ne faisaient que le troubler davantage mais, n'étant pas sûr de ce qu'il ressentait ni de ce qu'il voulait, il préféra garder pour lui ses pensés au prix des heures de sommeil.

La cohabitation avec Kate apportait à Chris une présence chaleureuse mais aussi une tension de plus en plus difficile à ignorer. La chaleur de l'été la poussait à porter des vêtements légers, parfois à la limite de la décence. Parfois, il lui semblait même qu'elle en jouait pour le torturer. Chris, malgré ses efforts pour rester respectueux et concentré, ne pouvait ignorer l'effet qu'elle avait sur lui.

Un matin, alors que Kate s'étirait langoureusement dans la cuisine, le regard de Chris fut irrémédiablement attiré par ses courbes gracieuses. Tentant de masquer son trouble, il lança avec un sourire en coin : « J'apprécie beaucoup cette colocation avec toi Kate mais c'est pas toujours facile de rester concentré avec toi habillée comme ça »

« Oh, Chris, je te fais tant d'effet que ça ? » Elle le fixa un instant, provocante, avant de se lever sensuellement. Puis gênée par le regard de Chris qu'elle avait pourtant elle-même cherché, elle attrapa une de ses chemises sur le dossier d'une chaise et l'enfila par-dessus son débardeur, couvrant ainsi son corps. « C'est mieux comme ça Monsieur le rabat-joie? »

« Merci, » souffla-t-il.

Cherchant à détourner la conversation, Kate aborda la question de son retour au travail. « Je commence à me sentir inutile ici. Peut-être que je pourrais reprendre doucement. Je me doute que tu voudras pas que je retourne sur le terrain pour le moment mais je pourrais faire du travail de bureau ? »

Chris fronça les sourcils, hésitant « Je sais pas. Je veux être sûr que tu ne pousses pas trop ton corps. Je te connais, tu n'es pas du genre à donner dans la juste mesure, »

« Les médecins ont déjà donné leur accord et je te promets de respecter mon corps et ses besoins. S'il te plaît Chris... Je tourne comme un lion en cage ici, laisses moi reprendre le travail... »

« Je te dis pas oui mais je te promets d'y réfléchir, ça te va ? »

De joie Kate, lui sauta dans les bras comme une enfant, ce qui surpris Chris au point qu'il se fasse tomber du café sur lui. Il pesta en cherchant de quoi s'essuyer.

« Désolée » lui dit elle d'un air contrit.

Il marqua une pause, « Alors, ça veut dire que tu vas bientôt rentrer chez toi ? »

Son enthousiasme fût chasser comme si une bise glaciale venait de la souffler. Elle n'avait pas vraiment envisagé ce moment, appréciant trop la compagnie et la sécurité de cet espace partagé. « Oui, je suppose que je devrais... Ma présence doit commencer à te peser ».

Chris sourit en comprenant qu'elle n'était pas plus prête que lui à mettre un terme à cette colocation. « Ta présence ne me gène pas du tout. C'est sympa d'avoir quelqu'un à qui parler en rentrant le soir même si je me passerais bien de tes ronflements. On dirait une forge. »

« Chris, je suis sûre que tu mens. Personne ne m'a dit que je ronflais avant toi ! »

« Peut être qu'ils ne voulaient pas te vexer... Ils avaient peut être peur que tu leur casses le poignet tel la brute que tu es... »

« Je ne tape que ceux qui l'ont mérité. »

« Alors peut être qu'aucun homme n'a suffisamment partagé ton lit te l'avouer »

« Pas faux. Et comment tu pourrais le savoir ? On a jamais dormis ensemble à ce que je sache ? » Kate prenait un air renfrogné, commençant visiblement à se vexer.

« Je ne faisais que te taquiner. Je ne crois pas que tu ronfles, enfin sauf quand tu as beaucoup bu... C'est Julia qui me a vendu la mèche. » expliqua-t-il avec un clin d'œil, content visiblement de l'avoir autant fait marcher. « Et pour ce qu'il s'agit de ton retour à ton appartement rien ne presse pour le moment. T'as pas de voiture, juste une moto à ce que je sache, et c'est pas vraiment idéal dans ton état. Un faux mouvement, et tes blessures pourraient s'aggraver. Tu peux rester ici jusqu'à ce que tu sois totalement rétablies. Il n'y a pas d'urgence. »

Un sourire s'épanouit sur le visage de Kate, un mélange de gratitude et de satisfaction. Elle s'approcha de lui, glissant ses bras autour de ses hanches dans une étreinte chaleureuse. Le contact de son corps contre le sien, la sensation de sa poitrine pressée contre lui, fit battre le cœur de Chris plus vite. Pris entre le désir et le respect, il se recula légèrement, un sourire gêné sur les lèvres. « Kate, tu sais que tu me rends les choses difficiles, hein ? »

Elle le regarda, visiblement gênée, « Désolée, c'est pourtant pas dans mes habitudes de me montrer aussi tactile. Merci de me veiller sur moi comme tu le fais. Ça veut dire beaucoup pour moi. Enfin je veux dire que je n'ai jamais eu d'ami comme toi sur qui compter. »

« Il n'y a pas de mal Kate, toi aussi tu comptes beaucoup pour moi. »

Les limites de leur relation restaient floues, mais une chose était claire : leur présence mutuelle apportait une force et une chaleur nouvelles à leurs vies, rendant chaque instant passé ensemble précieux.

***

Lorsque Kate fit son retour au bureau, elle fut accueillie par les sourires radieux de ses collègues. Il était loin le temps où sa simple présence suscitait l'agacement et le rejet. À Présent, elle avait une place et à ce titre chacun lui apportait son soutien voir son admiration pour le courage dont elle avait fait preuve face à un homme armé pour sauver des civils.

Kate fut affectée en renfort sur une enquête particulièrement complexe, déjà bien entamée par Max. Ce dernier, était sur la piste d'activités financières suspectes autour d'un club de vacances exclusif non loin de San Bernardino. La structure, qui attirait une clientèle fortunée, semblait être une façade idéale pour des activités illicites. L'arrivée de Kate, malgré sa récente convalescence, fut perçue comme un atout précieux pour l'équipe, ajoutant un regard expérimenté à l'enquête.

Dès son premier jour, Kate s'immergea dans les piles de documents financiers et les rapports d'activité fournis par le club de vacances. Elle et Max s'enfermaient des heures durant dans la salle d'archives, entourés de fichiers numériques et de classeurs volumineux. Leur méthode était méticuleuse : ils comparaient les déclarations de revenus du club aux transactions réelles, cherchant des anomalies. Chaque chiffre qui ne correspondait pas, chaque transaction sortant de l'ordinaire, devenait un sujet d'examen approfondi.

La première semaine fut dédiée à l'examen des relevés bancaires des propriétaires et des principaux investisseurs. Kate, avec son œil de lynx, remarqua rapidement des transferts douteux vers des comptes offshore. Ces comptes, bien que légaux, étaient souvent utilisés pour dissimuler des revenus non déclarés. Une série de virements réguliers, de montants variés mais significatifs, attira leur attention. Max, en comparant ces transactions avec les dépenses déclarées du club, constata un décalage inquiétant : des sommes d'argent importantes semblaient disparaître sans laisser de trace.

Le duo passa une partie de la deuxième semaine à analyser les profils de réservation des clients. Une chose sauta aux yeux de Kate : certains couples revenaient systématiquement, souvent dans les mêmes périodes, et payaient toujours en espèces, malgré les facilités de paiement par carte de crédit. Ces clients fréquents faisaient également des achats onéreux sur place, encore une fois en liquide, ce qui était inhabituel pour une clientèle aussi aisée.

Kate, s'armant de patience, se plongea dans les dossiers des clients, allant jusqu'à effectuer des recherches sur les noms récurrents. Elle découvrit que plusieurs d'entre eux avaient des liens avec des entreprises dont les revenus et les actifs ne justifiaient pas de tels niveaux de dépenses. Ces découvertes, croisées avec les flux d'argent vers les comptes offshore, commencèrent à tisser une toile intrigante de blanchiment d'argent potentiel.

Alors que les jours passaient, l'atmosphère dans le bureau devenait de plus en plus tendue. Kate et Max, travaillaient parfois tard dans la nuit, ressentant le poids de l'enquête. Leurs yeux rougis par le manque de sommeil et les repas pris sur le pouce témoignaient de leur dévouement. Ils construisirent progressivement un dossier suffisamment solide pour justifier un approfondissement de leur enquête au travers d'une infiltration. Ils se présentèrent à Chris pour le convaincre des les laisser agir.

« Comme tu peux le voir, on a toutes les raisons de croire que le blanchiment d'argent se fait via ce complexe hôtelier mais, il nous faut plus de preuves et pour ça on doit se rendre sur place. Je souhaite m'y rendre avec Max, on pourrait jouer le rôle d'un couple et ainsi se fondre dans la masse. »

Chris analysa chaque pièce du dossier, c'était du beau travail, comme toujours. « Très bien mais Max reste ici »

« Je comprends pas » dit Kate en fronçant les sourcils « Max et moi on a bossé comme des dingues sur cette affaire. »

« C'est vrai, c'est vraiment du joli boulot, j'ai rien à vous reprocher. »

« Justement » intervint Max « je connais cette affaire par coeur, je suis prêt à me lancer dans une infiltration »

Chris fixait Kate, « Justement une infiltration ce n'est pas juste connaître un dossier par coeur, c'est beaucoup plus que ça. Tu es un bon agent Max, sans aucun doute. Certainement l'un des meilleurs dans ce service mais, tu n'as pas reçu de formation spécifique. Un faux pas et tu crames votre identité à tous les deux. C'est trop dangereux. »

Kate se mordit les lèvres. Au fond, elle savait que Chris avait raison.

Max qui y avait vu une opportunité de se faire ses preuves et se rapprocher de Kate insista, « Personne dans ce service n'a de formation spécifique de toute façon et comme tu l'as dis je suis l'un de tes meilleurs agents Chris. Tu n'as personne d'autre à part moi pour faire le job. »

« Je serais ton partenaire Kate. J'ai déjà opéré des missions d'infiltration. Je suis désolé Max, ce n'est pas contre toi mais, je veux m'assurer que tout se passe bien, »

Bien qu'agacé, Max n'eut pas d'autres choix que d'accepter la décision. Il quitta toutefois le bureau précipitamment pour montrer son désaccord.

« Je crois qu'il va t'en vouloir un moment de ne pas lui avoir fait confiance »

« C'est pas grave. Je préfère qu'il m'en veuille plutôt qu'il termine entre quatre planches. Et puis, il n'y a pas que sa vie en jeu. Il doit aussi penser à celle qu'il risque d'entraîner avec lui. »

« Je sais me défendre et tu le sais. Tu aurais peut être pu lui laisser sa chance... »

« Je sais que tu es forte Kate, sans aucun doute plus que quiconque dans ce service mais je sais aussi que tu mettrais ta vie en jeu pour un collègue et Max est trop jeune, trop inexpérimenté. Il pourrait se mettre en danger sans le vouloir et te mettre dans une position délicate. Je ne prendrais pas le risque que tu sois blessée Kate. »

« Très bien. Puisque la décision est prise... Faut-il que je t'appelle chéri dès à présent histoire de m'imprégner du personnage au plus vite ? À moins que tu ne préfères poussin ? » le taquina-t-elle.

« Poussin ?! Tu es sérieuse ? »

Elle lui adressa pour seule réponse un sourire carnassier. Bien sûr, elle n'était pas sérieuse mais le voir marcher lui procurait un immense plaisir.

« Chéri sera parfait à moins que tu ne veuilles que je t'appelle canard ? »

Le sourire de Kate se flétrit, « Entendu chéri. On mange pizzas ce soir ? »

Chris rit de bon cœur, « ça me va. J'ai encore un peu de boulot et on pourra y aller. »

***

Une fois toute les préparations pour leur mission d'infiltration terminées, ils prirent la route pour le complexe de luxe à bord d'une voiture de Luxe que Luis avait conduit en tant que chauffeur intérimaire. Il les conduisit jusqu'à l'entrée où ils furent accueillis par le personnel de club, souriants et courtois. Leur couverture était celle d'un couple aisé, cherchant à passer quelques jours de détente dans ce club exclusif, tout en profitant des services luxueux proposés. Ils leur firent signe de les suivre pour les conduire à leur suite. Chris, vêtu d'une chemise décontractée mais raffinée, posa sa main sur le bas du dos de Kate, guidant son passage dans le hall somptueux. Kate, dans une robe légère qui soulignait sa silhouette, répondit par un sourire complice, jouant parfaitement son rôle. Ils avaient pour parfaire leur rôle respectif pris une garde robe en conséquence, un budget relativement scandaleux.

Dans leur suite spacieuse, décorée de teintes douces et apaisantes, Chris et Kate prirent un moment pour se familiariser avec les lieux. Ils repérèrent rapidement les caméras de surveillance, notant dans les angles morts et les accès aux zones réservées. Chris vérifia également leur équipement de communication et les cacha minutieusement afin que les femmes de ménage susceptibles d'entrer ne puissent pas tomber dessus. Ils savaient que malgré leur couverture, ils devaient rester en alerte.

Le premier soir, ils dînèrent au restaurant du club, une salle élégante avec des nappes blanches impeccables et des chandeliers étincelants. Assis à une table en retrait, ils purent observer les autres invités, parmi lesquels Kate repéra quelques couples suspect. Chris jouait le parfait gentleman, versant du vin dans le verre de Kate et lui souriant tendrement. « À notre escapade, ma chère, »dit-il, levant son verre pour trinquer.

Kate répondit avec un éclat de rire doux, ses doigts frôlant les siens. « À nous, et à ces quelques jours de paradis. » Ces mots pouvaient avoir un double sens qui fit accélérer le cœur de Chris. Sous la table, leurs genoux se touchaient involontairement, un contact bref mais qui attisait leur désir. Ce n'était plus seulement une mission, mais une danse subtile où les émotions réelles se mêlaient à la fiction de leur rôle.

***

Le lendemain, alors que l'aube dardait ses premiers rayons sur le domaine, Chris et Kate entamèrent leur première exploration, se faisant passer pour un couple en vacances. Le chemin sinueux bordé d'arbres majestueux les menait à des jardins colorés inspirés des quatre coins du monde. Un cadre idyllique collant facilitant leur jeu d'acteur en tant que couple amoureux. Kate, accrochée au bras de Chris, profitait de chaque prétexte pour flirter légèrement. Ses mains accrochées à son bras caressait la peau nue de ce dernier tandis que sa tête reposait nonchalamment sur son épaule. « Tu sais, on pourrait s'habituer à ce genre de vie, »

Chris resta silencieux un moment, « c'est vrai que c'est agréable mais, il nous faudra bien rentrer à un moment donné. Même si je n'en ai pas vraiment envie non plus. »

Kate se décala légèrement, soudainement trop consciente de cette confusion qui régnait dans son esprit et que Chris venait de lui rappeler indirectement. Alors qu'elle s'apprêtait à lâcher son bras, Chris posa sa main pour la retenir. Il lui caressa tendrement le poignet, « Pourquoi t'éloignes-tu mon cœur ? J'aime quand tu te reposes ainsi sur moi. » Son sourire était doux et son regard intense. Kate rougit, ne sachant plus tout à fait comment interpréter les gestes et les paroles de Chris. Une part d'elle était profondément troublée et espérait qu'il y avait plus derrière ces mots qu'un simple jeu d'acteur. Elle rougit mais resserra son étreinte autour du bras de Chris, continuant à avancer à ses côtés bien qu'éprouvant plus de difficultés à se concentrer sur son environnement.

Leur promenade les mena finalement vers le spa, un refuge de bien être prisé des clients fortunés. Le marbre blanc et les eaux miroitantes créaient une atmosphère de luxe et de détente. Au-delà des apparences, ils en étaient certains des affaires plus troubles se menaient en cet endroit. Là encore, ils reconnurent certains visages. Les échanges furtifs entre certains membres du personnel et certains invités leur parurent immédiatement suspects. Ils allèrent s'immerger dans un bain à remous, idéalement situé pour avoir une vue d'ensemble. Kate, tout en notant mentalement les comportements, se rapprochait de Chris, se collant contre son dos et laissant glisser ses doigts sur son torse d'une manière presque possessive. Dans cette position, elle pouvait facilement lui murmurer à l'oreille sans éveiller les soupçons son analyse de la situation. « Le type au vestiaire, il a passé quelque chose à l'un des clients, j'en suis sûre. »

À chaque mot, la chaleur de sa respiration effleurait la peau de Chris, envoyant un frisson le long de sa colonne vertébrale. La sensation de sa poitrine contre son dos ajoutait une tension palpable, une distraction troublante qu'il peinait à ignorer. « Kate, tu n'es peut être pas obligée de te coller autant à moi... »

« Serais-tu gêné chéri ? » Kate semblait s'amuser de cette situation et décidé de la taquiner un peu plus. Après tout, cela ne ferait que servir leur couverture et la tentation d'embêter Chris était trop grande. Elle rapprocha ses lèvres plus près encore puis passa sa langue sur le lobe de son oreille avant de la mordiller sensuellement.

Chris laissa échapper un soupir de plaisir avant de se reprendre, « Putain Kate. Tu n'es pas la seule à pouvoir jouer à ça, méfies-toi. » Il se retourna pour lui faire face, fixant ses yeux dans les siens puis remonta ses mains lentement et langoureusement le long de ses cuisses jusqu'à ses hanches. Il approchât à son tour de son oreille pour lui chuchoter « Tu risquerais de te brûler à trop vouloir jouer avec le feu mon cœur. »

Kate, dont chaque parcelle du corps semblait en surchauffe tenta de cacher son trouble par la provocation, « Crois-tu ? Moi je pense que c'est toi mon ange qui te brûlera les ailes. » Elle caressa le visage de Chris, dont les lèvres pincées témoignaient de sa difficulté à se maîtriser face à elle. Sa main s'aventurant ensuite le long de sa nuque pour revenir sur son torse et descendre sur ses abdominaux. Mais, alors que Chris s'apprêtait à rendre les armes, les yeux rivés sur ses lèvres entrouvertes, elle se releva, révélant un maillot de bain noir échancré qui épousait parfaitement ses courbes. Elle savait que le regard de Chris suivait chacun de ses mouvements, sans même se retourner pour vérifier, elle y devinait un mélange d'amusement et de désir. Un désir qui toutefois elle le regrettais n'était que le fruit éphémère du petit jeu de séduction qu'ils venaient de partager. Pourtant pour sa part, les limites entre le jeu et la réalité devenaient de plus en plus douloureuse. Elle commençait à en prendre conscience, les sentiments qu'elle nourrissait pour Chris allait au-delà d'un simple désir, ou de l'amitié. Elle commençait à tomber profondément amoureuse de lui, cet homme sur lequel elle avait toujours pu compter et qui avait su petit à petit déconstruire ses défenses. C'était un sentiment nouveau, à la fois agréable et douloureux mais en cet instant, ce qu'elle craignait le plus c'est le fait qu'ils ne soient pas partagé et que Chris prenne ses distances en prenant conscience de son amour pour lui. Elle s'allongea sur un transat au soleil non loin des membres du service pour mieux observer leurs manigances et ainsi identifier ceux qui trempaient dans l'affaire de ceux qui apparemment y restaient étrangers.

Chris était resté dans le bain à remous. Il se frottait la nuque, essayant de refouler les pensées troublantes qui l'envahissaient, tout en se reconcentrant sur leur mission. Kate avait trouvé une place stratégique de choix mais il ne pouvait pas se permettre de sortir la rejoindre pour le moment, pas dans cet état. Il fit quelques brasses afin de reprendre possession de son corps et décida de se rapprocher d'un couple avec qui ils avaient sympathiser la veille au bar pour poser quelques questions et obtenir des informations en toute discrétion.

***

Chris et Kate avançaient efficacement sur leur enquête et bien que leur relation à l'extérieur attisaient chaque jour un peu plus leurs sentiments, troublant chaque fois davantage les limite, dès qu'ils passaient le pas de leur chambre le professionnel en eux prenait la suite. Ils passaient des soirées à analyser les informations recueillies, cherchant des indices cachés.

Les nuits étaient courtes à cause du travail qui les attendaient chaque fois qu'ils fermaient la porte derrière eux mais leurs conflits intérieurs n'aidaient pas non plus. Ce soir là, Kate ne parvenait pas à trouver le sommeil. Elle ne cessait de se tourner et se retourner cherchant désespérément une position plus propice pour l'entraîner dans les bras de Morphée. Chris, qui ne dormait pas non plus finit par lui demander « c'est pas en t'agitant comme ça que tu vas arriver à trouver le sommeil. Qu'est-ce qui t'arrive ? »

Elle hésita à répondre et préféra lui avouer une demie-vérité « il ne nous reste plus beaucoup de temps et j'ai peur qu'on passe à côté de quelque chose »

« On a déjà accumulé pas mal de preuves Kate, entre les photos et le reste, ça devrait suffire devant un tribunal. Tu as fais du bon boulot, comme toujours. »

Elle se tourna vers lui, se pinçant les lèvres avant d'ajouter, « Tu sais, parfois je me dis qu'on est vraiment dans notre jeu d'acteur, tout le monde nous a pris pour un vrai couple... »

« Ouais, on pourrait presque y croire, » répondit-il avec une nuance d'amertume. Leurs corps rapprochés, les petites attentions, tout cela contribuait à brouiller la ligne entre la fiction et la réalité, rendant chaque geste, chaque regard, lourd de sous-entendus.

Au matin, Chris trouva Kate sur le balcon de leur suite. Elle portait une chemise de nuit en satin, ses cheveux lâchés tombant en cascade sur ses épaules, et un châle léger autour d'elle. Le spectacle du lever du soleil teintait son visage d'une lumière dorée, la rendant encore plus envoûtante. Chris s'approcha sans bruit, enlaçant sa taille par-derrière et déposant un baiser tendre sur son épaule nue.

Kate consciente des cameras extérieurs joua le jeu et posa ses mains sur les siennes, les serrant doucement, une chaleur douce se répandant en elle. Désireuse de savourer ce moment, elle se laissa aller contre lui. « On y est presque, » murmura-t-il à son oreille, « Encore un peu, et on pourra arrêter tout ce cirque. »

Elle se retourna lentement, ses yeux brillants de mille émotions contradictoires. « Oui, encore un peu et on reprendra nos vies comme avant, » répondit-elle, un sourire triste effleurant ses lèvres. Elle leva une main pour caresser la joue de Chris, un geste empreint de tendresse et de regret.

Chris prit sa main dans la sienne, la portant à ses lèvres pour y déposer un baiser délicat. « On doit rester sur nos gardes, » dit-il finalement, un rappel nécessaire des risques qu'ils prenaient. Mais dans ce moment volé, la sincérité de leur attachement se faisait jour, une vérité silencieuse qui transcendait leur couverture.

 

 

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