Une autre vie
Chris était sortie et il avait compris le message : quand elle reviendrait, elle s’attendrait à ce qu’il soit parti. Est-ce qu’il allait lui obéir ? Bof.
Évidemment, il n’était pas dans son intention de la harceler, de s’imposer, même si c’était carrément ce qu’il était en train de faire. Mais il n’allait pas tout abandonner et aller s’installer avec les autres « criminels » au pied du volcan. Il pouvait se rendre utile, faire avancer les choses, restait à trouver le moyen d’y parvenir.
Quand il avait voulu entrer dans cette zone rouge, il avait eu des idées, des envies, des désirs, des espoirs. Le plus fort d’entre eux avait été de retrouver son père. Il s’était imaginé que ce dernier suivait déjà le groupe des rebelles qui gérait le bordel et qu’il allait juste filer un coup de main. Sauf qu’il était considéré comme mort, que les rebelles avaient l’air de ne pas trop se rebeller quand même et de gentiment faire ce qu’on attendait d’eux. Trouver sa place était plus compliqué que prévu. Une seule chose était certaine. Si une personne croyait que son père était vivant, assez fort pour tout tenter pour le sortir des limbes, alors il pouvait aussi espérer qu’il le soit et faire de son mieux pour l’aider, non ? Et pour cela, il devait comprendre dans quel domaine il pouvait lui être utile. Il ne fallait pas chercher plus loin. Il devait rester là.
Il découvrit dans la chambre de son père un espace du même genre terne que l’avait été son passé. Juste un lit simple, un petit bureau poussé dans un coin, une table de chevet et un placard encastré. En guise de décoration, une carte de la ville était punaisée au-dessus du bureau, carte sur laquelle on avait tracé au stylo bille les limites imposées par les barrières infranchissables qui faisaient de cet endroit une prison. Et c’est tout. Ça aurait pu autant être la chambre d’un dealer de drogue que celle d’un agent d’assurance, rien ne lui faisait penser à son père ici. Tout changea lorsqu’il ouvrit la penderie. En dessous de quelques tenues disposées sur des cintres, il dénicha une sacoche en cuir qui lui donna des bouffées de nostalgie. Il la fouilla et sourit bêtement devant les contrats d’une autre époque, soigneusement alignés dans des chemises. Inutile de les lire, il savait déjà sur le bout des doigts ce que son père était venu faire dans cette ville. Il les rangea religieusement, le cœur serré d’émotion. Parmi les tenues, il dénicha un costume marron, très classe, qui lui évoquait également des tas de souvenirs.
— J’ai tellement envie que tu sois vivant, papa, murmura-t-il en touchant le tissu. Je sais depuis toujours que tu es sûrement mort, mais j’aimerais qu’ils aient tous tort.
Il trouva aussi un exemplaire de cet improbable uniforme de la Brigade. Il eut beau forcer, il ne parvint pas à imaginer son père en espèce de flic. En plus, ça devait être affreusement chaud… et puis au toucher, c’était plus rigide que ça en avait l’air, renforcé sur les jambes. En fait, c’était une armure… S’en rendre compte lui donna le vertige. Cette ville si calme restait le rempart contre l’enfer, il tâcherait de ne pas l’oublier.
Il se tourna vers la table de nuit. Il trouva plusieurs petites choses à l’intérieur : une pépite d’or, un morceau de cristal brut qui ressemblait à du diamant, des trucs indéterminés en plastique, un téléphone portable obsolète et vidé de ses composants et un portefeuille. Il déplia le cuir, observa les vieilles cartes de visite, de fidélité, une carte bancaire périmée, des pièces de monnaie inutiles ici, un permis de conduire, quelques timbres et une photo. C’était l’image figée d’un après-midi à la plage en famille. Maman en paréo, papa en short en train de crâmer des saucisses sur un barbecue artisanal, une bière à la main, et lui devait avoir environ six ans et arborait une coupe de cheveux improbable et tenait une bouée trois fois trop grosse pour lui. Il sourit et la remit à sa place. C’était le passé, ça. Lui, il était résolument tourné vers le futur.
Il retira sa veste de costume, sa cravate, son veston, sa chemise et son pantalon et respira un peu mieux. Il s’allongea sur le lit et ferma les yeux. Promis, au réveil, il prendrait activement les choses en main.
Je suis persuadée que Camille va devenir un atout pour Chris et peut-être un atout pour la ville, bon je le verrais bien reprendre l'armure de son père, mais bon qui c'est !
J'ai été ému, lorsqu'il a découvert les affaires de son père, être séparé ainsi c'est tellement cruel.
Merci pour tes écrits, c'est toujours un plaisir de te lire.
<3
Un chapitre de transition, focus sur Camille, on s'attache bien plus encore au personnage et j'aime bien.
Un peu de mal au début de chapitre à ma première lecture, je n'étais peut-être pas assez concentré. C'est mieux passer la deuxième fois.
Merci pour la lecture :)
Comme toujours, je note tes ressentis, je ne suis pas toujours au top avec les moments introspectifs, mais je m’améliore !
Je suis content que ça t’aie plu. Merci pour le commentaire !
J'ai pas grand chose à dire ici, si ce n'est que je suis choqué qu'il ne dorme pas en pyjama ! Blague à part, je serai lui je serai un peu plus inquiet que Chris vienne me botter le cul, voire me casse une jambe! On verra s'il survit à cette intrusion... même si mon petit doigt me dit que oui ^^'
A bientôt!
Survivre… oh oui. Entier… qui sait ?
À bientôt !