Un logiciel de messagerie ouvert sur un mail encore non lu.
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De : Jacob Bar-Le-Sceptre-Soleuze
À : Victoire Guenille – Graphiste
Salut Vivi,
Comment tu vas ? Je suis passée à la bicoque l’autre jour, y avait personne. Vous étiez sans doute aux courses.
J’ai croisé ton père une ou deux fois, il est venu au bar et on a dépoussiéré un peu le stand de fléchettes. On a discuté un peu de toi, tu t’imagines bien. Bon, déjà, je sais qu’il t’en dira rien mais j’espère que t’es au courant comment il est fier de toi. Un journaliste qui élève une artiste, c’est pas rien ! Il m’a dit que tu t’occupais très bien de ta grand-mère. Il m’a aussi parlé de comment elle allait, c’est-à-dire pas trop mal mais avec des lubies et des moments un peu plus durs. Ce truc avec Jonathan, là (je connais ce garçon, il est très gentil et surtout… ben, vivant, hein).
Bref. Comme j’ai pas pu te voir, je t’écris parce que ça me semble important. De ce que je vois, et de ce que je connais de toi, tu t’en sors à merveille. Nellie a beaucoup de chance de t’avoir. Et Mathilde aussi, où qu’elle soit. T’es une fille formidable, tu sais très bien t’occuper des autres quand ils en ont besoin. Ne lâche rien. Et si t’as besoin, tu fais signe.
J’essaierai de repasser bientôt, avant l’ouverture du Sceptre. Si jamais tu t’ennuies le soir, passe faire coucou ! Et avec Emilie, ce serait encore mieux !
A + dans le bus !
(oui, je reste ton ringard de beau-père)
J.
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Me voici pour retrouver Victoire&Co =D
Elle s'appelle "Guenille" - je n'avais jamais calé encore ! À moins que ce soit la première fois que son nom apparaisse. J'aime bien la symbolique, le déchirement, le côté usure et lambeau qu'on retrouve d'ailleurs dans la structure en éclats qui compose ton récit.
Jacob est très touchant dans ce message. Il s'est montré lourd et parfois maladroit, mais là on sent combien il est sincère et tient à sa belle-fille. Il veut la soutenir à sa façon. Ce ne doit pas être simple de toujours se sentir estimé à sa juste place dans une famille recomposée - surtout avec tout ce qui leur tombe dessus en ce moment - alors ce genre de moments sont importants. <3
Le nom de famille de Victoire apparaît plus tôt dans le roman, quand son père Olivier signe l'article de journal qui mentionne Eugénie. Mais aucun, alors aucun souci à ce que les lecteurices oublient en cours de route. Là, c'est une manière assez simple et subtile de le remettre sous les yeux. Je ne souhaite pas le faire apparaître de manière plus poussée, parce que je crains un peu que la symbolique autour de la "guenille", ce que tu pointes si justement du doigt, ne devienne trop évident et fabriqué. Là, comme ça, je crois que ça me va !
Je note aussi pour les réactions des plumes quant au beau-père sur ce chapitre, c'est quelque chose sur lequel j'aimerais travailler ;-)
Bon ce beau-père est pas complètement à jeter, même si peut-être que mon com sur lui précédemment laissait penser le contraire ! Il est quand même un soutien, manifestement. Peut-être plus maladroit qu'autre chose. Très curieux de voir cette relation entre lui et Olivier, en vrai ! ça m'a tout l'air d'être une famille recomposée quand même relativement apaisée (dans le sens où le père et le beau père arrivent à jouer aux fléchettes sans que l'un ou l'autre soit la cible !), c'est assez choeutte ! D'un autre côté est-ce que c'est pas juste une apparence, avec toi on ne sait jamais (comment ça je suis ultra méfiant ?).
Je suis complètement addict, en tout cas (si jamais y avait encore un résidu de doute).
Plein de bisous !
En tout cas, tu vois juste : j'ai voulu montrer (entre beaucoup, beaucoup d'autres choses) une famille recomposée pour qui la recomposition se passe tout de même assez bien. Les soucis sont ailleurs, quoi.
Haaaa, contente de te savoir accro ! Mes talents en manipulation auraient-il fait un bon en avant ? En tout cas, un grand grand GRAND merci pour ton passage par ici et pour tous tes retours !
Je me permet, une fois de plus, de ne commenter qu’après avoir lu tous les chapitres postés -honte sur moi-.
Sans surprise, le texte est de qualité et les personnages sonnent justes. Je crois qu’on a tous quelque part, des personnes agées proche de cette grand-mère dans notre famille.
(D’ailleurs je ne sais pas si je t’avais raconté ça, mais j’ai une anecdote très proche avec ma propre grand-mère dont l’une des dernières phrases a été « Ce n’est pas moi qui l’ai tué », avant que Alzheimer ne la rende totalement mutique. )
En tout cas, cette lecture crée en moi plein de question existentielles. On sent que ça parle de violence au sein des familles, du couple et bien sûr de parentalité ; la toile se tisse, on sent qu’on effleure des murènes tapies mais le pattern n’est pas encore suffisament clair pour qu’on saisisse pleinement là où tu veux en venir (Ce n’est pas une critique un, seulement une constatation, encore heureux que ton lecteur attende encore des réponses).
BRef, beaucoup de blabla pour dire que j’ai kiffé. Mais je n’en doutais pas une seconde.
Je suis très heureuse de te retrouver par ici - comme à chaque fois que tu te glisses dans mes textes, avec un regard toujours aussi poussé et sincère.
Je me souvenais que ta grand-mère avait eu Alzheimer... Mais pas de cette phrase. (Moi qui redoutais d'être un poil sensationnaliste avec ce pan d'intrigue alors que le roman a tout de même vocation à rendre compte de la "vraie vie"...) A l'occasion et si tu as envie/besoin, on pourra discuter de tout ça... !
Très contente que les questions existentielles pointent le bout de leur nez. Après tout, je continue d'écrire en réfléchissant moi-même à certaines questions, et l'exercice de création me permet de creuser pas mal de choses.
Merci tout plein beaucoup, et à très vite ! ♥