Il souriait.
Pas parce qu’il était heureux.
Pas parce qu’il y avait quelqu’un à rassurer.
Il souriait comme on respire : par habitude.
Ce sourire-là, Hikaru l’avait porté toute sa vie.
Il n’avait pas de forme précise.
Il était l’écho discret de ce qu’il refusait de montrer.
Une courbe légère, maintenue par instinct.
Pas pour tricher.
Pour tenir debout.
Il ne savait pas pourquoi il s’était levé si tôt.
Il ne savait même pas s’il dormait encore.
Tout était flou — sauf ce silence,
profond, ancien, presque trop doux pour être réel.
Il traversa le couloir,
pieds nus sur un parquet trop froid pour un mois d’avril.
La maison semblait figée, comme si elle retenait son souffle.
Il monta les escaliers.
Le plancher grinçait exactement comme avant.
Il passa devant sa chambre : porte entrouverte.
Il aperçut au passage le vieux papier peint, les jouets figés,
la photo de famille tournée vers son lit.
Mais il continua.
Vers la chambre de ses parents.
Là, c’était autre chose.
Presque vide.
Un lit fait, une armoire fermée, une odeur de linge propre.
Sur la table de chevet, la même photo de famille.
Mais orientée vers la porte.
Il sentit quelque chose dans sa poitrine.
Pas de douleur.
Une densité.
Et puis il la vit.
Satomi était assise sur le bord du lit, dos tourné,
la tête penchée comme si elle écrivait quelque chose.
Son souffle se bloqua.
Il voulut parler.
Il ne put pas.
Elle leva les yeux vers lui.
Son regard était doux.
Vrai.
Présent.
Il y avait dans ses yeux quelque chose qu’il avait oublié : l’évidence.
Elle sourit, presque amusée,
comme si elle savait qu’il allait dire quelque chose de trop tardif.
Il fit un pas.
Elle tendit la main, sans rien dire.
Et soudain,
il se souvint.
Aujourd’hui était le jour où elle mourait.
Mais elle était là.
Encore.
Une fois.
Et il avait quelque chose à dire.
Ou peut-être rien.
Peut-être juste rester.
Il se dirigea lentement vers le salon.
Sur la commode, la montre à gousset ouverte.
Les aiguilles indiquaient 4h07.
Il la fixa longtemps, sans comprendre pourquoi son souffle s'était figé.
Et puis il se souvint :
son cœur ne battait jamais en rythme avec cette horloge.
Il se vit dans le miroir.
Même posture.
Même calme.
Même sourire.
Mais cette fois,
il y croyait.
Je suis revenu, mais… tout était déjà écrit.
J'ai été intrigué par le synopsis. Donc me voilà.
Nos histoires semblent se faire écho, non pas dans le sujet, mais dans leurs silences, leurs non-dits, leurs choix de faire ressentir au lieu de dire.
C'est vraiment un très beau prologue. Un souvenir en suspens, un deuil, un entre-deux où les objets et les gestes deviennent les repères émotionnels.
Ta plume est douce,. L'ambiance lente et contemplative sont une réussite ;)
Vraiment hâte de lire la suite, j'ajoute ceci dans ma PAL.
À très bientôt et bon courage pour l'écriture de la suite !
C’est étrange de voir quelqu’un comprendre aussi tôt ce que je n’ai pas dit.
Merci d’avoir tendu l’oreille à ces gestes, à ces absences, à ce début d’histoire.
Et merci de m’avoir rappelé que ce que j’écris peut résonner ailleurs qu’en moi.
À très bientôt.
C’est vrai qu’on ne s’est pas rendu la tâche facile pour une première œuvre… Faire parler le silence ;)
À très bientôt, et belle continuation à toi !
C'est du silence que je puises mes mots." :)