J’éteins la veilleuse et les formes se répandent. D’un coup. Les plis du drap coulent par terre, rejoignent le tracé du parquet, naviguent, remontent. Empoignent le pied d’une table, serpentent le long d’un mur, viennent caresser la fenêtre et, inexorablement, gagnent le plafond, se lient, s’agrègent en un poing noir sans griffe. Il n’y a rien à faire. Qu’on soit nuit noire et volets fermés, ou que le port se glisse dans la chambre, les lignes échappent à ma volonté.
[ La bicoque est un personnage à part entière. Elle est mouvante, une entité en soi, qui grandit et rétrécit au gré de nos respirations. On doit sentir la poussière et la vie passée dedans, la chaleur de la baie vitrée et l’obscurité du grenier. Sur le papier, elle prendra tout l’espace. Les murs délimiteront les cases, les meubles mangeront les bulles. Les pièces qu’on ne voit pas transpireront sous les cartouches. ]
Ma grand-mère dort déjà, je l’entends à sa respiration. Je sors, accompagnée des grincements du parquet et de la porte. La maison est vieille - charmante et rustique, diraient les touristes. Nellie l’a habitée de tous les pores de sa peau, elle se réveillerait si les articulations du bois cessaient leur cacophonie. Je me dépêche de rejoindre la cuisine, au rez-de-chaussée. Mon beau-père a dit 20 heures, et je n’ai rien préparé.
Je réfléchis, hésite entre les plats – pâtes trop étudiant, riz pauvret, poêlée de légumes maigrelet. Je lance une musique sur mon téléphone et dans la précipitation, fais bouillir des casseroles d’eau et découpe plusieurs légumes.
Jacob arrive à 20h tapantes. Toujours très ponctuel. Je reconnais son pas sur le perron, j’entends sa clef qui tourne dans la serrure et quand je me retourne, j’aperçois sa silhouette carrée déformée par les vitres de la véranda. Je ne vois pas son sourire mais je le devine, je sais qu’il est là, niché au creux de je ne sais quelle expression sur son visage – je le connais par cœur.
— Hey, Victoire !
Il ouvre grand les bras et je lâche tout pour venir lui faire un câlin. Sa veste en cuir craque sous mes mains.
— Désolé de pas être passé plus tôt, dit-il. Avec le bar… Le nouveau est pas très dégourdi derrière le comptoir. Ça va, toi ? Tu t’en sors ?
Il creuse un doute dans sa question et me regarde avec un air de chien battu. Je réponds que ça va, j’ai fait des pâtes, ce n’est pas très original mais je n’avais pas d’idée.
— T’en fais pas, l’essentiel c’est de passer la soirée ensemble.
Il m’ébouriffe les cheveux. Je déteste ça, alors je rentre la tête dans mes épaules et lui montre un sourire crispé.
Je suis tellement content de te voir, continue-t-il, et il ajoute plein d’autres phrases, que je suis pâlichonne, que j’ai maigri, heureusement à Soleuze on va s’empiffrer de palourdes et de frites, ça te requinquera. Je n’ai jamais aimé les palourdes. Je ne peux pas m’empêcher de sourire, de sourire, tellement je suis contente de revoir mon beau-père. Depuis que j’ai déménagé à Paris, évidemment, les choses se sont un peu compliquées.
— Tu gères le repas et je m’occupe de l’apéro, dit-il en sortant de son sac une bouteille de vin blanc. C’est pas trop fort, la musique ? Pour Nellie ? Tu t’assoies de ce côté de la table, et moi ici ? Je mets les assiettes.
C’est prêt. Je glisse dans la cuisine, entre les casseroles et la table, comme dans du coton. Tout me semble soudain très doux, facile. Je l’avais oublié, mais la nuit dans cette maison est aussi capable de poser un voile rassurant sur les choses. Ma grand-mère est une décoratrice hors pair, elle a disséminé des lampes et des objets qui contre-carrent la rigidité du dehors, quand le port disparaît et qu’on croit que le soleil nous manque.
— Regarde-moi ça, on dîne comme des adultes, maintenant. À ta santé, à ton retour !
On trinque, nos deux verres de vin apportent une touche de jaune fade que la pièce n’avait pas.
— Faut que tu me racontes tout. T’es rentrée la semaine dernière, c’est ça ? Au téléphone, tu me disais qu’à Paris tu jonglais entre les présentations en librairies et le deuxième bouquin, t’en es où maintenant ?
Je prends une grande inspiration et manque d’avaler de travers ma première gorgée de vin. Je lui explique tout, dans les grandes lignes : mon éditrice a compris qu’il fallait que je rentre d’urgence à Soleuze, de toute façon la tournée des librairies touchait à sa fin, le deuxième roman graphique est en création, j’avance à tâtons mais j’avance.
— La belle vie ! T’as quand même beaucoup de chance, d’être une artiste et de voyager comme ça. Faut profiter que ça te plaise et que t’aies autant de temps libre. Ton éditrice, elle continue de te payer, au moins ? Ça rapporte, tout ça ?
Je n’ai pas si faim, mais je préfèrerais me noyer dans mes pâtes plutôt que de répondre une nouvelle fois à ce genre de questions. Je le rassure comme je peux. Pour Jacob, la stabilité est une fin en soi. Il tient un bar, sa sécurité financière dépend beaucoup des saisons touristiques. À l’automne, Soleuze se dégonfle d’un coup ; puis les hivers sont pleins d’habitants qui s’enferment dans leurs routines, attendant que les activités reprennent.
— Bon. Mais tu te laisses pas berner, hein !
Berner par quoi, je ne sais pas mais je prends ses conseils comme ils viennent. Ma mère et lui se fréquentent depuis mes douze ans, il m’a élevée mieux que mon père et il a pris cette place qui l’autorise à donner des leçons de vie passablement inutiles, sous couvert d’expérience et de bienveillance.
Ma mère. J’y repense et tout à coup je me tends sur ma chaise. Comment j’ai fait pour oublier… On parle de moi, de ma petite vie, et j’écarte l’essentiel. J’ai envie de me planter la fourchette dans la main.
— Et… et attends, ma mère… T’as des nouvelles ?
Il prend un air grave et avale une bouchée de pâtes en me regardant fixement.
— Non. Pas depuis la dernière fois… Les deux ou trois textos, je t’en avais déjà parlé, pour dire que ça va. Sinon, rien. Et toi ?
Moi, rien. Résolument rien. Pas un appel, pas un message. Rien. Je ne peux pas m’empêcher de ressentir une pointe de jalousie à l’idée que ma mère ait contacté Jacob et pas moi – sa propre fille. Je prends sur moi, me fais violence pour éviter que cette jalousie se voie, et je demande :
— Et les flics ? Ils en disent quoi ? T’as du nouveau, depuis ton alerte ?
— Non, rien de neuf. Comme elle est adulte, qu’apparemment elle est partie toute seule… Mais bon, au moins le signalement a été fait ! Je repasse chez eux de temps en temps, avant d’ouvrir le bar… Je demande toujours, et franchement, ils ont l’air au top. Ils peuvent pas faire grand-chose à ce stade, mais ils ont bien l’affaire dans un coin de leur tête, ils sont prêts à passer au stade suivant si… si jamais.
Tout ça, je n’arrive pas à l’imaginer. Je n’arrive pas à le voir. Jacob, dans sa veste en cuir, au beau milieu de l’après-midi, qui toque au commissariat et discute avec les flics – cette photographie n’a rien de concret. Ça ne peut pas exister. Je me concentre. Dans cette histoire tout tourbillonne, est-ce que Jacob est dans le commissariat, ou à l’entrée ? Les murs, de quelles couleurs sont-ils ? Est-ce qu’il y a des poignées de mains, des visages égayés, et puis quels visages, exactement ? Rien n’a sa place dans rien, même les mots ont du mal à se frayer un chemin.
— Mais je veux pas que tu t’en fasses, tu m’entends ? Elle va bien, ta mère. Tu sais, elle en avait quand même gros sur la patate. Nellie, elle est pas facile et encore, toi t’as la chance de la voir surtout en vacances, quand tu viens nous rendre visite, et puis t’es sa petite-fille, elle t’a jamais traitée de la même manière. Ses enfants, Nellie, elle… Et puis tu te souviens, à l’office, ils sont devenus très chiants. Le tourisme d’accord c’est cool, ça dynamise et ça rapporte, mais faut voir les heures que ta mère fait, comment son boss lui parle, et les gens…
Une maman qui disparaît, c’est effrayant mais je ne dois pas m’inquiéter ? Il doit croire que je n’y suis pour rien. Que je serais inutile à l’enquête, incapable de la retrouver - et pour cause, je ne vis plus ici. Que ma présence, mes mots, ma tendresse de fille ne suffiraient pas à la ramener. Que je suis moi-même un poids et qu’on s’attend à ce que je me trouve une quelconque place à occuper. C’est peut-être la raison de cette disparition, me forcer à revenir, à m’occuper de Nellie. Deux bouts de bois déglingués, si on ne les brûle pas, autant les faire s’accoler : ils auront une chance de s’arc-bouter et, peut-être, de soutenir autre chose qu’eux-mêmes.
— Bref. Franchement, je comprends qu’elle soit partie. Limite, je suis content qu’elle soit partie.
Content qu’elle soit partie, je me répète, content qu’elle soit partie. Les mots entrent dans ma tête, se percutent et s’y font une place. Je n’ai pas d’autre choix que de faire confiance à Jacob. J’acquiesce et retourne à mon plat de pâtes.
— Bon et sinon, reprend Jacob, je vois que tu t’en sors avec Nellie ?
Je hausse les épaules : il n’y a rien de bien compliqué. Il s’agit surtout d’être auprès d’elle, de l’écouter, de répondre à ses demandes. Elle est parfois difficile, c’est vrai qu’elle se plaint souvent de douleurs à la hanche et qu’elle rechigne à aller se balader. Mais vraiment, rien de bien compliqué. J’en profite pour demander si Jacob a réfléchi à ma proposition d’habiter chez lui. En m’éloignant de Nellie, je m’autoriserais quelques moments de répit et pourrais gonfler La pieuvre éphémère de plusieurs planches. Jacob tranche pour moi :
— J’y ai réfléchi et tu sais, je pense vraiment pas que ce soit une bonne idée. Déjà, j’ai des horaires catastrophiques. Et puis, sans voiture, tu vas galérer avec tous ces allers-retours pour venir t’occuper de Nellie. Le plus simple serait que tu restes ici, non ? Au calme ?
Il donne un coup de menton vers la véranda. C’est vrai qu’elle est particulièrement calme, cette petite maison. Et belle. Je ne sais pas si je serais capable de supporter Soleuze sans ces rayons de soleil qui balaient la cuisine chaque matin. Et puis, Jacob tient à son espace : lui et ma mère continuent d’habiter séparément, et d’affronter les critiques de ceux qui y voient un mauvais signe. Moi, cette situation me va.
Je me souviens de la première fois que j’ai mis les pieds dans l’appartement de Jacob, à douze ans. J’avais déjà rencontré mon beau-père, ma mère nous avait présentés. J’avais visité son bar, aussi, et j’aime toujours autant cet espace étroit, exigu, compressé par les tables, les babioles et les gens. Et où je lis encore, parfois, les mains prises par mon chocolat chaud, entourée des habitués et de leurs alcools. L’appartement de Jacob répond au même chaos, amputé de son confort. Son chez-lui n’est rien d’autre qu’un vaste dépliage de pièces sans queue ni tête : rien n’y est défini, la cuisine se transforme en salon qui se transforme en chambre, et il n’y a que la vue sur la ville, au sommet de la tour, pour échapper à ce circuit fermé. Ma mère et lui s’entendent sur beaucoup de choses, mais ne vivraient ensemble qu’au risque de s’écharper. Une chance, qu’ils aient l’indépendance en commun.
Je finis par hocher la tête. Jacob a raison : au moins, la maison de ma grand-mère est plus confortable que mon cagibi parisien.
Qu'est-ce que ça se lit bien dis donc ! Le chapitre pose pas mal de mystère, notamment sur qui est le père de Victoire, c'est assez plaisant.
Toute la question des aidants est traitée avec énormément d'intelligence et de finesse (sans être aidant.e moi-même, c'est un sujet qui me concerne suffisamment pour que je sois touché.e par le soin que tu mets dans son traitement). La pudeur de Jacob pour évoquer le mauvais caractère de Nellie sans le dire explicitement, c'est très réussi.
D'ailleurs le personnage de Jacob, dans son ensemble, est très réussi. Le vieux beau un peu loubard avec son cuir et son bar et son appart "amputé de son confort", on le voit immédiatement et on y croit encore plus. Le fait qu'il fasse genre qu'il est hyper chill pour la disparition de sa compagne ne m'a pas dérangé.e, au contraire, ça va avec ce personnage fait d'attitude.
Finalement, la seule réserve que je peux avoir, c'est sur Victoire elle-même. On comprend qu'elle est à bout de nerfs, mais aussi très heureuse de revoir son beau-père. Mais même avec cette information en tête, je trouve son chemin émotionnel un peu difficile à suivre. Je pense que c'est volontaire, d'avoir un personnage qui répète qu'il va bien alors qu'il est de toute évidence prêt à foutre le feu au premier chat venu, mais parfois c'est un peu confusant. Je pouvais avoir du mal à suivre : au final, est-elle contente de le voir, ou pas ? Est-elle satisfaite de vivre chez sa grand-mère plutôt que chez lui, ou pas ?
Il me semble que par moments, le fait que Victoire dit une chose, en pense une autre et en ressent une troisième est trop implicite, et dans mon cas, un peu frustrant.
Enfin voilà, le commentaire est long, mais en réalité tout ceci est de l'ordre du détail, et j'aime toujours autant ce que tu écris. Sur ce, à plus !
Je suis dans le même cas que toi, je crois : je ne suis pas soignante, mais je sais très bien ce qu'il est de la répartition et de la charge du soin. C'est au cœur d'une partie du roman, et j'espère que ça ressortira d'une manière suffisamment subtile mais percutante.
Pour Victoire, hmm, tu me poses une colle... C'est une jeune femme un peu perdue entre différentes injonctions, et qui n'en a pas encore tout à fait conscience. Elle a appris à accueillir les autres comme il se doit, à "prendre soin de", et étouffe encore. C'est un peu le parcours général de ce personnage : comment s'en rendre compte, comment se débarrasser de certaines injonctions. Parce que la charge mentale est à ce point incorporée en nous. Si tu poursuis la lecture, n'hésite pas à m'en reparler - en bien comme en mal !
Très contente aussi que tu te laisses embarquer par les personnages !
Contente de prendre l'excuse du Bingo PAen pour lire la suite de Soleil Bleu !
Encore un chapitre qui se lit tout seul, c'est très agréable. J'apprécie la voix de Victoire, son regard et ses pensées.
Je m'étonne de la réaction de Jacob, je le trouve très "zen" alors que la femme qu'il aime est partie et la laisser (lui aussi). Je m'attendais aussi à ce que Victoire explose lorsqu'il lui dit "Limite, je suis content qu’elle soit partie.", en tout cas moi j'aurai explosé...
Curieuse de découvrir la suite !
Je laisse les lecteurices avoir leur propre appréciation de Jacob pour le moment. Vu les commentaires, je ne compte pas retoucher ce personnage dans ce chapitre-ci ;-)
A bientôt !
Je trouve ça un peu chaud que le beau-père dise à notre protagoniste (j'ai zappé le nom pardon) 'je suis presque content que ta mère soit partie". Genre, heu... t'es content d'être débarrassé d'elle ou comment ça se passe ? :'D J'imagine que ce qu'il veut dire c'est que du coup elle relâche la pression et que ça lui fait sans doute du bien, du coup il est content pour elle , mais je trouve ça un peu étrange que ce soit formulé ainsi, ou que personne ne relève la maladresse de la formulation... enfin c'est du détail.
Notre pauvre écrivaine a l'air d'être bien laissée à ellemême en tout cas, le beau père n'a pas l'air de se préoccuper plus que ça de la grand-mère, en mode je me décharge bien du problème.
Plein de bisous !
Je laisse les plumes avec leurs impressions quant au beau-père... En tout cas, l’ambiguïté est bienvenue ! Certaines plumes ont trouvé que ce personnage du beau-père était attachant et d'autres (plus nombreuses, me semble-t-il) l'ont trouvé un peu chelou. Ça me va !
Me revoici enfin, après le marathon de lecture des Histoires d'Or ahah. Mais cette histoire fait partie de celles qui m'ont tapé dans l'œil et je suis contente de l'avoir découverte.
On sent Victoire embrouillée et débordée. Elle doit gérer sa grand-mère, la disparition de sa mère, son travail graphique, son arrivée à Soleuze. Et voici ce beau-père qui me laisse une drôle d'impression. D'un côté il fait super sympa, bon vivant, il a la tchatche et du bagout. De l'autre côté, hmmm, je ne sais pas, c'est étrange cette manière d'évitement qu'il me semble avoir. Comme si ce n'était pas grave alors que sa compagne a disparu... Il dit même qu'il est "content". Ou alors il fait bonne figure et préfère être en mode "les choses continuent, on fait aller".
Beaucoup de non-dits dans cette famille. Cela en fait, des choses sur les épaules de Victoire.
Ta plume et les ambiances sont toujours aussi soignées <3
Embrouillée et débordée, c'est les bons termes, je trouve. Quant au beau-père, difficile pour moi de te répondre en détails à ce stade... Disons que je prends tous les ressentis à son sujet, et qu'au besoin ils me servent à réorienter ce gros paquebot de roman !
Merci en tout cas de ton passage sous ce soleil bleu, je suis contente que l'histoire t'ait tapé dans l'oeil !
Et Victoire n'y trouve rien à redire, elle ne le questionne pas sur ça ? Elle dit même "Je n’ai pas d’autre choix que de faire confiance à Jacob".
Est-ce que c'est une des ces familles où l'on ne parle jamais de de qui est important ?
Bref, comme toujours, tu nous fait entrer au cœur des relations humaines, de leur unicité (pas de clichés avec toi !) et de leurs contradictions.
Je dois aller lire d'autres histories pour les HO, mais je reviendrai sans faute !
Merci beaucoup beaucoup pour ton passage par ici, Rach' !
◊ J'ai trouvé ce chapitre aussi embrouillé que les pensées de Victoire, est-ce que c'était intentionnel ?
◊ Le personnage de Jacob est réconfortant et inattendu. Elles sont rares les figures de beaux-parents comme ça.
◊ Un doute que j'ai, c'est qu'il apporte tellement d'apaisement sur tout que j'ai fini le chapitre avec la sensation que bon, ben c'était réglé, en fait, c'est chouette pour la mère d'être partie, c'est chouette pour Victoire d'habiter chez sa grand-mère, lui est content avec son bar, tout le monde est ravi de ce nouvel arrangement finalement.
Qu'est-ce que tu entends par "embrouillé" ? Pour l'instant, les pensées de Victoire sont censées nous montrer qu'elle s'étire entre plusieurs tâches : Nellie, son roman graphique, la disparition de sa mère... Du coup, elle jongle entre plusieurs sensations et a du mal à se fixer sur certaines choses.
Pour Jacob, je ne peux que te laisser avec ton doute... ;-)
Au-delà de mes doutes sur Jacob, sur lesquels je n'ai pas tant de doutes à ce stade-là en réalité (une partie de moi se dit que sa sérénité est bizarre, mais son optimisme est si réconfortant que tant pis), ce que je voulais dire c'est que cette fin de chapitre a dénoué beaucoup de tensions, voire peut-être trop en termes de rythme, étant donné qu'on est au début de l'histoire et que j'ai eu cette sensation que tout était réglé.
J'adore jouer avec les temporalités, passer du présent à un autre moment, en naviguant entre souvenirs, fantasmes et autres moments de conscience. Reste qu'il ne faudrait pas que ça devienne gratuit !
J’aime beaucoup le début de ce chapitre, ta plume est vraiment délicate et agréable ^^ tu crées de belles images qui s’impriment bien dans l’esprit.
Pour ce qui est du fond, j’ai trouvé la relation entre l’héroïne et son beau-père touchante cela dit je trouve que son détachement est très étrange. Un mystère à élucider ?
En tout cas je vais continuer ma lecture. A bientôt !
Et oui, il faut croire qu'il y a plusieurs couches de mystère jusqu'à présent... Très difficile pour moi d'infirmer ou de confirmer ton ressenti, mais je suis contente de la tournure que prennent ces premières interprétations !
Toujours une aussi belle écriture. Les formes et les objets s’animent sous ta plume. Les émotions sont à fleur de peau. J'aime bien la série de petits détails que tu glisses ici et là pour apporter beaucoup à l'atmosphère, du genre le jeune du vin qui au lieu d'égayer la pièce lui donne un côté fade.
Voilà un nouveau personnage qui éveille ma curiosité et en même temps son attitude me laisse une impression demi-teinte. On dirait que ce beau-père a besoin de remplir le silence et la maison en parlant beaucoup, avec des phrases convenues mais qui sont là pour maintenir la connexion. Sûrement aussi pour masquer l’inquiétude. Peut-être c’est moi mais il m’a semblé aussi que Jacob a presque l’air un peu trop tranquille et cool pour quelqu’un dont la femme a disparu. Mais encore une fois c’est probablement juste sa façon de gérer la situation et de pas se laisser affecter. Je fais mes hypothèses disons haha
Malgré tout le sujet épineux finit par arriver et j’ai l’impression que Jacob essaie de se convaincre que ça va, que ce départ c’était ce qu’il y avait de mieux. Pourtant ça laisse un de ces vides et tellement de questions sur les épaules de Victoire.
Bref toujours aussi intrigant, et je trouve ces personnages très humains avec leurs failles, leurs façon à chacun de gérer cette situation plus ou moins adroitement. Les dialogues sont très crédibles et aussi le rendu de ces moments du quotidien.
Bravo encore !
Compliqué pour moi de te répondre et de guider tes interprétations à ce stade... Mais en tout cas, elles restent sur la liste de ce que je souhaitais provoquer ! Tes retours sont donc très rassurants : poser le cadre avec plusieurs mystères plus ou moins parallèles, en tenant tout ce petit monde à la baguette, ce n'est pas forcément évident...
A ce niveau, j'aimerais que Victoire aille à Soleuze, ça me semble un lieu important, pourquoi pas pour retrouver les traces d'une mère égarée.
Sinon, j'aime bien la façon dont tu ne fais parler que Jacob, et Victoire seulement en pensée. C'est surprenant mais fluide, et ça apporte quelque chose aux deux personnages.
Je continue!
Je suis contente que tu repères cette petite astuce de dialogues : Victoire parle très peu, et essentiellement en discours indirect.
Par contre toute l'histoire se passe à Soleuze. Victoire a quitté Paris pour rentrer en urgence dans la ville de son enfance, Soleuze, après la disparition de sa mère. Est-ce que tu penses que je dois clarifier ?
En lisant le chapitre suivant, j'ai compris mon erreur, ne t'en fais pas. Je suis passée à côté de l'info mais en réalité c'était clair. Bonne continuation!
Puis il a l'air vraiment pas inquiet que sa femme ait disparu. Tu me diras, s'il avait l'air inquiet je l'aurais soupçonné d'être la cause de tout ça, comme dans les fait divers de ces dernières années. Je l'ai trouvé touchant, quand même, de passer au commissariat régulièrement, discuter...
Bref, personnage très intriguant, pour le moment je le trouve ambigu et humain, j'ai trop hate de savoir pourquoi est partie la maman, et ou !
Je te laisse avec tes doutes sur ce personnage, toute cruelle que je suis !
Tu as raison, le passage sur la demande de Victoire manque de clarté. L'idée principale reste que Victoire puisse avoir sa vie à elle, indépendamment de celle de sa grand-mère. Je viens de modifier le paragraphe, ce qui donne : "J’en profite pour demander si Jacob a réfléchi à ma proposition d’habiter chez lui. En m’éloignant de Nellie, je m’autoriserais quelques moments de répit et pourrais gonfler La pieuvre éphémère de plusieurs planches. "