Notre village, c'était l'Éden.
Nous en étions les rois primitifs, sublimes et pauvres.
Rien ne nous manquait, même quand tout nous manquait. Revenu de sa chasse courageuse, le papa nous offrait les fruits de sa patience. Quand il y avait beaucoup, nous chantions « Ouélé ouélé, mélimba méliwé ». Quand il y avait peu, la maman nous rassurait avec la poésie profitable d'un ancêtre. Elle disait à nos yeux : la vie est une lionne blessée, on ne peut pas lui en vouloir. C'est à nous de la soigner. Pour cela, il faut lui sourire toujours. Toujours et pour rien. Pour l'amour du très précieux rien !