Le lendemain matin, Chris se réveilla avec une étrange sensation de vide à ses côtés. Il tendit la main, cherchant la chaleur familière de Kate, mais ne rencontra que des draps froids. Son cœur s'accéléra, une panique sourde s'insinuant en lui. Il se redressa brusquement, scrutant la pièce, jusqu'à ce que ses yeux tombent sur la lettre posée près du lit. Il la saisit les mains tremblantes. Son intuition lui soufflait que la situation était grave. Il sentit la bille lui remonter à la bouche et son estomac se tordre d’appréhension. Il déchira hâtivement l'enveloppe et commença à lire.
Chris,
Au moment où tu liras cette lettre, je serais déjà loin. Je suis désolée. Je sais que tu penses pouvoir nous protéger tous mais, tu ne connais pas mon véritable père. Il aurait trouver un moyen pour m’atteindre. Je ne veux plus perdre personne et surtout pas toi.
Je ne trouve pas les mots pour exprimer à quel point je t'aime et combien cela me dévaste de devoir partir. Grâce à toi je me suis sentie revivre. J’avais l’impression d’habiter l’obscurité et en ta présence j’ai vécu à la lumière. Chaque instant passé à tes côtés a été un cadeau précieux, une bouffée d'air pur dans un monde où je me sentais étouffer.
Je m'excuse de tout le mal que mon départ va causer. Je sais que tu vas souffrir, et ça me brise le cœur rien que de penser à la douleur que je t’inflige. Mais je dois faire ça, pour toi, pour Sunshine, pour Maverick, pour tous ceux que j'aime. Je ne peux vous emporter avec moi dans les ténèbres où seul la mort est synonyme de délivrance.
Je t'en supplie, ne me cherche pas et ne cherche pas à me venger. Considère-moi comme morte. C'est la seule façon pour moi de te protéger, de vous protéger tous.
Rappel toi, tes enfants ont besoin de son toi.Tu es un père formidable, c'est la première chose que j'ai aimée chez toi. Je sais que tu seras fort, pour elle, pour lui, pour ta famille. Nos amis seront là pour toi aussi, ne les repousses pas et vie ! Je veux que tu vives, fais en sorte que mon sacrifice ne soit pas inutile. C’est la seule chose que je t’aurais demandé, j’espère que tu la respectera.
Je t'aimerai toujours, et j’emporterai nos souvenirs avec moi, ce sera ma lumière dans l’obscurité.
Kate
Les mots de Kate frappèrent Chris comme un coup de poing. Il resta immobile, sidéré, les yeux figés sur la lettre, incapable de croire ce qu'il venait de lire. Une part de lui refusait la réalité qui s'imposait brutalement à son esprit : Kate, la femme qu'il aimait, était partie, et elle lui demandait de la considérer comme morte. Le cœur battant à tout rompre, il relut la lettre encore et encore, chaque mot lacérant un peu plus son âme.
Ses pensées s'emmêlaient sous le coup des émotions. La confusion se mêlait à la douleur, et il avait l'impression d'être aspiré dans un tourbillon sans fin. Pourquoi ? se répétait-il intérieurement. Pourquoi Kate avait-elle ressenti le besoin de partir seule ? Pourquoi pensait-elle qu'il serait mieux sans elle ? Il passa ses doigts tremblants sur les lignes écrites de sa main, espérant y trouver un indice caché, quelque chose qui lui dirait où elle était allée, ou ce qu'elle comptait faire. Cependant, elle n’avait laissé aucune trace, elle ne voulait pas être retrouvée.
Un sentiment de désarrois s'empara de lui, que pouvait-il faire, comment réussir à l’empêcher de commettre l’irréparable. Il ne pouvait se résoudre à respecter ses dernières volontés mais, il ne parvenait pas à réfléchir dans ce méandre émotionnel. C’était comme si une partie de lui-même venait de lui être arrachée. L'idée de perdre Kate le plongeait dans un abyme sans espoir. Elle avait été sa lumière, son refuge dans un monde souvent sombre et dangereux. Avec elle, il avait trouvé une nouvelle raison de sourire, de croire en des jours meilleurs. La simple pensée de ne plus la revoir, de ne plus entendre son rire ou de sentir la chaleur de ses bras, lui était insupportable, impensable.
Il se força à sortir de sa torpeur. La situation était grave et le temps lui était compter il ne devait pas se laisser abattre. Il devait réfléchir et agir vite. Peu importe ce que Kate avait écrit, il ne pouvait pas accepter cette fin. Elle était là quelque part, et il ferait tout pour la retrouver. Une détermination froide et résolue prit la place du désespoir. Le premier réflexe de Chris fut de penser aux personnes en qui il avait le plus confiance et qui pourraient l'aider.
Alors qu'il tentait de réfléchir à une stratégie, son téléphone sonna. C'était Julia, « Hello Chris, je sais qu’il est encore tôt mais, j'appelais pour prendre de vos nouvelles à toi et Kate»
« Non... Ça va pas Julia ». Sa voix tremblait légèrement, mais il se força à garder son calme. Il ne pouvait pas se laisser submerger par les émotions.
Julia, sentait le désespoir débordé dans la voix de son ami, « Chris, tu m'inquiètes, qu'est-ce qu'il se passe ? »
Il prit une profonde inspiration avant de répondre. « Kate est partie... Elle s’est tiré en laissant une lettre. »
Il entendit le choc dans le silence de Julia. Elle-même semblait avoir du mal à faire face à cette réalité, « Quoi ? Mais... pourquoi ? Quand ? »
« Pour nous protéger. Du moins, elle est persuadée que c’est le seul moyen » expliqua-t-il, essayant de contenir l'émotion qui menaçait de le submerger. « Elle veut se livrer à Sanchez. Il va la buter dès qu’il aura réussi à la trouver. Elle le sait et pourtant elle le fait quand même. Je… je ne peux pas... je ne veux pas la perdre. »
Un silence pesant s'ensuivit, avant que Julia ne réponde, « On va la retrouver, Chris. Il faut commencer par quelque part. Commence par joindre l’équipe qu’ils soient alertés par cette situation. »
Chris hocha la tête, même si elle ne pouvait le voir. « Oui, je vais appeler Luis. Il pourrait essayer de la retracer avec l'aide de Max. On met tout le reste en suspens. »
Il raccrocha et, sans perdre de temps, passa un coup de fil à Luis. « J'ai besoin de toi et de Max, maintenant, » dit-il, la voix dure et résolue. « Kate est partie. On doit la retrouver. Utilise tous les moyens possibles, on met tout le reste de côté. »
Comprenant l'urgence, ce dernier acquiesça sans poser de questions. « On s'en occupe, Chris. Tiens bon. »
Chris jeta un dernier regard à la lettre avant de la plier soigneusement et de la ranger dans sa poche. Il se précipita vers son armoire pour s'habiller, sa détermination renforcée par la mission qu'il s'était fixée. Il devait parler à Marco, seul à seul. Peut-être avait-il des informations, quelque chose qui pourrait les guider vers Kate. Il connaissait le milieu mieux qu’aucun parmi eux. Il aurait peut être une idée sur la façon dont Kate allait procéder. Chaque minute comptait, et il ne pouvait se permettre d'attendre.
***
Chris revint à la prison avec un sentiment d'urgence qui pesait lourd sur ses épaules. Chaque pas résonnait dans le couloir, faisant écho à son anxiété grandissante. Lorsqu'il atteignit le poste de sécurité, il fut accueilli par le même agent de détention qui les avait assistés lors de leur précédente visite. L'agent le regarda avec une lueur de curiosité mal placée dans les yeux. « Alors, où est ta copine ? » lança-t-il, faisant référence à Kate.
Chris fronça les sourcils, une étincelle de colère dans les yeux. Se remémorant leur dernier échange, il se força à rester calme. « Ça ne te regarde pas , » répondit-il froidement, son ton trahissant une pointe de tension. « J'ai pas de temps à perdre, je dois parler à Marco. »
L'agent haussa les sourcils, surpris par sa brusquerie, mais il se contenta de hocher la tête et de le mener au parloir. Là, derrière la table métallique, Marco était assis, son visage empreint de cette même arrogance nonchalante que la fois passée. Chris s'assit en face de lui, le regard menaçant, prêt à tout pour obtenir des réponses.
Marco leva un sourcil, examinant Chris avec un sourire en coin. « Eh bien, shérif, c'est pas souvent qu'on voit un homme de loi aussi pressé de discuter avec un type comme moi. C'est quoi l'urgence ? »
Chris prit une profonde inspiration, essayant de contenir les émotions qui menaçaient d’exploser« Kate a disparu, » commença-t-il, ses mots lourds de gravité. « Et je pense qu'elle est allée voir Pedro Sanchez. »
Marco éclata de rire, un son sec et sans joie. « Pour vous protéger ? Sérieusement ? Elle est plus folle que je ne le pensais. » Son expression se durcit, perdant toute trace d'amusement. « Et toi, shérif, tu veux quoi ? Que je te dise où elle est ? »
Chris se pencha en avant, les yeux rivés sur ceux de Marco. « Je veux savoir comment la retrouver. Tu connais ce monde, tu sais comment ces gens pensent. Aide-moi. »
Le sourire de Marco s'effaça, remplacé par un regard calculateur. « Tu me demandes beaucoup, shérif. Pourquoi je t'aiderais, hein ? » Sa voix était basse, presque un murmure, mais la provocation était claire.
À ces mots, Chris perdit son sang-froid. Il se leva brusquement, la chaise raclant bruyamment le sol. « Parce que si tu ne le fais pas, je te jure que je te ferai regretter de ne pas avoir parlé. Tu crois que c'est un jeu, Marco ? Il y a une vie en jeu ici ! »
Le surveillant, alarmé par le bruit, s'approcha, prêt à intervenir. Marco leva une main pour lui indiquer que la situation était sous contrôle, « Tranquille, mec. Tout va bien. » Il se tourna de nouveau vers Chris, « Assieds-toi. On est juste en train de parler. Tu voudrais pas que le surveillant ici présent décide de mettre fin à notre entretien. Ce serait terriblement dommage si tu vois ce que je veux dire. »
Chris serra les poings de frustration. Marco avait raison, même si ça le bouffait, il devait garder son calme sinon, tout shériff qu’il était, il serait prié de repartir. Il ne faisait pas Loi entre ces murs. Il se rassit donc de mauvaise grâce face à Marco qui lui adressa un sourire hautain.
L'agent recula, mais resta à portée, surveillant la scène de loin. Chris respira profondément, luttant pour reprendre le contrôle. « Marco, je ne suis pas ici pour jouer. Kate est en danger, et chaque seconde compte. »
« Ok, mais pour que je t'aide, il faut que tu me dises ce qui se passe vraiment. Pourquoi Kate irait voir Sanchez ? »
Chris soutint son regard, essayant de jauger les intentions réelles de Marco. Toutefois, il se rendit vite à l’évidence. Il était dans une impasse et rien ne lui permettait de croire que Luis parviendrait à retrouver la trace de Kate. Il n’avait pas le choix, il devait jouer franc jeu avec Marco, « D'accord, » dit-il enfin. « Elle pense effectivement qu'en se livrant à Sanchez, elle pourra nous protéger. Il vient de butter son père adoptif et elle croit qu'en se sacrifiant, elle éloignera le danger. »
Marco écarquilla les yeux, visiblement choqué. « Ce type est une vraie ordure. Je suis presque sûr qu’il est tout à fait capable de venir la chercher s’il sait qu’elle est en vie mais, il préfère l’obliger à se rendre pour la mettre à genoux, » murmura-t-il, secouant la tête. « Elle n'a aucune chance. »
Chris sentit une vague de désespoir l'envahir, mais il secoua la tête avec détermination. « Je ne peux pas la laisser tomber. Aide-moi à la retrouver avant qu’il ne soit trop tard. Dis-moi ce que tu ferais à sa place. »
Marco le regarda longuement, pesant ses mots. « Si j'étais elle, » commença-t-il lentement, « je m’en prendrais à ses affaires et à ses hommes pour remonter jusqu’à lui. C’est pas discret mais c’est efficace et de ce que tu viens de me dire. Son souhait n’est pas de l’atteindre discrètement mais bien de se rendre à lui. »
Chris acquiesça, assimilant l'information. « Et ses hommes ? Elle s'en prendrait à qui en premier ? »
Marco haussa les épaules, un sourire amer sur le visage. « Elle sait qu’elle ne l’aura pas en directe. Elle cherchera donc un joindre l’un de ses lieutenants et pour ça, elle s’en prendra à un de ses sbires. Ceux qui gèrent leurs affaires. C'est eux qui lui sont les plus accessibles »
« Merci Marco. » Chris se leva, pensant que l’entretien était terminé.
« J’ai pas finit. Y a un entrepôt à l'extérieur de la ville de Norco. Sanchez y fait transiter beaucoup de trucs. Si quelqu'un veut s'en prendre à lui, je pense que c'est un bon point de départ. Perso c’est là-bas que j’irais en premier. Ta copine a dû y penser aussi. » Il marqua une pause, puis ajouta avec une touche de sincérité inattendue : « Fais attention, shérif. Tu joues avec le feu. »
Chris le regarda droit dans les yeux, une détermination farouche dans le regard. « Merci pour l'info, » dit-il, sa voix empreinte de gravité. « Je sais que tu prends un risque en me parlant. »
Marco haussa les épaules, un sourire triste sur les lèvres. « J'ai peut-être pas fait les bons choix dans ma vie, mais je respecte Kate. Et je respecte ceux qui sont prêts à tout pour protéger les leurs. » Il jeta un coup d'œil vers le surveillant, puis ajouta à voix basse, « Juste... fais pas l'idiot. Et dis à Kate que, malgré tout, je respecte son choix. Elle a plus de courage que la plupart des gens que je connais. »
Chris hocha la tête, touché par les paroles de Marco. Il se leva, jetant un dernier regard à l'homme en face de lui. « Je te revaudrai ça, » murmura-t-il avant de tourner les talons.
Alors qu'il s'éloignait, le gardien se rapprocha de Marco, lui lançant un regard interrogateur. « Tu penses qu'il a une chance ? »
Marco haussa les épaules, un sourire amer au coin des lèvres. « Une chance ? Contre Sanchez ? Je dirais que c'est comme jouer à la roulette russe. Le shérif a du cran, c'est sûr, mais ça pèse pas lourd face à un gars comme Sanchez. »
***
Kate roulait à vive allure sur sa moto, se faufilant dans les rues désertes avec une détermination inébranlable. Elle savait que Chris était probablement déjà à sa recherche, mais elle ne pouvait pas se permettre d'être retrouvée. Pas maintenant. Elle devait agir rapidement et efficacement pour protéger ceux qu'elle aimait, même si cela signifiait se plonger plus profondément dans un monde qu'elle avait tenté de fuir.
En arrivant près de l'entrepôt isolé, elle ralentit, coupant le moteur pour se glisser dans l'obscurité. Ses pensées étaient nettes, un mur s'était dressé dans son esprit, cloisonnant ses émotions. Ce n'était pas le moment de laisser les sentiments la submerger. En observant les lieux, elle nota le nombre de gardes, les points d'accès, les caméras de sécurité. Son esprit fonctionnait à toute allure, analysant les options, envisageant les différentes issues possibles. Elle savait que chaque minute comptait. Chris, avec son entêtement et son amour inébranlable, devait déjà être sur ses traces, et elle ne pouvait pas lui permettre de la rattraper avant qu'elle n'ait terminé. C’était sa seule chance de sauver ceux qu’elle aimait, elle en était certaine.
Kate se faufila discrètement à l'intérieur de l'entrepôt, son regard sondant chaque recoin. Elle neutralisa rapidement deux gardes, les assommant avec une précision experte. Ses gestes étaient méthodiques, dénués de toute hésitation. Elle ne laissait aucune place à l'erreur, aucune place à la peur. Elle avançait, froidement, déterminée à atteindre son objectif.
***
Le véhicule fonçait sur la route poussiéreuse, soulevant un nuage de terre derrière lui. À l'intérieur, l'atmosphère était tendue, chaque agent plongé dans ses pensées ou concentré sur l'objectif à venir. Chris James, au volant, gardait les yeux rivés sur la route. Son visage était concentré. Lui qui habituellement avait toujours un sourire, se montrant rassurant pour chacun en tant que chef, avait à présent les traits tirés, , marqué par l’angoisse. Les muscles de sa mâchoire se contractaient périodiquement, trahissant une nervosité qu'il peinait à contenir. Il avait une mission claire en tête : retrouver Kate avant qu'il ne soit trop tard.
À l'arrière, Max, habitué aux situations périlleuses, sentait néanmoins l'urgence de celle-ci. « On sait ce qu'elle compte faire, Kate ? » demanda-t-il, son ton neutre masquant une crainte pour son amie .
Chris serra un peu plus fort le volant, sous la colère, ses phalanges blanchissant sous la pression. « Elle essaie de régler une affaire seule car elle pense qu’on pourra pas l’aider, » répondit-il vaguement, le regard dur. Il lui en voulait de ne pas avoir cru en lui. Il savait que dans le fond elle avait pensé bien faire mais elle se trompait et par la même occasion, elle l’avait blessé.
Julia, assise à ses côtés, intercepta le regard de Chris et comprit la nécessité de détourner la conversation. « Elle est une cible pour Sanchez, elle a donc décidé de faire cavalier seule pour éviter qu'il ne s'en prenne à nous. » ajouta-t-elle, son ton conciliant. « On doit juste s'assurer qu'elle ne se mette pas en danger inutilement. » Julia essayait de concilier les informations partageables des détails personnels, tout en lançant de temps à autre des coups d'œil préoccupés vers Chris. Elle pouvait lire dans ses yeux une tempête d'émotions : la peur de perdre Kate, la colère contre elle mais aussi contre lui-même de ne pas avoir pu l'arrêter, et cette volonté inébranlable à la retrouver. « On va la retrouver, Chris, » murmura-t-elle à voix basse, ses mots destinés à n'être entendus que par lui. « Tu sais comment elle est. Elle est maligne. On va y arriver. »
Chris hocha la tête, inspirant profondément pour essayer de calmer le tourbillon d'émotions qui le submergeait. « Ouais, » murmura-t-il, les sourcils froncés. « Elle a toujours été forte, mais là, c'est un sacré bordel. »
À mesure qu'ils approchaient de l'adresse indiquée par Mario, le silence s'installa dans le véhicule. Les agents vérifièrent une dernière fois leurs équipements, chacun se préparant mentalement à l'intervention. L'adrénaline commençait à monter, un courant électrique palpable dans l'air. Chris s'arrêta à une distance prudente de l'entrepôt, coupant le moteur pour éviter de se faire repérer. Ils sortirent du véhicule avec précaution, avançant en formation, leurs pas silencieux sur le sol gravillonneux.
À peine avaient-ils atteint les abords de l'entrepôt qu'un coup de feu retentit, brisant le silence pesant de l'endroit. Chris réagit immédiatement, s'accroupissant derrière une pile de caisses. « Bureau du shérif ! » cria-t-il, sa voix forte et autoritaire, espérant éviter une escalade inutile. Mais les tirs continuèrent, les balles sifflant autour d'eux. « Couvrez-vous ! » ordonna-t-il, levant son arme.
Les agents répondirent rapidement aux tirs, cherchant à neutraliser la menace sans prendre de risques inconsidérés. Julia, accroupie non loin de Chris, échangea un regard avec lui. « Ils sont en train de se replier, » observa-t-elle, notant que les tirs se faisaient moins intenses et semblaient s'éloigner.
Max, plus en retrait, acquiesça. « Ouais, c'est bizarre. On dirait qu'ils veulent éviter la confrontation. »
Ils avancèrent prudemment, leurs pas résonnant dans l'entrepôt presque vide.
***
Kate avançait dans l'entrepôt, ses pas résonnant à peine sur le sol de béton. Elle se glissa entre les ombres pour passer inaperçue et se rapprocher de sa cible. Lorsque elle dévoila sa présence, un homme se tenait face à elle, « Qui t’es pour oser te pointer ici et causer des problèmes ? » Miguel, un sourire narquois aux lèvres, la regardait avec une expression entre l'amusement et le mépris.
Sans ciller, Kate le fixa de ses yeux glacés, sa main sur l'arme dissimulée sous sa veste. « Pedro Sanchez. Je suis sa fille, connard, et j'ai besoin de le joindre. Passe l'appel maintenant si tu ne veux pas que je te mette une balle en pleine tête. »
Miguel écarquilla les yeux, d'abord incrédule. « Sa fille ? Te fous pas de ma gueule ! » Le doute perçait dans sa voix, mais l'insolence restait. Kate, imperturbable, s'avança. Lentement, elle sortit son arme et, sans une once d'hésitation, pressa le canon froid contre le front de Miguel. Son geste était précis, calculé, une démonstration claire de sa détermination.
La sueur perla sur le front de Miguel. « Okay, okay... » bafouilla-t-il, déstabilisé par l'assurance glaciale de Kate. « J'ai pas son numéro direct. » Ses mots tremblaient, trahissant sa nervosité grandissante.
Kate esquissa un sourire, un rictus suffisant qui semblait indiqué à son interlocuteur à quel point il était idiot, « Je le sais ça. Tu n'as pas le pedigree, tu n'es qu'un minable arriviste, mais tu dois pouvoir obtenir celui de José via tes contacts. Dis leur que Maria Sanchez veut lui parler. »
Sous l'œil attentif de Kate, Miguel sortit son téléphone, les mains légèrement tremblantes. Après quelques appels nerveux et échanges brefs, il finit par établir la connexion. Il tendit le téléphone à Kate, ses yeux cherchant désespérément une échappatoire, sentant que la situation lui échappait totalement.
Kate prit l'appareil avec calme, comme si toute la scène était une routine pour elle. « José, » dit-elle, sa voix aussi froide et tranchante qu'une lame. « Ça faisait longtemps. »
Un silence, puis la réponse vint, teintée d'une chaleur malaisante. « Princesse, c'est vraiment vous ? Je vois que vous avez reçu le message. J'espère qu'il vous a plu. »
La rage bouillonnait sous la surface de Kate, mais elle l'étouffa. Sa voix resta neutre. « J'ai reçu le message. »
« Vous êtes avec Miguel ? » demanda José, un sous-entendu lourd dans sa question.
« Oui, » répondit Kate d'un ton monocorde, presque mécanique. Elle sentit la tension monter, chaque fibre de son être consciente de l'instant critique.
José sembla réfléchir un instant. « Je vais vous donner l'adresse à laquelle nous rejoindre, mais avant ça, vous devez faire quelque chose pour moi. »
« Quoi ? » demanda Kate, sa voix maintenant tranchante.
« Tuez Miguel, cela m'évitera un aller-retour inutile. » Le ton détaché de José, presque désinvolte, envoyait des frissons glacés dans le dos de Kate. Elle comprit immédiatement. C'était un test, une preuve de loyauté exigée sans compromis.
Sans une seconde d'hésitation, Kate tourna l'arme vers Miguel. Le temps sembla se figer. Le coup de feu éclata, retentissant dans l'espace confiné. Miguel s'effondra, son corps tombant lourdement au sol. Le silence qui suivit était assourdissant. Kate resta figée un instant, son arme encore pointée vers l'endroit où se tenait Miguel. Son cœur se serrait douloureusement, mais elle le repoussa, enfermant ses émotions derrière un mur épais. Elle savait qu'elle devait survivre dans ce monde impitoyable, et pour cela, elle devait agir sans pitié comme elle avait dû le faire enfant.
« Bien, » dit José, sa satisfaction perceptible à travers le combiné. « Voici l'adresse où vous devrez vous rendre. Il est inutile bien sûr que je vous dise de vous débarrasser du portable de Miguel avant de nous rejoindre. De toute façon, vous avez mon numéro désormais et vous n'en avez donc plus besoin. » Il lui donna des indications précises, son ton empreint d'une familiarité dérangeante. « Vous avez fait le bon choix, princesse. Nous aurions sinon été dans l'obligation de rendre visite à votre charmant shérif. Je vous dis à très vite. Il me tarde de vous retrouver. Vous m'avez manqué. »
Kate serra les dents, sa mâchoire se contractant. « Compris, » répondit-elle avant de raccrocher. Elle regarda un instant le téléphone de Miguel, puis le jeta avec dédain. Elle se sentait vide, chaque décision pesant lourdement sur sa conscience. Mais elle ne pouvait pas s'arrêter, pas maintenant. La protection de Chris, de sa famille et de ses amis était une priorité absolue. Elle enfouit ses doutes et sa culpabilité sous une façade impénétrable, elle prit une profonde inspiration, puis quitta l'entrepôt, déterminée à aller jusqu'au bout, quel qu'en soit le coût.
***
Lorsque Chris entra dans la salle, il sentit son cœur se serrer. Le corps de Miguel gisait sur le sol inerte, une tache de sang s'étalant autour de lui. Son estomac se noua. L'image du corps sans vie, le silence lourd et oppressant de l'endroit... tout semblait crier l'échec. Il s'approcha, son visage se contractant dans une grimace de frustration.
« Putain ! » lâcha-t-il, sa voix grondante de colère. Dans un élan de rage, il donna un coup de pied dans un vieux tonneau métallique renversé, le faisant rouler bruyamment contre les murs en béton. Le bruit métallique résonna, amplifiant l'écho de sa frustration dans l'immense espace vide.
Chris passa ses mains dans ses cheveux, les doigts crispés, tirant légèrement sur sa chevelure en un geste de désespoir. Il inclina la tête en arrière, prenant une profonde inspiration comme pour essayer de se ressaisir, de refouler l'ouragan d'émotions qui le submergeait. Il ferma les yeux un instant, laissant le silence envahir son esprit, tentant de retrouver son calme. Il expira lentement, rouvrit les yeux et se tourna vers ses collègues. « On est arrivés trop tard... » murmura-t-il, sa voix rauque, lourde de déception et de résignation. « Elle était là. Elle est passée par ici, et maintenant... » Sa voix se brisa légèrement, trahissant l'angoisse qu'il tentait de dissimuler. « On doit la retrouver, comprendre où elle est allée ensuite. On peut pas la laisser se jeter dans la gueule du loup. »
Max et Luis, un peu plus en arrière, observaient la scène avec une incrédulité silencieuse. Leurs regards allaient du corps ensanglanté à Chris, puis à Julia, cherchant des réponses dans cette situation qui leur échappait. Max, malgré l'affection qu'il portait à Kate semblait désorienté, il se mordit la lèvre inférieure, secouant la tête. « C'est... c'est dingue. Comment une femme comme Kate a pu se retrouver mêlée à tout ça ? Le type a terre n’a aucune arme en main et vu la trajectoire de la balle, il a certainement été tué à bout portant sans même avoir la possibilité de se défendre… ça ressemble davantage à une exécution... » s’autorisa-t-il à commenter, la voix tremblante.
Luis, plus calme mais tout aussi perplexe, hocha lentement la tête. « Ouais... on parle de trafic de drogue, de meurtres... Mais qu’est-ce que Kate vient foutre là-dedans ? » ajouta-t-il, son ton empreint d'une confusion partagée.
Chris fuyait leur regard, effectivement, il savait à quoi la scène pouvait ressembler et Max avait raison. Il s’agissait certainement d’une exécution. Il courait après une Kate qu’il ne connaissait pas mais, il restait persuadé que si elle avait agit ainsi c’est qu’elle y était contrainte. Il devait lui faire confiance, il lui faisait confiance.
Julia s'avança alors, se plaçant entre les deux agents et le corps. Elle les regardait dans les yeux, cherchant à maintenir une certaine autorité tout en masquant sa propre inquiétude. « Kate est recherchée par Pedro Sanchez. Elle a ses raisons pour être venu ici, mais ce qu'il s'est passé exactement... personne ne le sait vraiment, elle n'était peut-être pas seule » répondit-elle, en soutenant le regard de Max. « On ne peut pas juger tant qu'on ne connaît pas toute l'histoire. »
Elle se tourna vers Chris, sa voix se faisant plus douce. « J'ai peut-être une piste, » murmura-t-elle. « Une source qui pourrait savoir où elle est allée. On peut encore la retrouver avant que ça n'empire. »
Chris ferma les yeux un instant, tentant de maîtriser les émotions tumultueuses qui le submergeaient. « D'accord, » souffla-t-il enfin, rassemblant ses pensées. « Allons-y. » Il rouvrit les yeux, déterminé à avancer coûte que coûte. Ils avaient peut-être perdu cette bataille, mais la guerre n'était pas terminée. Kate était quelque part dehors, dans une situation dangereuse, et il ne pouvait pas se permettre de flancher maintenant.