Une feuille à carreaux posée sur la table de la cuisine.
« À quiconque viendra s’occuper de ma mère :
Elle est allergique aux cacahuètes, autrement elle mange de tout. Il vaut mieux la faire manger à heure fixe. De manière générale, ça l’aide beaucoup à se repérer si toutes les choses du quotidien sont stables.
Elle fait parfois des terreurs nocturnes, mais elle est vite rassurée. Elle n’a pas besoin qu’on dorme dans la même pièce qu’elle.
Elle déteste l’eau chaude, les bains sont plus faciles à gérer avec de l’eau tiède voire froide.
Elle arrive encore à bien marcher, même si pas très longtemps. Elle râle souvent à cause de sa hanche gauche, dans ce cas-là il faut réussir à la convaincre de marcher un peu avec sa béquille (grand placard de droite dans l’entrée).
En cas de gros soucis, son médecin traitant est le docteur Sebastiani. Son numéro et son adresse sont marqués sur le frigo. Il la connait bien, il est très disponible pour elle.
Je reviens bientôt mais je ne sais pas quand.
Merci,
Mathilde »
Pour digresser un peu, pour le moment, Mathilde est le personnage le plus fascinant/intéressant de ma lecture. Même si le personnage point-de-vue a du ressentiment envers elle, je m'identifie complètement à ce qui apparaît en filigrane comme une lassitude extrême, sa double volonté de bien faire et de tout plaquer.
J'ai envie d'en savoir plus, il est tard mais je vais quand même prendre le temps de lire le prochain chapitre.
Si je comprends bien, on lit ici une lettre de la mère de Victoire laissée à son intention ?
C'est intéressant d'un point de vue de la narration. On découvre ainsi un nouveau personnage déjà entraperçu auparavant : même si Mathilde n'apparaît pas directement dans le texte, on peut percevoir ses traits de caractère à travers la manière dont elle prend soin de sa mère et rédige la note. On ressent sa prévenance et son souci du détail. Même l'utilisation du support est bien vue : on s'imagine tout de suite une petite note sur une feuille à carreau.
Un petit interlude très intéressant, donc, et toujours riche en émotions !
A bientôt !
J'aime bien la forme de ton histoire avec un chapitre qui n'est "que" une lettre. J'aime le rythme que cela donne et cela fonctionne terriblement avec le premier chapitre.
On comprend ce que Victoire voulait dire par "lettre froide"...
Cette lettre est vraiment intéressante.
J'ai d'abord cru qu'elle était écrite par la narratrice du premier chapitre et je me demandais si elle allait partir comme sa mère mais en fait c'est une lettre de la mère, Mathilde !
Je trouve que c'est intéressant d'alterner entre histoire principal et d'autres pdvs, à voir si tu conserveras ça dans la suite du récit
Ca montre que Mathilde tient à sa grand-mère et en même temps ça soulève pas mal de questions. Elle compte s'en aller elle-aussi ? Comme sa mère ?
J'aime beaucoup le début de ton histoire !
A bientôt (=
Merci de ton passage par ici, et à bientôt !
J'enchaîne un peu. Je profite de mes vacances.
Cette lettre en dit à la fois trop, mais pas assez. Ce "quiconque" m'interroge sur les rapports que Mathilde avait avec ses proches. Est-ce une façon de dire qu'elle s'est tellement renfermée, qu'elle ne s'attend pas à les voir s'occuper de sa mère ? En même temps, et c'est terrible, je pense que dire quiconque, c'est ultra réaliste quand je vois le nombre de personnes qui se dédouane pour s'occuper des membres vieillissants de leur famille. (Merci mon entourage de me rendre si positive) Après, c'est dur, quand on aime, de voir quelqu'un se dégrader petit à petit (ou trop vite) sans qu'on puisse y faire grand chose. Peut-être aussi est-ce une façon de dire à Victoire, qu'elle n'est pas obligée d'interrompre son existence pour s'occuper de celle de sa grand mère ? Peut-être aussi, espère-t-elle, que sa fille prendra une décision qu'elle n'a pas eu la force de prendre ? A savoir placer la grand-mère dans un institut censé s'occuper d'elle.
Je pourrais me rassurer en me disant que la lettre sonne comme un au revoir, et non comme un adieu, mais peut-être n'est-ce que qu'une façon pour Mathilde d'essayer de ne pas inquiéter malgré tout ? Y-a-t-il une volonté de laisser un espoir ? Ou n'est-ce que de la poudre aux yeux pour laisser les choses en maximum en ordre avant de partir pour de bon ?
Puis y a cette prise de temps pour expliquer des choses qui peuvent paraître anodine, mais qui sont importantes pour les soins de la grand-mère. Elle aurait pu les passer sous silence, mais non elle les nomme dans cette lettre. J'essaie de voir autre chose qu'une personne qui dit adieu et qui met tout en ordre avant de commettre quelque chose d'irréparable. (Un départ définitif pour l'au-delà ou pour une autre vie meilleure... pas de simples vacances. Bon l'avantage c'est que c'est pour revenir en pleine forme, j'aurais une good surprise ? Non ? )
C'est terrible parce que je peux comprendre le geste, que je peux saisir la colère des proches derrière laquelle doit se cacher de l'inquiétude, voire de la culpabilité de ne pas avoir vu les signes (et vu le portrait dressé par Victoire, le craquage me paraissait inévitable sans pour autant savoir quelle forme il aurait ou s'il existait déjà à travers quelques actes)
Je suis allée lire les autres avis et j'arrive pas à en vouloir à la mère. Peut-être que si j'obtiens le pourquoi, je réussirai mais en attendant... non. Je comprends qu'on puisse en arriver là, qu'on puisse arriver à une telle extrémité. En tout cas, si elle a toujours subi et tendu l'autre joue...
Et en vrai, une part du moi du passé (et peut-être du futur car la dépression, ça sait revenir) l'envie car j'aurais voulu disparaître comme elle l'a fait à un moment. Du coup, comprenant ce sentiment, je ne peux pas lui jeter la pierre. En tout cas, je ne peux pas avec les infos que j'ai actuellement. Du coup je suis inquiète et j'aviserai si on la retrouve un jour...
Et désolé pour ce pavé ! (et merci pour ce chapitre !)
Tu résumes très bien l'essentiel des choses que je voulais faire passer avec une "simple" lettre pas si longue que ça. Je suis contente que ça interpelle, que certains détails de cette lettre ressortent plus que d'autres (ce "quiconque", notamment, que je trouve moi-même dur mais que je ne m'attendais pas à voir autant revenir dans les commentaires - ce qui est une bonne chose, car comme tu l'écris si bien, ce n'est pas anodin et ouvert à interprétations).
Je suis un peu comme toi, je crois : quand une personne va à rebours des autres, par un geste égoïste, criminel ou autre, j'ai besoin de comprendre la racine du problème pour bien me faire une idée. De passer par toute la psychologie du personnage, et aussi de son entourage, en fait. Et quoiqu'il en soit, il y a toujours tellement de nuances qu'il m'est souvent difficile d'avoir un avis aussi tranché que "bon" ou "mauvais".
A bientôt !
Sympa, cette forme qui permet de donner voix aussi à la mère !
Pour revenir à cette lettre, je n'arrive pas à me décider quant à savoir si je la trouve touchante ou glaçante. Touchante, car ce sont les mots d'une disparue qui semble aller mal. D'une fille qui donne les meilleurs recommandations pour sa mère. Mais glaçante, car j'y lis un abandon. Et plus encore un abandon à "quiconque"... N'a-t-elle pas confiance en sa propre fille ? Ou à quelqu'un d'autre de son entourage ? Comment est-elle prête à ne même pas savoir qui viendra soigner sa mère ?
Il me tarde d'en apprendre plus au sujet de Mathilde. Qu'a-t-il bien pu se passer entre elle et sa fille ?
Je vais essayer de lire un peu tous les textes nominés aux Histoires d'Or pour les votes, mais sois certaine que je reviendrai continuer ce récit qui s'annonce déjà si riche et créatif.
Bonne soirée !
Merci pour tes retours, toujours très précieux ! Les nuances que tu soulèves me rassurent : c'est ce que je voulais créer.
Content d’avoir découvert ta plume. A tantôt pour la suite (je suis très curieux de démêler tout ça)
Toutes tes interprétations sur le départ de Mathilde me paraissent justes, et je suis contente de voir que de manière générale, on joue plus sur les nuances que sur le manichéisme.
Ce début est déjà hyper prenant et un peu inquiétant, ou est partie la mère ? Le roman graphique de l'héroïne m'interpelle, tu manies les symboles avec toujours autant d'effet !
Impatiente de lire la suite !!!
(complètement hors sujet, mais la phrase qui revient sur la mauvaise herbe m'a fait penser à cette chanson de Brassens qu'on entendait dans le métro à une époque, "Je suis une mauvaise herbe, brave gens, brave gens"... #mylife)
J'avoue bien m'amuser avec les jeux sur le dessin et l'imaginaire d'une dessinatrice. J'espère pousser ça assez loin jusqu'à la fin du roman !
(ah tiens, je n'avais pas Brassens en tête... Mais la ville dont je m'inspire pour Soleil bleu se trouve être sa ville de naissance !)
Qui fait ça ?!
Qui en arrive là, surtout...
Je pense que je vais dévorer chacune de tes publications <3
J'ai bien du mal à répondre sans spoiler mais... Je suis contente que ce soit ces interrogations qui te viennent en tête !
Ceci dit, je sais où je vais avec Mathilde et cette histoire de disparition, et je crois qu'il est plus simple de démarrer avec cette situation et ces mots.
(on est en bord de mer, il fait beau, il y a la plage, des bars... les pilotis je sais pas, mais y'a moyen que je glisse discrètos' des algues et des cacahuètes...)