Une série de textos laissés sans réponse.
« Coucou maman, J’espère que tu vas bien. J’ai essayé de t’appeler. On s’inquiète beaucoup, n’hésite pas à donner quelques nouvelles, même rapidement
Hello, Il fait super beau dans la véranda ce matin, ça te plairait beaucoup. J’espère que tu te reposes bien. Je pense à toi
Hey maman, Plus d’une semaine depuis mon dernier texto. Je sais que tu fais tes trucs dans ton coin, je voulais te dire qu’il n’y a aucun, mais vraiment aucun souci à ce que tu prennes du temps pour toi. Je suis même contente et soulagée que tu le fasses. Mais si tu pouvais juste envoyer quelque chose, n’importe quoi, même un smiley tout bête. Comme quand je faisais la fête ado et que tu voulais que je te dise rapidement comment ça allait. S’il te plait ?
Salut maman. Une pensée pour toi
Aujourd’hui rien de spécial, quelques courses, une salade de courgettes. Je suis allée à la plage avec Emilie
S’il te plait, donne un signe de vie ?
??
Comment ça se fait que Jacob ait reçu des textos, et moi rien ?
Qu’est-ce que je t’ai fait ?
Hello, Je sais pas si tu comprends vraiment, en fait je suis toute seule avec mamie. C’est pas qu’il faudrait que tu sois là avec moi pour l’aider, je comprends que t’en es ta claque. Mais au moins ne pas en rajouter une couche et me rassurer ? Comment tu vas ?
Tu pourrais au moins décrocher le téléphone, juste une fois. Merde
T’es même pas obligée de me dire où tu es, tu sais. Juste un message à la con
??
Jacob est allé chez les flics, figure-toi. T’as vraiment envie que toute la ville se dérange comme ça pour toi ?
C’est ta famille, quand même. T’es obligée de rien, mais tu nous dois un minimum. Tout le monde se fait du souci pour toi
Je t’ai laissé un nouveau message vocal. J’en ai marre
Tu me fais chier ! Merde, j’espère que t’as la meilleure excuse du monde pour pas répondre, que t’es coincée quelque part, que tu vas mal et que tu vas revenir la queue entre les jambes à nous demander pardon. Tu fais chier !
??
Désolée pour mes messages la semaine dernière. J’étais à bout de nerfs.
Maman, s’il te plait ? Tu me manques.
Tu me manques vraiment.
Justement, je me demandais à quoi ressemblaient les textos de Victoire à sa mère. On ressent bien toute la frustration, toute la colère qui s'accumulent et retombent comme des soufflets. Mais si Mathilde a répondu à Jacob, ce peut-il alors qu'elle soit morte ?
D'ailleurs, je n'ai pas le souvenir que tu aies beaucoup développé, tout au long du récit, la relation qui existait entre la mère et la fille. C'est peut-être nécessaire, à moins que cela n'alourdisse le récit. Je ne sais pas, à toi de voir évidemment.
(et misère, je viens de me rendre compte que je n'arrête pas d'appeler Victoire Virginie dans mes commentaires précédents. Je ne suis pas encore sortie du marais, manifestement ^^)
A bientôt pour la suiiiite !!!
Je note pour la relation entre Victoire et Mathilde... Pour le moment je ne ressens pas le besoin de développer plus, j'ai peur de sortir du marasme ambiant lié à la disparition de Mathilde, à la folie de Nellie et à son auto-accusation : comme si prendre une pause dans la narration pour expliquer la relation entre Victoire et sa mère pouvait servir de soupape de soulagement, alors que Victoire n'est soulagée de rien. Mais je pense que cette relation aura l'occasion d'être un peu plus développée par la suite... !
Et t'inquiète, ce n'est qu'en lisant ce commentaire que je me rends compte de la confusion entre les deux romans, hahaa ! J'ai dû lire "Virginie" plusieurs fois en me disant "oui oui, Soleil bleu"...
On ne parle jamais des mères qui manquent. Enfin, si, Proust en a fait tout un foin, mais je n'ai pas réussi à accrocher pour le moment à son monde qui m'a semblé artificiel. Je trouve que ça manque de mots sur les mères qui manquent de façon aussi à vif qu'ici. Et les émotions qui tournent en rond parce que ça se dénude peu à peu, ça passe par tous les mécanismes de défense et les prétextes et puis ça arrive à la vulnérabilité sans masque. C'est chouette.
("t’en es ta claque" aies)
Je pense qu'on trouvera plus d'exemples intéressants de relations mère-fille, notamment autour du manque, en littérature contemporaine (chez Elena Ferrante, par exemple ?). Même si c'est vrai que ça manque... Ou alors ça tourne autour de réflexions psychanalytiques misogynes que je déteste, la mère toujours castratrice parce que. Voilà. Pas d'explication, c'est gratuit... Bref !
♥