Elle n’était ni une héroïne, ni une ombre.
Elle était ce qu’on oublie souvent de regarder : une présence.
Elle traversait la vie sans s’y imposer.
Mais quelque chose en elle résistait au temps,
non pas par force… par sens.
Elle travaillait dans un hôpital de quartier.
Un lieu ordinaire. Couloirs pâles, murs blancs. Le néon qui clignote à l’étage 4.
C’est ici qu’elle prodiguait des soins.
Pas ceux qu’on apprend en classe.
Ceux qui tiennent dans un geste, une chaleur, une écoute.
Un jour, on lui confia un enfant, alité.
La chambre portait le numéro 407.
Elle s’y rendit, le carnet dans la poche de sa blouse.
Mais en franchissant le seuil, elle s’arrêta.
Elle trembla.
Non de peur.
Mais parce que ce petit corps allongé, ce regard silencieux…
lui renvoyait un souvenir lointain.
Flashback
Le jardin. La fin d’un été.
Hikaru était assis seul sur les marches de la maison.
Il ne pleurait pas.
Mais son regard cherchait. Quelque chose ou quelqu’un.
Satomi, plus jeune, le regardait de loin.
Elle avait déjà ce carnet entre les mains.
Et ce jour-là, elle tenta d’écrire.
Une phrase.
Puis une autre.
Elle ratura. Corrigea.
Recommença.
Ce n’était jamais juste.
Mais quelque chose finit par émerger.
La première phrase.
Maladroite peut-être. Mais vraie.
Elle ne la relut pas.
Elle la laissa là.
Comme un repère.
Fin du flashback
L’enfant respirait doucement.
Satomi s’assit près de lui.
Elle posa le carnet sur ses genoux.
L’ouvrit.
Et cette fois…
Pas une rature.
Pas un doute.
Elle écrivit une phrase.
Une seule.
Avec la certitude que cette phrase-là était la fin d’un cycle.
Puis elle referma le carnet.
Calmement.
Sans que personne ne voie s’il était à l’endroit ou à l’envers.
En quittant la chambre, elle jeta un regard vers le vase posé sur la table.
Une rose fanée, cueillie sans intention.
Mais gardée avec soin.
Ce n’était pas un hasard.
C’était un fil.
Ce soir-là, Satomi rentra chez elle.
Elle déposa le carnet dans le couloir.
Juste à côté de la montre à gousset.
Elle ne dit rien.
Ne pleura pas.
Elle ne subissait pas le temps.
Elle en tirait les leçons.
Et qu'est-ce que cette phrase est simple mais pourtant très belle : "Elle était ce qu’on oublie souvent de regarder : une présence."
La traversée continue et nous embarque dans un moment intime, où même les objets portent en eux une mémoire.
Ton style d'écriture est excellent, des phrases courtes, non pas pour accélérer le rythme mais au contraire, pour nous permettre de bien ressentir chacune d'entre elles.
Et ce chiffre 407 (4h07) n'est pas anodin ;) c'est peut-être là où tout commence, où tout s'arrête, où tout recommence x) trop tôt pour conclure quoi que ce soit.
Merci beaucoup pour ton partage, tes textes sont courts, pourtant j'y reste dessus bien plus longtemps que d'autres qui en font le triple.
Très belle continuation à toi !
À très bientôt.